Gargantua de Rabelais
Cours : Gargantua de Rabelais. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Paul Naze • 27 Février 2022 • Cours • 954 Mots (4 Pages) • 415 Vues
Huot Mathis 1ère GB
Dissertation sur œuvre :
Sujet : le rire dans Gargantua est-il sérieux ?
Dans cette troisième partie, nous allons découvrir que le rire dans Gargantua peut aussi être une posture philosophique, littéraire et intellectuel qui est également une voie d’accès privilégiée au savoir. Tout d’abord, le rire peut être considéré comme un outil de remise en question. Le rire serait en quelque sortes une forme de marque intellectuel et de réflexion. On peut prendre par exemple l’épisode comique au début du récit durant lequel Gargantua donne des chevaux factices aux invités de son père en leur faisant croire que ce sont de vrais animaux. A la fin de cette scène, l’un des invités dit à Gargantua : « Ô petit mignon tu nous a baillé foin en corne je te verrai quelque jour pape. » dans cet extrait, on observe donc une forme de comique : le comique de mœurs , ici la critique des églises. A savoir que Rabelais ne se moque pas de dieu, Rabelais est croyant, mais ici il critique en fait l’Eglise et les mœurs catholiques. Donc, dans ce passage, Rabelais critique et remets en question l’autorité de l’Eglise et les mœurs de l’époque par l’humour. Le rire s’impose donc comme un véritable moyen de faire passer ses idées intellectuelles et ses réflexions de manière légères, grâce à différentes sortes de plaisanterie comiques.
Ensuite on peut observer que le rire peut aussi être utilisé non seulement pour critiquer et réfléchir mais aussi pour se moquer et faire une satire. Ce qui marque aussi une forme d’intelligence et de réflexion. On peut prendre comme exemple le moment au chapitre XXXIII durant lequel les conseillers de Picrochole lui font un plan de conquête du monde. Rabelais se moque en fait de la politique belliciste de Charles Quint roi d’Espagne puis par la suite archiduc souverain d’Autriche. Par cette métaphore de Charles Quint, Rabelais se moque de ces quêtes de pouvoir insensées et contraire aux idéaux humanistes qui lui sont propre. En effet, la pensée humaniste est une pensée pacifique visant à éviter la guerre à tout prix. Donc le rire est ici utilisé comme moyen de repoussoir et comme une posture philosophique. En effet n’est-il pas plus sage de rire d’un sujet pour le ridiculiser plutôt que de s’efforcer par un grand nombre de thèses et de mots savants pour décrédibiliser des propos ? Le rire s’impose donc ici comme une forme de sagesse et de satire.
Pour finir, nous pouvons observer que le rire s’impose dans Gargantua comme une posture philosophique forte et complète. En effet le rire est présenté comme une manière de réfléchir et de philosopher, comme si rire était la seule solution face à la bêtise humaine. On retrouve le rire comme philosophie de Démocrite durant l’Antiquité par exemple. Le philosophe Démocrite « souffrait » d’un rire chronique et incontrôlé car considéré comme une forme de folie. Folie maladive qui poussa le célèbre médecin grec Hippocrate à aller rencontrer Démocrite pour le soigner. Quand Hippocrate demanda à Démocrite la raison de son rire, ce dernier lui a répondu des paroles très sage relatées dans Lettres de Pseudo-Hippocrate. Démocrite expliqua donc au médecin que le rire est une forme de sagesse : « avec mon rire tu rapporteras dans tes bagages […] une médecine plus efficace que ton ambassade, et tu pourras enseigner la sagesse aux autres » Et il expliqua aussi que la raison de son rire était l’homme, comme si l’homme indignait tant Démocrite que la seule solution de réaction était de rire et comme s’il avait choisi cette option plutôt que la colère ou la tristesse : « je ris d’un unique objet, l’homme plein de déraison, vides d’œuvres droites, puéril en tous ses projets, souffrant sans fin … » Démocrite choisi donc cette option pour ridiculiser la raison humaine qu’il juge malsaine et déraisonnée. Posture qui sera préférée par Rabelais à celle de la tristesse dans les Essais. Donc le rire s’inscrit ici comme un moyen de tourner en dérision, une posture sage et philosophique que Rabelais a utilisé dans Gargantua .
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