Les origines de l’Etat-providence et la protection social en Europe
TD : Les origines de l’Etat-providence et la protection social en Europe. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nono377 • 7 Mars 2016 • TD • 2 946 Mots (12 Pages) • 1 927 Vues
SEANCE 4 – Etat-providence, Etat social
EXPOSE 1 - Les origines de l’Etat-providence et la protection social en Europe
Afin tout d’abord de définir la notion d’Etat-providence il nous faut opérer une légère distinction entre Etat social et Etat-providence. L’Etat providence serait un Etat assurantiel c’est-à-dire un aspect parmi d’autres de l’Etat social, dédié à assurer une certaine sécurité sociale mais laissant de côté la dimension de direction ou d’encadrement de l’activité économique par l’Etat.
Ensuite pour être plus précis nous pourrions retenir la définition d’Etat providence produit par le sociologue François Xavier Merrien : « l’Etat-providence est celui qui intervient pour assurer la prise en charge collective des fonctions de solidarité ». L’Etat providence évoquerai donc une des nouvelles fonctions de l’Etat moderne, c’est-à-dire s’occuper du bien-être social des citoyens et non plus seulement se contenter d‘être en charge de fonctions purement régaliennes comme le ferait un Etat gendarme. La contrainte légitime weberienne de l’Etat peut alors s’exprimer par des moyens d’action différents pour le bien-être de ses citoyens.
On observe alors une certaine « rationalisation et objectivation » d’un droit au secours suite au passage d’une solidarité subjective (où chacun était libre d’exercer cette solidarité ou non) à une solidarité objective fondée sur des droits assurée par la puissance publique, si les solidarités dites « primaires » (venant de différentes sphères économiques ou familiales) échouent à cette tâche.
- Selon Karl Polanyi (économiste et sociologue du XXème siècle) la naissance de l’Etat providence signifie alors que la redistribution étatique prend la place de la « réciprocité » et du marché (la réciprocité s’entendant ici comme la solidarité entre égaux, cette réciprocité peut changer de société en société car elle peut s’incarner dans différentes entités comme la famille, la corporation, ou encore le village).
Concernant la notion de protection sociale on peut relever qu’elle désigne tous les mécanismes de prévoyance collective, permettant aux individus de faire face aux conséquences financières des risques sociaux. Celle-ci peut se décliner en deux formes à savoir l’assurance et l’assistance, l’une des deux formes –l’assistance- étant fondée sur une base de la solidarité, tandis que l’assurance est un système de contribution/rétribution.
Cet Etat-providence est connu pour avoir pris racines en Europe suite à certains facteurs (dont l’identité évolue également au gré de la recherche d’une nouvelle légitimité face à la remise en question de l’Etat-providence de nos jours) mais également de façons différentes d’un pays à l’autre suivant leur histoire propre. On peut notamment mettre en avant la distinction entre deux grands modèles, celui fondé en en Allemagne, à savoir le modèle de Bismarck qui naît dans les années 1880 et celui adopté par le Royaume Uni en 1942 à savoir le modèle beveridgien. Cette diversité s’exprime également à travers la typologie d’Esping-Andersen évoquant trois modèles en fonction de leur démarchandisation, le modèle « résiduel ou libéral » (correspondant aux USA et donc qu’ici nous n’étudierons pas), le modèle « corporatiste » que l’on retrouve chez Bismark en Allemagne et enfin le modèle « universaliste » mis en place à partir des années 1930 dans les pays nordiques comme en Suède.
On peut alors se demander quels ont donc été les facteurs de cette installation diversifiée des prémices de l’Etat-providence en Europe ?
Notre premier axe de réflexion s’est alors porté sur les différentes réflexions portant sur les facteurs d’apparition de l’Etat-providence, avant d’aborder dans un second temps cette diversité des premières incarnations de l’Etat-providence en Europe.
Une réflexion plurielle autour des facteurs d’installation de l’Etat-providence
Une logique plutôt historique (A) s’est vu ensuite complétée par une deuxième logique de tension entre acteurs sociaux et acteurs institutionnelles (B).
La logique historique
Tout d’abord, le développement économique lié à l’industrialisation peut-être considéré comme un facteur établi de l’intervention de l’Etat-providence
= sociologue américain Harold Wilensky (Industrial Society and Social Welfare 1965)
- L’historien du social et sociologue, Jacques Donzelot affirme une « invention du social » qui serait apparue en réaction au processus d’individualisation de la société, ici à travers la rupture des liens locaux et du paupérisme concomitant au développement du salariat.
En effet, l’industrialisation, qui est une conséquence du libéralisme économique ambiant de l’époque provoquera
d’une part un fort exode rural, ce qui va rompre les solidarités locales traditionnelles dues à la proximité dans les villages. Une fois en ville, on observe alors une sorte d’atomisation du lien social qui unissaient auparavant les individus dans leur village et leur permettait de bénéficier d’une solidarité subjective au travers de leur famille, de leurs voisins ou encore de leur paroisse.
d’autre part, cette industrialisation va développer un rapport nouveau avec le travail.
On voit apparaître la notion de salariat, les individus qui viennent travailler dans l’industrie
ne sont pas directement propriétaires des moyens de production (contrairement au paysan qui cultive ces propres terres par exemple)
louent donc leur force de travail
➔ c’est en cela que va apparaître la notion de salariat.
Cela entrainera aussi par la suite le « paupérisme » qui est plus ou moins l’équivalant des travailleurs pauvres, intégrés au système économique et qui pourtant n’ont pas un revenu suffisant pour obtenir un niveau de vie digne et acceptable
agitation ouvrière dans les années 1830 et 1868.
organisation politique de masses ouvrières, développement d’une conscience collective et d’une nouvelle logique de solidarité (Hatzfeld, penseur marxiste dégage par exemple cette réflexion dans son ouvrage de 1971 Du paupérisme
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