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Les deux discours de Léon Blum 21 juin 1946

Commentaire de texte : Les deux discours de Léon Blum 21 juin 1946. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  17 Novembre 2021  •  Commentaire de texte  •  2 847 Mots (12 Pages)  •  2 106 Vues

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Ce qui va être fait, c'est, en somme, ce que l'on a appelé la Constitution Bayeux, parce que là, le 16 juin 1946, j'ai tracé celle qu'il faut à la France ». Par cette phrase tirée des Mémoires d'espoir en 1970, le Général de Gaulle résume parfaitement ce qui constitue la thèse selon laquelle c'est au Général de Gaulle que revient les grandes lignes de la Constitution de la V° République. L’extrait proposé est ici issu d’un texte de Léon Blum intitulé « Les deux discours » et publié dans le journal socialiste français Le Populaire le 21 juin 1946, cet article entend sur la forme proposer une comparaison entre le deuxième Discours de Bayeux prononcé par le Général de Gaule le 16 juin 1946 et le discours prononcé par Vincent Auriol, qui est alors président de l’Assemblée constituante chargé de rédiger la Constitution de la IVe République, Léon Blum cherche en tout premier lieu à mettre en évidence les principes essentiels qui doivent prévaloir dans l’élaboration de la Constitution aux yeux du « système gaullien ».  

Tout d’abord, ce texte se situe dans la mouvance de la rédaction de la constitution de la IV République suite à la faillite du régime de la III ème République. A la fin de la seconde guerre mondiale, les français vont alors voter oui à 96% pour la rédaction d’une nouvelle constitution. Cette dernière a pour objectif de mettre fin aux carences de l’ancien régime tout en ayant la volonté de rester dans les bases d’un régime parlementaire. Les idées constitutionnelles vont ainsi se chevaucher pour essayer de résoudre les deux causes de la chute de la III ème République, c’est-à-dire, l’instabilité gouvernementale qui empêchait d’acquérir une majorité stable et le rôle mal encadré du président du Conseil. Par conséquent, la nouvelle Constitution va avoir plusieurs objectifs mais qui concourent tous à que l’on appelle la rationalisation du parlementarisme. Plus spécifiquement, il va s’agir d’encadrer la mise en jeu de la responsabilité du gouvernement mais également et surtout de restaurer l’autorité de l’exécutif. Ce dernier point est justement l’un des axes principaux de ce discours de Léon Blum dans la mesure où il insiste sur les inspirations gaulliennes présentes dans le discours de Bayeux, celles-ci suggérant que « c’est du chef de l’Etat, élu par un collège beaucoup plus large et composé de manière à faire de lui le Président de l’Union française en même temps que celui de la République, que doit procéder l’exécutif ».  

C’est la raison pour laquelle Blum prône, que dans la perspective de De Gaulle, le Président doit être élu au suffrage universel direct, c’est-à-dire, qu’il soit désigné par l’ensemble du corps électoral. Si aujourd’hui, le suffrage universel direct est vertement forgé dans la pensée constitutionnelle française, ce suffrage correspondait à cette époque à la hantise de la République et plus précisément de la démocratie au vu des échecs que ce dernier a provoqué lors de la II ème République. C’est pourquoi, le suffrage universel direct ne saura pas retenu dans la constitution de la IV ème République et il faudra attendre l’avénement de la V ème pour qu’il s’applique. Si Blum ne fait qu’ici qu’une synthèse du discours de Bayeux, quelles sont les réformes qui doivent impérativement s’inscrire au sein du nouveau texte constitutionnelle et dans les moeurs politiques de la IV ème République selon la vision gaullienne ?  

Léon Blum, à travers son analyse, s’érige contre les principes du système gaullien qui débouchent eux-mêmes sur une inégale distribution du pouvoir politique entre l’exécutif et le législatif (I); puis il rappelle l’embouchure de la pensée gaullienne, celle de l’élection du président au suffrage universel direct, et les dérives que cela engendrent (II).   

  

  

  

  

  

Une distribution disparate des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif   

  

Dans ce texte, Léon Blum revient sur les idées directrices du discours de Bayeux dans la mesure où il insiste sur la rationalisation du parlementarisme (B) qui ne saurait être sans la mise en place d’un président ne servant plus seulement à inaugurer les chrysanthèmes (A).  

  

A. Le rôle prépondérant du Président   

Le président de la République a longtemps été considéré comme « le chef symbolique de l’Etat » dans la mesure où son action était subordonnée aux intentions politiques du parlement par le fait que ce dernier étant élu au suffrage universel direct, on considérait que le parlement était davantage dévoué, par son élection, à représenter la nation. Tel fut le cas lors de la crise du 16 mai 1877 lorsque Mac-Mahon, alors président de la République, a dû se soumettre face à la majorité républicaine de l’Assemblée Nationale. Ainsi, seule la légitimité du suffrage finissant par compter, il eut un déclin notable de la fonction présidentielle au sein de la vie politique française, jusqu’au point où Clemenceau déclara « qu’il y a deux organes inutiles en France, la prostate et la Présidence de la République ». Néanmoins, la vision gaullienne va faire figure de controverse face à la tradition constitutionnelle antérieure puisque le « président de la république ne serait pas seulement le chef symbolique, mais le chef effectif gouvernement et de l’administration ». En effet, De Gaulle entend mettre un terme au rôle secondaire du président en prônant un exécutif fort qui permet au Président de la République de concentrer dans ses mains des compétences qui étaient auparavant réparties. Il prend donc le contrepied de la III ème République où le Président était mis de côté. Blum se montre tout de même réticent quant à une concentration des pouvoirs dans les mains du président, lorsqu’il utilise le terme « pas seulement », qui comporte ici une connotation dubitative.  

  

  

En outre, si président du conseil dispose bien d’un pouvoir fondé, dans la conception gaullienne, Blum rappelle que ce dernier, se réduit au rôle « d’un homme de confiance,

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