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L'emploi, un outil puissant pour l'intégration sociale

Étude de cas : L'emploi, un outil puissant pour l'intégration sociale. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Février 2014  •  Étude de cas  •  1 589 Mots (7 Pages)  •  1 234 Vues

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Les conseils de l'enseignant

Le sujet porte sur la fonction intégratrice du travail à travers l'exercice d'un emploi, mais la question est porteuse d'une évidente interrogation critique. Il importe donc de rappeler les différentes facettes du rôle de l'emploi dans l'intégration des individus au corps social, mais aussi de montrer que la qualité de cette intégration n'est pas la même pour tous, en raison notamment du développement de la précarité et de la dégradation de certaines conditions de travail. La réponse doit donc tenir compte de l'ambivalence du regard que l'on peut porter sur la capacité intégratrice de l'emploi.

Introduction

Comme l'illustre, a contrario, la situation personnelle parfois dramatique des chômeurs de longue durée, l'emploi reste, dans la société française, un des socles d'une intégration sociale harmonieuse. Le travail est en effet un vecteur du revenu et de l'accès à la consommation en même temps qu'un important support du statut social et de la sociabilité. Mais les transformations de l'emploi et des conditions de travail des dernières décennies ont eu parfois pour effet de fragiliser cette fonction intégratrice, en mettant une partie du corps social dans des situations qui peuvent aller jusqu'à l'exclusion. Il importe donc, après avoir rappelé pourquoi l'exercice d'un emploi est un des facteurs de l'affiliation des individus à la collectivité (première partie), de décrypter en quoi la montée de la précarité et certaines évolutions de la condition salariale peuvent fragiliser la cohésion sociale (2e partie).

I. L'emploi, un puissant instrument d'intégration sociale

Exercer un emploi permet d'accéder à une source de revenus considérée comme « légitime » et de se conformer à la norme collective de la consommation. Mais c'est aussi, pour chaque individu, un instrument de reconnaissance statutaire par les autres. Enfin l'emploi est un des vecteurs de la sociabilité et offre à chacun une certaine garantie de sécurité.

1. Le principal support de l'accès au revenu et à la consommation

Qu'il s'agisse d'un emploi salarié ou d'un emploi indépendant, l'insertion professionnelle permet à l'individu de s'intégrer sur le plan économique : l'emploi permet de percevoir un revenu (salaire ou revenu mixte) qui donne accès aux biens de consommation, et, à travers la couverture des besoins primaires et des besoins secondaires, d'adhérer aux normes collectives de consommation donc de s'identifier, à travers ces pratiques, à ses semblables. On constate de grandes différences de niveau de vie en fonction du rapport à l'emploi : les chômeurs avaient en moyenne, en 2007, un niveau de vie inférieur de 35 % environ à celui d'un actif occupé (12 937 € contre 20 181 €)(doc. 2). Cette différence, qui peut ne pas paraître très élevée, marque souvent la frontière entre ceux qui, en matière de consommation, n'ont pas de marge de manœuvre en raison des dépenses contraintes et ceux qui, même modestement, peuvent exercer plus librement des « choix » de consommation. Et cette marge de manœuvre est psychologiquement un élément déterminant de l'adhésion de l'individu aux valeurs fondatrices qui construisent le consensus social notamment au sentiment de liberté et d'égalité des droits. Ajoutons qu'occuper un emploi contribue aussi à se sentir à l'abri des aléas de la vie en raison de la couverture sociale qu'implique la participation au système de protection sociale.

2. Le gage d'un statut et de la reconnaissance sociale

Mais au-delà de ce premier aspect qu'on peut qualifier d'intégration économique, l'exercice d'une fonction sociale à travers l'emploi occupé contribue à donner à l'individu le sentiment d'une identité professionnelle reconnue par les autres, et lui permet d'accéder à un statut social qui sert de repère régulateur et aide à se situer dans la hiérarchie sociale. Cette « visibilité » du statut conduit à une intégration intériorisée des normes de comportement attachées au statut occupé qui, à l'évidence, est un élément de stabilité personnelle : dans le collectif de travail (entreprise, atelier, administration…), chacun sait comment se conduire à l'égard des autres et peut savoir comment les autres vont se comporter à son égard. Cette fonction régulatrice (et donc intégratrice) est illustrée dans le document 3 par le témoignage du chauffeur livreur de Rungis : la solidarité face aux difficultés, la porosité « sur le terrain » des barrières hiérarchiques, le sentiment d'une « vie collective » forment autour de chacun une protection contre l'isolement.

3. Un facteur essentiel de sociabilité et de sécurité

Enfin, la sphère professionnelle est un des lieux de développement de la sociabilité, en construisant un réseau d'interactions entre les membres d'un même collectif de travail. Cette sociabilité professionnelle, outre les repères de comportement dont elle est porteuse, peut avoir pour vertu de « socialiser » les éventuelles difficultés rencontrées dans le travail et dans l'emploi : si les autres sont confrontés aux mêmes problèmes que les miens, ce vécu commun contribue à dédramatiser les situations problématiques et permet de mutualiser les solutions. D'autre part, la sociabilité professionnelle se prolonge souvent par une sociabilité privée qui alimente les réseaux amicaux et d'entraide.

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