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Commentaire sur l'Allocution du Général De Gaulle du 20 Septembre 1962

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Par   •  16 Février 2023  •  Commentaire de texte  •  2 159 Mots (9 Pages)  •  1 191 Vues

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Commentaire sur l’allocution du Général De Gaulle le 20 septembre 1962

Gaston Monnerville, Président du Sénat sous la Ve République, déclare le 29 Septembre 1962 dans son discours de Vichy : « Si le chef de l’État a décidé en connaissance de cause, je me permets de l’affirmer, de la violer [la Constitution], le Premier ministre n’avait qu’à ne pas signer, il n’avait qu’à ne pas dire OUI... au référendum ». Il dénonce donc la violation que le Président a commis et la « forfaiture » de son Premier ministre Georges Pompidou. Ses propos font suite à l’annonce du Président Charles De Gaulle datant du 20 septembre 1962 dans laquelle il expose son projet de révision de la Constitution afin de changer le mode d’élection du président de la République.

Ainsi, le document proposé est un texte de source narrative composé d’extraits de l’Allocution télévisée de De Gaulle le 20 septembre 1962. C’est une retranscription de son discours médiatisé. Le texte traite du souhait du président du président de changer la façon dont est élu le président de la République. Il veut renforcer sa légitimité, cela en modifiant la Constitution par référendum. Le référendum est un mode de consultation populaire dans lequel les citoyens répondent par oui ou par non à une question relevant de l’intérêt général.

Charles De Gaulle est un homme politique, qui, au moment de l’énonciation de son discours est au pouvoir depuis 1958. Mais le général De Gaulle avait été suite à la Seconde Guerre Mondiale au pouvoir en tant que Président du Gouvernement Provisoire de la République Française, de 1944 à sa démission en janvier 1946 en raison de son désaccord avec l’Assemblée Nationale Constituante. Lorsqu’en 1954 éclate la guerre d’Algérie, il est rappelé au pouvoir et c’est par sa proposition de texte que la IVe République meurt que la Ve née en 1958. En septembre 1962, lors de son discours, les accords d’Évian ont été signés depuis le mois de Mars et la guerre d’Algérie est terminée malgré les violences qui perdurent. Il est vrai que ces accords prévoient l’indépendance de l’Algérie au mois de Juillet de la même année. De plus, le président de la République fait face à la vive opposition des partis de gauche dont le parti communiste. Les tensions sont aussi vives sur le plan intérieur avec les généraux de l’OAS (organisation de l’armée secrète). Le 22 août 1962 a lieu une tentative d’assassinat organisée par l’OAS contre De Gaulle, les partisans de l’Algérie Française refusent l’indépendance de celle-ci.

Le texte a une portée nationale et publique dont le but est informatif, De Gaulle essaye de convaincre et de justifier ses décisions. Le général rappelle dans ses paroles par quel moyen il est arrivé au pouvoir, sur quelle légitimité se fonde ce pouvoir et expose ses projets.

Comment le Président de la République expose-t-il son projet et comment le justifie-t-il ?

Nous étudierons dans un premier temps que le référendum est le moyen qui est utilisé car il est l’expression même du peuple (I) puis dans un second temps nous analyserons le projet de révision constitutionnel, sa méthode et ses objectifs à proprement parlé (II).

  1. Le référendum, la source de légitimité du pouvoir

Tout d’abord, le référendum, ce mode de consultation directe avec le peuple est le moyen qu’utilise De Gaulle à la fois pour rappeler d’où vient la légitimité du pouvoir mais également pour présenter ses projets. Il établit un lien direct avec les citoyens de son pays.

  1. La représentation des français en la personne choisie du président : le Général De Gaulle

Premièrement, le Général De Gaulle s’affirme et s’incarne comme le représentant des français et l’expression de leur volonté collective.

En effet, il dit que « le peuple français m’a appelé » (l.1). En 1958, il a été rappelé dans un contexte très complexe. En effet, le gouvernement de Félix Gaillard avait été renversé en mars 1958 et Pflimlin était confronté aux généraux partisans de l’Algérie. C’est en mai 1958 que De Gaulle a été rappelé au pouvoir pour régler cet situation critique. Les généraux avec à leur tête Massu souhaitaient un gouvernement seul capable de maintenir l’Algérie française. Ainsi, De Gaulle devait, par son retour, rétablir l’ordre. Dès son arrivée donc, De Gaulle a utilisé le référendum comme recours et comme lien avec la population. En effet, un référendum a été posé aux citoyens et leur demandait s’ils souhaitaient une nouvelle constitution. La question ayant récoltée majoritairement des oui a initié le processus d’élaboration de la Ve République. Dès la première phrase de son allocution, De Gaulle rétablit la relation et la proximité qu’il a avec les citoyens. Mais ici il porte son attention sur sa « succession » (l.2). Il annonce qu’il souhaite organiser un référendum quant à la prochaine élection du président de la République. C’est d’ailleurs ce qu’il expose clairement à la ligne 3 quand il dit qu’il veut poser une question qui se rapporte au « mode d’élection du chef de l’État » (l.3). Jusqu’alors, le président de la République était élu d’une manière bien différente de celle qu’on connaît actuellement. Le président de la République était élu au suffrage universel indirect. C’est-à-dire qu’il était élu par un collège composé de 80 000 grands électeurs. Quatre catégories d’électeurs étaient représentées : les députés, les sénateurs, les conseillers généraux et les élus municipaux. Ce mode d’élection était la traduction des ambitions de De Gaulle lors de son discours à Bayeux en juin 1946. Mais en 1962, il annonce qu’il souhaite modifier ce système. Il souhaite effectivement supprimer le mode d’élection du suffrage indirect pour passer à un système d’élection qui se ferait au suffrage universel direct. De Gaulle renforce sa légitimité qui doit passer par le peuple, il se subordonne dans son souhait à la volonté des citoyens.

Le président de la République est donc le représentant de la Nation, il a été choisi par celle-ci et annonce son projet de révision de la constitution.

  1. La voie du référendum comme expression légitime et démocratique de la voix du peuple

Deuxièmement, le référendum est un outil que De Gaulle utilise car il traduit la volonté du peuple et cela est significatif lorsqu’il dit que « c’est la [voie] la plus justifiée » (l.7). Nous comprenons que le citoyen peut répondre librement et donner son avis en répondant par oui ou non. Le référendum est légitime car il passe par le lien direct avec le peuple. De plus, De Gaulle dit bien que le référendum est la voie « la plus démocratique » (l.6). La démocratie se traduit par la participation de tout citoyen à exprimer sa volonté ou encore à s’abstenir. De Gaulle tente de persuader l’auditoire de la fiabilité de sa méthode. Il ne faut pas oublier que son objectif premier, par son allocution est à la fois de présenter son projet mais d’y faire adhérer le plus grand nombre. Ainsi, illustrant les principes démocratiques sur lesquels s’appuie le système français, le référendum semble être une bonne alternative.  Le référendum n’est pas une pratique nouvelle, il s’inscrit dans une certaine continuité historique puisque par exemple, Louis Napoléon Bonaparte avait eu recours au référendum en 1851 sous la forme de ce que l’on appelle un plébiscite. Par la suite, comme évoqué précédemment, De Gaulle l’a lui-même utilisé en 1958 afin de réviser la Constitution. Dans cette optique, « c’est du vote de tous les citoyens qu’a procédé directement Constitution » (l.8-9). Ici, le chef d’État exagère les traits du référendum de 1958. En effet, la décision de changer la constitution a été adoptée avec une large majorité (82.60%) mais pour autant, 17.40% étaient contre sans oublier les 19.37% d’abstention. Alors, certes la Ve était l’expression de la plus grande partie des voies des électeurs mais elle n’a pas été le fruit du vote de tous les citoyens à proprement parlé. Là encore nous retrouvons un procédé rhétorique qui sert à convaincre et à conforter l’auditoire dans son adhérence au projet.

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