Responsabilité sociale Nike
Commentaire de texte : Responsabilité sociale Nike. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 3 Décembre 2013 • Commentaire de texte • 1 190 Mots (5 Pages) • 2 146 Vues
Cette question n’est pas nouvelle pour Nike. Elle fut même en son temps, en Californie, l’occasion d’un long procès contre Nike pour publicité mensongère, une affaire jamais tranchée au fond. Peu importe, maintenant, semble-t-il. « Selon nous, la responsabilité d’entreprise favorise la croissance et l’innovation. Elle fait partie intégrante de la façon dont nous pouvons utiliser le pouvoir de notre marque, l’énergie et la passion de nos gens, ainsi que l’envergure de notre entreprise en vue d’amorcer un véritable changement », écrit Mark Parker, le nouveau président et PDG, en introduction d’un rapport qui, soufflant le chaud et le froid, alterne envolées lyriques, méthodologie aride et auto flagellation.
Le nouveau discours, sur le papier au moins, est généreux. De fait, en publiant (depuis 2005) la liste (et l’adresse) de ses fournisseurs, après y avoir longtemps résisté, l’entreprise a repris pour elle l’argument des ONG et des syndicats qui reprochaient au système de sous-traitance Nike de lui permettre d’échapper à ses responsabilités. Un chiffre permet de saisir l’enjeu : selon les estimations maintenant officielles de l’entreprise, ce sont, en effet, environ 800000 personnes –dont 80% de jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans– qui travaillent dans les usines fabriquant les produits de Nike mais ne lui appartenant pas. Autre élément clé du retournement : Nike a mis en place un complexe dispositif de « monitoring » des pratiques sociales de ses fournisseurs dont le rapport affirme qu’il est maintenant intégré à tous les nouveaux de la chaîne, du design à l’achat.
Alors, bravo Nike ? L’entreprise jure ne pas solliciter de tels applaudissements. Au contraire. Dans son secteur, selon une formule du rapport lui-même, les « violations systématiques des droits des travailleurs » se poursuivent, en effet, impunément et « les changements promis ne se sont pas encore produits ». Et Nike de citer, pour enfoncer le clou, une étude récente du MIT (Massachusetts Institute of Technology) réalisée à partir d’audits sociaux menés chez plus de 800 de ses sous-traitants dans 51 pays. « Après avoir, depuis des années, développé des outils de monitoring de plus en plus complets, embauché un nombre croissant de spécialistes des pratiques sociales, réalisé des centaines et des centaines d’audits sociaux, travaillé avec des consultants et des ONG, les conditions se sont améliorées chez certains… mais, pour beaucoup, elles sont restées inchangées ou se sont détériorées », écrivent les chercheurs du MIT.
Le rapport ne s’arrête pas à ce noir constat. Il reprend aussi à son compte plusieurs critiques des ONG et des syndicats sur la portée limitée de certaines pratiques des entreprises qui, comme Nike, se targuent aujourd’hui d’être « socialement responsables ». A commencer par un scepticisme marqué sur les vertus du « monitoring » de « codes de conduite » dans lesquels tant d’entreprises (françaises notamment) voient aujourd’hui une panacée.
Ces outils, observe Nike, permettent, tout au plus, de mettre en évidence « les symptômes et non les causes » des violations des droits sociaux. Faute de « réellement résoudre les problèmes », ils « n’aboutissent pas, en eux-mêmes, à des améliorations durables pour les travailleurs ». Evolution significative, l’entreprise américaine suggère, pour faire respecter le droit du travail, de ressusciter quelques bonnes vieilles méthodes qui font ouvertement appel à l’Etat. comme, par exemple, des « systèmes robustes d’inspection du travail » dans lesquels, selon Nike, les gouvernements des pays en développement seraient bien avisés d’investir. Bref, quand l’autorégulation montre ses limites, la police a du bon.
Pour sa part Nike jure de former ses fournisseurs aux principes de la « liberté syndicale » dont le rapport démontre qu’ils les bafouent trop souvent (un défi si l’on songe que la Chine est son premier
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