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Première année film Thomas Lilti

Cours : Première année film Thomas Lilti. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Décembre 2022  •  Cours  •  7 569 Mots (31 Pages)  •  383 Vues

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Marie-Pierre Pouly – Sociologie de la socialisation et de l’école, L2

Première année. Un film de Thomas Lilti (2018)

Un regard quasi ethnographique sur la posture scolaire en première année de médecine        2

Les contradictions de l’héritage        4

Le laborieux petit-bourgeois        5

La posture        6

L’organisation des études        8

Les fonctions techniques et symboliques des exercices scolaires        12

Contribution de l’institution scolaire à la différenciation sociale        13

Épreuve scolaire et consécration sociale        14

La magie des épreuves scolaires        15

Une culture de l’urgence        16

L’esprit de corps        17

Les fonctions sociales de l’examen        17

 [pic 1]


Sortie en salle la semaine où le gouvernement (Edouard Philippe 1e ministre, Agnès Buszyn, ministre de la santé, Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur) annonce une réforme des études médicales. Réforme proposée (à suivre) : plus de numerus clausus (nombre de places limité), un tronc commun et une orientation progressive, sans concours mais avec des partiels (contrôle continu). Transformations qui auront forcément des effets. Mais il est peu probable que les mécanismes décrits par Lilti disparaissent : on les retrouve dans la plupart des ____________________________________ (1).

Dans le film de Thomas Lilti, on suit la première année de la faculté de médecine en 2017-2018 à Paris V Descartes, avec l’année de PACES (la première année commune aux études de santé), débouchant sur un concours réussi par 15% des étudiants nationalement. Localement, à Paris V, environ 300 sur 2000 inscrits, soit 15% également.

Il est normalement possible de s’inscrire deux fois en première année de PACES, la troisième fois uniquement sur dérogation. Les étudiants passent deux fois des épreuves de concours, une première fois en janvier, puis en fin d’année universitaire ; à l’issue de ces épreuves, les étudiants sont classés et les premiers choisissent parmi toutes les disciplines disponibles (médecine, dentaire, pharmacie, maïeutique – voire dans d’autres universités kinésithérapie, ergothérapie), mais avec un ___________________________ (2), c’est-à-dire un nombre limité de places. Quand toutes les places de médecine (globalement le choix le plus prestigieux) ont été prises, les étudiants choisissent les autres spécialités, même si une petite poignée des mieux classés choisissent une autre spécialité que médecine[1].

Un regard quasi ethnographique sur la posture scolaire en première année de médecine

Le film de Thomas Lilti est à mi-chemin entre le film romanesque et le documentaire sociologique. Il repose sur une composante romanesque, puisque le ressort narratif consiste à suivre l’amitié teintée de rivalité entre deux étudiants de première année pendant toute l’année, du début des cours aux résultats du concours. Cette structure narrative est typiquement celle d’un roman d’apprentissage. La composante documentaire s’appuie sur un travail d’observation réalisé pendant une année avant le tournage, mais aussi une expérience biographique, puisque Thomas Lilti a lui-même suivi avec succès des études de médecine avant de devenir cinéaste. On peut penser qu’il connait un peu la sociologie (Bourdieu est cité une fois dans le film, et le frère de Thomas Lilti, qui est normalien et historien, est spécialiste de sciences sociales). Le travail d’observation précédant l’écriture du scénario et le tournage a été réalisé, selon le réalisateur, pour actualiser sa connaissance du fonctionnement des études de médecine. Il est retourné sur les bancs de la fac de médecine, Paris V, où lui-même avait fait ses études 20 ans plus tôt (ce qu’il qualifie de « travail de reportage »). On peut penser que de nombreuses scènes du film sont inspirées de scènes observées dans des amphis dans la période récente.

Il est important de réfléchir aux propriétés sociales des réalisateurs et à leurs méthodes de travail si l’on veut comprendre le rapport entre la réalité et ce qu’ils donnent à voir. Dans ce cas, l’expérience biographique personnelle et les recherches qui ont été faites, doublées d’un intérêt pour le fonctionnement du monde social, donnent à penser que de nombreux détails sont « réalistes » et que le film peut être utilisé pour décrire certains phénomènes sociaux, même s’il reste une fiction. Il ne faut pas oublier cependant depuis quelle _________________ (3) Lilti observe et à la suite de quelle _________________ (4). Celle d’un héritier scolaire et social en réussite (bac S obtenu à 16 ans, concours de médecine obtenu du premier coup) et parallèlement cinéaste, qui peut se permettre de regarder de façon distanciée cet univers, peut-être avec la mauvaise conscience de l’héritier, mais aussi depuis sa position de médecin généraliste (ce qui n’est pas la spécialité la plus valorisée au sein de l’univers médical), porté à développer un discours sur la pratique, l’empathie, la relation aux patients, la nécessité du goût pour la médecine, l’envie d’être médecin (vision des médecins humanistes dans ses autres films), plutôt, par exemple, qu’un discours sur la médecine comme pratique scientifique qui pourrait être porté par les médecins biologistes (pôle clinique/pôle biologiste).

Au départ, Lilti voulait faire un film sur l’université qui devait s’appeler Panthéon-Sorbonne sur les étudiants ; finalement, il choisit les études de médecine après avoir fait des films sur l’exercice de la médecine, pour remonter aux causes des dysfonctionnements (pourquoi pas d’installation à la campagne, par ex), mais aussi parler de l’hyper compétition de la société en général. Première année est le troisième film d’une sorte de trilogie sur la médecine : Hippocrate, sur des internes en médecine, Médecin de campagne, sur l’exercice de la médecine en milieu rural, et dans ce film, Lilti tourne la caméra vers les études plutôt que sur l’exercice de la médecine.

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