Présenter quels intérêts Les Lettres Persanes de Montesquieu peut susciter chez un lecteur d’aujourd’hui

L'observation de mœurs étrangères, notamment dans les récits de voyages et les essais, permet de regarder les autres cultures avec recul de relativiser ses jugements et critères de valeurs. La fiction permet d'imaginer le regard porté par des étrangers sur la culture européenne afin de l'observer avec un regard neuf, naïf et plus à même de percevoir les aberrations, les injustices, les paradoxes. Nombreux sont les auteurs qui ont recours au regard de l'autre pour critiquer indirectement la société. Par exemple Montaigne critique les colons européens à travers le regard des Indiens d'Amérique dans ses Essais, chapitre « des cannibales ». Mais l'œuvre la plus admiré de toutes est bien évidemment les Lettres Persanes de Montesquieu paru en 1721.

Les Lettres Persanes, première œuvre littéraire de Montesquieu, publié anonymement Amsterdam pour éviter la censure, les Lettres Persanes sont un roman épistolaire composé de 161 lettres écrites par des Persans. Dans l'introduction de l'œuvre l'auteur prétend avoir été logé avec des Persans qui séjourner en France et qui lui aurait communiqué les lettres échangées avec leur amis resté a Smyrne en Perse. Ainsi l'auteur aurait recopiez ces lettres pour les offrir au public. Le subterfuge, s'il ne trompe personne, confère au romain un gout d'authenticité qui plaît aux lecteurs.

En donnant la parole à des étrangers venu en France Montesquieu invite le lecteur à adopter un regard éloigné sur la société française. Les Persans s’étonnent, tantôt amusé, tantôt scandalisé, en observant les mœurs françaises, le fonctionnement politique le rôle de la religion. Ainsi l'auteur peut développer une critique implicite et souvent ironique de la société, de la monarchie absolue, de l'église en utilisant un détour romanesque suffisamment efficace pour ne pas craindre la censure.

Par exemple dans la lettre 24 Rica à Ibben, à Smyrne, Montesquieu va critiquer la société par l’exagération, « Les maisons y sont si hautes, qu’on jugerait qu'elles ne sont habitées que par des astrologues » ; « Ils volent : les voitures lentes d'Asie, le pas réglé de nos chameaux, les feraient tomber en syncope ». Il va aussi accentuer l’agitation de la vie parisienne, « un mouvement continuel » ; «il faut bien des affaires » ; « extrêmement peuplée » ; « bel embarras ». Ce qu'il faut surtout retenir de cette lettre c'est que le regard de l'étranger permet surtout de donner une critique du mode de vie des Parisiens. L'agitation permanente et la surpopulation s'accompagne d'un manque de civilité et d'une brutalité dont souffre le Persan habitué à un rythme de vie lent et paisible.

Mais aussi, dans la lettre 30 Rica au Même, à Smyrne, Montesquieu va ici souligner l'importance de l'apparence extérieure dans la société parisienne, « il a l'air bien persan » ; « Portraits » ; « Quitter l'habit persan, et à endosser un à l'européenne » ; « Libre de tous les ornements étrangers » ; « me plaindre de mon tailleur » ; « sans qu'on m’eût regardé ». Ou ainsi le Persan va se sentir et se représenter comme un objet de curiosité, « Tous voulais me voir. Si je sortais, tout le monde se mettait aux fenêtres ; j'étais aux Tuileries, je voyais aussitôt un cercle se former autour de moi » ; « Jamais homme n'a tant été vu que moi » ; « on craignait de ne m'avoir pas assez vu ». Ce qu'on comprend ici, c'est que les Parisiens observe avec curiosité et intérêt le persan précisément parce qu'il est étranger, qui suscite l'étonnement et la fascination, au point d'en vouloir posséder son portrait. L'expérience du changement d'habit

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