Les lettres persanes, Montesquieu
Commentaire de texte : Les lettres persanes, Montesquieu. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Audrey Chmpre • 29 Septembre 2018 • Commentaire de texte • 9 075 Mots (37 Pages) • 2 590 Vues
Les lettres persanes
Introduction
Montesquieu est un écrivain des Lumières, qui est un mouvement européen où l’on utilise la raison. Montesquieu fait partie des philosophes qui défendent des valeurs. Ces valeurs sont la tolérance, le relativisme, il critique la monarchie absolue. Issu d’une famille de parlementaires, il est lui-même magistrat. Il voyage beaucoup et se frotte à la découverte de l’Autre. Au 18e, la tendance est à l’exotisme et en particulier à l’Orient. C’est alors que Montesquieu écrit un roman épistolaire en lettres : « Les lettres persanes ». Au travers de lettres, les deux personnages : Usbek et Rika critiquent la monarchie ainsi que les mœurs occidentales. Ce sont des lettres que Rika écrit à Ibben qui critiquent les comportements des parisiens. Ce roman est contre l’ethnocentrisme, c’est-à-dire la focalisation du peuple occidentale sur sa propre civilisation.
- Problématique
- Plan implicite
- La théâtralité du passage
- Un texte dramatisé
Tout au long du texte on a un récit d’action, il y a énormément de verbes d’action qui installent une action et donc un rythme. On a un jeu avec le système temporel, en effet les verbes au passé simple mettent en mouvement les moments importants. De plus, pour dramatiser la scène, Montesquieu fait usage au « je » afin de donner une vision subjective de l’ordre de la confidence.
- Une caricature
Cette dramatisation du texte est intensifiée par le style de l’auteur, notamment par l’utilisation d’hyperboles. De plus, on retrouve des figures de styles telles que des accumulations, pour montrer que ce qui est décrit dans le texte concerne toute la population. On a également beaucoup d’intensifs ; c’est-à-dire des mots qui intensifient tout ce que l’on dit. Le narrateur cherche donc à souligner fortement l’importance de cet évènement vécu, il l’intensifie. Il cherche donc à démultiplier tout ce qu’il a vécu et à mettre en avant ses émotions.
- Théâtralisation du récit
Le narrateur se met en scène mais met en scène également les Parisiens. Il met en avant les éléments propres au théâtre :
- Le costume : l’habit persan mais également les robes des parisiennes
- Le décor : l’histoire est racontée de manière très visuelle
- L’utilisation du discours direct : « comment peut-on être personne » : inhabituel pour une lettre
- Intrigue simple : un persan qui arrive à Paris et suscite l’intérêt, il change de costume et d’un coup il ne se passe plus rien (coup de théâtre)
- Un récit fondé sur des renversements
- De la gloire à l’oubli
La lettre s’organise autour de la chute de Rica, on assiste à un renversement : le personnage passe de la gloire à l’oubli. C’est une structure en deux parties qui se font écho et sont reliés. En effet des expressions sont reprises : le terme admirable figure dans les deux parties. On retrouve l’image de la chute avec les termes « envoyé du ciel » dans la première partie et « le néant affreux » dans la seconde.
- Le changement du regard
Le récit est basé sur l’antithèse et le changement de statut de Rica ainsi que l’attitude différente des Parisiens. On retrouve également le thème du regard. Par exemple avec le terme « lorgnettes », le narrateur veut dénoncer une curiosité malsaine. Les parisiens regardent Rica ; Rica regarde les Parisiens mais Rica se regarde également lui-même au travers du regard des autres : « je me voyais » ; « je me vis » ; il y a donc une réciprocité du regard. Rica ressent de la curiosité, de l’étonnement.
- L’idée de l’étrangeté
Les Parisiens sont étrangers à Rica mais Rica est étranger aux Parisiens. Rica va jouer sur le regard qu’il a, il joue sur le regard naïf de l’étranger. Les Parisiens sont curieux voir extravagants, ils sont attachés à l’apparence. Rica, lui, décrit un comportement, ce qui l’intéresse n’est pas le physique mais bien les mœurs des Parisiens. Il les commente et les met en scène : « abeilles » représente un bourdonnement donc un bruit permanent, celui des Parisiens. Les curiosités sont décrits comme excessifs avec une curiosité extrême : « ils ont l’air d’être curieux » ; « les Parisiens ne sont pas des aventuriers » ; « des gens qui n’étaient presque jamais sortis de leur chambre ».
Le véritable objet du regard sont les Parisiens, ce sont eux qui deviennent les autres.
- L’exercice de la satire
- La caricature du Parisien
On retrouve un jeu de miroir, en effet on peut dire que Rica tend aux Parisiens un miroir dans lequel ils peuvent se voir agir. Ce miroir leur renvoi une image caricaturale. Il utilise beaucoup l’imparfait pour exprimer une répétition, une habitude, un mécanisme des Parisiens. C’est une caricature peu flatteuse des Parisiens, c’est une moquerie. Le narrateur est ironique, il porte un regard faussement naïf sur les Parisiens pour se moquer d’eux.
- Une mise en scène de la superficialité
L’incohérence marque le comportement des parisiens, elle est renforcée par l’adverbe soudain. Cet adverbe illustre la soudaineté des Parisiens, ils agissent en un instant, d’un coup ce qui relève une incohérence de leurs actes. Le narrateur exprime également le fait que Paris soit un théâtre, la société se donne en spectacle et regard qu’elle porte sur l’Autre est conditionnée sur les costumes : il y a donc une incohérence liée au champ lexical du vêtement. De plus, la dernière phrase du texte : « Comment peut-on être Persan ? » montre une étroitesse d’esprit des Parisiens.
- Le regard sur l’Autre
Paris est une société superficielle évoquée par l’auteur avec ironie. En effet, il critique sévèrement la société et le statut de manière dissimulée. Rica critique au travers de sa lettre l’ethnocentrisme des Parisiens et leurs relations par rapport à l’Autre. Ils jugent l’étranger, ils ne peuvent pas comprendre qu’on puisse ne pas être Parisien. Cette étrangeté est toutefois basée sur l’apparence, quand le Persan quitte son « costume » il devient « apprécié au plus juste ».
Conclusion
Les Parisiens manifestent de l’indifférence vis-à-vis d’autrui mais Montesquieu pense qu’on est Homme avant d’étranger. Au fur et à mesure le jugement ne se porte plus les Persans mais sur les Parisiens, qui deviennent alors les étrangers.
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