Les Lettres Persanes, Montesquieu
Dissertation : Les Lettres Persanes, Montesquieu. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Amilaril • 14 Janvier 2020 • Dissertation • 2 351 Mots (10 Pages) • 5 432 Vues
Dissertation sur les Lettres Persanes, Montesquieu, 1721
Le XVIIIe siècle, aussi appelé le siècle des Lumières, est une période durant laquelle des savants, hommes de lettres et scientifiques ont essayé de faire évoluer les mentalités. Montesquieu, un auteur de cette époque a écrit les Lettres Persanes en 1721. Il s’agit d’un roman épistolaire racontant le voyage d’Usbek et de Rica, deux seigneurs partis de Perse pour découvrir la culture européenne et française et pour acquérir de nouveaux savoirs. Ils font part de leurs observations à leurs connaissances restées en Perse, telles que les femmes du Sérail ou les Eunuques.
Les principaux thèmes mentionnés par Montesquieu dans son œuvre les Lettres Persanes sont la remise en question, l’incertitude et la réflexion. Ce sont également les idées évoqués dans la citation de Paul Valéry ci-dessous.
“Prendre dans un monde, et plonger tout à coup dans un autre, quelque être bien choisi, qui ressente fortement tout l’absurde qui nous est imperceptible, l’étrangeté des coutumes, la bizarrerie des lois, la particularité des mœurs, des sentiments, des croyances… Entrer chez les gens pour déconcerter leurs idées, leur faire la surprise d’être surpris de ce qu’ils font, de ce qu’ils n’ont jamais conçu différent, c’est, au moyen de l’ingénuité feinte ou réelle, donner à ressentir toute la relativité d’une civilisation, d’une confiance habituelle dans l’Ordre établi.” - Paul Valéry
Le début de la citation ramène à la thématique du voyage et de la confrontation soudaine entre la culture et l’éducation que l’on a reçu et celle que l’on va chercher dans un autre lieu. Cela permet de s’approprier ces deux cultures et ainsi de se faire une vision plus globale du monde et de prendre du recul sur ce que l’on a appris. La suite de cette première phrase “quelque être bien choisi” sous-entend que tout le monde ne réagirait pas de la même manière et que certaines personnes serait donc plus légitimes que d’autres d’entreprendre ce voyage. Cette idée est accentuée par la suite de la phrase “qui ressente fortement tout l’absurde qui nous est imperceptible” dans laquelle le “nous”, qui représente à la fois le lecteur et l’auteur, semble signifier le commun des mortels qui ne perçoit pas ce qui est “imperceptible” car il l’a toujours connu. L’”être bien choisi” serait donc une personne d’une grande sagesse ayant déjà du recul sur sa propre vision du monde et qui serait donc préparée à ce voyage. Les exemples suivants “l’étrangeté des coutumes, la bizarrerie des lois, la particularité des mœurs, des sentiments, des croyances” ne peuvent donc être perçus que pour quelqu’un qui en connaît d’autres. Dans la deuxième partie de la citation “Entrer chez les gens pour déconcerter leurs idées”, on entre dans la tête du lecteur afin de le surprendre, de le forcer à réfléchir et d’ébranler ses certitudes. Pour cela, il faut paraître ignorant à ses yeux afin de lui faire prendre ce recul nécessaire à la compréhension et à la remise en question du fonctionnement du monde qui l’environne “leur faire la surprise d’être surpris de ce qu’ils font, de ce qu’ils n’ont jamais conçu différent, c’est, au moyen de l’ingénuité feinte ou réelle, donner à ressentir toute la relativité d’une civilisation, d’une confiance habituelle dans l’Ordre établi.” Nous nous demanderons de quelle manière le roman des Lettres Persanes de Montesquieu peut être éclairé par la citation de Paul Valéry.
Nous analyserons d’abord la comparaison entre les deux cultures que les personnages d’Usbek et Rica connaissent ou découvrent. Nous examinerons enfin le regard sur l’étranger que portent les deux personnages, et à travers eux, Montesquieu.
Tout d’abord, nous pouvons remarquer que le comportement des hommes et des femmes en Europe, à Paris notamment, n’est pas familier à nos deux personnages, c’est ce qui correspond dans la citation à “l’étrangeté des coutumes, [...], la particularité des mœurs, des sentiments”. En effet, cette différence de comportement fait l’objet de nombreuses lettres, ce qui traduit l’étonnement d’Usbek et de Rhédi. La place des femmes est très différente de celle qu’elles occupent en Perse. Nous pouvons le voir grâce à la lettre 26, dans laquelle Usbek fait un éloge du mode de vie de Roxane, l’une de ses femmes, mais dénigre les femmes françaises car elles le choque en se se présentant tête nue devant les hommes. Il les trouve débauchées et est scandalisé par leur souci de plaire Il est donc déstabilisé par tous les droits dont disposent les femmes en Europe, comme on peut le remarquer dans les citations suivantes “Que vous êtes heureuse, Roxane, d’être dans le doux pays de Perse, et ni pas dans ces climats empoisonnés où l’on ne connaît ni la pudeur ni la vertu !”. Dans la lettre 34, il compare également les hommes et femmes de Perse à ceux de France, cependant cette fois, son jugement a évolué car il est à Paris depuis quelques mois et s’habitue donc aux coutumes du pays. Il décrit les Français comme étant plus gais que les Perses, mais ceux-ci sont plus modestes et plus sérieux. Il donne donc des qualités différentes aux êtres de ces deux pays qu’il ne semble plus réussir à départager. Malgré la place importante que prennent les femmes dans les discussions d’Usbek et de Rica, on ne dévoile leurs véritables opinions que dans les six dernières lettres. De plus, les Parisiens ne semblent ne s’occuper que des apparences, ce qui les pousse à tout critiquer sans s'apercevoir du ridicule dans lequel ils se plongent ainsi, on le voit notamment dans la lettre 28 dans laquelle Rica tente d’expliquer le fonctionnement de la comédie. N’ayant jamais assisté auparavant à ce type de spectacles, il n’en voit que le ridicule qui est aussi présent sur scène que chez les spectateurs. Ils essayent également de conserver une jeunesse éternelle et se plaignent beaucoup, comme on le remarque dans la lettre 59 où chacun critique tout ce qui a rapport au présent, comme la politesse, la santé et la politique, en se complaisant dans une illusion mélancolique du passé.
De plus, la religion n’est pas perçue de la même manière par les Européens que par les Perses, c’est ce qui correspond dans la citation à “la particularité des mœurs, des sentiments, des croyances”. Ceux-ci ont effectivement la possibilité de comparer les différents cultes et donc d’avoir du recul. En effet, leur jugement vis-à-vis des chrétiens évolue au fil du temps qu’ils passent à Paris. Au début, Rica critique le Pape en le comparant à un magicien dans la lettre 24,
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