L’œuvre littéraire [...] ne s’impose pas seulement comme un objet de jouissance ou de connaissance, elle s’offre à l’esprit comme un objet d’interrogation, d’enquête, de perplexité

CANTU Janyce

« L’œuvre littéraire […] ne s’impose pas seulement comme un objet de jouissance ou de connaissance ; elle s’offre à l’esprit comme objet d’interrogation, d’enquête, de perplexité.”

Gaëtan Picon, L’écrivain et son ombre, GALLIMARD, 1953

Exercice 1

1. Replacer la citation dans un contexte

Les sources de la citation nous amène à la rencontre de Gaëtan Picon et de son époque.
Gaëtan Picon était un essayiste et critique d’art français. Il occupa un poste décideur en tant que directeur des arts et des lettres.

Sa réflexion fût accompagnée par les idées du philosophe Nietzsche, ainsi qu’un panthéon de littérature. Il connut la deuxième guerre mondiale, le fascisme, ainsi que la remise en question de l’établissement coloniale et de la société Française. Ce fût l’époque du cubisme : du redimensionnement de l’espace créatif avec Picasso, Apollinaire. Mais ce fût aussi le temps de l’abstrait (exemple : Dubuffet) mais aussi de l’absurde avec Beckett, Ionesco, des mouvements liés à la chute de l’humanisme et au traumatisme de la guerre.

Tout le long de sa vie, il fût en lien avec André Malraux avec qui il entretenait une admiration réciproque. Il contribua à la création d’un pro-ministère de la culture et aux prémices de la maison de la culture.

Gaëtan Picon jeta les bases d’une nouvelle politique culturelle, innovatrice et inventive, une culture refondée autour d’un héritage historique. Il affirme les contours de la culture contemporaine dont le centre Beaubourg en est un témoin.



2. Repérer les mots clés

« L’œuvre littéraire […] ne s’impose pas seulement comme un objet de jouissance ou de connaissance ; elle s’offre à l’esprit comme objet d’interrogation, d’enquête, de perplexité. »

Oeuvre: écrit, création, entreprise, la production, travail, ensemble, composition,

Objet: intention, ambition, matière, but, objectif, concept, outils, sujet, thème, propos, théorie

Jouissance: profiter, tirer parti de quelque chose, plaisir intense, satisfaction.

Connaissance: fait de comprendre, d’apprendre, de savoir.

L’esprit: intellect, capacité intellectuelle, intelligence. Siège de la pensée, des idées.

(Interrogation : poser des questions, examinassions, demande

Enquête : examen, étude, recherche, investigation, observation, reportage

Perplexité: doute, incertitude, hésitation) =

accumulation traversée par le champ lexical du questionnement//un tâtonnement intellectuel, en donnant l’impression que Gaëtan Picon cherche ses mots. L’œuvre littéraire serait donc aussi quelque chose qui échappe à la compréhension immédiate, et qui réclame une opération/un effort intellectuel(le), qui ne se laisse pas si facilement lire.


3. Essayer de caractériser la citation

Style de la citation :
le ton est neutre
L’auteur donne un constat qu’il nuance.
Son jugement est objectif.
Il s’adresse à ses contemporains. / plus spécialistes, des universitaires, qu’au grand public.

Le but du critique est de définir l’œuvre littéraire.

4. Repérer la structure de la citation

Adverbes Ne….pas: la négation

Adverbe seulement: une restriction = suggère qu’il y a incomplétude dès lors que l’on aborde l’œuvre sous un seul des deux angles et qu’aucune de ces deux attitudes n’a l’exclusivité sur l’œuvre littéraire.

Conjonction: comme = en qualité de

5. Reformulez la citation

L’œuvre littéraire est un outil de plaisir intellectuel et d’enrichissement culturel, mais elle est aussi un terrain d’examen et d’observation de la réalité et des concepts nous permettant de les remettre en question.

        Exercice 2        

Introduction

           Madame Bovary échappe à son quotidien en lisant des romans. Ses lectures l’aide à imaginer une autre réalité loin de son malheur. Les amènent-elle aussi à une réflexion sur son immoralité ?

            Le projet de Gustave Flaubert illustre bien le propos de Gaëtan Picon dans son ouvrage L’écrivain et son ombre. Selon lui, l’œuvre littéraire « ne s’impose pas seulement comme un objet de jouissance ou de connaissance » mais aussi « elle s’offre à l’esprit comme objet d’interrogation, d’enquête, de perplexité. »
          Nous pouvons nous demander justement dans quelle mesure l’œuvre littéraire ne poursuit non pas seulement une fonction de divertissement pour le lecteur, mais l’amène aussi à une réflexion ?
          Il s’agira tout d’abord de montrer que la fonction de l’œuvre peut se suffire au divertissement. Dans ce cas, le lecteur adoptera une attitude passive et confortable. Le sens de l’œuvre lui apparaitra comme une évidence.
         Dans un second temps, nous montrerons que l’œuvre peut être l’objet d’investigation, de recherche et de questionnement. L’œuvre amène alors le lecteur à une réflexion plus ou moins profonde sur lui-même et sur la réalité et la société.
        Enfin, dans ce questionnement perpétuel, les œuvres questionnement sur elles-mêmes et interrogent leur propre rôle. L’œuvre littéraire, devient alors le support de renouvellement de la narration et du langage lui-même.

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