Dissertation madame de Lafayette la princesse de montpensier
Dissertation : Dissertation madame de Lafayette la princesse de montpensier. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar eleonore. • 5 Mars 2019 • Dissertation • 3 032 Mots (13 Pages) • 720 Vues
Guerres de religion
La nouvelle La princesse de Montpensier a été écrite par Madame de Lafayette en 1662. Cette nouvelle au contenu partagé entre la fiction et l’histoire nous apprend les règles strictes qui dirigent la société du XVIIe siècle. En effet, l’histoire se déroule « sous le règne de Charles IX », expliqué dans la première ligne de l’ouvrage, c’est-à-dire durant la troisième guerre de religion opposant les huguenots et les catholiques. Les guerres de religion modifiant le mode de vie de la cour, guident d’autant plus la nouvelle. En 2009, Bertrand Tavernier, d’après « une lecture personnelle de l’œuvre » selon ses mots, décide de réaliser cette adaptation cinématographique en s’imprégnant du mode de vie du XVIIe siècle tout en adaptant la nouvelle pour qu’elle soit appréciée par le publique du XXe siècle. Etant attaché au fond historique de l’œuvre, il décide de lui donner une toute autre place dans son film. Ainsi, nous nous demanderons en quoi le fond historique, en particulier les guerres de religions ont-elles une importance à ne pas négliger autant dans la nouvelle que dans le film. Pour répondre à ce questionnement, nous procèderons en trois moments. Dans un premier temps nous verrons un lien prenant entre fiction et réalité puis une mise en valeur des personnages à travers la guerre.
Madame de Lafayette écrit une nouvelle à base historique datant de la fin du XVIe siècle au début du XVIIe siècle. Cette nouvelle est en effet menée par les guerres de religion, plus précisément la troisième qui se termine par le massacre de la Saint Barthélémy, le 24 aout 1572 qui vise à exterminer tous les « hérétiques ». Ces évènements sont des faits historiques qui ont marqué l’histoire et permettent de guider l’action de la nouvelle ; le réel sert alors à la fiction dans cette œuvre. Bertrand Tavernier reprend la même chronologie que la nouvelle mais rajoute un avant-propos lors de la scène d’exposition afin de mettre en valeur la guerre et ses fonctions. La guerre entre catholiques et huguenots se déroule principalement sur le front, plus précisément à Angely, Montcour et Poitier, mais on peut voir dans le film qu’elle s’étend jusqu’à la ville, on le voit lorsque Chabannes se fait tuer par des civiles et aussi souvent dans les arrières plans comme par exemple les cloches sonnant la paix et un pendu. En effet, on constate qu’elle ne touche pas seulement les soldats mais aussi les civiles et plus particulièrement la cour. Elle est donc omniprésente et lorsqu’elle n’est pas racontée, elle est exprimée à travers les personnages, on peut le constater dans le film dans la bouche de Marie de Montpensier ou par les cloches annonçant sa fin lorsque Chabannes décide de déserter. On peut donc dire que la guerre rythme la nouvelle, tout comme le film.
Néanmoins, la fonction de la guerre diffère entre la nouvelle et le film. En effet, la guerre dans la nouvelle sert de fond, elle mène les actions de la princesse sans vraiment être clairement représentée. On peut voir qu’elle est souvent évoquée, par exemple dans la première phrase de la nouvelle « pendant que la guerre civile déchirait la France… », ou encore « le prince étant revenu à la cour, où la continuation de la guerre l’appelait ». Cela prouve que la guerre est maitresse des actions de chaque personnage. En effet, en menant les actions des personnages, elle mène aussi et tout d’abord les passions de la princesse. On peut voir dans la nouvelle que dès l’incipit, la guerre pousse la princesse vers le comte de Chabannes « l’emmena à Champigny… pour l’ôter de Paris où apparemment, tout l’effort de la guerre allait tomber ». On peut remarquer que la guerre mène dans un premier temps la princesse a son premier prétendant, éloignant son mari. On peut voir par la suite que c’est à Loches, lieu de pouvoir, que le duc d’Anjou et le duc de Guise rencontrent « par hasard » la princesse dans une barque sur un lac. On le constate par les phrases « après que les deux armées se furent fatiguées par beaucoup de petits combats » et « le duc d’Anjou demeura à Loches donner ordre à toutes les places qui eussent pu être attaquées. » encore une fois, la guerre mène les hommes à la Princesse. Mais si la guerre rapproche la princesse de ses prétendants, elle l’en éloigne de son mari, et donc, de la vertu et la prudence que lui assurait le mariage. On peut le constater dès le début de la nouvelle par la citation « le prince étant revenu à la cour, où la continuation de la guerre l’appelait » suivit du champ lexical des sentiments de la princesse se confiant à Chabannes « l’inclination, son cœur, galanterie » qui marque une opposition avec le début du récit qui réfère à la vertu et la prudence. On peut ainsi dire que la guerre rythme la tragédie de l’œuvre. En effet, l’éloignement de la princesse et du prince, provoque le désir, les émotions incontrôlables du cœur et donc, l’hybris de la passion. On peut alors voir que la guerre est d’une part, la structure des actions des personnages mais les soumet aussi à leurs sentiments et donc à la fatalité. Par cela, Madame de Lafayette nous indique que les guerres de religions soumettent autant les soldats sur le champ que les civils.
La guerre étant peu évoquée dans la nouvelle, est omniprésente dans le film de Bertrand Tavernier. Amateur d’histoire, il décide de réaliser un film historique selon sa « lecture personnelle » de l’œuvre. Ainsi, se basant sur des faits historiques réels vérifiés par l’historien Didier Lefur, le réalisateur donne une toute autre importance à la guerre en lui donnant du sens au XX e siècle. Il y parvient en ajoutant des scènes primordiales dans le film qui sont seulement évoquées dans la nouvelle par les ellipses de l’écriture épurée de Madame de Lafayette au XVIIe siècle. On peut noter l’importance de la guerre dans les détails fournis de la scène d’exposition rajoutée par Tavernier avec l’introduction visuelle et auditive qui souligne l’importance des guerres de religions et de leur dramatique. En effet le prologue commence par un fond noir ce qui souligne tout d’abord la dramatique, suit ensuite le carton qui introduit la guerre, complété du chant religieux du XVIe siècle nommé « Crusifixus » écrit par Rolland Glacius et choisi par le compositeur musical Philippe Sarde. On peut voir par la suite les dégâts de la guerre avec un gros plan sur un corps mort. On peut ainsi voir que Tavernier décide de donner plus d’importance à la guerre qu’a l’amour par le plan sonore et visuel. Il explique alors le début de la première phrase de la nouvelle « pendant que la guerre civile déchirait la France sous le règne de Charles IX ». De plus, étant un film de « cape et épée », la guerre est totalement explicite et omniprésente visuellement ou auditivement. On peut le constater lorsque les cloches sonnent la paix en arrière-plan, par un pendu présumé être un civil que Chabannes et son élève ne semblent pas voir ou encore lorsque Chabannes retourne vers son château pour se renseigner sur la paix et que l’on entend des cris et des bruitages de « désordre » rappelant la guerre. Si la guerre met en valeur la fatalité de la princesse dans la nouvelle, le film lui, révèle le péché condamnable de fin cathartique de Chabannes. En effet, conseillé par Didier Lefur, Tavernier décide que le meurtre d’une femme enceinte, passible de pendaison, « détermine son destin ». Ainsi la « vie » de Chabannes commence par la guerre et le meurtre d’une femme enceinte et fini par un combat pour sauver une autre femme enceinte.
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