Le loup et le chien, Jean de la Fontaine
Commentaire de texte : Le loup et le chien, Jean de la Fontaine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar louise_52 • 12 Mai 2024 • Commentaire de texte • 2 802 Mots (12 Pages) • 96 Vues
Commentaire littéraire sur « Le Loup et le Chien »
Jean de la Fontaine est un fabuliste et moraliste du XVII èmesiècle ayant écrit plus de 240 fables mettant en scène la plupart du temps la personnification d’animaux. A travers ces personnages, il critique une société basée sur la flatterie et la dépendance. Il s’est inspiré de grands auteurs latins comme Esope, Phédre ou Pilpai. Il étudie et critique les comportements et les mœurs de ses contemporains à la cour. La fable « Le Loup et le chien » présente des personnages qui soulèvent des questions comme quelle est la véritable nature de la liberté ? Cet apologue correspond à l’idée des auteurs de ce siècle qui est de « Plaire et instruire ». On se demande donc comment Jean de la Fontaine a pu mettre en scène des personnages complètement opposés dans un récit soulevant d’importants questionnement ? Nous répondrons à cette problématique en étudiant ce récit vivant et en analysant la stratégie argumentative du chien pour comprendre à la fin la morale de l’histoire.
Dans cette fable, nous retrouvons toutes les caractéristiques d’un récit permettant l’enchainement d’éléments de l’histoire. La situation initiale est introduite par le premier personnage qui est décrit comme n’ayant « que la peau sur les os (v.1) » et nous induit à comprendre la situation du Loup et le problème « tant les chiens faisaient bonne garde (v.2) ». L’élément perturbateur est ensuite amené dans l’histoire avec la rencontre entre le Loup et le Chien « Ce loup rencontre un Dogue (v. 3) ». Pour donner suite à cela un développement entre les deux personnages est intégré grâce à un dialogue « Le Loup donc l’aborde (…) Qui le fait pleurer de tendresse v. 10 ; v.31». Après le développement entre les deux personnages s’ensuit un dénouement où le Loup réalise que le Chien est attaché et refuse de se contraindre à la même situation « il vit le col du Chien pelé (…) Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. (v.32 ; v.40) » Pour finir, il y a la situation finale où le loup s’enfuit pour garder sa liberté « maître Loup s’enfuit, et court encor. (v.41) ». D’un autre côté, ce récit fait preuve de dynamisme en raison de plusieurs éléments comme une versification et une métrique variée des vers mettant en place une hétérométrie dès les premiers vers. Le vers 1 est un décasyllabe, le vers 2 est un octosyllabe et le 3 est un alexandrin. Cela crée de la vie et de la liberté dans le récit. La présence de dialogue direct « Que me faudra-il-faire ? (v.22) » et indirect « Entre en propos, et lui fait compliment (v.11) » aide également à mettre de la variété dans la fable. Il y a également des procédés de versifications comme la diérèse qui sont présents pour appuyer et insister sur certains mots comme « condition (v.18) ». Par ailleurs, les rimes dans cette fable sont de nature variée : il y a des rimes alternées du vers 1 au vers 4 suivant le modèle ABAB, des rimes suivies du vers 5 au vers 8 suivant le modèle AABB, des rimes embrassées du vers 18 au vers 21 suivant le modèle ABBA. Les marques de la personnification, qui donnent des attributs humains à ce qui ne l’est pas et qui rendent le récit vivant et réel sont les majuscules aux personnages « le Loup », les prises de paroles des personnages et la conscience et valeur du Loup et du Chien. Cela permet de les identifier au fonctionnement de la société humaine. Tous ces éléments nous livrent un récit vivant, dynamique et naturel.
Jean de la Fontaine décrit, dans cet apologue, des personnages complètement opposés sur plusieurs sur plusieurs points. Le Loup et le Chien sont différents sur le plan physique car le Loup est mince et famélique « Un Loup n’avait que les os et la peau (v.1) » L’auteur a rajouté une négation restrictive qui souligne la maigreur de son personnage. Cela le réduit à sa maigreur et à sa misère. On comprend dans ce récit qu’il nous ait décrit un Loup presque effacé où il ne reste plus rien à part « les os et la peau (v.1) ». En revanche, le Chien est gras et bien nourri « Dogue aussi puissant que beau, Gras, poli (v.2 ; v3) ». L’aspect physique du Loup est décrit assez brièvement comparer au chien qui a droit à une description beaucoup plus riche. « aussi puissant que beau (v.3) », « gras, poli (v.4) », « de taille (v.8) » et « embonpoint (v.12) ». Au vers 3 et 4, on voit également une énumération qui est suivit par un enjambement d’adjectifs décrivant le Chien. « aussi puissant que beau, Gras, poli (v.3, v.4) ». La cause de la maigreur du Loup « un Loup n’avait que la peau sur les os (v.1) » est la garde des chiens qui l’empêche de manger les troupeaux (Tant les chiens faisaient bonne garde (v.2) ». Ces deux vers opposent deux conditions et cela montre que les chiens sont efficaces dans leur travail et vraisemblablement bien nourris. Le loup, lui, est présenté comme un animal féroce, cruel mais intelligent. On peut voir que le premier réflexe du Loup est de l’attaquer car c’est sa nature. « l’attaquer, le mettre en quartiers ». Cependant le Loup a peur, il sait qu’il est faible donc il craint de ne pas avoir le dessus contre le dogue. Le Chien est caractérisé comme quelqu’un poli et de perdu car la nature et la vie sauvage ne sont pas son territoire. Cependant il est également présenté comme un animal avenant et surtout flatteur quand il s’adresse au Loup « beau sire (v.13) ». Le loup est faible et affamé donc il est obligé de faire taire la nature en lui. C’est un discours narrativisé du loup, on peut le voir à l’adverbe utilisé « humblement (v.10) », « lui fait compliment (v.11) » et « qu’il admire (v.12) ». Le Loup a développé sa politesse sur deux vers, il devient plaisant au sujet du Loup.
La stratégie argumentative du Chien est très intéressante car il fait la glorification de son mode de vie et tente de convaincre le Loup. Il argumente longuement (v.13 ; v.30) dans cette fable comparée au Loup qui a un temps de parole beaucoup plus réduit. On peut ainsi voir le contraste très présent entre les deux animaux. Il y a beaucoup d’oppositions entre leurs modes de vie et le Chien lui rappelle constamment dans son discours pour lui montrer sa supériorité. Il compare « misérables, cancres, hères et pauvres diables (v.17) », « mourir de faim (v.18) » en les opposants à « bien meilleur destin (v.21) » et « os de poulets, os de pigeons (v.28) ». On peut donc comprendre que la seule stratégie argumentative du Chien est de comparer sa situation avec celle du Loup. Le chien s’élève pour faire comprendre au Loup ce qu’il n’a pas ou ce qu’il pourra y gagner. On comprend donc que le Chien est assez hautain et présomptueux vis-à-vis du Loup. C’est un discours séduisant car le Chien fait des promesses au Loup. « aussi gras que moi (v.14) » Le mépris du Chien est évident car il cherche à porter atteinte à l’orgueil du Loup. « vos pareils y sont misérables (v.16) ». Il fait aussi l’énumération de termes désobligeants pour tenter de froisser le Loup. Il fait comprendre au Loup qu’il est responsable de sa faiblesse « il ne tiendra qu’à vous (v.13) ». Le Chien se permet ensuite de prodiguer des conseils au Loup en employant le mode de l’impératif à plusieurs reprises. « Quittez les bois (v.15) » et « suivez-moi (v.21) ». Il a utilisé des mots dans son discours qui donnerait envie au Loup « salaire (v.26) », « mainte caresse (v.29) », « os de poulets, os de pigeons » Cela sert à faire au chien à faire des promesses de récompenses au Loup et de lui donner une raison de quitter sa vie et de suivre le chien. Le Chien a une argumentation solide et convaincante qui pourrait faire pencher le Loup vers son mode de vie.
...