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Le Loup et le chien, JEAN DE LA FONTAINE

Commentaire de texte : Le Loup et le chien, JEAN DE LA FONTAINE. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  17 Juin 2018  •  Commentaire de texte  •  1 947 Mots (8 Pages)  •  1 849 Vues

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JEAN DE LA FONTAINE, Le Loup et le chien

  • Introduction :

Jean de La Fontaine, fabuliste du Classicisme, recourt à l’argumentation indirecte pour pousser à réfléchir sur les défauts de la société de son époque. Dans sa fable Le Loup et le chien , il cherche, à travers l’aventure du Loup à faire réfléchir sur la valeur de la liberté. Dans ce texte, de La Fontaine présente le loup et le chien, deux frères ennemis représentant deux types d’hommes, plus précisément, deux types de nobles.

Il évoque le thème de la liberté au moyen d’un échange argumenté et d’un échange argumenté et d’un dialogue grâce auxquels un loup et un chien sont confrontés. La scène se déroule dans un lieu vague, un espace symbolique intermédiaire entre le territoire domestique du chien et le territoire sauvage du loup. En réalité, c’est la cour du roi Louis XIV qui est représentée dans cette fable mais la réflexion sur la liberté reste intemporelle et est toujours valable de nos jours. Comment à travers cette confrontation entre « deux frères ennemis » La Fontaine nous invite-t-il à réfléchir sur la valeur de la liberté ? Dans un premier temps il s’agira de présenter deux frères ennemis. Puis, dans un deuxième temps, il s’agira d’étudier l’enjeu du débat.

  • Développement :
  1. Deux frères ennemis : les personnages en présence
  1. Deux faux frères : similitudes et dissemblances
  • bref historique sur l’évolution du loup jusqu’au chien
  • 2 personnes classiques de fables : mais ici le loup a un rôle particulier
  • rôle prééminent accordé au Loup : première place dans le titre
  • dissemblances : maigreur vs embonpoint (opposition peau/beau) et guerre éternelle entre loups et chiens
  • Cependant, entre ces deux ennemis si proches et pourtant si opposés, par l’apparence (os vs gras) et la nature (sauvage vs domestique) s’instaure justement, par le jeu sur la polysémie de ce dernier mot, un échange courtois.
  1. Un échange courtois
  • Rappel de l’époque : ici, la cour de ferme rappelle, comme dans de nombreuses fables, la cour de Louis XIV. Les rapports y son codifiés, l’étiquette dissimule la violence des rappports
  • Même le loup maîtrise  le code : il use de 3 longs vers pour aborder le chien, entrer en propos  avec son ennemi : c’est un long préambule ritualisé
  • Son attitude et ses paroles traduisent cette soumission, et une espèce d’obséquiosité servile : le loup « en rajoute » comme en témoignent le rejet d’embonpoint et la virgule après ce mot qui allonge la phrase pour mettre à la rime sa flatterie
  • Le chien, d’ailleurs n’est pas en reste, et lui retourne le compliment. Cette dénomination s’avère un peu burlesque, concernant un loup efflanqué, famélique
  • La beauté semble être au centre du propos, mais l’on sait que ce qui en tient lieu de critère est la force physique, la graisse et peut-être donc la richesse : ces compliments s’en tiennent aux apparences et dissimulent l’âpre violence sous-jacente de l’échange
  1. La parole comme arme
  • dans de nombreuses fables, la courtoisie n’est qu’un substitut de la violence, une nécessité : les rapports entre chiens et loups sont traditionnellement violents, sans que cela pose un quelconque problème moral au loup
  • on entend même cette violence à travers les allitérations en [t] et en [k], la férocité est même visible par la gradation. De même, cette violence est omniprésente dans cette fable, où le champ lexical de la guerre se déploie
  • en réalité, l’association des trois mots à la rime (hardiment, humblement, compliment) témoignent de la duplicité du loup : dans cette fable, comme à la cour, loups et chiens sont des stratégies courtois mais chaufoins afin de mieux parvenir à leurs buts.
  1. L’enjeu du débat
  1. L’argumentaire du chien
  • Il convient pour le chien de s’adapter à son interlocuteur efflanqué, le flattant d’ailleurs sur son embonpoint : cela semble être l’enjeu de débat, à tel point que le chien reprend le terme gars, déjà employé. Appeler le loup beau sire, cela signifie du moins qu’il pourrait l’être, à la différence de ses congénères, si misérables et dignes de pitié, si ce n’est de mépris. Il commence donc par opposer la vie du loup à celle du chien : cela se résume notamment par l’opposition de lippée et l’épée.
  • Le travail à fournir pour obtenir salaire est minimisé : Presque rien, et se trouve résumé par trois verbes à l’infinitif (donner la chasse, flatter, complaire), ce qui semble, en effet, demander peu d’efforts. Cependant, les périphrases des vers 23 et 24 dissimulent un labeur ignoble : repousser les crocs les manants puis se montrer servile.
  • La contrepartie de cette mince activité se trouve ensuite largement évoquée, à grand renfort d’intensifs : l’abondance de la nourriture et sa diversité est évoquée par l’énumération du vers 28.
  • Enfin, l’argument qui semble devoir fléchir le loup est réservé pour la fin : mainte caresse qui rimera avec tendresse. C’en est plus que ne peut supporter cet animal honni, associé au diable, objet de toutes les terreurs : lui, le repoussant sauvage qui ne connaît que les crocs et les coups connaîtrait l’affection ! Son cœur se fend à cette idée, il fond en larmes.
  1. Stratégie argumentative du chien
  • Le chien n’est pas aussi naïf qu’on pourrait le penser, son apparence débonnaire trompe autant que les artifices rhétoriques de son discours : il semble devenu un simple courtisan.
  • Tout d’abord, il monopolise la parole et ses phrases sont de plus en plus longues à mesure qu’il assène au loup ses arguments. Lorsque celui-ci se permet une interrogation, très brève, le chien fait rimer faire avec complaire et salaire ; de sorte que le loup se donne l’impression que sa fonction future aurait fort peu d’inconvénients et maints avantages.
  • L’abondance verbale du chien s’associe à l’abondance des avantages qu’il fait miroiter au loup, d’ailleurs, cette largesse du discours se retrouve aussi dans l’emploi des alexandrins. Deux d’entre eux sont d’ailleurs remarquables par leur situation au milieu de la fable et par l’apparente imparabilité des arguments avancés : les vers 18 et 21font rimer faim avec destin comme si la condition (mot sur lequel la diérèse insiste) du loup se résumait à une perpétuelle famine ne pouvant qu’aboutir à la mort. Le temps est d’ailleurs un autre atout du chien qui renforce son propos par l’emploi du présent de vérité générale (vers 18) qu’il oppose aux futurs catégoriques prophétisant un bonheur assuré (vers 21, 27)
  • Le chien, dès le départ de son argumentaire, semble laisser le choix au loup (il ne tiendra qu’à vous beau sire) mais en réalité le dupe, le manipule en lui cachant la véritable condition de cette apparente vie de rêve.
  1. Tardive clairvoyance
  • la nouvelle rime de transition, portant sur 3 mots (félicité/pelé/attaché) laisse apparaître un nouvel aspect des choses : la contrepartie de cette grasse et heureuse existence (félicité) est la dure privation de liberté (pelé, attaché)
  • dès lors, le rythme de l »échange s’accélère : le chien ne maîtrise plus la parole, il est soumis à une foule de questions pressantes exprimant sa curiosité et son étonnement. Les répliques s’enchaînent sous forme de stichomythies.
  • Le chien peine à dissimuler son embarras, voire sa honte : il accumule les euphémismes : Rien, peu de choses, pas toujours… afin de tenter de sauver la face ; la périphrase utilisée (de ce que vous voyez) lui permet de ne pas nommer la réalité de sa condition : sa servitude.
  • Cependant, le loup reprend le terme fatal, attaché, et cette reprise en début de vers témoigne de son étonnement, tout comme le rejet externe de où vous voulez ? Le discours de loup semble haché, illustre sa stupeur, tout en mettant en relief l’opposition entre les désirs (où vous voulez) et la frustration de ceux-ci (pas) : le chien a aliéné sa liberté, l’a cédée au prix d’abondants repas.
  • Le loup réalise alors ce qu’est la véritable condition du chien : il établit un rapport de cause à conséquence (vers 36 et 37) et manifeste nettement son refus (on entend en 4 vers 4 fois le terme pas)
  1. Présence discrète du fabuliste
  1. L’ironie du narrateur
  • Cette fable recourt au registre comique. On en retrouve la vivacité ; dans les dialogues et notamment les stichomythies finales, mais aussi dans l’hétérométrie des vers, et les reprises à la rime des mots qui assurent le passage du récit au discours (humblement), la transition entre les différentes parties du discours du chien (faire), et la transition vers le dénouement de la fable (félicité). Rien n’est pesant, La Fontaine est un maître du récit, dont la légèreté s’oppose à la « lourdeur » e son modèle, Phèdre. Il rajoute d’ailleurs au texte original des images burlesques : les pleurs du loup, attendri ; l’échange de compliments mondains entre un loup famélique et un dogue puissant.
  • Le registre ironique se manifeste essentiellement dans les rimes : hardiment/ humblement/compliment laissent voir la feinte humilité du loup ; faire/complaire/salaire exposent peut-être une critique de la cour, servile et intéressée ; félicité/pelé/attaché sont autant de termes antinomiques qui avec la diérèse sur condition lissent deviner que cet « enviable » statut a pour condition la privation de liberté.
  1. Une morale en filigrane
  • Les rimes centrales de cette fable, faim/destin ainsi que le dernier mot du loup, trésor, proposent peut-être plus qu’une morale mais une réflexion sur la liberté. A-t-elle un pris ? Se monnaie-t-elle ? Pour quelle somme les hommes sont-ils prêts à vendre leur bien plus cher ?
  • Il y a certainement une raison historique à l’absence de morale : le système politique en place et les intrigues de cour nécessitent cet usage de l’implicite afin d’échapper à la censure voire à des châtiments.
  • Mais peut-être aussi que La Fontaine, dans une fable faisant apparemment l’éloge de la liberté, souhaite laisser au lecteur la liberté d’en tirer par lui-même tout enseignement.
  • De même, la dernière dénomination du loup, tut comme sa prééminence dans le titre, et la sympathie que lui témoigne le lecteur, laissent penser que le loup est le véritable maître de cette fable. Le loup obéit à sa propre volonté, quoi qu’il lui en coûte, et les derniers verbes, au présent, de cette fable, tout comme son dernier mot, manifeste l’espoir que quelque part, encore aujourd’hui, au milieu d’êtres aliénés, quelqu’un demeure libre encor.
  1. Le rôle  de la fable : instruire et plaire
  • Les fables de LA Fontaine mettent en garde contre l’aspect trompeur du langage : le loup y recourt par défaut, dans le but intéressé de tromper le chien ; l’on s’aperçoit que le chien à son tour dissimule tout au long de son argumentation la véritable nature de sa condition. La fable apprend à décrypter les discours et leurs motivations.
  • Aussi, le loup fait-il un salutaire apprentissage au cours de cette confrontation : naïf, il est très conquis (vers 22),et les vers 30 et 31 le tournent gentiment en ridicule. Il est peut-être trop pressé (déjà vers 30) d’atteindre le bonheur, il ne réfléchit qu’insuffisamment, ne considère que les avantages matériels : seule l’observation le sauvera (vers 32), le discours l’avait dupé.
  • La fable apprend donc  lire et à déchiffrer le monde : elle met en garde en amusant, apprend à rester sur ses gardes pour ne pas irrémédiablement se fourvoyer (vers 2 et 4)
  • Conclusion :

Ainsi, nous pouvons témoigner que nous avons affaire à un échange courtois entre deux frères ennemis qui utilisent la parole comme arme. De plus, la stratégie argumentative du chien et la clairvoyance tardive du loup révèlent l’enjeu du débat. Il y a également une présence discrète du fabuliste remarquable à travers l’ironie du narrateur notamment, une morale en filigrane, sans oublier le rôle de la fable qui est de plaire et instruire.

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