Le dandy en littérature
Cours : Le dandy en littérature. Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar astraordinaire • 7 Janvier 2025 • Cours • 830 Mots (4 Pages) • 24 Vues
Prolongement de la lecture linéaire 6: La description de la chambre de Rastignac
Synthèse: Le dandy en littérature
1/ Définition et origine du mot “ dandy”
Le dandysme est un phénomène social et littéraire qui apparaît au XIX°. On le situe habituellement entre 1812 (date de la publication du recueil de poèmes Childe Harold de Lord Byron) et 1914. A l’origine, ce n’est pas un phénomène français, mais un terme importé d’Angleterre. Il trouve sa source dans un contexte social et culturel de forte industrialisation portée par de nombreuses innovations scientifiques et techniques. A cette époque, la domination de la bourgeoisie industrielle et capitaliste, le déclin des pratiques religieuses et le recul des valeurs aristocratiques en France ( cette figure émerge durant période de la Restauration et de la Monarchie de Juillet et s’éteint au début du XXème siècle)
Dans un monde où la réussite matérielle devient la condition de l’accomplissement individuel, le dandy se révolte et rejette les valeurs matérialistes, alors dominantes. La démocratie naissante et l’essor de la société bourgeoise instaurent un climat de conformisme moral et une exécration des déviances, contre laquelle il s’insurge. Le dandy aspire à fonder une nouvelle aristocratie, fondée sur le talent et le mérite personnel et non plus sur les privilèges dus à la naissance.
2/ Le dandy chez Balzac
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Texte complémentaire:
Le père Goriot, Honoré de Balzac, 1834
Dans cet extrait, Rastignac rencontre de façon fortuite un dandy accompli, Maxime de Trailles.Ce portrait, au point de vue interne, nous permet de comparer le dandy en devenir et son modèle. Entre les deux hommes s'installe une franche hostilité qui pour Rastignac prend la forme d’une rivalité. Attention : L’intrigue du Père Goriot se déroule avant les événements de La peau de chagrin!
Quand Maxime prit cette main pour la baiser, Eugène aperçut alors Maxime, et la comtesse aperçut Eugène.
- Ah ! c'est vous, monsieur de Rastignac, je suis bien aise de vous voir, dit-elle d'un air auquel savent obéir les gens d'esprit.
Maxime regardait alternativement Eugène et la comtesse d'une manière assez significative pour faire décamper l'intrus. " Ah çà, ma chère, j'espère que tu vas me mettre ce petit drôle à la porte ! " Cette phrase était une traduction claire et intelligible des regards du jeune homme impertinemment fier que la comtesse Anastasie avait nommé Maxime, et dont elle consultait le visage de cette intention soumise qui dit tous les secrets d'une femme sans qu'elle s'en doute. Rastignac se sentit une haine violente pour ce jeune homme. D'abord les beaux cheveux blonds et bien frisés de Maxime lui apprirent combien les siens étaient horribles. Puis Maxime avait des bottes fines et propres, tandis que les siennes, malgré le soin qu'il avait pris en marchant, s'étaient empreintes d'une légère teinte de boue. Enfin Maxime portait une redingote qui lui serait élégamment la taille et le faisait ressembler à une jolie femme, tandis qu'Eugène avait à deux heures et demie un habit noir. Le spirituel enfant de la Charente sentit la supériorité que la mise donnait à ce dandy, mince et grand, à l'œil clair, au teint pâle, un de ces hommes capables de ruiner des orphelins. Sans attendre la réponse d'Eugène, madame de Restaud se sauva comme à tire-d'aile dans l'autre salon, en laissant flotter les pans de son peignoir qui se roulaient et se déroulaient de manière à lui donner l'apparence d'un papillon et Maxime la suivit. Eugène furieux suivit Maxime et la comtesse. Ces trois personnages se trouvèrent donc en présence, à la hauteur de la cheminée, au milieu du grand salon. L'étudiant savait bien qu'il allait gêner cet odieux Maxime mais, au risque de déplaire à madame de Restaud, il voulut gêner le dandy. Tout à coup, en se souvenant d'avoir vu ce jeune homme au bal de madame de Beauséant, il devina ce qu'était Maxime pour madame de Restaud, et avec cette audace juvénile qui fait commettre de grandes sottises ou obtenir de grand succès, il se dit : " Voilà mon rival, je veux triompher de lui. " L'imprudent ! Il ignorait que le comte Maxime de Trailles se laissait insulter, tirait le premier et tuait son homme. Eugène était un adroit chasseur, mais il n'avait pas encore abattu vingt poupées sur vingt-deux dans un tir. Le jeune comte se jeta dans une bergère au coin du feu, prit les pincettes et fouilla le foyer par un mouvement si violent, si grimaud, que le beau visage d'Anastasie se chagrina soudain. La jeune femme se tourna vers Eugène, et lui lança un de ces regards froidement interrogatifs qui disent si bien : Pourquoi ne vous en allez-vous pas ? que les gens bien élevés savent aussitôt faire de ces phrases qu'il faudrait appeler des phrases de sortie.
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