La Charogne, Baudelaire
Commentaire de texte : La Charogne, Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar MANNUCCI • 19 Mai 2024 • Commentaire de texte • 4 445 Mots (18 Pages) • 78 Vues
Une charogne Baudelaire
Une Charogne fait partie de la section « spleen et idéal ».
Situé dans la section « Spleen et Idéal », dans une série de poèmes lyriques célébrant l’amour, le désir et le corps féminin ; le titre « Une charogne » produit une rupture. Poème de 12 quatrains d’alexandrins alternés avec des octosyllabes, aux rimes croisées, qui commence comme un poème lyrique amoureux et évoque un cadavre pourrissant. Une reprise ironique du motif du memento mori.
Dans ce poème, un couple en promenade tombe sur une charogne
Rompant avec la tradition rousseauiste puis romantique de la belle et bonne nature, Baudelaire décrit le naturel comme un espace de dégénérescence et nous décrit un spectacle répugnant.
Baudelaire n’esquive pas la laideur originelle et quotidienne mais l’assume jusqu’au bout.
Comment Charles Baudelaire, dans son poème Une Charogne, pressent-il qu'au fond de la laideur peut germer l'ébauche de la beauté
En quoi cette vision horrible d’une charogne féminine constitue-t-elle, paradoxalement, un prétexte à l’expression de la beauté et du rôle du poète ?
I/ La fusion du laid et du beau et l'ironie qui s'en dégage
- Le choc des oppositions
2. Le tableau de l'horreur
II / Comparaison de la femme et de la charogne, suite de l'ironie grinçante
1. Les association de l'érotisme et de la mort (Eros et Thanatos)
2. Le faux éloge romantique, la vraie comparaison cynique
III /Puisque le temps détruit le réel, le poète le recompose par l'écrit et la création d'un autre monde, sublimé : la fonction de l'art
- Strophe 8
2. La sublimation par l'écriture
Commentaire littéraire
I. La fusion du laid et du beau et l'ironie qui s'en dégage
Strophe 1 : Le choc des oppositions
Rappelez vous : invitation au souvenir / nostalgie et idée romantique d’une discussion intérieure
Un détournement parodique de la poésie lyrique amoureuse - Détournement des codes habituels de la poésie romantique (et plus loin de toute la tradition lyrique qui exalte l’amour idéalisé.) Le premier vers rappelle la poésie romantique élégiaque, par exemple les vers du poème « Le Lac » de Lamartine (« Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence»). Dimension un peu ridicule de l’allitération en « m » : «L’objet que nous vîmes, mon âme ».
- Antithèses et rimes antisémantiques : « beau matin d'été si doux » -> « charogne infâme » + « mon âme » qui désignent la femme et rime avec « infâme »
Utilisation de distiques : deux premiers vers sont mélioratifs : « ce beau matin d'été si doux », alors que les vers 3 et 4 sont péjoratifs : « au détour d'un sentier une charogne infâme ». « âme » qui désigne la femme aimée est opposée à « infâme » de la même façon que « cailloux » est opposé à «doux ».
Idée du détour, idée détournée, inhabituelle et d’un sentier qui guide le lecteur ; vision terrible et inconfort
Strophe 2 : L’association de l'érotisme et de la mort (Eros et Thanatos)
- Allusions à connotations sexuelles : « jambes en l'air, femme lubrique »
- « brûlante » -> double sens, celui de la fièvre qui conduit à la mort, mais aussi celui du feu du désir.
« nonchalante »,« cynique » : Représentation d’une femme sans gêne qui se transforme en prostituée.
- « son ventre » -> siège de la sensualité de la femme
Strophe 3 : ironie
Antithèse qui crée des chocs d'atmosphère et marque la distance ironique : « soleil rayonnait sur cette pourriture » complaisance macabre dans le spectacle du laid et allitération et antithèse : la création perdure alors que la créature se désagrège, se décompose.
Ces trois premières strophes nous ramènent aux images d’une balade amoureuse surprenante avec la rencontre d’une femme qui est désérotisée et désintégrée.
Strophe 4 :
-Oxymore à effet ironique « carcasse superbe » : opposition et association de 2 CL incompatibles, ironie mais aussi façon de traduire l'indissociable lien entre le beau et le laid, entre les « fleurs » et le « mal » : voir la comparaison « comme une fleur s'épanouir » : Rappel des fleurs du mal. Idée d’extraire la beauté du Mal à Du cadavre pourrissant la fleur se révèle. Transformation. La fleur qui fane symbolise en effet de façon élégante ce que la charogne montre de façon provocante : la mort physique. Baudelaire montre la vérité nue ; c’est ce qui rend ce poème scandaleux. Le motif floral est largement utilisé dans le poème ; la charogne est bien à ce titre une fleur du mal. Cette quatrième strophe montre que cette image de corruption et de mort est un épanouissement.
+ ironie de l'utilisation de « cuire »
-> déplacement vers le culinaire alors qu'on n'a pas faim devant un tel tableau…
Décalage ironique avec la froideur du texte : appel à des jeux de langage « crûtes » « croute » « cru ».
Strophe 5 : Tableau de l'horreur
- Lexique de la vermine exagérément développé : « mouches, larves… »
- Réorganisation de la vie à partir de la matière de la mort « noirs bataillons » + « vivants haillons »
Cette strophe semble montrer une sorte d’accouchement terrible, confirmant que la charogne est associée à la femme. La mention des « larves » (embryons d’insectes) tend à le confirmer.
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