LA Une charogne, Baudelaire
Commentaire de texte : LA Une charogne, Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Pink Panda • 19 Juin 2018 • Commentaire de texte • 2 153 Mots (9 Pages) • 1 937 Vues
Les Fleurs du mal : 1857 / donne lieu à un procès / certains poèmes seront censurés, jugés choquants
B. se détache du romantisme, notamment
Poésie caractérisé par sa modernité, il associe la contingence du quotidien et l'immuable de la poésie. Il joue sur l'opposition et l'alliance entre le bas (vulgarité, pourriture, angoisse : le mal) et le haut (pureté, idéal, azur = les fleurs)
INTRODUCTION
Je commence par évoquer le thème général :
La description d'un corps en décomposition est un thème inattendu en poésie. Baudelaire, son auteur, est en effet un poète qui se détache fortement des courants poétiques dominants de son époque.
Je présente l'auteur :
Sa famille lui ayant imposé une curatelle suite à une existence jugée immorale, Baudelaire devient journaliste et critique d'art pour gagner sa vie. En fréquentant les oeuvres et les auteurs de son époque (et notamment Delacroix et Poe qui l'ont beaucopu marqué), il va concevoir nue esthétique (ce que doit êter l'art) très personnelle dont la priorité sera la modernité.
Je présente le recueil :
Dans ce recueil, Baudelaire fait preuve d'une grande modernité : il se détache en effet du Romantisme et notamment du lyrisme ( tout en admirant la volonté hugolienne) et du Parnasse (tout en admirant le travail sur la forme et la rigueur du travail sur l'architecture du poème) qui étaient les deux grands courants littéraires poétiques du XIXème siècle. Sa poésie est caractérisée par sa modernité, il veut associer le quotidien (qui est fugitif) à la poésie (qui est immuable). Il joue sur l'opposition ET l'alliance entre le bas (vulgarité, pourriture, angoisse : le mal) et le haut (pureté, idéal, azur = les fleurs).
Je situe le poème dans le recueil, je le présente :
“La Charogne” est un poème des Fleurs du mal, recueil publié en 1857. Le poème se situe dans la section “Speen et idéal” dans laquelle le poète évoque son aspiration à un idéal inaccessible et son enlisement dans le quotidien. “La charogne” est l'évocation ironique en 12 quatrains composés de 2 alexandrins et de 2 octosyllabes de la rencontre par le poète et son amie d'une charogne lors d'une promenade.
LECTURE
Je rappelle ma problématique (la question que va me donner l'examinateur) :
Nous nous demanderons comment la poésie va permettre de métamorphoser un élément choquant du quotidien.
Je présente mon plan :
Nous verrons tout d'abord qu'il s'agit d'une description particulièrement frappante, puis que Baudelaire métamorphose la rencontre amoureuse et enfin que l'évocation de la charogne va permettre à Baudelaire de donner une version de son art poétique.
DÉVELOPPEMENT
I.UNE DESCRIPTION PARTICULIÈREMENT FRAPPANTE
a)Une description macabre
- Baudelaire emploie un lexique péjoratif pour désigner la charogne avec les GN “charogne infâme, pourriture, ordure” qui donnent immédiatement la tonalité de la description : repoussante
- Il va insister sur les aspects les plus répugnants comme :
- les odeurs de la mort avec le champ lexical de l'odorat “ poisons, exhalaisons, puanteur, horrible infection”
- les différents aspects du corps mort avec le champ lexical du corps “carcasse, squelette, ossement” et des insectes qui se développent sur la charogne “mouches, larves, vermine” pour donner une image frappante de la décomposition
- le travail de la décomposition du corps avec des verbes de mouvement “suant les poisons”, “bourdonnaient”, “sortainet de noirs bataillons”, “couamient comme un épais liquide” qui soulignent les différentes actions subies par la dépouille
b) Une description surprenante et ironique
- De façon surprenante, le poète va trouver de la beauté dans cette charogne comme le montre l'oxymore “carcasse superbe” dans laquelle il allie la laideur de la mort à la beauté grâce à l'adjectif.
- Il va associer à cette charogne des images positives :
- la comparaison “comme ue fleur s'épanouir” qui montre que la charogne est aussi liée à la vie, à la nature
- Il va également lui associer des images choquantes :
- la comparaison gastronomique “comme afin de la cuire à point”. La charogne est alors comparée à un morceau de viande cuisiné. C'est une comparaison humoristique mais aussi complètement répugnante ( d'autant plus que la chienne est sur le point d'en déguster un morceau ! )
- la personnification de la charogne “les jambes, comme une femme, son ventre” qui est dépeinte comme une femme . De plus, les expressions qui permettent de décrire la position de la charogne au début de poème sont à double interprétation et peuvent appartenir au domaine de la sexualité “sur un lit, les jambes en l'air, comme une femme lubrique, brûlante et suante, son ventre”. On ne distingue plus vraiment la distinction entre corps en décomposition et corps amoureux ! Nous retrouvons bien sûr la volonté de choquer et de faire rire et nous pouvons également noter l'alliance d'Eros et Thanatos dans la présence concomitante du principe de vie et de mort.
Conclusion intermédiaire / transition : L'alliance de la beauté à la mort et le fait d'insister dans la description sur les aspects humoristiques ou choquants dévoilent la volonté ironique de Baudelaire et nous pousse à nous demander ce qu'il en est de la scène amoureuse
II.LA TRANSFORMATION DE LA SCÈNE AMOUREUSE
a)La parodie lyrique
- L'évocation de la scène amoureuse semble possèder au départ les caractéristiques de la poésie lyrique :
- La scène de promenade entre les deux amoureux (le poète et son amie) a toutes les apparences d'un cadre bucolique (campagnard et charmant). En effet, la promenade se déroule un “beau matin d'été si doux”, “au détour d'un sentier” (CC), “le soleil rayonnait”
- on retrouve la présence du poète et de sa destinataire avec les des pronoms personnels
- on retrouve aussi les vocatifs “ô (la reine des grâces), ô (ma beauté)” (procédé lyrique)
- Cependant, l'intention parodique de Baudelaire est révélée par :
- les termes un peu mièvres employés pour désigner sa compagne “la reine des grâces” “ma beauté”, “mon ange”, “ma passion”
- les mots à la rime. Les termes amoureux son en effet dévalorisés par ceux qu'on leur associe “âme / infâme”, “passion / infection”, “grâces / grasses”, “baisers / décomposés”
- la dévalorisation de l'amour charnel “les jambes en l'air comme une femme lubrique” montre une forme de mépris pour l'amour physique (l'acte physique est associée à une prostituée)
Donc on voit que Baudelaire transforme la promenade amoureuse en quelque chose de risible et ridicule. Il ne s'agit pas ici de rappeler une sène amoureuse mais d'effectuer ...
b) Un rappel de notre condition de mortel
- Le poème fonctionne comme un apologue (un récit et une morale comme dans une fable) :
- On trouve d'abord un récit qui commence par les circonstances de l'événement (qui est la rencontre avec la charogne) introduit par un connecteur temporel “Ce beau matin”
- pour finir par une morale introduite par un connecteur logique qui instaure une rupture “et pourtant, vous serez...”
- Il s'agit de montrer ce qui attend la jeune femme (mais comme tout individu), la condition de mortel :
- l'emploi du futur “vous serez semlable à cette ordure”, “telle vous serez”, “vous irez moisir parmi les ossements” possède une valeur prophétique qui évoque l'aspect inéluctable de la mort et ce qui attend la jeune femme car elle n'est qu'un corps destiné à pourrir
- la rime “épanouir / évanouir” (paronomase) rappelle aussi le destin par la seule modification d'une lettre (du p au v). La jeune femme qui est en plein épanouissement est vouée à disparaître.
- La jeune femme disparaît progressivement car si elle est bien présente dans la plupart du poème par le biais des pronoms “rappelez-vous”, “nous regardait”, “vous irez”, elle en est absente à la fin après le rappel de sa condition de mortelle “j'ai gardé”, “mes amours” et seul le poète (et sa poésie éternelle) demeure.
Conclusion intermédiaire / transition : Le poète se détache du lyrisme qu'il évoque de façon ironique pour évoquer qqch de plus étermel et définitif, notre condition. La poésie serait une façon de transfiguer le réel pour dire des choses plus définitives (la description du quotidien est un “prétexte” pour évoquer des choses plus “fondamentales”.)
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