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Eldorado, Laurent Gaudé

Fiche : Eldorado, Laurent Gaudé. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  29 Février 2024  •  Fiche  •  862 Mots (4 Pages)  •  115 Vues

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Eldorado, Laurent Gaudé

Chapitre 8, « je me perdrais à la Ghardaïa”

Nous nous arrêtons à Ouargla. Le chauffeur doit faire le plein. il a annoncé 15 minutes de pause. pas davantage. il dit répète qu'il n'attendra pas les retardataires et qu'il ne faudra pas mettre une demi-heure pour prendre place, sans quoi il nous laissera tous derrière lui. Devant ses menaces, certains décident de ne pas bouger. Boubakar et de ceux-là. La peur toujours. Cette peur avec laquelle nous vivons. D'être à nouveau trompé. D'échouer. Que la vie s'amuse à nous renverser à nouveau. La peur qui ne nous quitte plus.

La plupart, cependant, descendent pour faire quelques pas. Détendre les muscles ankylosés. trouver une fontaine à laquelle boire ou un endroit où uriner.

Je saute à terre. Une de mes jambes s'est endormie durant le voyage. Je boitille légèrement. notre foule silencieuse s'écarte du camion, laissant le chauffeur en tractation avec le vendeur d'essence. Je m'éloigne.Sans faire attention aux petites échoppes d’Ouargla qui longe la route - Succession monotone de vendeur de bidon d'essence, de petits cafés et d'autres commerces incertains, tous face à la route, tout régulièrement enfoui sous la poussière lorsque les camions passe trop vite.

C'est la virgule seulement, que je me suis rendu compte qu'il était devant moi. Ahmed, le marchand de Zelfana. Il me tourne le dos et longe une de ces petites bâtisses qui servent de restaurant aux voyageurs.Il doit chercher des toilettes ou un coin tranquille, tout simplement, pour se soulager. Je le suis. Je ne sais pas pourquoi. Je sens une excitation monter en moi. Comme si mon corps savait déjà ce que mon esprit n'avait pas encore décidé. Je ne fais pas de bruit. est-ce que je sais, à cet instant, ce que je suis sur le point de faire ? c'est en marchant, je crois, que l'idée prend possession de mes muscles. je repense à ce qu'il m'a dit durant le voyage. Qu'est-il allé faire à la frontière ? Vendre ses bêtes ? Il a l'air satisfait. Le commerce a dû être bon. Je sais ce que je vais faire. Cet homme a de l'argent. J'en suis certain maintenant. Je le sens. Je l'ai entendu dans sa façon de parler. Dans sa façon de sourire. Il a de l'argent. Il revient chez lui avec la quiétude des bienheureux. Je peux la flairer d'ici. L'odeur âcre des billets, mets-les à celle de la sueur.

Il s'est arrêté au coin du bâtiment. il s'est débraguetté et s'est figé, les jambes légèrement écartées. je marche sur lui, comme une hache qui s'abat sur le bois. il a le temps d'entendre mon pas. il sursaute, tourne la tête et me voit. je le frappe de toutes mes forces au visage. je cogne avec brutalité son nez point le corps s'effondre. comme un poids mort. il saigne. Le sang se répand sur son menton, sa chemise. Il gît à mes pieds, braguette ouverte, inerte. Je n’ai pas une minute à perdre. Je fouille avec rage dans ses poches. Je me mets à trembler. si quelqu'un me voit ainsi, dieu sait ce qu'ils me feront je m'accroupis près de lui. je fais glisser mes mains sur son corps. Il est tout chaud encore. Et je sens sa respiration soulever son torse. c'était l'heure

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