Eldorado, Laurent Gaudé, 2006 - chapitre 1
Commentaire de texte : Eldorado, Laurent Gaudé, 2006 - chapitre 1. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar natha34 • 28 Décembre 2023 • Commentaire de texte • 1 231 Mots (5 Pages) • 254 Vues
CH I – L’ombre de Catane
Eldorado, Laurent Gaudé, 2006
Problématiques possibles :
Introduction :
Laurent Gaudé dans son roman « Eldorado » publié en 2006 aborde le sujet de l'immigration clandestine sur l'île de Lampedusa qui se situe en Italie. Pour son roman l'auteur a choisi de raconter deux histoires différentes qui alternent tout au long des treize chapitres : celle du commandant italien Salvatore Piracci et celle de Soleiman, jeune migrant soudanais.
Cet extrait se situe au début du récit (ch. I) et met face à face Piracci avec une jeune femme qu’il a sauvée 2 ans auparavant alors qu’elle tentait de traverser clandestinement la Méditerrannée. Elle lui raconte son voyage en détail, lui expliquant la perte de son bébé durant le périple. Cette rencontre sera le premier pas avant d’autres vers une prise de conscience du commandant de l’horreur de ce « marché » des clandestins et un refus de sa vie actuelle. C’est aussi, au travers du récit de la femme, une première approche de ce que représente l’« Eldorado » pour ces candidats à l’immigration.
Plan:
I) La construction d’un personnage
- La progression des sentiments
- La volonté de la femme
II) De l’espoir à l’abattement
- La progression entre les paragraphes.
- L’opposition entre le début et la fin : la tragédie
I – La construction d’un personnage
Au travers de son récit, la jeune femme met en scène ses propres sentiments qui évoluent au fil du voyage.
1- La progression des sentiments.
Au début du récit, elle reste extérieure à l’ambiance « On rigolait à bord. Certains chantèrent ». L’euphorie règne, comme si les migrants étaient déjà arrivés. Ce début d’extrait rappelle les épopées (récit des aventures d’un peuple ou d’un héros, le voyage en mer et ses dangers). On passe du fol espoir « le nouveau continent était au bout » à la panique et au désespoir « la mort serait monstrueuse ». Puis du désespoir à l’anéantissement.
Ce voyage vers l’Europe sans destination finale précise est vécu par le récepteur selon le point de vue interne du migrant afin de comprendre ses motivations. Le récit au discours indirect lui permet de croire en une vie meilleure.
Au fil du texte, sa détermination et son courage se lisent au travers de la juxtaposition de propositions courtes sans artifices pour évoquer sobrement et sans explication inutile ce qu’elle endure « Il faisait chaud. Ils étaient trop serrés. Elle avait faim. Son bébé pleurait. »
La femme se durcit au fil du voyage. Elle reste toute tendue vers son but et manifeste une grande volonté.
La mort de son fils marquera en même temps la mort symbolique de sa mère qui traîne ce drame jusqu’au jour du récit. Sa volonté initiale se transformera en volonté de vengeance.
2- La volonté de la femme.
Ce sentiment de volonté de la mère est très présent au début de l’extrait. « Elle se serait sentie capable de tenir des jours entiers », « le nouveau continent était au bout », « elle aurait tenu vaille que vaille ». C’est la promesse d’une vie meilleure faite à son enfant qui a donné à cette femme toute cette énergie, cette force morale et physique pour affronter une traversée qu’elle savait difficile.
Sa volonté sera mise à mal par les cris qui marquent le basculement du voyage « il y eut ces cris », « ces cris qui renversèrent tout », « les cris avaient été poussés ». La répétition du mot « cri » évoque le vacarme.
Alors commence le « second voyage ». En effet, les conditions matérielles du voyage étaient prévisibles (longueur du trajet, manque de nourriture, chaleur, promiscuité) et elle s’y était préparée. En revanche, la trahison humaine et l’absence totale d’eau et de nourriture ne l’étaient pas.
Le choc ressenti et l’horreur du voyage qu’elle n’a pu oublier se retrouvent dans les 3 propositions construites sur un modèle disloqué d’antéposition du complément « elle se rappelait chaque instant », « elle le revivait sans cesse », « elle n’était jamais revenue ». Cette dernière proposition est une mort métaphorique.
II– De l’espoir à l’abattement.
1- Progression entre les paragraphes.
Le conditionnel est utilisé dans tout l’extrait mais avec des valeurs différentes. En effet, au début du texte, il marque le rêve auquel la jeune femme s’était préparée mais qui ne s’était pas réalisé : « elle se serait sentie capable », « elle aurait tenu vaille que vaille ». Dans le 2nd paragraphe, le conditionnel exprime le futur envisagé, les faits redoutés qui conduisent au désespoir. « Si l’errance se prolongeait, la mort serait monstrueuse. Elle les assoifferait. Elle les éteindrait. Elle les rendrait fous. »
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