Eldorado, Laurent Gaudet
Cours : Eldorado, Laurent Gaudet. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar fatoui_ • 11 Avril 2023 • Cours • 949 Mots (4 Pages) • 215 Vues
Texte 1
Sartre nous décrit dans ce premier texte la vision technique du monde. Celle-ci consiste dans le fait de séparer l’idée et l’action. Cela signifie que « la volonté suit l’entendement », que la volonté suit l’idée. L’idée précède donc l’action, la réalisation. La production technique est consécutive au concept, au plan. L’idée détermine le processus, le but, les matériaux etc. Il y a une planification préalable qui dirige l’action. Par exemple, l’architecte qui veut construire une maison établit au préalable un plan, et précise la destination de chaque pièce, de chaque partie du bâtiment. L’exécution doit suivre le plus exactement possible ce qu’indique le plan. Donc le temps de la création est préalable au temps de l’exécution, et ce dernier n’ajoute plus rien à l’idée initiale.
Dans la vision technique du monde, le temps historique, le temps de l’existence, n’ajoute rien à ce qui a été déterminé à l’avance. C’est comme un film que l’on regarderait : le visionnement ne rajoute rien, tout est déjà inscrit sur la pellicule ; ou comme une recette que l’on appliquerait, la réalisation n’ajoute aucune idée nouvelle.
En ce qui concerne l’homme, si tout a été déterminé à l’avance, le temps n’ajoute rien à ce qu’il est, il est déjà « fini » et défini en naissant, son DESTIN est au fond tout tracé. Sa liberté semble alors illusoire.
C’est cette structure « technicienne » du monde qui caractérise la pensée humaine. L’homme créateur, producteur, technicien avant tout, pense le monde comme si l’idée en avait précédé la création. L’homme pense par conséquent les questions métaphysiques (Quelle est l’origine du monde, pourquoi l’homme existe-t-il, quel est le sens de la vie…) selon cette même structure « technicienne ».
Dès lors, si l’homme se questionne sur le sens de son existence et sur son but, il se voit lui aussi comme une créature qui a émergé des mains et de la pensée d’un artisan supérieur, qui a réfléchi et déterminé ce qu’il doit être et pourquoi. Il se forme alors l’idée d’un artisan supérieur. Il conçoit Dieu selon le modèle de l’artisan fabricateur, il voit en Dieu son « créateur ». En faisant cela, il se pense lui-même comme un produit, déterminé, pensé, modelé et destiné selon les plans de Dieu (image du potier qui modèle une sculpture dans la glaise).
Pour caractériser l’existentialisme et amener l’idée qu’il représente une pensée nouvelle, Sartre retrouve la vision technique du monde non seulement au niveau du monothéisme, mais aussi dans la pensée philosophique, jusqu’à Descartes, Diderot, Voltaire, Kant (Les Lumières) : les philosophes pensent que l’homme a une « nature », donc qu’il est prédéfini par sa nature. Ainsi ce n’est pas Dieu qui définit la nature de l’homme mais la nature, ce qui au fond ne change pas grand-chose : l’homme est supposé libre, mais au fond il est toujours prédéfini.
Il y aurait donc une nature humaine universelle, commune à tous les hommes, et une nature particulière à chaque homme, qui le définit et le caractérise en particulier. Sartre utilise ici le mot « nature » en parlant de la nature humaine, comme synonyme du mot « essence » : l’essence d’une chose est ce qui la caractérise, la définit et la distingue du reste, et c’est aussi ce sans quoi elle ne serait plus elle-même.
Chez Kant, l’homme est caractérisé par sa liberté qui le définit et lui donne une dignité, le distingue des choses. Cette dignité fonde l’égalité en droits du « bourgeois et de « l’homme des bois ». La nature humaine universelle est encore définie par cette dignité universelle et éternelle. L’homme est définit par la « nature humaine universelle ».
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