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Balzac, Peau de chagrin, "Le Talisman"

Commentaire de texte : Balzac, Peau de chagrin, "Le Talisman". Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Décembre 2024  •  Commentaire de texte  •  1 454 Mots (6 Pages)  •  18 Vues

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1e 4 / M. Enriquez

Lycée Uruguay-France

Lecture analytique n° 1 : La Peau de chagrin,

Partie I : « Le talisman » (p. 49-50)

Introduction


Nous sommes en présence d’un extrait de
La Peau de chagrin, célèbre roman d’Honoré de Balzac publié en 1831. Cet extrait est issu de la première partie, « Le talisman », mot arabe désignant un objet magique destiné à protéger quelqu’un du mauvais sort, et toute la scène est placée sous le signe de l’Orient et des contes des Mille et une nuits. Le héros Raphaël de Valentin, ruiné et pensant sérieusement au suicide, entre chez un antiquaire qui lui propose une « peau de chagrin » ressemblant à la lampe magique d’Aladdin et à laquelle il prête des vertus extraordinaires. Alors que le roman s’ouvrait sur une description réaliste de Paris, nous allons donc voir comment ce passage fait soudain basculer l’intrigue dans le fantastique. Nous pouvons le séparer en trois temps : des l. 1 à 8, le marchand fait un boniment (propos destiné à attirer un client) sur la peau de chagrin ; puis les l. 9 à 19 sont consacrées à la description de l’objet qui paraît énigmatique ; et de la l. 19 à la fin, on observe une confrontation entre Raphaël et le marchand avec un fort effet de suspens.

Première partie : l. 1-8

L’antiquaire fait à Raphaël une promesse incroyable dans un discours très rhétorique avec l’anaphore en rythme ternaire de « sans vous » (l. 1) et l’énumération ordonnée des différentes monnaies modernes ou anciennes (l. 1-3) et du matériau utilisé (« or, argent, billon, papier, billet », l. 3-4) qui fait penser à tous les objets présents dans le bric-à-brac. Il utilise une nouvelle suite de comparatifs en rythme ternaire qui vient boucler la phrase : « plus riche, plus puissant et plus considéré » (l. 4). Ces comparatifs sont en fait comme un superlatif (« le plus »), puisque Raphaël est censé l’emporter même sur un « roi constitutionnel » (l. 4-5), c’est-à-dire le roi de cette époque, Louis-Philippe (depuis juillet 1830). Raphaël reste incrédule face au boniment du marchand, mais il ne prend pas la parole (« comme engourdi »), peut-être à cause de l’écart d’âge qui le rend respectueux, ce que suggère l’antithèse entre « jeune homme » entre « vieillard » (l. 6).

Il y a donc une pause narrative, mais l’antiquaire enchaîne avec une double injonction : « retournez-vous », « regardez » (l. 7-8) et l’adverbe « tout à coup » qui accélèrent le rythme. On passe de l’obscurité à la lumière grâce à la « lampe », rappelant celle des Mille et une nuits, et surtout à l’objet qui se détache en lettres capitales, telle une apparition magique pour frapper l’imagination du lecteur : « Peau de Chagrin ». C’est un moment de tension dramatique. On peut interpréter la scène comme la reprise d’un topos (= lieu commun : le mot a donné « stéréotype »), celui du pacte avec le diable qu’on rencontre souvent dans les récits fantastiques mais aussi dans la pièce de théâtre de Goethe, Faust, en 1808 : le personnage vend son âme au diable en échange de l’amour, de la richesse ou de la toute-puissance. Le lecteur devine qu’il ne s’agit pas d’un simple accessoire – une pièce de cuir d’origine animale – mais d’un objet aux vertus magiques, celui qui donne son titre au roman et aussi à la première partie : c’est le talisman tant attendu. D’autre part, le complément du nom « chagrin » est porteur d’un double sens : il annonce le côté tragique de ce pacte sans retour et de cette chose qui causera à son possesseur autant de malheurs que de joies.  

Deuxième partie : l. 9-19

De nouveau, Raphaël est désigné par la périphrase « jeune homme » (l. 9) : sa jeunesse est un élément important pour l’intrigue, car on sait qu’il va vieillir très vite. Après deux verbes au passé simple, l’imparfait s’impose (« excédait », « projetait », « régnait »…) dans une longue description de la peau de chagrin. La typographie est à nouveau significative avec l’italique à la l. 10, qui souligne le double sens tragique du mot « chagrin ». Pareille à la lampe, la peau de chagrin projette un rayonnement lumineux inexplicable. Le narrateur, qui est en point de vue externe, implique directement le lecteur avec le conditionnel passé « vous eussiez dit » (l. 13). Raphaël est toujours qualifié de « jeune » et l’on passe dans quelque chose qui va structurer la description, l’opposition entre la science (« inexplicable » et la croyance (« incrédule ») : ce sont deux domaines séparés mais qui vont pourtant se rejoindre, tout comme le réalisme et le fantastique.

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