Analyse linéaire sur Manon Lescaut
Commentaire de texte : Analyse linéaire sur Manon Lescaut. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar taffin karine • 7 Mai 2024 • Commentaire de texte • 822 Mots (4 Pages) • 110 Vues
ANALYSE LINEAIRE
J'avais marqué le temps de mon départ d'Amiens. Hélas ! que ne le marquais-je un jour plus tôt ! j'aurais porté chez mon père toute mon innocence. La veille même de celui que je devais quitter cette ville, étant à me promener avec mon ami, qui s'appelait Tiberge, nous vîmes arriver le coche d'Arras, et nous le suivîmes jusqu'à l'hôtellerie où ces voitures descendent. Nous n'avions pas d'autre motif que la curiosité. Il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt. Mais il en resta une, fort jeune, qui s'arrêta seule dans la cour, pendant qu'un homme d'un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, s'empressait pour faire tirer son équipage des paniers. Elle me parut si charmante que moi, qui n'avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d'attention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout d'un coup jusqu'au transport. J'avais le défaut d'être excessivement timide et facile à déconcerter ; mais loin d'être arrêté alors par cette faiblesse, je m'avançai vers la maîtresse de mon cœur. Quoiqu'elle fût encore moins âgée que moi, elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée. Je lui demandai ce qui l'amenait à Amiens et si elle y avait quelques personnes de connaissance. Elle me répondit ingénument qu'elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse. L'amour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment qu'il était dans mon cœur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs. Je lui parlai d'une manière qui lui fit comprendre mes sentiments, car elle était bien plus expérimentée que moi. C'était malgré elle qu'on l'envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui s'était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens.
Extrait de la première partie de Manon Lescaut - L'abbé Prévost
Intro
L’abbé Prévost a rédigé l’histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescault en 1731. Jugé scandaleux, le roman est condamné en 1733 et 1735. Manon Lescault met en scène la passion naissante du chevalier DG POUR ML. C’est pour l’Abbé Prévost l’occasion de réaliser un traité de morale sur les dangers de la passion. Néanmoins l’abbé Prévost est une personnalité complexe dont la vie oscille entre vocation religieuse et les plaisirs mondains. Cette scène de rencontre entre De Grieux et ML est marquée par cette ambiguité. Situé dans la première partie du roman, le texte proposé décrit la rencontre amoureuse. Nous nous demanderons alors en quoi cette rencontre est annonciatrice d’une passion funeste.
Dans un premier mouvement, de »j’avais marqué le temps » à « aussitôt », le chevalier DG fait le récit rétrospectif de sa rencontre amoureuse.
Dans un deuxième mouvement de » mais il resta une » à « maîtresse de mon cœur », il décrit la naissance d’une passion amoureuse.
Dans un troisième mouvement de « quoiqu’elle fût encore moins âgée »à « tous ses malheurs et les miens » nous étudierons que cette rencontre déterminante scelle le destin des personnages.
I LE RECIT D’UN SOUVENIR : premier mouvement
...