Analyse linéaire de « L’Albatros », Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire (1857)
Commentaire de texte : Analyse linéaire de « L’Albatros », Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire (1857). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar melles • 23 Juin 2023 • Commentaire de texte • 1 699 Mots (7 Pages) • 306 Vues
Analyse linéaire de « L’Albatros », Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire (1857)
INTRODUCTION :
Charles Baudelaire est un poète du XIXème siècle, né en 1821 et mort en 1867. Il a publié en 1857 Les Fleurs du mal. Poète inclassable, il mène une vie incroyable qui va l’emmener à voyager vers l’océan Indien.
Dans ce recueil, le poète incompris exprime la tragédie de l’être humain cherchant un moyen d’évasion au Spleen quotidien.
C’est lors d’un voyage en bateau à l’Île de Bourbon (=Île de Réunion), en 1841 que Baudelaire a eu l’idée de composé ce poème, « L’Albatros ». Il figure au début du recueil, dans la section Spleen et Idéal. Dans ce poème, le poète oppose l’Idéal au Spleen, et met en scène la condition du poète dans une société qui l’ignore complètement, voire qui le martyrise. C’est la génération des « poètes maudits », c’est-à-dire non compris par les gens de leur époque.
Nous allons nous demander comment Baudelaire met-il en scène l’albatros pour illustrer la condition du poète, pris entre le spleen et l’idéal.
Ce poème est une suite de 16 alexandrins répartis en 4 quatrains. C’est ce qu’on appelle un « carré parfait, ou « faux sonnet ».
Nous analyserons ce poème en quatre mouvements. Tout d’abord, nous montrerons que l’albatros est en symbiose avec le milieu marin. Ensuite, nous aborderons à travers la deuxième strophe, la cruauté des matelots et à travers la troisième strophe, nous détaillerons la maltraitance que subit l’oiseau. Enfin, nous dévoilerons le caractère métaphorique du texte dans l’étude de la dernière strophe, de la chute qui invite à la relecture du poème.
STRUCTURE DU POÈME :
vers 1 à 4 : L’Albatros parmi les matelots
vers 5 à 8 : Un animal méprisé
vers 9 à 12 : Un animal torturé
vers 13 à 16 : L’Albatros symbole du poète
ÉTUDE LINÉAIRE :
Premier mouvement : première strophe
« Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers. »
vers 1 : Adverbe de temps « Souvent », introduit l’habitude et la répétition , aspect itératif et complément circonstanciel de but « pour s’amuser », nous avons donc ici à faire à un simple divertissement. De plus, l’aspect généralisant de l’être humain des « hommes », nous monte l’universalité de la cruauté humaine : pas un seul ne sort du lot.
vers 2 : « Prennent », verbe au présent de l’indicatif valeur d’habitude qui renforce le caractère atemporel.
« Vastes oiseaux des mers », c’est une périphrase à connotation positive. Le rejet « les hommes d’équipage/ Prennent », met en avant l’emprisonnement et qui s’oppose à « vastes oiseaux des mers ».
vers 3 : La proposition subordonnée relative « Qui suivent, indolents compagnons de voyage », rapporte des détails sur l’albatros ( descriptif). L’adjectif « indolents », est un terme polysémique qui vient du mot delor qui veut dire souffrance . Le premier sens c’est celui qui ne souffre pas et qui ne fait pas souffrir,le deuxième sens c’est nonchalante. On peut donc dire que ces oiseaux sont en harmonie avec les éléments marins.
vers 4 : Tout d’abord, on a une allitération en « s » dans « glissant » doublé du participe présent qui va donner une sensation de lenteur qui est le symbole de la vie terrestre où l’on s’ennuie (cela fait écho au monde de la répétition). Ensuite, on a une allitération en « r » dans « sur des gouffres amers » connote une dureté propre au Spleen baudelairien et la marche lente qui rappelle le Styx.
→ Cette strophe présente donc au lecteur une action répétitive dans une longue phrase complexe qui couvre la totalité du quatrain. L’amplitude du vol de l’albatros est ainsi rendu sensible par la longueur de cette première phrase. C’est un récit narratif auquel nous invite le poète. La majesté de cet oiseau en liberté dans le ciel provoque l’admiration du lecteur. Hélas, cet animal sera méprisé.
Deuxième mouvement : deuxième strophe
« A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux. »
vers 5 : Effet de rupture avec la locution « À peine », qui souligne un changement rapide de l’espace, on est maintenant sur les planches, c’est-à-dire sur le bateau alors qu’avant on était dans le ciel. Il y a aussi une modification de la situation de l’albatros. En effet, l’albatros, maître dans les airs devient victime sur terre.
vers 6 : Description antithétique de l’albatros. La périphrase « rois de l’azur », personnifie l’animal de façon noble et poétique.
vers 7 : À nouveau, un mélange de description positive « grandes ailes blanches » et négative « piteusement ».
Baudelaire insiste sur l’immensité, la taille, la grandeur de l’oiseau mais laisse paraître des éléments qui contredisent les loges de l’albatros. Rimes alternés « planches » et « blanches » qui expriment bien l’opposition entre les deux mondes, celui de la poésie et celui de la réalité. Les planches est un terme trivial qui signifie quelque chose de construit qui s’oppose à la pureté.
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