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Parfum exotique, Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire

Fiche : Parfum exotique, Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  24 Octobre 2017  •  Fiche  •  2 229 Mots (9 Pages)  •  1 831 Vues

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Lecture analytique :

« Parfum exotique », Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire

Introduction :

Le sonnet « Parfum exotique » consacré à Jeanne Duval figure dans la 1ère section Spleen et idéal du recueil Les Fleurs du mal de Baudelaire. Métisse réveillant en Baudelaire ses souvenirs de l’île de La Réunion, Jeanne Duval est sa maîtresse depuis 1842 et tiendra une place majeure dans sa vie (et donc dans son œuvre) pendant une vingtaine d’années. Nous savons peu de choses d’elle (ni son âge exact, ni son origine) si ce n’est qu’elle a vécu avec Baudelaire une relation tumultueuse (il la quitte en 1852, la reprend en 1854 et en 1856 c’est elle qui veut rompre). A-t-elle été belle ? Les portraits se contredisent et un tableau de Manet conservé au musée de Budapest représente une Jeanne vieillie, d’une laideur effrayante. C’est une métisse au teint cuivré avec de grands yeux, de fortes lèvres, de beaux cheveux ondulés d’un noir bleuté qui aurait, selon le témoignage de Banville, quelque chose de divin et de bestial dans l’allure.

Toutefois, ainsi que le suppose le titre, la vision de cette femme disparaît derrière le puissance de son parfum qui engendre une rêverie exotique, idéalisée et heureuse vers un voyage tropical. Ce sonnet régulier en alexandrins (rimes embrassées abba abba ccd ede) est constitué d’une première phrase s’étirant sur 2 quatrains esquissant un mouvement crescendo de la femme à l’île puis au port, puis d’une 2ème phrase composée de 2 tercets dévoilant un jeu de correspondances entre les sensations. Il est l’un des 4 sonnets réguliers de l’œuvre.

Comment, à travers une évocation empreinte de sensualité, le poète parvient-il à créer la vision paradisiaque vers un ailleurs et une rêverie poétique ?

Le poème s’ouvre d’abord sur la vision érotique d’un moment intime et sensuel. Enivré par le parfum de cette femme, le poète plonge alors dans des senteurs et un ailleurs exotiques devenant finalement le début d’un voyage littéraire et poétique.

I – Une évasion sensuelle et érotique

A – Un moment intime

* Le cadre, l’atmosphère et le moment de l’ouverture du poème sont propices à un rapprochement des êtres. Il débute en effet sur « un soir chaud d’automne » (v.1) (cf. automne = saison mélancolique par excellence pour les romantiques) et la douceur de l’air invite à une délicieuse rêverie « les deux yeux fermés » (v.1). Les marques de la première personne : le « je » du poète → (« Je » x 3 (v.2) ; (v.3) ; (v.10) en fonction sujet mais aussi (v.13) « m’enfle la narine » complément d’objet indirect ou encore le déterminant possessif dans « mon âme ») sont intimement liées aux marques de la 2ème personne : le « tu » de la femme aimée et désirée représentant ici Jeanne Duval dont le nom n’est jamais prononcé quoique l’allusion reste claire → déterminant possessif « ton sein » (v.2) « ton odeur » (v.9).

Or on sait que cette odeur est un « Parfum exotique » comme l’annonce le titre et Jeanne Duval, la maîtresse de Baudelaire est mulâtresse et n’est pas sans rappeler les femmes des îles qu’il a rencontrées en partant sur l’île de La Réunion.

* Ce moment d’intimité est teinté d’érotisme : (v.2) « je respire l’odeur de ton sein chaleureux ». Ce sein, réminiscence de la douceur et de la sécurité maternelle, est aussi l’évocation du désir charnel éveillé par l’odorat qui est sûrement le plus « animal » de nos sens et correspond à l’aspect sensuel de la poésie baudelairienne. L’image de la femme protectrice se retrouve dans les sonorités : en effet ce sont des rimes féminines « automne » « monotone » qui embrassent des rimes masculines « chaleureux » « heureux » (1er quatrain) soulignant l’image d’une poète perdu dans les bras de sa bien aimée. Dans le 2ème quatrain l’homme (rimes masc.) « savoureux » et « vigoureux » est au cœur de l’évocation féminine (rimes féminines) qui se « donne » et « étonne » dans ces rimes embrassées.

La moiteur de l’atmosphère tropicale se confond avec la moiteur des corps comme le laisse penser le 1er tercet : « Guidé par ton odeur vers de charmants climats,

Je vois un port rempli de voiles et de mâts

Encore tout fatigué par la vague marine »

Ce « port » ne serai-il par le corps féminin ? Et cette « fatigue » causée par la « vague marine » ne serait-elle pas l’évocation de l’étreinte des corps ?

B – Les sens en éveil

* On comprend mieux alors pourquoi tous les sens sont en éveil. Nous avons déjà évoqué la sensation olfactive présentée dès le titre « Parfum » mais encore « respire » « odeur » (v.2 et 9) ; « parfum » (v.12) « air » (v. 13) « narine » (v.13) dont la paronomase avec « marine » au vers 11 ajoute une senteur iodée aux émanations exotiques. C’est le sens de l’odorat qui va entraîner la synesthésie (liaison subjective par laquelle l’excitation d’un sens, comme l’odorat par exemple, fait naître des impressions venant d’un autre sens comme le goût notamment) de tous les autres sens.

* Le parfum nouveau et étranger de cette femme va exciter toutes les autres sensations. En suivant l’ordre du texte, on découvre d’abord le champ lexical de la vue « yeux » (v.1) « vois » (v.3 et 10) « éblouissent » (v.4) « l’œil » (v.8) on peut aussi rapprocher la couleur « vert tamarinier » ; du toucher « ton sein chaleureux », le goût est évoqué par le groupe nominal « des fruits savoureux » (v.6) et l’ouïe « le chant des mariniers » (v.14). La femme, peu à peu éthérée (il n’y a aucune précision supplémentaire sur son identité, son physique ou son caractère), devient voyage exotique et sensoriel.

II – Un voyage exotique

A – Une île paradisiaque

* Le poète se sent en confiance et en sûreté près du corps de cette femme qui devient havre de paix, île tropicale et paradisiaque. Il y a tout un réseau lexical qui invite à un voyage vers l’ailleurs « rivages heureux » (v.3) ; « île paresseuse » (v.5) ; « arbres singuliers » (v.6) ; « fruits savoureux »

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