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La Princesse de Clèves, Madame de la Fayette, 1978

Commentaire de texte : La Princesse de Clèves, Madame de la Fayette, 1978. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Mars 2023  •  Commentaire de texte  •  2 540 Mots (11 Pages)  •  339 Vues

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Séquence 2, La Princesse de Clèves, Madame de la Fayette, 1978.

Lecture linéaire numéro 1 : le portrait de Mlle de Chartres, livre p. 29-31, lignes 236-274

Introduction

 La Princesse de Clèves fut publié anonymement et suscita de nombreuses interrogations à sa sortie car chacun cherchait à savoir qui avait écrit ce roman. Madame de la Fayette, dans une lettre à un ami, reconnaît à demi-mots en être à l’origine.

 Écrit en pleine période précieuse, le roman narre l’histoire de la Princesse de Clèves, femme belle et vertueuse qui admire son époux mais ne l’aime pas. Sa rencontre avec le duc de Nemours est un véritable coup de foudre, mais l’héroïne refusera de laisser libre cours à sa passion, et ce même après le décès de son mari.

 Le roman s’ouvre sur une peinture de la cour sous Henri II, lieu de fêtes et de vie mondaine. Après la description des Grands de la cour apparaît notre héroïne, alors encore Mlle de Chartres. Son portrait clôt l’exposition du roman et débute le récit.

Mouvements du texte :

1. Portrait physique de Mlle de Chartres et impression produite sur la Cour lignes 1 à 236-241, qui s’achève par l’évocation du statut social d’héritière

2. Éducation particulière de Mlle de Chartres et avenir que lui trace sa mère lignes 241-263

3. Retour sur le statut social intéressant et nouveau portrait physique de Mlle de Chartres lignes 264-274

Problématiques possibles : En quoi le portrait du personnage est-il élogieux ? En quoi ce portrait est-il le signe d’une esthétique précieuse ?

I. Une jeune femme belle et mystérieuse

a. Une arrivée mystérieuse

 L’arrivée de la princesse est annoncée grâce à une tournure impersonnelle : « Il parut alors une beauté à la Cour ». Mme de Lafayette ne livre pas immédiatement le nom de l’héroïne. Il y a un effet de suspense, d’attente. Le portrait débute comme une énigme. Le lecteur ignore qui est cette jeune femme. On peut ici noter le parallèle avec le début de contes de fée « il était une fois », même tournure impersonnelle.

 C’est en évoquant son passé que la narratrice en dévoile un peu plus sur son personnage : « elle était de la même maison que le vidame de Chartres » ou encore « Son père était mort jeune, et l’avait laissée sous la conduite de Madame de Chartres, sa femme ». Ainsi, son nom est révélé indirectement par celui de sa mère, Mme de Chartres.

 L’héroïne n’est nommée explicitement qu’à la fin du texte : « il fut surpris de la grande beauté de Mademoiselle de Chartres ».

Transition : Madame de la Fayette met ainsi son héroïne en valeur, dévoilant petit à petit ses multiples qualités.

b. Une beauté éblouissante

 Mademoiselle de Chartres est l’incarnation d’un idéal physique. En effet, le mot « beauté » est répété quatre fois et on relève le champ lexical de la magnificence : « parfaite », « aimable », « agréable », « éclat », « grâce », « charmes » qui met en lumière une véritable perfection. Ces éléments s’accompagnent d’hyperboles : « une beauté parfaite », « la grande beauté », « un éclat que l’on n’a jamais vu qu’à elle » L’indication apportée par la proposition « qui attira les yeux de tout le monde » montre que tous les regards se portent sur cette femme qui fascine.

 Toutefois, le portrait est très vague. La narratrice évoque seulement « la blancheur de son teint », « ses cheveux blonds » et montre sa jeunesse « dans sa seizième année ».  C’est  donc  un  portrait  très  stéréotypé, correspondant aux canons de l’époque (la blondeur et la blancheur du teint, la régularité des traits). Pas besoin de précision, ni de détails, puisque c’est une beauté idéalisée, « parfaite » (comme le duc, « chef-d’œuvre  de  la  nature »),  qui  sort  de  l’ordinaire  (« un  éclat  que  l’on  n’a  jamais  vu  qu’à  elle »).  

 Le caractère exceptionnel du personnage concerne aussi son statut social comme le montre le superlatif : « une des plus grandes héritières de France, un des grands partis qu’il y eut en France. »

 Le champ lexical de la vision est important : « parut », « attira les yeux », « voir » (2 fois), « éclat », et on peut y rajouter celui de l’admiration : « admiration », « surpris » (2 fois). Dès les premiers mots de cet extrait, l’héroïne est un objet de spectacle pour toute la  Cour (« tout le monde »,  « on »),  puis  l’admiration  générale est renforcée  par  celle  du vidame,  son proche parent et un habitué de la Cour et des femmes. Le narrateur lui aussi semble avoir vu Mlle de Chartres,  puisqu’il  confirme  le  jugement  du  vidame :  « il  en  fut  surpris  avec  raison ».  Dès  l’entrée  en scène de l’héroïne se voit manifestée l’importance de l’apparence et du regard dans ce monde de la Cour.  

 Le  narrateur  se  dissimule  derrière  l’ambiguïté  du  « on »  et  semble  tenir  le  rôle  d’un  témoin  qui rapporte  et  cautionne  l’admiration  dont  l’héroïne  fait  l’objet :  « l’on  doit  croire  que  c’était  une  beauté parfaite ».  Il  préfère  s’abriter  derrière  le  jugement  des  autres  personnages  plutôt  que  de  décrire  la beauté  de  Mlle  de  Chartres  de  son  propre  point  de  vue  omniscient.  Mais  il  intervient  plus directement à la fin pour justifier la surprise du vidame : « il en fut surpris avec raison ». Il prend donc le statut  de  chroniqueur,  témoin  des  événements  et  confirmant  leur  véracité,  tout  en  soulignant  le caractère exceptionnel de la beauté de l’héroïne.

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