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Fiche de citations de philosophie

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Par   •  31 Janvier 2025  •  Cours  •  20 962 Mots (84 Pages)  •  34 Vues

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16-05-2024

PHILOSOPHIE

2023 - 2024

FICHE de CITATIONS

Ci-joint une série de textes, de citations, de morceaux choisis d’expressions philosophiques ou de résumés d’argumentations. Il s’agit de citations jetées rapidement sur une feuille. Pour une bonne partie, je les ai commentées en cours, ou j’en ai fait allusion sans les citer. Cela doit donc vous rappeler et vous remettre en mémoire une partie du cours.

Les expressions sont classées par auteur. Il ne faut pas nécessairement les apprendre par cœur, mais en garder les idées générales, et surtout chercher à les ressortir de manière adaptée dans le devoir. Il s’agit de les utiliser comme tremplin à une réflexion personnelle.

METHODE pour utiliser une citation ou une référence :

La rhétorique classique[1] avait dégagée les différentes étapes que l’on devait utiliser pour commenter une expression ou un geste mémorable. On peut utiliser cette dans un devoir pour « commenter » une expression. Il faut, au minimum :

  • Citer l’expression (si on ne connaît pas exactement la formule, vous attribuez l’idée, sans mettre des guillemets à l’expression). Vous pouvez ainsi dire : « Selon, Hobbes, l’homme est un loup pour l’homme ».
  • Paraphraser l’expression : il s’agit de redire avec vos propres mots la phrase. Vous en donnez le contexte, … En soi, la paraphrase n’est pas inutile. Ce qui est mauvais, c’est quand il n’y a QUE de la paraphrase.
  • Argumenter, justifier : il s’agit de donner les arguments qui permettent à l’auteur ou à vous d’affirmer cela. Pour cela vous devez vous appuyer sur la définition des termes utilisés dans l’expression.
  • Illustrer : vous devez rattacher l’expression à un cas particulier. Cet exemple peut être inventé, peut être repris à l’histoire ou à la littérature.

Ainsi, une expression ou référence philosophique permet de donner de la « matière » à votre devoir. Il permet de rédiger un paragraphe, si ce n’est une partie entière. Ces quatre éléments ne sont pas nécessairement à mettre dans cet ordre. Cela dépendra de votre manière de rédiger.

EXEMPLE classique de DEVELOPPEMENT d’une « CHRIE » :

Isocrate a dit : « La racine de l'éducation est amère, mais les fruits en sont doux ».

Il s'agissait, pour un étudiant de l’Antiquité, d'arriver à développer une pensée selon un plan bien établi et précis, en sept ou huit points. Ainsi, les manuels anciens de rhétorique, pour le commentaire de cette expression, donnaient le plan suivant[2] :

  • l’éloge (du personnage que l’on fait agir ou parler) : présenter Isocrate et en faire son éloge.

« Isocrate était sage … » (développer ce thème)

  • l’exposition (de la maxime ou du fait) : paraphraser en trois lignes l’aphorisme.

« Il a dit ceci … » (reprendre l’expression textuellement) ; puis, « c’est-à-dire que celui qui désire s’instruire entreprend une rude tâche, mais qu’au bout de ses peines, il trouve le bonheur… »

  • la cause : justifier brièvement son opinion.

« car les plus grandes actions réussissent volontiers à force de labeur, et la réussite l’emporte sur le plaisir immédiat… » (développez ce thème, et la différence entre le « bonheur » et le « plaisir immédiat »)

  • le contraire : l'établir par contraste en réfutant l'opinion contraire.

« En effet, tandis que les actions médiocres ne demandent pas de peine et que leur issue est sans plaisir, pour les actions remarquables, c’est le contraire… »

  • la similitude : l’illustrer d'une comparaison.

« De même que les agriculteurs sèment dans la peine avant d’en récolter les fruits dans la joie, de même celui qui fait l’effort de s’instruire est assuré de recueillir les honneurs  … »

  • l’exemple : donner une anecdote empruntée à l’histoire, à la littérature, ...

« Voyez Démosthène[3] ! Nul orateur ne s’est donné autant de peine pour se former, et nul n’est devenu aussi célèbre ! Il s’enfermait dans sa chambre, et il travaillait dur ; mais plus tard, il en a récolté les fruits, les couronnes et les proclamations … »

  • le témoignage d’une « autorité » (argument d’autorité) : citer des autorités à l'appui, empruntées aux anciens (Hésiode, Homère, ...), à des modernes (Descartes, Montaigne, …) ou à des contemporains.

« Hésiode vient confirmer cela quand il dit : « Et avant la vertu, les dieux ont placé la sueur »[4] ; et il en est de même pour un autre poète : « Les dieux nous vendent tous les biens au prix de notre peine. »[5]

  • un court épilogue :».

« Telle est la belle pensée d'Isocrate au sujet de l'éducation  ou « Il faut en croire celui qui a parlé et agi. Il suffit pour l’instant ; tu verras plus tard  … »


EXEMPLES de CITATIONS et de REFERENCES :

THEME

CITATION

REFERENCE

ANONYME : MAXIMES ou PROVERBES :

ECHANGES

Do ut des (je donne afin que tu donnes)

Inscriptions sur l’architrave du temple de Delphes :

MORALE

  • « Rien de trop »

(« ne quid nimis »)

Attribué à SOLON (un des 7 sages)

CONSCIENCE de soi

  • « connais-toi toi-même ».

Attribué à CHILON

(un des 7 sages)

ETAT

« Salus publica suprema civitatis lex est »

ART

« de te fabula naratur »

(= c'est à propos de toi que la fable est dite.)

TEMPS et EXISTENCE

« Vulnerant omnes, ultima necat. »

(= toutes les heures blessent, mais la dernière tue).

inscription sur des cadrans solaires.

POLITIQUE

« Si vis pacem, para bellum »

(si tu veux la paix, prépare la guerre)

Cf. Végèce, De l’art militaire, III, préface (stratège militaire du IVe s.)

POLITIQUE

« ultima ratio regnum »

(ultime argument des rois)

Devise gravée sur certains canons de Louis XIV.

POLITIQUE

« La guerre est une simple continuation de la politique par d’autres moyens ».

Clausewitz, De la guerre, I, 1, 24.

BONHEUR

« sic transit gloria mundi » (ainsi passe la gloire du monde)

[formule que l’on disait au nouveau pape lors de son couronnement, en lui brûlant devant lui un morceau d’étoupe]

Cf. Thomas de Kempis (1379-1471), Imitation de Jésus-Christ, I, 3, 6.

ART

(« sutor, ne ultra crepidam ») « cordonnier, pas plus haut que la chaussure ! »

[Réplique du peintre APELLE (4ème s. av. JC) à un cordonnier critiquant une de ses peintures.

Commentaire :

  • La beauté technique de la sandale peut être mesurée par un cordonnier, car il peut juger si la sandale est à la fois techniquement bien faite, et si elle est adaptée aux pieds ;
  • Mais la beauté du reste du corps ne peut être jugée que par l’artiste lui-même. Seule le peintre peut juger de l’équilibre entre les parties.]

Pline, Histoire naturelle, XXXV, 36, 85.

ART

Le nombre d’or :

Analyse :

  • La beauté est liée à une proportion mathématique que l’on peut objectivement mesurer (c’est la théorie des stoïciens, et en particulier de Cicéron) ; Exemple : le temple du Parthénon à Athènes.
  • La qualité ne dépend pas du regard du spectateur, mais d’une qualité inhérente à la chose.
  • Le beau est donc objectif et non subjectif.

Critique faite par PLOTIN : les proportions mathématiques ne suffisent pas à caractériser la beauté d’une œuvre, car il existe des êtres n’ayant pas de parties, mais qui sont considéré comme belle.

C’est pourquoi, pour Plotin, la beauté est « la splendeur de la forme », c’est-à-dire un sentiment de plaisir éprouvé à partir de la perception intellection de la forme, c’est-à-dire de l’ordre entre les parties ;

ETAT

« Panem et circenses »

(du pain et des jeux)

Juvénal, Satires, X, 81.

LANGAGE

« verba volant, scripta manent »

(les paroles s’envolent, les écrits restent)

Maxime juridique.

LANGAGE

« Je me suis souvent repenti d’avoir parlé, mais jamais de m’être tu ».

[Philippe de COMMYNES (sentence gravée sur un mur du château de Loches)]

CURIOSITE

« altum sapere periculosum »

(il est dangereux de s’élever à de trop haute prétention)

Devise inscrite sur des représentations de la chute d’Icare.

[Commentaire.

  • Exemple : chute d’Icare.
  • Explication : exprime le danger lié à toute forme de curiosité, c’est-à-dire à toute recherche de connaissance en dehors de ce qui est permis : « la curiosité est un vilain défaut » (cf. « Noli alium sapere » de St Paul, Rom., 11, 20).]

POUVOIR

[Distinction : le mot « pouvoir » en français traduit deux expressions latines :

  • (potentia = puissance) = « pouvoir de » : capacité de poser une action en raison d’une force qui vient du sujet.
  • (potestas = pouvoir) = « pouvoir sur » : capacité de modifier un ordre existant.]

MORALE

  • Je n’ai pas tué.
  • Je n’ai pas volé.
  • Je n’ai pas menti.
  • Je n’ai pas fait souffrir de la faim. Je n’ai pas fait pleurer.
  • Je n’ai pas opprimé le pauvre. Je n’ai pas rendu le début de chaque jour pénible pour celui qui travaillait pour moi.

[Commentaire.

Livre des morts, Confessions de l’âme juste.

(Encyclopedia of Religion and Ethics, vol. 5, p. 478.)

cf. C.S. LEWIS, L’abolition de l’homme.

ALAIN (= Émile Chartier) 

(1868-1951)

SUJET

« Dans le sommeil, je suis tout ; mais je n’en sais rien. La conscience suppose réflexion et division. La conscience n’est pas immédiate. Je pense, et puis je pense que je pense, par quoi je distingue Sujet et Objet, Moi et le monde. Moi et ma sensation. Moi et mon sentiment. Moi et mon idée. »

MATIERE et ESPRIT

« L’âme c’est ce qui refuse le corps.

  • Par exemple ce qui refuse de fuir quand le corps tremble, ce qui refuse de frapper quand le corps s’irrite, ce qui refuse de boire quand le corps a soif, ce qui refuse de prendre quand le corps désire, ce qui refuse d’abandonner quand le corps a horreur. Ces refus sont des faits de l’homme. Le total refus est la sainteté, l’examen à suivre est la sagesse, est cette force de refus c’est l’âme.
  • Le fou n’a aucune force de refus ; il n’a plus d’âme. On dit aussi qu’il n’a plus conscience et c’est vrai. Qui cède absolument à son corps soit pour frapper soit pour fuir, soit seulement pour parler, ne sait plus ce qu’il fait ni ce qu’il dit. On ne prend conscience que par opposition de soi à soi.

Exemple : Alexandre à la traversé d’un désert reçoit un casque plein d’eau ; il remercie, et le verse par terre devant toute l’armée.

Magnanimité ; âme c’est-à-dire grande âme. Il n’y a point d’âme vil, mais seulement un manque d’âme. Ce beau mot ne désigne nullement un être, mais toujours une action. »

Les Dieux. Définitions.

« Les hommes croient plus volontiers ce qu’on leur raconte que ce qu’ils voient »

Les arts et les dieux (p. 1210).

ARISTOTE

(384-322)

DESIR

Le bien est ce que toute chose désire.

Bonum esse id quod omnia appetunt.

[Commentaire : cf. Thomas, In Eth., n°9]

Éthique à Nicomaque, I, 1 ; Topiques, III, 1, 116 a 19 ; Rhétorique, I, 6, 1362 a 23.

BONHEUR et MORALE

« l’objet de notre examen est évidemment une vertu humaine, puisque le bien que nous cherchons est un bien humain, et le bonheur, un bonheur humain »

Éthique à Nicomaque, I, 13, 1102 a 15.

MORALE

« L’habitus est l’état suivant lequel on est en bonne ou mauvaise disposition »

Métaphysique, IV, XX, 1022 b 10.

« Les habitus sont ce qui nous fait réagir bien ou mal dans les passions ».

Éthique à Nicomaque, II, ch. 5, 2, 1105 b 25.

« on appel habitus l’arrangement suivant lequel un être est bien ou mal disposé ou par rapport à soi ou par rapport à autre chose »

Métaphysique, IV, c. 20, 1022 b 10.

CULTURE

L’habitude est une autre nature.

De memoria, 2, 452 a 27-28.

NATURE

« La nature est un principe et une cause de mouvement et de repos pour la chose en laquelle elle réside immédiatement, par essence et non par accident ».

Physique II, 1, 192 b 20.

NATURE

« La nature ne fait rien en vain. »

Politique, I, 2, 1253 a 9.

REEL

« L’être se dit de multiple façon ».

Métaphysique

RAISON et REEL

« C'est l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. »

Métaphysique, A, 2,982 b 10.

SCIENCE

la métaphysique est une science spéculative : « seule elle est à elle-même sa propre fin ».

Métaphysique, A, 2.

RAISON et REEL

Ainsi la poésie est-elle plus philosophique et d’un caractère plus élevé que l’histoire ; car la poésie raconte plutôt le général, l’histoire le particulier.

Poétique

VERITE

Le vrai est le bien de l’intelligence.

Verum bonum est intellectus.

Éthique à Nicomaque, VI, 2, 1139a 27.

SCIENCE

« Les hommes d’expérience savent bien qu’une chose est, mais ils ignorent le pourquoi ; tandis que les hommes d’art connaissent le pourquoi et la cause […]. La marque distinctive du savant, c’est sa capacité d’enseigner. »

Métaphysique, A, 1.

SCIENCE

« Nous estimons posséder la science d’une chose d’une manière absolue, et non pas, à la façon des sophistes, d’une manière purement accidentelle, quand nous croyons que nous connaissions la cause par laquelle la chose est, que nous savons que cette cause est celle de la chose, et en outre qu’il n’est pas possible que la chose soit autre qu’elle n’est. »

Seconds analytiques, I, 2.

SCIENCE

Référence : La science comme « vertu intellectuelle ».

Éthique à Nicomaque, VI, 3.

PERCEPTION

« L’imagination est quelque chose de distinct à la fois de la sensation et de la pensée, bien qu’elle ne puisse exister sans la sensation, et sans elle, il n’y a pas non plus de croyance [upolepses] »

De l’âme, III, 3.

  • « L’âme ne pense jamais sans image […]. Les concepts ne sont pas des images, bien qu’ils ne soient jamais donnés sans images. »

De l’âme, III, 7.

  • « L’imagination [phantasia] peut se définir comme mouvement [kinesis] produit par la sensation en acte ».

De l’âme, III, 8.

  • « L’imagination est une sensation faible. »

Rhétorique, 1370 a

  • « L’imagination est une affection [pathos] du sens commun »

De la mémoire, 449b.

POLITIQUE

L’homme est par nature un animal politique.

La politique

AUTRUI

« L’amitié consiste en une bienveillance, mutuelle, connue des intéressés, en vue d’un bien, d’une utilité ou d’un plaisir. »

Éthique à Nicomaque.

AUTRUI

L’ami est un miroir de moi. : « à la façon dont nous regardons dans un miroir quand nous voulons voir notre visage, quand nous voulons apprendre à nous connaître, c’est en tournant nos regards vers notre ami que nous pourrions nous découvrir, puisqu’un ami est un autre soi-même. »

Grande morale.

L’ami est un autre soi-même.

Éthique à Eudème.

VERITE

Je suis certes l’ami de Socrate, mais bien plus l’ami de la vérité.

Amicus quidem Socrates, sed magis amica veritas.

Attribué à Aristote (cf. Thomas d’Aquin, Commentaire de l’Éthique, n°78)

POLITIQUE

« le plus souvent l’avenir ressemble au passé ».

[Commentaire : c’est sur ce principe que repose l’art de la prudence qui consiste à chercher à tirer des « leçons du passé ».]

Rhétorique, II, 20, 1394 a 8.

SCIENCE

« Imiter (‘mimesis’) est en effet, dès leur enfance, une tendance naturelle aux hommes : et ils se différencient des autres animaux en ce qu’ils sont des êtres forts enclins à imiter et qu’ils commencent à apprendre à travers l’imitation. »

Poétique, ch. 1.

ART

« La tragédie est la représentation d’une action noble, menée jusqu’à son terme et ayant une certaine étendue, au moyen d’un langage relevé d’assaisonnements d’espèces variés, utilisés séparément selon les parties de l’œuvre ; la représentation est mise en œuvre par les personnages du drame et n’a pas recours à la narration ; et, en représentent la pitié et la frayeur, elle réalise une épuration (‘catharsis’) de ce genre d’émotion. »

En résumé : la tragédie se distingue de la comédie en tant qu’elle est une œuvre d’art :

  • Objet : Imitant des actions nobles (et non des actions non nobles)
  • Mode : Par le moyen de personnage mimant l’action (et non en racontant l’action) ;
  • Fin : En vue de produire une catharsis des émotions.

Exemples :

  • Tragédie : les œuvres de Sophocle ou de Racine ;
  • Comédie : les œuvres d’Aristophane ou de Molière ;
  • Épopée : l’œuvre d’Homère ou Tolkien, Le Seigneur des anneaux, …

Poétique, ch. 6.

ART

« Nous prenons plaisir à contempler les images les plus exactes des choses dont la vue nous est pénible dans la réalité. »

Poétique, ch. 4.

TECHNIQUE

« L’art est une certaine disposition accompagnée de règle droite. »

ars est recta ratio agibilium (cf. Thomas, Commentaire de l’Éthique, n°9)

ars est recta ratio factibilium. (cf. Thomas, Somme, Ia-IIae, 57, 4)

Éthique à Nicomaque, VI, 5, 1140 a 21.

TECHNIQUE

« est produit de l’art tout ce dont la forme réside dans l’âme ».

Métaphysique, VII, 7, 1032 a

TECHNIQUE

« Ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent des êtres ; mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des mains. »

Les parties des animaux, § 10, 687 b.

ECHANGE

Aristote explique comment la « monnaie » a été inventée. Elle est une amélioration du « troc » :

Le troc (M –M) consiste à échanger une marchandise dont on a la propriété privée contre une autre marchandise de même valeur, car cette dernière permettra de satisfaire un besoin.

  • L’échange né du besoin : « que deux personnes n’aient pas besoin l’une de l’autre, ou qu’une seule n’ait pas besoin de l’autre, elles n’échangent rien. C’est le contraire si l’on a besoin de ce qui est la propriété d’une autre personne ».
  • L’échange nécessite une société : des relations entre des personnes différentes, régie par la justice : permet des échanges justes où personne n’est volé.

La monnaie permet de faciliter les changes (M –A – M) :

  • L’argent découle d’une convention : le mot « monnaie » rappel que c’est à la suite d’une décision arbitraire (« nomos ») de l’autorité compétente de la société, qu’une chose naturelle (ex. or, argent, coquillage, …) a été utilisée comme un étalon.
  • L’argent est une unité de mesure permettant d’évaluer la valeur des marchandises : « les échanges réciproques auront lieu quand on aura rendu égaux les objets ».
  • L’argent permet de conserver le fruit de son travail : un produit éphémère (ex. une carotte) se transforme en un objet stable : de l’or ou de l’argent.
  • L’argent permet de transporter facilement le fruit de son travail. : il est plus facile de transporter de l’or que la maison.

Cf. Éthique à Nicomaque. et Politique, I.

ECHANGE

Aristote distingue le bon du mauvais usage de la monnaie, c’est-à-dire son usage naturel et son usage « contre nature » :

  • M – A – M : La monnaie ou le commerce : MOYEN de faciliter la mise en commun, au sein d’une société, de la compétence technique de chacun, afin de satisfaire les BESOINS.
  • A – M – A : La « chrématistique » ou selon l’expression de Marx, le « capitalisme » : l’utilisation des marchandises et de l’homme  pour faire de l’argent. L’argent devient une FIN en soi, et perd sa fonction de MOYEN. La finalité de l’échange n’est plus de satisfaire un besoin, mais de produire de l ‘argent.

TRAVAIL

Si les navettes tissaient d’elles-mêmes […], alors ni les chefs d’artisans n’auraient besoin d’ouvrier, ni les maîtres d’esclaves. »

Parties des animaux, § 10, 687.

TEMPS

« Il n’y a pas de temps sans changement ».

Physique, IV, 11, 218b 21.

Le temps est « le nombre du mouvement selon l’antérieur et le postérieur. »

Physique, IV, 11, 219b.

Thomas d’AQUIN

(1225-1274) [religieux ; théologien et philosophe scolastique]

VERITE

« l’étude de la philosophie n’a pas pour but de connaître ce que les hommes ont pensé, mais comment se rapporte la vérité aux choses. »

« qualiter se habeat veritas rerum »

Commentaire du de Caelo, n° 228 

VERITE

La vérité est une « adequatio rei et intellectus » (un rapport adéquat entre la chose et ce qu’en connaît l’intelligence)

SCIENCE

« L’opinion est un acte de l’intelligence qui se porte sur une des deux parties de la contradiction avec crainte d’erreur ».

Somme de théologie, Ia, 79, 9, ad 4 ; IIa-IIae, q 1, a 4 et q. 2, a 1.

LANGAGE

« Les sons émis par la voix sont les symboles des états de l’âme ; et les mots écrits, les symboles des mots émis par la voix. »

De l’interprétation, 1.

ART

INTERPRETATION

Thomas d’Aquin distingue deux grands sens à un texte :

  • Sens littéral :
  • Sens spirituel :
  • Sens allégorique :
  • Sens moral :
  • Sens anagogique :

RELIGION

Références : Existence d’un désir naturel de voir Dieu.

  • Somme de théologie, Ia, 12, 1 ; Ia-IIae, 3, 8,
  • Compendium, ch. 104,
  • Contra gentiles, III, ch. 25, 50, 51, 57.

GUERRE JUSTE

Trois conditions pour qu’il y ait une « guerre juste » :

  • Une autorité légitime : celui qui est chargé du bien commun.
  • Une juste cause : rétablir une injustice.
  • Intention droite : procurer un bien et éviter un mal.

Somme de théologie, IIa-IIae, q. 40, a. 1.

Illustration : le siège de Vienne en 1683 par les Ottomans :

  • Une autorité légitime : Innocent XI et le roi polonais.
  • Une juste cause : la défense contre l’attaque des Ottomans.
  • Intention droite : retour à la paix.

cf. Discours du pape Jean-Paul II en Autriche le 10 septembre 1983

TECHNIQUE

« L’art imite la nature seulement dans ses opérations. »

Ars imtatur naturam sed in sua operatione.

Somme, Ia, q. 117, ad 1.

ART

Thomas présente différents critères pour qu’une chose soit considérée comme belle :

  • « sont dites belles les choses qui plaisent à la vue. »

pulchra enim dicuntur quae visa placent.

Somme, Ia, q. 5, a. 4, ad 1.

  • « le beau réside dans des proportions convenables. »

Pulchrum in debita proportione consistit.

Somme, Ia, q. 5, a. 4, ad 1.

« L’amour et le plaisir résultent de la beauté et de la bonté des choses. Une chose n’est pas belle parce que nous l’aimons ; mais nous l’aimons parce qu’elle est belle. Notre volonté n’est pas, en effet, créatrice des choses et de leurs qualités. »

In Noms divins, 399-399.

ART

solus homo delecttur in ipsa pulchritudine sensibilium secundum ipsam.

Somme, IIa-IIae, q. 141, a. 4 ; Ia, q. 91, a. 3, ad 3.

[Commentaire :

  • le beau ne provient pas de l’utilité de la chose. Le plaisir qu’éprouve le lion à écouter le brame du cerf est lié à l’envie de le dévorer (« propter cibum »), et non lié à l’harmonie du son !
  • mais provient de l’harmonie elle-même de la chose.]

AUGUSTIN

(354-430) [évêque d'Hippone; théologien et philosophe]

BONHEUR

« je n’aimais pas encore et j’aimais à aimer »

Confessions,

TEMPS

« Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais. Si quelqu’un me demande de le dire de façon précise, je ne le sais plus. »

Confessions, l. XI.

CONSCIENCE

Il n’y a qu’un temps : le présent. Mais, il y a trois présents :

  • le présent du passé (= la mémoire),
  • le présent de l’avenir (la science ou l’imagination)
  • et le présent du présent (= la conscience).

« Le temps n'est rien d'autre qu'une distension. Mais une distension de quoi, je ne sais au juste, probablement de l'âme elle-même. »

Confessions, XI, 26

TEMPS

Le monde n’a pas été créé « dans le temps » (in tempore), mais « avec le temps » (cum tempore).

Cité de Dieu.

VERITE

« Quelle est la chose que l’homme désire davantage que la vérité ? »

Tractatus in Jo., 26, 5.

DESIR

« Il n’est personne qui ne veuille avoir la paix. Et ceux mêmes qui veulent avoir la guerre, ne veulent rien autre chose que vaincre ; ils n’ont donc que le désir d’arriver par la guerre à une glorieuse paix. Qu’est-ce donc en effet que la victoire sinon la soumission de toute résistance ? soumission qui amène à la paix. C’est donc en vue de la paix que se fait la guerre ; la paix est le but de ceux mêmes qui cherchent dans le commandement et les combats l’exercice de leur vertu guerrière. La paix est donc la fin désirable de la guerre. Car tout homme, en faisant la guerre, cherche la paix ; nul, en faisant la paix, ne cherche la guerre. »

Cité de Dieu, XX, 12.

JUSTICE

« La paix de toute chose est la tranquillité de l’ordre. L’ordre, c’est cette disposition qui, suivant la parité ou la disparité des choses, assigne à chacun sa place. »

Cité de Dieu, XX, 13.

RELIGION

« Deux amours ont fait deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu la cité terrestre, l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi la cité céleste. L’une, en somme, se glorifie en elle-même, l’autre dans le Seigneur ; car l’une recherche la gloire auprès des hommes, alors que pour l’autre, Dieu, témoin de sa conscience, est la principale gloire. »

Cité de Dieu, XIV, 28.

DESIR

et

RELIGION

« Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est inquiet tant qu'il ne se repose pas en toi ».

fecisti nos ad te et inquietum est cor nostrum, donec requiescat in te.

Confessions, I, 1.

« La nature humaine a été créé d’une telle grandeur, bien que changeante, que c’est seulement en adhérant au Bien immuable qu’est Dieu, qu’elle peut obtenir le bonheur, de même qu’elle ne peut combler son indigence sans être heureux, car Dieu seul peut le combler. »

Cité de Dieu, 12, 1, 3.

RELIGION

« L’homme est l’image de Dieu en ce qu’il est capable de Dieu et peut participer de lui. »

De Trinitate, 14, 8, 11.

RELIGION

« Celui qui t’a créé sans ton aide ne te justifie pas sans toi. »

Sermon 169, 11, 13.

« Le libre arbitre n’est pas enlevé, il est aidé ; il est aidé, parce qu’il n’est pas enlevé. »

Lettre 157, 2, 10

RELIGION

« La foi qui n’est pas pensée n’est pas la foi ».

De praed. Sanctorum, 25.

TECHNIQUE

« Comme les femelles sont grosses de leur portée, le monde lui aussi est gros des causes des êtres qui doivent naître. »

La Trinité, III, 7, 12-8, 15.

L’action de la technique consiste à faire « apparaître sous nos yeux les formes visibles pleines de beauté, en les dégageant des voiles cachés et invisibles qui les recouvrent. »

Cité de Dieu, XXII, 24, 2.

La Trinité, III, 9, 16.

[Commentaire : la magie comme la technique ou l’évolution naturelle consistent à extraire de la Nature et à manifester tout ce qui est contenu en puissance dans la matière. Ainsi, la magie comme la technique ont la même finalité : découvrir les processus occultes qui régissent la nature pour les mettre au service des intérêts humains.]

Cf. P. Hadot, Le voile d’Isis, p. 150-153.

Francis BACON

(1561-1626) [chancelier d'Angleterre ; scientifique et philosophe]

« On ne peut vaincre la nature qu’en lui obéissant. »

Novum organum, II, aphorisme 3.

RAISON et REEL

La science est une alliance entre mémoire et raison :

  • « Les empiristes, à la manière des fourmis, se contentent d’amasser et de faire usage ;
  • les rationnels à la manière des araignées, tissent des toiles à partir de leur propre substance ;
  • mais la méthode de l’abeille tient le milieu : elle recueille sa matière des fleurs des jardins et des champs, mais la transforme et la digère par une faculté qui lui est propre.

Le vrai travail de la philosophie est à cette image. Il ne cherche pas son seul et principal appui dans les forces de l’esprit ; et la matière que lui offre l’histoire naturelle et les expériences mécaniques, il ne la dépose pas telle quelle dans la mémoire, mais modifiée et transformée dans l’entendement. »

Novum Organum, I, § 95.

RAISON et REEL

« De même, en effet, que, dans la vie publique, le naturel d’un individu et la disposition cachée de son esprit et de ses passions se découvrent, lorsqu’il est plongé dans le trouble, mieux qu’à un autre moment, de même les secrets (‘occulta’) de la nature se révèlent plutôt sous la torture des expériences que lorsqu’ils suivent leur cours naturel. »

Novum Organum, I, § 98.

VIVANT

[Sur le même thème :

  • rôle des expériences en médecine pour les médecins de l’antiquité : « Quand la nature se refuse à livrer de son plein gré les signes [cliniques], l’art a trouvé les moyens de contrainte par lesquels la nature, violentée sans dommage, les laisse échapper ; puis, libérée, elle dévoile, à ceux qui connaissent les choses de l’art, ce qu’il faut faire. »

HIPPOCRATE, De l’art, XII, 3.

Cf. P. Hadot, Le voile d’Isis, p. 165.

VIVANT

  • Exemple : vivisections de médecins sous les Ptolémée à Alexandrie. :

Cf. Llyd, Une histoire de la science grecque, p. 328-331.

  • « L’observateur écoute la nature, l’expérimentateur la soumet à un interrogatoire et la force à se dévoiler. »

CUVIER.

Cf. P. Hadot, Le voile d’Isis, p. 133.

SCIENCE

Fin de la science : « connaître les causes et les mouvements secrets des choses et de reculer les frontières de l’empire de l’homme sur les choses, en vue de réaliser toutes les choses possibles.»

[Bacon imagine dans la Nouvelle Atlantide une sorte de Centre de Recherche scientifique : la « Maison de Salomon ». Cette fondation a une finalité pratique : connaître les lois de la nature afin de pouvoir agir sur elle.]

La Nouvelle Atlantide.

Gaston BACHELARD

(1884-1962)

TEMPS

« Le temps n'a qu'une réalité, celle de l'instant. Autrement dit, le temps est une réalité resserrée sur l'instant et suspendue entre deux néants. »

L'intuition de l'instant,

RAISON et REEL

« obstacles épistémologiques » :

  • « C’est en terme d’obstacle qu’il faut poser le problème de la connaissance scientifique. »
  • « En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l’esprit même, fait obstacle à la spiritualisation. »

La formation de l’esprit scientifique.

  • « Il ne saurait y avoir de vérité première. Il n’y a que des erreurs premières. »

Études.

RAISON et REEL

« fait polémique ».

SCIENCE

« C’est là où cesse la curiosité que commence la science réelle. »

SCIENCE

« C’est précisément ce ‘sens du problème’ qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de question, il ne peut y avoir de connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit. »

La formation de l’esprit scientifique.

PERCEPTION

« Percevoir et imaginer sont aussi antithétiques que présence et absence. Imaginer c’est s’absenter ; c’est s’élancer vers une vie nouvelle.. »

L’air et les songes (p. 10).

« On veut toujours que l’imagination soit la faculté de former des images. Or elle est plutôt la faculté de déformer les images fournis par la perception. »

L’air et les songes (p. 6).

Pierre-Augustin CARON de BEAUMARCHAIS

(1732-1799)

DESIR

« Boire sans soif et faire l’amour en tout temps, madame, il n’y a que çà qui nous distingue des autres bêtes. »

Le mariage de Figaro.

Henri BERGSON

(1859-1941)

CONSCIENCE

« La conscience est d’abord mémoire » […]

« Toute conscience est anticipation de l’avenir. » […]

« La conscience est un pont jeté entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre la mémoire

La conscience et la vie.

VIVANT

« la conscience est coextensive à la vie ».

SUJET

[…] notre vie intérieure tout entière est quelque chose comme une phrase unique, entamée dès le premier éveil de la conscience, phrase semée de virgule, mais nulle part coupée par des points.

L’énergie spirituelle (1919).

LANGAGE

« Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons le plus souvent à lire les étiquettes collées sur elles. »

Le rire (1899).

ART

L’artiste est « un homme qui voit mieux que les autres car il regarde la réalité nue et sans voiles. Voir avec des yeux de peintre, c’est voir mieux que le commun des mortels.

  • Lorsque nous regardons un objet, d’habitude, nous ne le voyons pas ; parce que ce que nous voyons, ce sont des conventions interposés entre l’objet et nous ; ce que nous voyons ce sont des signes conventionnels qui nous permettent de reconnaître l’objet et de le distinguer pratiquement d’un autre, pour la commodité de la vie. 
  • Mais celui qui mettra le feu à toutes ces conventions, celui qui méprisera l’usage pratique et les commodités de la vie et s’efforcera de voir directement la réalité même, sans rien interposer entre elle et lui, celui-là sera un artiste. »

« Conférence de Madrid sur l’âme humaine », in Mélanges.

TECHNIQUE

Homo faber : « En définitif, l’intelligence envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils et, d’en varier indéfiniment la fabrication. »

L’évolution créatrice.

TRAVAIL

« Fabriquer consiste à informer la matière, à l'assouplir et à la plier, à la convertir en instrument afin de s'en rendre maître. »

TRAVAIL

« La matière provoque et rend possible l'effort. »

TEMPS

« Si je veux me préparer un verre d'eau sucré, j'ai beau faire, je dois attendre que le sucre fonde. »

L'évolution créatrice, II,

SOCIETE

« L’homme est organisé pour la cité comme la fourmi pour la fourmilière, avec cette différence pourtant que la fourmi possède les moyens tout fait d’atteindre le but, tandis que nous apportons ce qu’il faut pour les réinventer et par conséquent pour en varier la forme. »

LANGAGE

« quelle est la fonction primitive du langage ? C’est d’établir une communication en vue d’une coopération. Le langage transmet des ordres ou des avertissements. Il prescrit ou il décrit. Dans le premier cas, c’est l’appel à l’action immédiate ; dans le second, c’est le signalement de la chose ou de quelqu’une de ses propriétés, en vue de l’action future. Mais, dans un cas comme dans l’autre, la fonction est industrielle, commerciale, militaire, toujours sociale. »

Georges BERKELEY

(1685-1753)

EXISTENCE

Esse est percipi (exister, c’est être perçu)

Des principes de la connaissance humaine, I.

PERCEPTION

Exemple : la cerise.

BERNARD de Chartres

(mort vers 1130) [théologien et philosophe médiéval]

SCIENCE

« Nous sommes comme des nains juchés sur des épaules de géants : nous voyons plus de choses qu’ils n’en ont vu et nous voyons plus loin qu’eux ; non que notre vue soit plus perçante ou notre taille plus élevée, mais parce que nous sommes portés et soulevés par leur stature gigantesque. »

Cf. P. Riché et J. Verger, Des nains sur des épaules de géants. Maîtres et élèves au Moyen Age.

Claude BERNARD

(1813-1878) [médecin français]

THEORIE et EXPERIENCE

Méthode hypothético-déductive : « Le savant complet est celui qui embrasse à la fois la théorie et la pratique expérimentale :

  • 1) il constate un fait ;
  • 2) à propos de ce fait, une idée naît dans son esprit ;
  • 3) en vue de cette idée, il raisonne, institue une expérience, en imagine et en réalise les conditions matérielles ;
  • 4) de cette expérience résultent de nouveaux phénomènes qu’il peut observer, et ainsi de suite.

L’esprit du savant se trouve en quelque sorte toujours placé entre deux observations :

  • l’une qui sert de point de départ au raisonnement
  • et l’autre qui lui sert de conclusion. »

Introduction à l’étude de la médecine expérimentale.

DEMONSTRATION

Exemple : l’expérience du foie lavé.

BIBLE

RAISON et REEL

« Il a tout disposé avec mesure, nombre et poids. »

Bible, Sagesse, 11, 21.

RELIGION

L’athée dit : « Mangeons et buvons car demain nous mourrons »

Bible, Isaïe,

JUSTICE

« La paix est le fruit de la justice. »

Bible, Isaïe.

TRAVAIL

« tu travailleras à la sueur de ton front »

(Remarque : ce n’est pas une sanction ni une punition : Adam travaillait au Paradis avant de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal)

Bible, Genèse.

RELIGION

« Dieu créa l’homme à son image ».

Bible, Genèse, I, 27.

MORALE

« Tu ne haïras point ton frère dans ton cœur. »

Lévitique 19. 17.

 

MORALE

« Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. »

Exode 20. 16.

MORALE

« Tu ne tueras point. »

Exode 20. 13.

Xavier BICHAT 

(1771-1802) [grand médecin]

VIVANT

« La vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort. »

Recherches physiologiques sur la vie et la mort.

saint BONAVENTURE

(1221-1274) [religieux, théologien et philosophe scolastique]]

TECHNIQUE

L’art fait de nouvelles compositions, bien qu’il ne fasse pas des choses nouvelles.

« ars facit novas compositiones, licet non facit res novam ».

III Sent., 37, 1.

« L’imagination est source d’erreur »

phantasia est principium erroris.

Opéra omnia, II, ar. 2.

Jean BODIN

(1530-1596)

SUJET

« Il n’est de richesse que d’hommes ».

Jacques-Bénigne BOSSUET

(1627-1704) [évêque de Meaux]

POUVOIR

« Là où personne ne commande, tous commandent ; là où tous commandent, personne ne commande.

BOECE

(480-525) [homme politique et philosophe]

SUJET

« la personne est une substance individuée de nature rationnelle. »

Personna est natura rationalis individua substantia.

[cf. les analyses de

  • Hobbes, Léviathan, XVI, p. 161.
  • Thomas d’Aquin, Somme de théologie, Ia, q. 29, a. 1 (commente la définition de Boèce) ; I a, q. 30, ad 1 (donne l’origine du mot : le masque de théâtre)]

Liber de personna et duobus naturis, III, PL 64, 1143.

Jean BURIDAN

(1300-1358) [théologien et philosophe scolastique]

LIBERTE

VOLONTE

Exemple : l’âne de Buridan. Lors d’un cours oral, il imagine un âne

  • à égale distance d’un seau d’avoine et d’un seau d’eau ;
  • ayant autant faim que soif.

Ne possédant pas la capacité de choisir sans raison (i.e. le libre arbitre), et n’ayant aucuns motifs lui permettant de choisir l’eau plutôt que l’avoine, cet âne est amené à mourir à la fois de faim et de soif.

Cité par Leibniz.

Albert CAMUS

(1913 1960)

CONSCIENCE

« La conscience vient au jour avec la révolte. »

L’homme révolté, I

CHAMFORT 

(1741-1794)

BONHEUR

« Le plaisir peut s’appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la réalité. »

Maximes et Réflexions.

CICERON

(106-43 av. JC) [homme politique et philosophe stoïcien]

VERITE

« Tout homme est sujet à l’erreur, mais nul s’il n’est fou ne persévère dans l’erreur »

(Cujusvis hominis est errare ; nullius nisi insipientis perseverare in error).

Philippiques, XII, 2, 5.

Cf. formule similaire de St Jérôme : « errare humanum est et confiteri errorem prudentis » (il est humain de se tromper, et sage de se tromper).

Jérôme, Lettre, LVII, 12

SCIENCE

« sed nescio quomodo nihil tam absurde dici potest, quod non dicatur ab aliquo philosophorum ».

De divinatione, II, 58, 119.

Citation reprise par Descartes : « on ne saurait rien imaginer de si étrange et si peu croyable, qu’il n’ait été dit par quelqu’un des philosophes. »

Descartes, Discours de la méthode, 2ème partie.

ETAT

« oderint, dum metuant » (qu’ils me haïssent, dès lors qu’ils me craignent)

[Expression d’Atrée, tyran de Mycènes].

De officiis, I, 28, 97.

CULTURE

« O tempora ! O mores ! » (O temps ! O mœurs !)

Catilinaires, I, 1, 2.

DESIR

« Certains estiment même que, comme un clou chasse l’autre, il y a lieu d’employer un amour nouveau pour chasser un plaisir ancien. »

Tusculanes, IV, 34, 75.

DEVOIR

« Tous dans la vie est soumis à des devoirs : y être fidèle, voilà l’homme ; la négliger, voilà la honte. »

DROIT

« Summum jus, summa injuria »

[comble du droit, comble de l’injustice.]

Jean COCTEAU

(1889-1963)

ART

A propos des œuvres d’art : « Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité ».

Auguste COMTE

(1798-1857)

INCONSCIENT

« les vivants sont toujours, et de plus en plus, dominés par les morts. »

Système de politique positive, II.

HISTOIRE

RELIGION

METAPHYSIQUE

SCIENCE

Les connaissances de l’humanité sont passées par trois états :

  • « l’état théologique, ou fictif » :

« se représente les phénomènes comme produits par l’action directe et continue d’agents surnaturels plus ou moins nombreux, dont l’intervention arbitraire explique toutes les anomalies de l’univers ».

  • « l’état métaphysique, ou abstrait »

« les agents surnaturels sont remplacés par des forces abstraites, véritables entités (abstractions personnifiée inhérentes aux divers êtres du monde, et conçu comme capables d’engendrer par elles-mêmes tous les phénomènes observés ».

  • « l’état scientifique ou positif » :

« l’explication des faits, réduite alors à des termes réels, n’est plus désormais que la liaison établie entre les divers phénomènes particuliers et quelques faits généraux, dont les progrès de la science tendent de plus en plus à diminuer le nombre. »

Cours de philosophie positive, I leçon.

SCIENCE

« c’est dans les lois des phénomènes que consiste réellement la science, à laquelle les faits proprement dits, quelque exacts et nombreux qu’ils puissent être, ne fournissent jamais que l’indispensables matériaux. »

SCIENCE

« Toute science a pour but la prévoyance. Car l’usage des lois établis d’après l’observation des phénomènes est de prévoir leur succession. »

Exemple : prévoir les effets de la gravitation : le lever du soleil comme le mouvement des astres dans le ciel.

VIVANT

« Au fond, une expérience proprement dite sur un corps vivant est-elle réellement autre chose qu’une maladie plus ou moins violente, brusquement produite par une intervention artificielle ? »

SCIENCE

TECHNIQUE

« En résumé, science, d’où prévoyance ; prévoyance, d’où action ; telle est la formule très simple qui exprime d’une manière exacte la relation générale de la science et de l’art. »

Cours de philosophie positive, lec. II.

CONFUCIUS

(551 – 479 av. J.-C.)

MORALE

« Ce que l’on ne désire pas qui nous soit fait, il ne faut pas le faire aux autres. »

Entretiens, XV, 23 ; cf. XII, 2.

MORALE

« Celui dont le cœur tend vers le bien, même au degré le plus infime, ne peut commettre d’actions vicieuses. »

Entretiens, IV, 4.

Pierre CORNEILLE

(1606-1684)

MORALE

« A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. »

Le Cid, II, 2.

DEVOIR

« Faites votre devoir, et laissez faire aux dieux ».

Horace,

Augustin COURNOT

(1801-1877)

SCIENCE

« La science est la connaissance logiquement organisée. Or l’organisation ou la systématisation se résume sous deux chefs principaux :

  • 1) la division des matières et la classification des objets quelconques sur lesquels porte la connaissance scientifique ;
  • 2) l’enchaînement logique des propositions, qui fait que le nombre des axiomes, des hypothèses fondamentales ou des données de l’expérience se trouve réduit autant que possible, et que l’on en tire tout ce qui peut en être tiré par le raisonnement, sauf à contrôler le raisonnement par des expériences confirmatives. »

« L’observateur écoute la Nature, l’expérimentateur la soumet à un interrogatoire et la force à se dévoile. »

Cité par P. Hadot, Le voile d’Isis, p. 133.

Olivier CROMWELL

(1599 - 1658) [homme politique anglais]

RELIGION

Avant une bataille : « Mettez votre confiance en Dieu, mes gars et conservez votre poudre bien sèche ».

René DESCARTES

(1596-1650)

MATIERE et ESPRIT

A propos de l’« âme raisonnable » de l’homme :

  • « elle ne peut aucunement être tirée de la puissance de la matière, ainsi que les autres choses dont j’avais parlé, mais qu’elle doit expressément être crée »
  • « il ne suffit pas qu’elle soit logée dans le corps humain, ainsi qu’un pilote en son navire, sinon peut-être pour mouvoir ses membres, mais qu’il est besoin qu’elle soit jointe et unie plus étroitement avec lui pour avoir, outre cela, des sentiments et des appétits semblables aux nôtres, et ainsi composer un vrai homme. »

Discours de la méthode, 5ème partie.

Exemple : la cause du rhume de la princesse Élisabeth n’est pas tant causé par un microbe, que par les soucis de la princesse.

Lettre à la princesse Élisabeth,

SUJET

l'homme est une "res cogitans" (= "une chose qui pense") :

Méditations métaphysiques, II.

« Je suis donc, précisément parlant, qu’une chose qui pense (res cogitans), c’est-à-dire un esprit (mens), [sive animus], un entendement (intellectus), ou une raison (ratio). »

CORPS et ESPRIT

« j’ai un corps auquel je suis très étroitement conjoint [conjunctur] ; néanmoins […] il est certain que ce moi [me] est entièrement et véritablement distincte de mon corps, et qu’elle peut exister sans lui. »

Méditations métaphysiques, VI (GF p. 185)

RAISON

La raison « est la seule chose qui nous rend hommes et nous distingue des bêtes ».

Discours de la méthode, 1ère partie.

RAISON

« Le plus grand de tous les préjugés que nous avons retenu de notre enfance, est de croire que les bêtes pensent. »

Lettre à Morus du 3 février 1646.

SUJET

« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. »

  • car la raison « est tout entière en un chacun » ;
  • car la raison « est naturellement égale en tous les hommes ».

Discours de la méthode, 1ère part.

METHODE

« ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est de l’appliquer bien »

Discours de la méthode, 1ère part.

[Commentaire :

  • Mot : raison » = « bon sens »
  • Définition : la raison est la faculté de l’esprit permettant de « bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux ».

SUJET

  • Propriété : la raison distingue l’homme de l’animal (cf. Aristote : l’homme est un animal raisonnable)

  • Conséquences :
  • Pas de différence de nature entre les hommes : tous les hommes ont la même raison, si non ils ne sont pas des hommes, mais des bêtes.
  • La différence entre les hommes provient de l’usage qu’ils font de leur raison : « nous conduisons nos pensées par diverses voies ».

CULTURE

  • Corollaire : une bonne méthode devrait permettre à tout homme d’user correctement de sa raison, et de permettre ainsi d’éviter une diversité des opinions. ]

VERITE

« Il vaut mieux ne jamais songer à chercher la vérité sur quelque objet que ce soit que de la faire sans méthode. »

Règles, IV.

DEMONSTRATION

Préceptes de la méthode cartésienne :

Discours de la méthode, 2ème part.

VERITE

Règle de l’évidence

  • « Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vrai que je ne la connusse évidemment être telle ; c’est-à-dire, d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute. »

Règle de l’analyse :

  • « Le second était de diviser chacune des difficultés que j’examinerais, en autant de parcelles qu’il se pourrait, et qu’il serait requis pour les mieux résoudre ; »

Règle de la synthèse :

  • « Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la connaissance des plus composés, et supposant même de l’ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres. »

Exemple : « longues chaînes de raisons » des démonstrations en mathématique.

Règle du dénombrement :

  • « Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre. »

SCIENCE

La philosophie est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc la physique, et les branches, les principaux arts.

[Commentaire :

  • la métaphysique est la connaissance des premiers principes. Descartes en présente plusieurs :
  • « je suis » : le premier principe des premiers principes ;
  • « Dieu est » : preuve cartésienne de l’existence de dieu (cf. « preuve ontologique ») ;
  • « la vérité existe »
  • « le monde existe ».

  • la physique :
  • les principaux arts : Descartes en présente particulièrement trois :
  • la médecine
  • la mécanique
  • la morale

SUJET

Cogito ergo sum.

Je suis, j’existe.

« Ego sum, ego existo »

Méditations métaphysiques, II

Je suis, puisque je me trompe.

« ego etiam sum si me fallit »

[Commentaire : même expression chez Augustin ; mais, selon Descartes, cela ne signifie pas la même chose.]

Méditations métaphysique, II

LANGAGE

« la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés, qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée en laquelle ils nous découvrent que les meilleurs de leur pensées ».

Discours de la méthode, 1ère partie.

RAISON et REEL

« nous avons tous été enfant avant que d’être hommes, et qu’il nous a fallu longtemps être gouvernés par nos appétits et nos précepteurs, qui étaient souvent contraire les uns les autres, et qui, ni les uns ni les autres, ne nous conseillaient pas toujours le meilleurs, il est presque impossible que nos jugements soient si purs, ni si solides qu’ils auraient été, si nous avions eu l’usage entier de notre raison dès le point de notre naissance, et que nous n’eussions jamais été conduits que par elle. »

Discours de la méthode, 2ème partie.

SCIENCE

« Toutes science est une connaissance certaine et évidente. »

Règles pour la direction de l'esprit, II

RAISON et REEL

« me résolvant de ne chercher plus d’autre science que celle qui se pourrait trouver en moi-même, ou bien dans le grand livre du monde ».

Discours de la méthode, 1ère partie, en fin.

MORALE

Maximes de « morale par provision » :

Discours de la méthode, 3ème part.

Mœurs

Et

RELIGION

  • « la première était d’obéir aux lois et aux coutumes de mon pays, retenant constamment la religion en laquelle Dieu m’a fait la grâce d’être instruit dès mon enfance, et me gouvernant en toute autre chose suivant les opinions les plus modérées et les plus éloignées de l’excès qui fussent communément reçues en pratique par les mieux sensés de ceux avec lesquels j’aurais à vivre. »

  • « ma seconde maxime était d’être le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais, et de ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses lorsque je m’y serai une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées »

LIBERTE

Exemple : le cavalier perdu dans la forêt.

DESIR

  • « Ma troisième maxime était de tâcher plutôt à me vaincre que la fortune ; et à changer mes désirs que l’ordre du monde, et généralement de m’accoutumer à croire qu’il n’y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées, en sorte qu’après que nous avons fait notre mieux touchant les choses qui nous sont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est au regard de nous absolument impossible. ».

LIBERTE

La liberté d’indifférence est le plus bas degré de la liberté, et fait plutôt paraître un défaut dans la connaissance, qu’une perfection dans la volonté. ».

Méditations métaphysiques, IV.

TECHNIQUE

La technique permet à l’homme de devenir « comme maîtres et possesseurs de la nature ».

Discours de la méthode, 6ème part.

TECHNIQUE

« … toutes les choses artificielles sont avec cela naturelles. Car, par exemple, lorsqu’une montre marque les heures par le moyen des roues dont elle est faite, cela ne lui est pas moins naturel qu’il est à un arbre de produire ses fruits. »

Principes de la philosophie, IV, art. 203.

LANGAGE

le langage est la seule chose qui distingue l'homme de l'animal, à condition de définir le langage comme

  • un ensemble de signe
  • fait à propos des choses qui se présentent
  • et qui ne se rapporte pas aux passions.

Lettre au marquis de Newcastle.

PERCEPTION

Exemple :

  • morceau de cire.

cf. Méditations métaphysiques, II

INCONSCIENT

  • L’amour pour la jeune fille louche.

cf. Lettre à Chanut du 6 juin 1647.

PERCEPTION

  • Le chiligone [= une figure géométrique à mille côtés] peut être connu par l’intelligence [intellectionem], et non par la sensation, ni par l’imagination.

Méditations métaphysiques, VI (GF p. 173 ss)

LIBERTE

  • Cavalier perdu dans la forêt.

Cf. Discours de la méthode, 3ème part, 2ème maxime.

Denis DIDEROT

(1713-1784)

Le cardinal de Polignac (1661-1741) aurait dit à un orang outan au Jardin des plantes : « parle et je te baptise ».

cf. Diderot, Suite de l’entretien avec d’Alembert

DIOGENE le Cynique

(413-327) [Fondateur de l’école cynique.]

SUJET

« Je cherche un homme ».

Diogène Laërce, Vie (GF p. 21)

Dialogue entre Alexandre et Diogène :

« — Demande-moi ce que tu veux, je te le donnerai.

— Ôte-toi de mon Soleil.

(« Μικρὸν ἀπὸ τοῦ ἡλίου μετάστηθι. » –

« Mikròn apò toû hêliou metástêthi. » – littéralement : « Tiens-toi un peu à l'écart de mon Soleil. »)

— N'as-tu pas peur de moi ?

— Qu'es-tu donc ? Un bien ou un mal ?

— Un bien.

— Qui donc pourrait craindre le bien ? »

Plutarque, Vie d’Alexandre, XVIII ;

Cicéron, Tusculanes, 5, XXXII ;

Diogène Laërce, Vie des philosophes, et VI.

Emile DURKHEIM

(1858-1917)

SCIENCE humaine

« La première règle et la plus fondamentale est de considérer les faits sociaux comme des choses ».

Les règles de la méthode sociologique.

Albert EINSTEIN

(1879-1955)

THEORIE

« Les concepts physiques sont des créations libres de l’esprit humain ».

Einstein et Infield, L’évolution des idées en physique.

Exemple :

  • De même un horloger qui ne peut ouvrir le boîtier d’une montre, peut cependant se faire une image précise de son fonctionnement ;
  • De même, le scientifique qui ne peut pas connaître la nature, peut se représenter les mécanismes à l’origine des effets qu’il observe.

EPICTETE

(50-130)

LIBERTE

« De toutes les choses du monde, les unes dépendent de nous, les autres n’en dépendent pas.

  • Celles qui en dépendent sont nos opinions, nos mouvements, nos désirs, nos inclinations, nos aversions : en un mot, toutes nos actions.
  • Celles qui ne dépendent point de nous sont le corps, les biens, la réputation, les dignités : en un mot, toutes les choses qui ne sont pas du nombre de nos actions.

Les choses qui dépendent de nous sont libres par leur nature, rien ne peut ni les arrêter, ni leur faire obstacle ; celles qui n’en dépendent pas sont faibles, esclaves, dépendantes, sujettes à mille obstacle et à mille inconvénients, et entièrement étrangère. »

Manuel, I, 1.

MORALE

« Rien n’est plus facile à conduire qu’une âme humaine. Il faut vouloir, et c’est fait. »

Entretiens, IV, 9, 13.

LIBERTE

« Souviens-toi que tu es acteur dans une pièce, longue ou courte, où l’auteur a voulu te faire entrer. S’il veut que tu joues le rôle d’un mendiant, il faut que tu le joues le mieux qu’il te sera possible. De même s’il veut que tu joues celui d’un boiteux, celui d’un prince, celui d’un plébéien. Car c’est à toi de bien jouer le personnage qui t’a été donné ; mais c’est à un autre de te le choisir. »

Manuel, 17.

EPICURE

(341-270 av. JC)

BONHEUR

Quadruple remède (« tetra pharmakon ») permettant d’atteindre l’« ataraxie) :

  • Les dieux ne sont pas à craindre :
  • La mort n’est pas à craindre :
  • La douleur n’est pas à craindre :
  • Le bonheur est possible :

Lettre à Ménécée.

BONHEUR

« Médite donc tous ces enseignements et tous ceux qui s’y rattachent, médite-les jour et nuit, à part toi et aussi en commun avec ton semblable. Si tu le fais, jamais tu n’éprouveras le moindre trouble en songe ou éveillé, et tu vivras comme un dieu parmi les hommes. »

Lettre à Ménécée.

BONHEUR

« La philosophie est une activité qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse. »

Cité par Sextus Empiricus, Adversus mathematicas, XI, 169.

RELIGION

« les dieux sont des vivants immortels et bienheureux »

Lettre à Ménécée.

TEMPS et EXISTENCE

« la mort n’est rien pour nous »

Lettre à Ménécée.

DESIR

« Parmi les désirs, il y en a qui sont naturels et nécessaires, d'autres qui sont naturels mais non nécessaires, d'autres enfin qui ne sont ni naturels ni nécessaires mais des produits de la vaine opinion. »

Maxime fondamentale, XXIX.

Désirs vains et richesse :

  • « Les désirs naturels sont bornés ; ceux qui naissent d’une opinion fausse sont sans fin » (Sénèque, Lettre à Lucilius, 16, 9).
  • « Le désir s’étend sans mesure quand il franchit les limites de la nature. Car celle-ci a sa fin, les vains élans de la concupiscence sont sans bornes. Les choses nécessaires se mesurent à leur utilité ; comment réduire le superflu ? » (Sénèque, Lettre à Lucilius, 39, 5-6).
  • « Si tu vis selon la nature, tu ne seras jamais pauvre, selon l’opinion, jamais riche » (Sénèque, Lettre à Lucilius, 16, 9).
  • « La richesse selon la nature a des limites, et s’obtient aisément ; mais selon les vaines opinions, elle s’éloigne à l’infini » (Épicure, Maxime, 15).
  • « Pour beaucoup, acquérir des richesses ne met pas un terme à la misère : c’est seulement changer de misère » (Sénèque, Lettre à Lucilius, 17, 11).
  • « Celui que nous voyons enflammé et affolé par les désirs, qui se précipite sur toutes choses avec rage, en une insatiable cupidité, et sous l’influence croissante des plaisirs qu’il puise de toutes parts, éprouve une soif d’autant plus malsaine et ardente, n’est-ce pas à juste titre que nous le dirons au comble de la misère ? » (Cicéron, Tusculanes, V, 6, 16).

Exemples :

  • Plutarque, Vie des hommes illustres, « Pyrrhus », 14 : Pyrrhus prévoit de conquérir l’Italie, le Sicile, Carthage et enfin la Macédoine. Et alors, « nous auront beaucoup de loisirs et, coupe en main, nous coulerons d’heureux jours en d’amicales conversations, et nous nous réjouirons ». Un disciple d’Épicure, Cinéas, lui demande alors « pourquoi ne pas commencer dès maintenant ? ».
  • Don Juan : « mille et une femme ».

DESIR

« l’acte sexuel n’a jamais fait de bien à personne : encore est-on heureux s’il ne fait pas de mal ».

  • Métrodore, disciple d’Epicure, conseil à Pythoclès, adolescent travaillé de violents désirs charnels : « Tu me dis que l’aiguillon de la chair te porte à abuser des plaisirs de l’amour. Si tu n’enfreins pas les lois et ne troubles d’une façon les bonnes mœurs établies, si tu ne gènes aucun de tes voisins, si tu n’épuises pas tes forces et ne prodigues pas ta fortune, livre-toi sans scrupule à ton inclination. Cependant, il est impossible de ne pas être arrêté par l’une au moins de ses barrières : les plaisirs de l’amour n’ont jamais profité à personne, c’est beaucoup quand ils ne nuisent pas. » (Papp. Herc., 16369).
  • Epicure ne conçoit pas la vie sans plaisir sexuel (Diogène Laërce, X, 6).

Diogène Laërce, Vie et doctrine des philosophes antiques, X, 118

SOCIETE

Epicure distingue deux types de vie en groupe :

  • la société : « Épicure pense aussi que par nature nous sommes des êtres sociaux (« koinonikoi ») » (cf. Épictète, Entretiens, I, 23, 1).
  • la cité : pour Epicure « Il n’y a pas de communauté naturelle pour les être raisonnables (« logikoi »), les uns à l’égard des autres. » (cf. Épictète, Entretiens, II, 20, 6-7).

Commentaire :

La cité (« polis ») ou communauté politique entre les hommes est produite par une habitude. Elle n’est pas un fait naturel. Lucrèce présente la naissance de la cité dans le Livre V de De rerum natura. Les hommes passent d’une vie en troupeau à une vie en société par le moyen des enfants :

  • les humains errant par troupeaux, s’isolaient pour s’accoupler à l’aventure (cf. Livre V, v. 962-965).
  • Dès qu’ils disposent d’un abri ou d’un foyer, les couples se stabilisèrent : « Voyant croître la descendance engendrée, alors le genre humain commença à s’attendrir […]. Les enfants par leur caresse fléchirent aisément le naturel farouche de leurs parents. (cf. Livre V, v. 1011-1018).
  • « Alors aussi les voisins amorcèrent une amitié, désirant ne pas se léser entre eux, ni se faire violence ; ils se confièrent les enfants, et la jeunesse des femmes, signifiant en balbutiant, par leurs voix et par le geste, qu’ils était juste que tous eussent pitié des plus faibles. » (cf. Livre V, v. 1019-1023).
  • Les hommes passent ensuite une sorte de pacte social permettant la survie des hommes (cf. Livre V, v. 1024-1027).

VERITE

« Une sensation semblable en effet, ne peut servir à réfuter une autre sensation, parce qu’elles ont toutes deux la même force ; et une autre sensation ne peut être réfutée par une autre dissemblable à elle, parce que leur objet est différent. L’une ne peut nier l’autre, car elles s’imposent toute également. »

Diogène Laërce, Vie et doctrine des philosophes antiques, 32.

VERITE

« Les épicuriens ont compté deux parties de la philosophie, la physique et la morale ; ils ont écarté la logique. Puis comme ils ont été contraints par les choses mêmes à dissiper les ambiguïtés, à démasquer le faux caché sous l’apparence du vrai, ils ont introduit la logique sous un autre nom, ce qu’ils appellent du critère ou du canon. Mais ils considèrent cette addition comme une partie de la physique. »

Commentaire :

  • « regula » dans Lucrèce traduit en latin l’expression grecque « kanon ». Cette règle symbolise la « canonique » d’Epicure, c’est-à-dire sa théorie des critères de la connaissance vraie. (Cf. Diogène Laërce, X, 31 ; Cicéron, Acad., II, 142.)
  • Différents critères :

Sénèque, Lettre à Lucilius, 89, 11 :

VERITE

« le faux et l’erreur résident toujours dans ce qui est ajouté par l’opinion. »

(Cicéron, Acad., II, 25, 80 : l’épicurien Timagoras affirme que « le mensonge est dans l’opinion, mais non dans les yeux ».)

Lettre à Hérodote, 51.

ESCHYLE

(526-456 av. JC)

POLITIQUE

« La prudence est le plus grand don du ciel ».

Agamemnon, 927.

ESOPE

(VIe s av. JC)

POLITIQUE

« Autant l’union fait la force, autant la discorde expose à une prompte défaite ».

EUCLIDE

(4ème s.av. JC) [mathématicien grec]

SCIENCE

Postulat du livre I des Eléments, dit « postulat des parallèle », exprimé de nos jours sous la forme : « par un point pris hors d'une droite il passe une et une seule parallèle à cette droite ».

Commentaire :

La tentative de démonstration par l’absurde de ce postulat a conduit au xixe siècle au développement de géométries non euclidiennes :

  • géométries à courbure négative, comme celle de Lobatchevski (1829) et Bolyai (1832) : nombre infini de parallèles possibles à une droite par un point (par exemple la géométrie hyperbolique),
  • géométries à courbure positive comme celle de Riemann (1867) : parallèles se rejoignant aux pôles (par exemple la géométrie elliptique).

Eléments de mathématique, I, postulat.

EURIPIDE

(480 – 406 av. JC)

CONSCIENCE morale

« Quel est le mal qui te dévore ?

Ma conscience. Je sens l’horreur de mon forfait. »

Oreste, v. 395-396.

François de Salignac de la Mothe-Fénelon, dit FENELON

(1651 - 1715) [évêque de Cambrais]

GUERRE

« Il faut toujours être prêt à faire la guerre, pour n’être jamais réduit au malheur de la faire ».

Les aventures de Télémaque.

HISTOIRE

« le bon historien n’est d’aucun temps ni d’aucun pays. »

Lettre à M. Dacier, VIII.

Sigmund FREUD

(1856-1939)

RELIGION

« Nous appelons illusion une croyance quand, dans la motivation de celle-ci, la réalisation d’un désir est prévalente. »

L’avenir d’une illusion.

RELIGION

Freud constate que la religion a trois fonctions :

  • « elle satisfait la curiosité humaine » :

ex. : « elle les éclaire sur l’origine et la formation de l’univers ».

  • « apaiser la crainte de l’homme devant les dangers et les hasards de la vie ou de lui apporter quelques consolations dans les épreuves ».

ex. : elle « assure, au milieu des vicissitudes de l’existence, la protection divine et la béatitude finale ».

  • une fonction sociale :

ex. : « elle règle leurs opinions et leurs actes en appuyant ses prescriptions de toute son autorité ».

Nouvelles conférences sur la psychanalyse.

RELIGION

Pour Freud, la religion est un état infantile de l’humanité ».

Les trois vexations que connu l’humanité :

  • Vexation cosmologique : Copernic ;
  • Vexation biologique : Darwin
  • Vexation psychologique : Freud

INCONSCIENCE

« Le moi n’est pas maître dans sa propre maison. »

Introduction à la psychanalyse.

Le rêve est un rébus, nos prédécesseurs ont commis la faute de vouloir l’interpréter en tant que dessin. C’est pourquoi il leur a paru absurde et sans valeur.

L’interprétation des rêves (1900).

Galileo GALILEE 

(1564-1642)

L’univers est écrit en langage mathématique.

L’Essayeur (1623).

GREGOIRE le grand

(540 – 604) [élu pape en 590]

LANGAGE

ART

« ce que l’écrit procure aux gens qui lisent, la peinture le fournit aux analphabètes qui la regardent, puisque ces ignorants y voient ce qu’ils doivent imiter ; les peintures sont la lecture de ceux qui ne savent pas leur lettres, de sorte qu’elles tiennent le rôle d’une lecture, surtout chez les païens. »

Grégoire I, Lettre à l’évêque Serenus (v. 600).

GUIGUES Ier

(1083-1136) [moine ; prieur de la grande chartreuse]

SUJET

PROPRIETE

« Pourquoi réclames-tu la propriété de toi-même plutôt que celle de n’importe lequel d’entre les hommes ou d’entre les champs ? […] Tu ne les as pas créés, de même que tu ne t’es pas créé ».

Guillaume d’ORANGE

(1533-1584)

DESIR

« Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ».

Devise du futur roi d’Angleterre.

G. W. F. HEGEL 

(1770 - 1831)

DESIR

« Rien de grand dans le monde ne s’est accompli sans passion. »

La raison dans l’histoire.

LANGAGE

« c’est dans les mots que nous pensons. […]

  • On croit ordinairement, il est vrai, que ce qu’il y a de plus haut, c’est l’ineffable.
  • Mais c’est là une opinion superficielle et sans fondement ; car en réalité, l’ineffable, c’est la pensée obscure, la pensée à l’état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu’elle trouve e mot.

Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie. »

Philosophie de l’Esprit.

ART

« L’œuvre d’art vient de l’esprit et existe pour l’esprit, et sa supériorité consiste en ce que si le produit naturel est un produit doué de vie, il est périssable, tandis qu’une œuvre d’art est une œuvre qui dure. »

ART

Référence : Définition du SYMBOLE :

  • Hegel, Esthétique.
  • [voir aussi JAMBLIQUE, Vie de Pythagore, ch. 23.]

TECHNIQUE

« L’outil est la ruse de la raison par laquelle la nature est tournée contre la nature. »

Leçons sur la philosophie de l’histoire.

Martin HEIDEGGER

(1889 - 1976)

RELIGION

« Dès qu'un homme est né, il est assez vieux pour mourir. »

SCIENCE

« la science ne pense pas. »

LANGAGE

« L’homme est homme en tant qu’il est celui qui parle. »

Acheminement vers la parole (p. 13)

HERACLITE

(576 - 480 av. JC)

TEMPS et EXISTENCE

« Un jour est égal à tous les jours. »

Cité et commenté par Sénèque, Lettre à Lucilius, 12, 7.

RELIGION

« Le temps est un enfant qui joue au trictrac : royauté d'un enfant ! »

Fragment n°130.

CULTURE

Tout change, rien ne demeure.

[« panta rei »]

Fragment.

Cf. Platon, Cratyle, 402 a.

CULTURE

On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.

Fragment n° 105.

Cf. Platon, Cratyle, 402 a.

RAISON et REEL

« La nature aime à se cacher. »

[« phusis kruptesthai philei »]

Aphorisme, n°123.

Cf. Hérodote, Histoires, II, 27.

JUSTICE

« S’il n’y avait pas d’injustice, on ignorerait jusqu’au nom de la justice. »

HESIODE

(VIIIe s. av. JC)

TRAVAIL

« Les dieux ont caché ce qui fait vivre les hommes ; sinon, sans effort, il te suffirait de travailler un jour pour récolter de quoi vivre toute une année sans rien faire. »

Les travaux et les jours, v. 42.

[Commentaire : le travail est présenté comme une guerre entre l’homme et la nature : l’homme cherche à contraindre la nature à donner ce qui est nécessaire à la satisfaction de ses besoins.]

Zeus « leur cacha le feu. Mais ce fut encore le brave fils de Japet [= Prométhée] qui alors, pour les hommes, le vola au sage Zeus, dans le creux d’une férule, et trompa l’œil du dieu qui lance la foudre. »

Les travaux et les jours, v. 42.

Thomas HOBBES

(1588-1678)

SUJET

« Homo homini lupus » (l’homme est un loup pour l’homme).

[Commentaire : Expression reprise à PLAUTE (Asinaria, II, 4, 88), et qui sera reprise par Spinoza et par Freud.

  • Paraphrase : l’homme est violent par nature. La violence entre les hommes est un fait naturel, et ne provient pas des conditions sociales, ou de l’éducation.
  • Argument : les hommes sont naturellement égaux. Ils désirent à peu près la même chose, et ils ont un peu près les mêmes capacités d’obtenir l’objet de leurs désirs. Ils sont donc rivaux par nature. Or, la rivalité pousse les hommes à la violence ; car la violence consiste à contraindre l’autre à faire ce qu’il n’a pas envie de faire.
  • Exemple : sans la société, l’homme retrouve sa véritable nature. Sans État, les hommes sont dans un état de guerre civil. Cf. l’Angleterre au 17ème siècle.]

Le citoyen (1642).

DESIR

« nous pouvons trouver dans la nature humaine trois causes principales de querelles : premièrement, la rivalité ; deuxièmement, la méfiance ; troisièmement la fierté. La première de ces choses fait prendre l’offensive aux hommes en vue de leur profit. La seconde, en vue de leur sécurité. La troisième en vue de leur réputation.

  • Dans le premier cas, ils usent de violence pour se rendre maître de la personne d’autres hommes, de leurs femmes, de leurs enfants, de leurs biens.
  • Dans le second cas, pour défendre ces choses.
  • Dans le troisième cas, pour des bagatelles, par exemple pour un mot, un sourire, une opinion qui diffère de la leur, ou quelque autre signe de mésestime, que celle-ci porte directement sur eux-mêmes, ou qu’elles rejaillisse sur eux, étant adressée à leur parenté, à leur amis, à leur nation, à leur profession, à leur nom. »

Le leviathan, ch. 13.

ETAT

« Il apparaît clairement par-là, qu’aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tiennent en respect, ils sont dans cette condition que l’on nomme guerre, et que cette guerre est guerre de chacun contre chacun. »

Le leviathan, ch. 13.

POUVOIR

“Le pouvoir d’un homme consiste dans ses moyens présents d’obtenir quelque bien apparent futur.”

Le leviathan, ch. 10.

DROIT

“C’est l’autorité, non la vérité, qui fait la loi

auctoritas, non veritas, facit legem.

[Commentaire: pour Hobbes, la loi se fonde sur la coutume. Cela s’oppose à la position classique d’Aristote et de Thomas d’Aquin sur les “lois non écrites”.

Cf. NICEPHORE, Contre les iconoclastes (p. 193): “Qu’est-ce qu’une loi, sinon une habitude consignée dans l’écrit ? Inversement, l’habitude est une loi non écrite.”

cf. Comte-Sponvile, Valeur et vérité (p. 75-77).]

Léviathan, XXVI (p. 295)

VERITE

« Le vrai et le faux sont des attributs du langage, non des choses. Et là où il n’y a pas de langage, il n’y a pas de vérité ni de fausseté. »

Léviathan.

HORACE

(65 – 8 av. J.C.) [poète latin]

MORALE

« Carpe diem » (= profite du jour)

Odes, I, XI, 8.

HUGHES de Saint-Victor

(1096 – 1141) [moine bénédictin ; théologien médiéval]

PERCEPTION

« L’imagination est la mémoire des sens à partir des vestiges corporels attachés à l’esprit, principe de connaissance n’ayant en lui rien de certains. »

Didascalion, II, 5 (Cerf, p. 99).

David HUME

(1711 - 1776)

ART

« Quand un objet a tendance à causer du plaisir à son possesseur, on le regarde toujours comme beau. »

Traité de la nature humaine, II (p. 702)

DESIR

Pour l’animal : « ses avantages sont proportionnés à ses besoins ».

MEMOIRE

« Le rôle principal de la mémoire est de conserver non simplement les idées, mais leur ordre et leur position. »

Traité de la nature humaine.

DESIR

Références : analyse du combat entre la passion et la raison.

Traité de la nature humaine, II, 3e part., sec III

Edmund HUSSERL

(1859-1938)

SCIENCE

En décidant de faire de la philosophie « j'ai donc par là même fait vœu de pauvreté en matière de connaissance. »

Méditations cartésiennes, p 5

CONSCIENCE

« Toute conscience est conscience de quelque chose ».

Méditations cartésiennes, II.

JUSTINIEN

(484 – 565) [empereur romain de 527 à 555]

« La majesté impériale doit s'appuyer sur les armes et sur les lois, pour que l'État soit également bien gouverné pendant la guerre et pendant la paix ; pour que le prince, repoussant dans les combats les agressions des ennemis, devant la justice les attaques des hommes iniques, puisse se montrer aussi religieux dans l'observation du droit que grand dans les triomphes. »

« Imperatoriam maiestatem non solum armis decoratam, sed etiam legibus oportet esse armatam, ut utrumque tempus et bellorum et pacis recte possit gubernari et princeps Romanus victor existat non solum in hostilibus proeliis, sed etiam per legitimos tramites calumniantium iniquitates expellens, et fiat tam iuris religiosissimus quam victis hostibus triumphator. »

Justinien, Instituts, Préambule.

La justice est la ferme volonté de donner toujours à chacun ce qui lui est dû.

Iustitia est constans et perpetua voluntas ius suum cuique tribuens.

Justinien, Instituts, I, 1.

La jurisprudence est la connaissance des choses divines et humaines, avec la science du juste et de l'injuste. 

Iurisprudentia est divinarum atque humanarum rerum notitia, iusti atque iniusti scientia.

Justinien, Instituts, I, 1.

Emmanuel KANT

(1724-1804)

SCIENCE

« sapere aude » (ose chercher à savoir).

Qu'est-ce que les Lumières?

[Formule reprise à HORACE, Épîtres, I, 2, 40.]

EXPERIENCE

Si toute notre connaissance débute avec l’expérience, cela ne prouve pas qu’elle dérive toute de l’expérience.

Critique de la raison pure.

ART

Est beau ce qui plaît universellement sans concept.

Critique de la faculté de juger.

ART

« la beauté n’a de valeur que pour les hommes ».

Critique de la faculté de juger, § V.

ART

On « ne doit pas appeler beau ce qui ne plait qu’à  soi »

Exemple : différence entre « jolie » ou « agréable » et le « beau ». Kant fait remarquer que l’on dit :

  • Le « vin des Canaries » : il « m’est agréable » ; il n’est agréable qu’à la personne qui affirme ce jugement.
  • Le poème est « beau » : « quand il dit d’une chose qu’elle est belle, il attribue aux autres la même satisfaction ; il ne juge pas seulement pour lui, mais au nom de tous, et parle alors de la beauté comme d’une propriété des objets. »

Critique du jugement, § 7.

ART

« En droit on ne devrait appeler art que la production par liberté, c’est-à-dire par un libre-arbitre qui met la raison au fondement de son action. »

Critique de la faculté de juger, § 43.

ART

« le génie d’un homme est ‘l’originalité exemplaire de son talent’. »

Explication : l’œuvre géniale se caractérise par trois aspects :

  • Production d’une œuvre originale : l’œuvre n’est pas le fuit d’une imitation, mais d’une invention ou découverte.
  • Non explicable : l’œuvre n’est pas le produit de loi rationnelle et prévisible, mais d’une intuition (et puisque cela a été fait sans règle rationnelle, on ne pas la reproduire) : l’œuvre se donne à voir au fur et à mesure qu’elle est réalisée, et ainsi son essence ne précède pas son existence.
  • Reconnaissance par ses paires : l’œuvre sert de modèle à d’autres artistes.

 Kant.

RAISON et REEL

« Est illusion le leurre qui subsiste, même quand on sait que l’objet supposé n’existe pas. »

Exemple :

  • L’illusion d’être un « je ».

Anthropologie du point de vue pragmatique, 1er partie.

CONSCIENCE MORALE

« Tout homme a une conscience et se trouve observé, menacé, de manière générale tenu en respect (respect lié à la crainte) par un juge intérieur et cette puissance qui veille en lui sur les lois n’est pas quelque chose de forgé (arbitrairement) par lui-même, mais elle est inhérente à son être. Elle le suit comme son ombre quand il pense lui échapper. »

Exemple : « l’œil était dans la tombe et regardait Caïn ».

Cf. Victor HUGO, « La conscience », dans La Légende de siècles.

DEVOIR

« Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. »

Fondements de la métaphysique des mœurs (1785).

CONSCIENCE MORALE

Deux choses remplissent le cœur d’une admiration et d’une vénération toujours croissante, à mesure que la réflexion s’y attache et s’y applique : Le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi.

Critique de la raison pratique (1788).

TRAVAIL

« L'homme est le seul animal qui soit voué au travail. »

Réflexion sur l'éducation, p110.

CULTURE

« L’homme ne peut devenir homme que par l’éducation. Il n’est que ce qu’elle le fait. »

Traité de pédagogie, § 443.

DROIT

« L'homme est un animal qui (...) a besoin d'un maître »

Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique, prop VI.

SUJET

« Le respect s’applique toujours uniquement aux personnes, jamais aux choses. »

DESIR

« La passion est une maladie ».

Anthropologie du point vue pragmatique.

SCIENCE

« Il n’y a de science à proprement parler que dans l’exacte mesure où il peut s’y trouver de la mathématique. »

Premiers principes métaphysiques de la science de la nature, Préface.

SOCIETE

« L’insociable sociabilité des hommes, c’est-à-dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doublé d’une répulsion général à le faire. »

Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique.

GUERRE

« L’homme veut la concorde, mais la nature sait mieux que lui ce qui est bon pour son espèce, elle veut la discorde. »

Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique, prop. 4.

Paul KLEE 

(1879-1940)

ART

L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible.

Credo du créateur

 (1920).

Jean de LA BRUYERE

(1645 - 1696)

BONHEUR

« Les enfants n'ont ni passé ni avenir, et, ce qui ne nous arrive guère, ils jouissent du présent. »

Les caractères, De l’homme, § 51

Pierre-Simon de LAPLACE 

(1749 - 1827)

SCIENCE

« Nous devons donc envisager l’état présent de l’univers comme l’effet de son état antérieur et comme la cause de celui qui va suivre. »

Essai philosophique sur la probabilité.

John LOCKE 

(1632-1704)

EXPERIENCE

L’expérience : c’est là le fondement de toutes nos connaissances.

Essai sur l’entendement humain (1690).

TRAVAIL

ECHANGE

DROIT

PRORIETE PRIVEE

« Si la terre et toutes les créatures inférieures appartient à tous, du moins chaque homme détient-il un droit de propriété sur sa propre personne ; et sur elle aucun autre que lui n’a de droit.

  • Par suite, son travail personnel et l’œuvre de ses mains lui appartiennent en propre. Or, chaque fois qu’il retire une chose quelconque de l’état où l’a mise et laissée la nature, il mêle à cette chose son travail, il y joint un élément personnel : par là il en acquiert la propriété.
  • De plus, lorsque des biens ont été retiré par lui de l’état commun où les avait mis la nature, le travail qui leur a été incorporé supprime désormais le droit commun qu’avaient sur eux les autres hommes. Car le travail est la propriété indiscutable du travailleur, et personne que lui n’a le droit d’en récolter les fruits ; du moins tant que les autres disposent en quantité suffisantes, de biens communs de même qualité. »

Du gouvernement civil, § 27.

Gottfried Wilhelm LEIBNIZ

(1646-1726)

SUJET

« ce qui n’est pas véritablement UN être n’est pas véritablement un ETRE »

Lettre à Arnauld du 30 avril 1687.

TEMPS

« Le présent est gros de l'avenir : le future se pourrait lire dans le passé; l'éloigné est exprimé dans le prochain. On pourrait connaître la beauté de l'univers dans chaque âme si l'on pouvait déplier tous les replis, qui ne se développent sensiblement qu'avec le temps. »

Principes de la nature et de la grâce fondés en raison, §13

Exemple : il est inscrit de toute éternité que Jules César traverserait le Rubicon.

PERCEPTION

Petites perceptions :

  • gouttelette d’eau / bruit de la mer

« on ne dort jamais si profondément qu'on ait quelque sentiment faible et confus ; et on ne serait jamais éveillé par le plus grand bruit du monde, si on n'avait quelque perception de son commencement, qui est petit ; comme on ne romprait jamais une corde par le plus grand effort du monde, si elle n'était tendue et allongée un peu par de moindres efforts, quoique cette petite extension qu'ils font ne paraisse jamais »

Nouveaux essais sur l'entendement humain, Avant-propos

LUCRECE

(99-55 av. JC)

BONHEUR

« suave, mari magno … »

« Il est doux, quand sur la vaste mer la tempête déchaîne les flots, d’assister depuis la terre aux pénibles épreuves d’autrui. »

De rerum natura, II, v. 1-2.

DESIR

(inquiétude)

« chacun cherche à se fuir ».

Commentaire :

  • Le rêve est un moyen qui permet de fuir ses soucis, et la pensée de la mort.
  • Ainsi, on perd en sommeil le plus clair de son temps (cf. Livre III, v. 1047).

De rerum natura, III, v. 1052 ss. :

INTERPRETATION

« Titos est parmi nous, c’est l’homme dans l’amour gisant, lacéré par ses vautours, les angoisses dévorantes, ou celui que déchirent les affres d’autres passions ».

Commentaire :

  • Tytos (cf. Homère, Odyssée, XI, 576-581), a été condamné par Zeus pour avoir assailli son épouse Léto, à avoir sa poitrine continuellement dévorée par des oiseaux de proies.
  • Lucrèce présente les supplices que la tradition plaçait dans les profondeurs des Enfers comme des allégories de comportement de la vie présente (v. 978-979).
  • cf. formule identique chez Philon d’Alexandrie, De congr. Erud. Gr., II, 57 : le véritable Enfer, c’est la vie du méchant ou de l’insensé.
  • cf. critique de Lactance, Div. Inst., VII, 7-13 : « Épicure a failli en jugeant que c’était une invention des poètes et que les châtiments infernaux qu’ils rapportent se situent en cette vie ».

Autres interprétations de « dieux » grecs :

  • Sysiphe (cf. Homère, Odyssée, XI, 593-600), représente l’effort des hommes politiques qui s’acharnent à briguer des mandats.
  • Tantale (cf. Homère, Odyssée, XI, 582-592 ; Euripide, Oreste, 5 ss) qui craint l’énorme rocher qu’il repousse sans cesse, représente la peur des dieux et la superstition.

De rerum natura, III, v. 984-994.

RAISON et REEL

« Si les sens ne sont pas véridiques, la raison tout entière nous trompe aussi.

Qui nisi sunt veri, ratio quoque falsa sit omnis.

De rerum natura, IV, v. 485.

RELIGION

« Tant la religion fut capable de conseiller de mauvaises actions ! »

Nicolas MACHIAVEL

(1469-1527) [homme politique de la république de Florence]

Monarchie :

  • Ancienne
  • nouvelle

BUT :

  • « maintenir l’Etat » (ch. 18)
  • « toujours se maintiendra dans son Etat » (ch. 2)

MOYEN : « un prince sage se fonde sur ce qui est sien, non sur ce qui est d’autrui » Le prince dispose de deux types d’armes :

  • « les siennes propre » : la « virtus » :
  • séparation entre la morale et la politique : une action est bonne dans la mesure où elle est utile et non bonne.
  • « écrire chose utile »
  • « il y a si loin de la façon dont on vit à celle dont on devrait vivre » (ch. 15)
  • « ne pas s’écarter du bien, s’il le peut, mais savoir entrer dans le mal, s’il le faut. » (ch. 18)
  • séparation entre l’être et la paraître : le prince doit être « grand simulateur et dissimulateur » (ch. 18) : il doit PARAITRE être un homme de bien :
  • simuler le bien
  • dissimuler le mal

« il n’est pas nécessaire d’AVOIR en fait toutes les susdites qualités, mais il est bien nécessaire de PARAITRE les avoir » (ch. 18).

RAISON :

  • anticiper les coups de la fortune :
  • « la fortune est femme, il est nécessaire, à qui veut la soumettre, de la battre et de la rudoyer » (ch. 25)
  • gouverner, c’est prévoir 
  • Exemple : le « fleuve impétueux » (ch. 25)

INTERPRETATION

  • « il y a deux manières de combattre, l’une avec les lois, l’autre avec la force » (ch. 18) : « aussi est-il nécessaire à un prince de savoir bien user de la bête et de l’homme. ce point a été enseigné aux princes en termes voilés par les écrivains anciens, qui écrivent qu’Achille et beaucoup d’autres de ces princes de l’Antiquité furent donnés à élever au centaure Chiron pour qu’il les gardât sous sa discipline. »
  • manière propre à l’homme : la loi :
  • manière propre aux bêtes : la force :
  • force du renard : la ruse :
  • force du lion : la force physique :

  • les armes d’autrui : la « fortuna »
  • s’appuyer sur les autres
  • s’appuyer sur le hasard

Ch. 17

Le prince ne doit pas s’appuyer sur la bonté des hommes : il doit considérer que la plupart des « hommes sont méchants » (ch. 17, ch. 18).

  • « des hommes on peut dire

  • Les hommes oublient plus vite la mort de leur père que la perte de leur patrimoine

Ch. 17

PROMESSES : les respecter ou ne pas les respecter :

CRUAUTE : y a-t-il un bon usage de la cruauté ou seulement un mauvais usage ?

  • « bon usage » :
  • Finalité (bonne) : la nécessité de sa sûreté
  • Moyen : exercer la cruauté d’un seul coup
  • songer à tout ce qui est à faire (c’est le résultat d’une démarche rationnelle).
  • L’exécuter rapidement
  • en ne s’y enfonçant pas
  • « mauvais usage »
  • Finalité (mauvaise) : ne pas avoir le mauvais renon :
  • Moyen (non adaptés) : pusillanimité :
  • Ne pas anticiper la cruauté, et la faire sur un coup de tête (une folie)
  • L’exécuter lentement
  • Renouveler continuellement ces actes de cruauté

Exemples de « bon ou mauvais usage de la cruauté » :

  • César Borgia et Roméro d’Orca :

Ch. 7

  • Florence et la ville de Pistoie :

Karl MARX

(1818-1883)

RELIGION

« Le fondement de la critique irréligieuse est : c’est l’homme qui fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. »

Contribution à la critique de la philosophie de Hegel (1844).

RELIGION

« La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme du monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. »

[Remarque : cette expression a été inscrite sur le mausolée de Lénine]

Contribution à la critique de la philosophie de Hegel (1844).

RELIGION

L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple, c’est l’exigence de son bonheur véritable

Critique de la philosophie du droit de Hegel.

HISTOIRE

« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes des classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf …, en un mot, oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée. » »

Marx et Frédérich ENGELS,  Manifeste du parti communiste.

TRAVAIL

« Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l’abeille confond par la structure de ses cellules de cire l’habileté de plus d’un architecte.

Mais ce qui distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit sa cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l’imagination du travailleur. Ce n’est pas qu’il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d’action, et auquel il doit subordonner sa volonté. »

Le capital, I, 3ème section.

SUJET

Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience.

Contribution à la critique de l’économie politique. Préface (1857).

POLITIQUE

« Les philosophes, jusqu’ici, n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses façons, il s’agit de le transformer. »

XIe thèse sur Feuerbach.

ETAT

Lénine (1870-1924) : « Tant que l’État existe, pas de liberté ; quand régnera la liberté, il n’y aura plus d’État. »

Henri-Irénée MARROU

(1904-1977) [historien français]

HISTOIRE

« L’histoire est la connaissance du passé humain. »

HISTOIRE

Marrou commente l’expression : « L’histoire se fait avec des textes » (Fustel de Coulanges)

De la connaissance historique (p. 77).

Maurice MERLEAU-PONTY

(1908 - 1961)

ART

« Si pour le savant le monde doit être disponible, grâce à l’artiste il devient habitable. »

John-Stuart MILL

(1806-1873)

« Il vaut mieux être un homme insatisfait qu’un porc satisfait. »

L’utilitarisme (1861).

Jean-Baptiste Poquelin, dit MOLIERE

(1622 - 1673)

GUERRE

« Tout le secret des armes ne consiste qu’en deux choses : à donner et à ne point recevoir ».

Bourgeois gentilhomme, II, 2.

Michel de MONTAIGNE

(1533-1592) [écrivain et maire de Bordeaux]

SCIENCE

« Que philosopher, c'est apprendre à mourir. »

[Phrase reprise à Platon : « philosopher, c’est apprendre à mourir » (Platon, Phédon)]

Montaigne, Les Essais,

SUJET

« Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition ».

Essais, III, 2, Du repentir.

Charles de Secondat baron de la Brède et de Montesquieu, dit MONTESQUIEU

(1689-1755) [juriste et philosophe français]

LIBERTE

« la liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent. »

L’esprit des lois, XI, 3.

ETAT

« Il y a, dans chaque État, trois sortes de pouvoir : la puissance législative, la puissance exécutrice des choses qui dépendent du droit des gens, et la puissance exécutrice de celles qui dépendent du droit civil.

  • Par la première, le prince ou le magistrat fait des lois pour un temps ou pour toujours, et corrige ou abroge celles qui sont faites.
  • Par la seconde, il fait la paix ou la guerre, envoie des ambassades, établit la sûreté, prévient les invasions.
  • Par la troisième, il punit les crimes, ou juge les différends des particuliers.

On appellera cette dernière la puissance de juger ; et l’autre, la puissance exécutrice de l’État. »

L’esprit des lois, XI, 6.

Fréderich NIETZSCHE

(1844-1900)

TRAVAIL

« Un tel travail constitue la meilleure des polices. »

Aurore, § les apologistes du travail.

« Toute religion est née de la peur et du besoin. »

Guillaume d’OCKHAM

(1290-1349) [religieux; théologien et philosophe scolastique]

RAISON et REEL

Exemple : le rasoir d’Ockham.

Georges ORWELL

(1903 - 1950) [écrivain et journaliste anglais]

DROIT

« tous les animaux sont égaux, mais il en est de plus égaux que d’autres ».

La ferme des animaux.

Blaise PASCAL

(1623-1662)

Pascal, Pensées (éd Brunschvicg).

SUJET

« Il faut se connaître soi-même : quand cela ne servirait pas à trouver le vrai, cela au moins sert à régler sa vie, et il n’y a rien de plus juste. »

Pensées, n°66.

SUJET

« La nature de l’amour-propre et de ce moi humain est de n’aimer que soi et de considérer que soi. »

Pensées, n°100.

SUJET

« Qu'est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non; car il ne pense pas à moi en particulier ; mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non : car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées.

Pensées, n°323.

SUJET

« Le moi est haïssable. »

Pensées, n°455.

SUJET

« La grandeur de l’homme est grande en ce qu’il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable. »

Pensées, n°397.

SUJET

« Instinct et raison, marques de deux natures. »

Pensées, n°344.

« Pensée fait la grandeur de l'homme. »

Pensées, n°346.

« L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui; l'univers n'en sait rien.

Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C'est de là qu'il faut nous relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale. »

Pensées, n°347.

CULTURE

« L’homme ne sait à quel rang se mettre. Il est visiblement égaré, et tombé de son vrai lieu sans le pouvoir retrouver. Il le cherche partout avec inquiétude et sans succès dans les ténèbres impénétrables. »

(275)

CULTURE

« La vraie nature étant perdue, tout devient sa nature; comme le véritable bien étant perdu, tout devient son véritable bien. »

Pensées, 426

CULTURE

« La coutume est une seconde nature, qui détruit la première. Mais qu’est la nature ? Pourquoi la coutume n’est-elle pas naturelle ? J’ai grand peur que cette nature ne soit elle-même qu’une première coutume, comme la coutume est une seconde nature. »

(120)

MATIERE et ESPRIT

« L’éternuement absorbe toutes les fonctions de l’âme. »

(267)

IMAGINATION

« Le plus grand philosophe du monde, sur une planche plus large qu’il ne faut, s’il y a au-dessous un précipice... »

(104)

PHILOSOPHIE

« La vrai éloquence se moque de l'éloquence; la vrai morale se moque de la morale. [...]  Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher. »

Pensées, n°4

PHILOSOPHIE

« On ne s’imagine Platon et Aristote qu’avec de grandes robes de pédants. C’étaient des gens honnêtes et, comme les autres, riants avec leurs amis ; et quand ils se sont divertis à faire leurs Lois et leur Politique, ils l’ont fait en se jouant ; c’était la partie la moins philosophe et la moins sérieuse de leur vie, la plus philosophe était de vivre complètement simplement et tranquillement. »

Pensées, n°331.

RAISON

« Il n’y a rien de si conforme à la raison que ce désaveu de la raison. »

Pensées, n°272.

RAISON

« La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la surpassent; elle n’est que faible, si elle ne va jusqu’à connaître cela. »

Pensées, n°267.

RAISON

« Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point ; on le sait en mille choses. Je dis que le cœur aime l'être universel naturellement, et soi-même naturellement selon qu'il s'y adonne ; et, il se durcit contre l'un ou l'autre à son choix. Vous avez, rejeté l'un et conservé l'autre : est-ce par raison que vous vous aimez ? »

Pensées, n°277.

RAISON et REEL

« Deux excès : exclure la raison, n'admettre que la raison. »

Pensées, n°253.

RAISON et REEL

« Cœur, instinct, principes. »

Pensées, n°281.

« Nous connaissons la vérité, non seulement par la raison, mais encore par le cœur ; c’est de cette dernière sorte que nous connaissons 1es premiers principes, et c'est en vain que le raisonnement qui n’y a point part essaye de les combattre. Les pyrrhoniens qui n'ont que cela pour objet, y travaillent inutilement. Nous savons que nous ne rêvons point; quelque impuissance où nous soyons de le prouver par raison, cette impuissance ne conclut autre chose que la faiblesse de notre raison, mais non pas l'incertitude de toutes nos connaissances, comme ils le prétendent. Car la connaissance des premiers principes, comme qu'il y à espace, temps, mouvements, nombres, [est] aussi ferme qu'aucune de celles que nos raisonnements, nous donnent. Et c'est sur ces connaissances du cœur et de l'instinct qu'il faut que la raison s'appuie, et qu'elle y fonde tout son discours. (Le cœur sent qu'il y a trois dimensions dans l'espace et que les nombres sont infinis ; et la raison démontre ensuite qu'il n'y a point deux nombres carrés dont l'un soit double de l'autre. Les principes se sentent, les propositions se concluent ; et le tout avec certitude, quoique par différentes voies.) Et il est aussi inutile et aussi. ridicule que la raison demande au cœur des preuves de ses premiers principes, pour vouloir y consentir, qu'il serait ridicule que le cœur demandât à la raison un sentiment de toutes les propositions qu'elle démontre, pour vouloir les recevoir.

Pensées, n°282.

RAISON

« La mémoire est nécessaire pour toutes les opérations de la raison. »

Pensées, 369.

RELIGION

« C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voila ce qu’est la foi : Dieu sensible au cœur, non à la raison. »

Pensées, n°279.

RELIGION

« Qu’il y a loin de la connaissance de Dieu à l’aimer. »

Pensées, n°280.

RELIGION

« Console-toi, tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais trouvé »

Pensées, n°553. Le Mystère de Jésus.

POLITIQUE

« La tyrannie consiste au désir de domination, universel et hors de son ordre. » […]

Pensées, n°332.

« La tyrannie est de vouloir avoir par une voie ce qu’on ne peut avoir que par une autre. » […]

[cf. Commentaires de Comte-Sponville, Valeur et vérité, p. 167]

POLITIQUE

« La distance infinie des corps aux esprits figure la distance infiniment plus infinie des esprits à la charité, car elle est surnaturelle. Tout l'éclat des grandeurs n'a point de lustre pour les gens qui sont dans les recherches de l'esprit. La grandeur des gens d'esprit est invisible aux rois, aux riches, aux capitaines, à tous ces grands de chair. La grandeur de la sagesse, qui n'est nulle sinon de Dieu, est invisible aux charnels et aux gens d'esprit. Ce sont trois ordres différant de genre.

  • Les grands génies ont leur empire, leur éclat, leur grandeur, leur victoire et leur lustre, et n'ont nul besoin des grandeurs charnelles ou spirituelles où elles n'ont pas de rapport. Ils sont vus, non des yeux, mais des esprits. C'est assez.
  • Les saints ont leur empire, leur éclat, leur victoire, leur lustre et n'ont nul besoin des grandeurs charnelles ou spirituelles, où elles n'ont nul rapport, car elles n'y ajoutent ni ôtent. Ils sont vus de Dieu et des anges et non des corps ni des esprits curieux. Dieu seul suffit.
  • Archimède sans éclat serait en même vénération. Il n'a pas donné des batailles pour les yeux, mais il a fourni à tous les esprits ses inventions. Ô qu'il a éclaté aux esprits !

Jésus-Christ, sans biens et sans aucune production au dehors de science, est dans son ordre de sainteté. Il n'a point donné d'inventions, il n'a point régné, mais il a été humble, patient, saint, saint, saint à Dieu, terrible aux démons, sans aucun péché. Ô qu'il est venu en grande pompe et en une prodigieuse magnificence aux yeux du cœur et qui voient la sagesse. Il eût été inutile à Archimède de faire le prince dans ses livres de géométrie quoi qu'il le fût. Il eût été inutile à Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour éclater dans son ordre de sainteté, de venir en roi ; mais il est bien venu avec l'éclat de son ordre...

Tous les corps, le firmament, les étoiles, la terre et ses royaumes ne valent pas le moindre des esprits, car il connaît tout cela et soi, et les corps rien. Tous les corps ensemble et tous les esprits ensemble et toutes leurs productions, ne valent pas le moindre mouvement de charité. Cela est d'un autre ordre, infiniment plus élevé. De tous les corps ensemble, on ne saurait en faire réussir une petite pensée : cela est impossible, et d'un autre ordre. De tous les ordres et esprits, on n'en saurait tirer un mouvement de vraie charité, cela est impossible, d'un autre ordre, surnaturel.

Pensées, n°793.

JUSTICE

« Plaisante justice qu’une rivière borne. Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà. »

Pensées, n°294.

JUSTICE

« Il demeure au-delà de l’eau. »

Pensées, n°292.

JUSTICE

« Justice, force. - Il est juste que ce qui est juste soit suivi, il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi. La justice sans la force est impuissante : la force sans la justice est tyrannique. La justice sans force est contredite, parce qu'il y a toujours des méchants ; la force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force ; et pour cela faire que ce qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort soit juste. La justice est sujette à dispute, la force est très reconnaissable et sans dispute. Ainsi on n'a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice et a dit qu'elle était injuste, et a dit que c'était elle qui était juste. Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. »

Pensées, n°298.

JUSTICE

« Quand le fort armé possède son bien, ce qu'il possède est en paix. »

Pensées, n°300

JUSTICE

« Il a quatre laquais. »

Pensées, n°318.

« Que l'on a bien fait de distinguer les hommes par l'extérieur, plutôt que par les qualités intérieures ! Qui passera de nous deux ? qui cédera la place à l'autre ? Le moins habile ? mais je suis aussi habile que lui, il faudra se battre sur cela. Il a quatre laquais, et je non ai qu'un : cela est visible; il n'y a qu'à compter ; c'est à moi à céder, et je suis un sot si je le conteste. Nous voilà en paix par ce moyen, ce qui est le plus grand des biens. »

Pensées, n°319.

MORT

« Craindre la mort hors du péril, et non dans le péri ; car il faut être homme. »

Pensées, 2145.

BONHEUR

« Rien ne nous plaît que le combat, mais non pas la victoire. »

Pensées, n°135.

BONHEUR

« Notre nature est dans le mouvement ; le repos entier est la mort. »

Pensées, n°129.

BONHEUR

« Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir. »

Pensées, n°131.

BONHEUR

« Quand je m’y suis mis quelque fois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent, dans la cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc., j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre.  […]

Mais quand j’ai pensé de plus près, qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs, j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de près. »

Pensées, n°139.

BONHEUR

« Première partie : Misère de l’homme sans Dieu. Seconde partie : Félicité de l’homme avec Dieu. »

Pensées, n°60.

ART

« Quelle vanité que la peinture, qui attire l’admiration par la ressemblance des choses dont on n’admire point les originaux. »

Exemple : le Bœuf écorché de Rembrandt.

Pensées, n°134.

BONHEUR

« Tous les hommes recherchent d'être heureux ; cela est sans exception ; quelques différents moyens qu'ils y emploient, ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre, et que les autres n’y vont pas, est ce même désir, qui est dans tous les deux, accompagné de différentes vues. La volonté [ne] fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre. »

Pensées, n°425.

DROIT

« Grandeur d’établissement, respect d’établissement. »

Pensées, n°309.

DROIT

« Il y a dans le monde deux sortes de grandeurs ; car il y a des grandeurs d'établissement et des grandeurs naturelles.

  • Les grandeurs d'établissement dépendent de la volonté des hommes, qui ont cru avec raison devoir honorer certains états et y attacher certains respects. Les dignités et la noblesse sont de ce genre. En un pays on honore les nobles, en l'autre les roturiers ; en celui-ci les aînés, en cet autre les cadets. Pourquoi cela ? Parce qu'il a plu aux hommes. La chose était indifférente avant l'établissement ; après l'établissement, elle devient juste, parce qu'il est injuste de la troubler.
  • Les grandeurs naturelles sont celles qui sont indépendantes de la fantaisie des hommes, parce qu'elles consistent dans des qualités réelles et effectives de l'âme ou du corps qui rendent l'une ou l'autre plus estimable, comme les sciences, la lumière de l'esprit, la vertu, la santé, la force.

Nous devons quelque chose à l'une et à l'autre de ces grandeurs ; mais comme elles sont d'une nature différente, nous leur devons aussi différents respects.

  • Aux grandeurs d'établissement, nous leur devons des respects d'établissement, c'est-à-dire certaines cérémonies extérieures qui doivent être néanmoins accompagnées, selon la raison, d'une reconnaissance intérieure de la justice de cet ordre, mais qui ne nous font pas concevoir quelque qualité réelle en ceux que nous honorons de cette sorte. Il faut parler aux rois à genoux ; il faut se tenir debout dans la chambre des princes C'est une sottise et une bassesse d'esprit que de leur refuser ces devoirs.
  • Mais pour les respects naturels qui consistent dans l'estime, nous ne les devons qu'aux grandeurs naturelles ; et nous devons au contraire le mépris et l'aversion aux qualités contraires à ces grandeurs naturelles.

Il n'est pas nécessaire, parce que vous êtes duc, que je vous estime ; mais il est nécessaire que je vous salue. Si vous êtes duc et honnête homme, je rendrai ce que je dois à l'une et à l'autre de ces qualités. Je ne vous refuserai point les cérémonies que mérite votre qualité de duc, ni l'estime que mérite celle d'honnête homme. Mais si vous étiez duc sans être honnête homme, je vous ferais encore justice ; car en vous rendant les devoirs extérieurs que l’ordre des hommes a attachés à votre naissance, je ne manquerais pas d'avoir pour vous le mépris intérieur que mériterait la bassesse de votre esprit.

De la grandeur des grands, 2ème partie.

RAISON

« Se moquer de la philosophie, c’est vraiment philosopher. »

Pensées, 4.

SCIENCE

HISTOIRE

« toute la suite des hommes, pendant le cours de tant de siècle, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement. »

Préface au Traité sur le vide.

PLATON

(427-347 av. JC)

SUJET

« L'homme est un bipède sans plume »

Diogène Laërce, Vies, VI, 40.

RAISON

« Pensée (dianoia) est un discours (logos), c’est la même chose, sauf que c’est le  dialogue (dialogos) intérieur et silencieux de l’âme avec elle-même que nous avons appelé de ce nom de pensée. »

Le Sophiste, 263e

VIVANT

Exemple : mythe de Protagoras : trois grands besoins du vivant (= instinct de survie) :

  • S’alimenter ;
  • Se protéger contre les intempéries ;
  • se protéger contre les prédateurs.

Protagoras.

SUJET

INCONSCIENT

Exemple : mythe de l’attelage ailé.

« Imaginons donc l’âme comme une puissance dans laquelle soit naturellement réunis un attelage et un cocher soutenus par des ailes. »

Phèdre, 246 b ss.

LANGAGE

Exemple : mythe de Theuth : l’écriture comme source de l’oubli.

  • Theuth fait l’éloge de l’écriture qu’il vient d’inventer :
  • C’est un remède contre l’oubli ;
  • C’est un moyen de développer la connaissance.
  • Tamous montre les défauts de cet art :
  • L’écriture développera l’oublie ;
  • L’écriture ne permet pas d’appendre des connaissances nouvelles.

Phèdre.

JUSTICE

Exemple : mythe de Gygès : un homme « juste » est un homme qui n’a pas eu l’occasion de commettre un acte injuste.

République, II.

SCIENCE

« l'étonnement, en effet, est le commencement de la philosophie »

Théétète, 155d

DROIT

« La loi est faite par les faibles et par le plus grand nombre ».

Gorgias, 483 b (Calliclès)

DESIR

« pour bien vivre, il faut laisser prendre à ses passions tout l’accroissement possible, au lieu de les réprimer ; et quand elles ont atteint toute leur force, être capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous ses désirs à mesure qu’ils éclosent. »

[Commentaire : il s’agit de la position que Platon fait dire à la figure de CALLICLES. Socrate s’oppose à une telle conception du désir !]

Gorgias. (Calliclès)

ART

Référence : distinction entre deux formes d’imitation (« mimetike ») :

  • Art de copier : reproduit l’original.
  • Art du simulacre : reproduit l’apparence.

Sophiste, 236 bc.

Illustration : les trois lits.

PLOTIN

(204-270) [philosophe néo-platonicien]

ART

Les statues les plus belles sont les statues les plus vivantes.

Ennéades.

MEMOIRE

« La mémoire des choses sensibles appartient donc à l’imagination »

Ennéades, IV, 33, § 29.

IMAGINATION

« Une image accompagne toute pensée »

pase noesei parakolouthei phantasia

Ennéades, IV, 3, § 30.

Karl POPPER

(1902-1994)

VERITE

Falsificabilité des théories : c’est la « possibilité, pour un système théorique, d’être réfuté ou invalidé. Selon cette conception […] un système doit être tenu pour scientifique seulement s’il formule des assertions pouvant entrer en conflit avec certaines observations. ».

[Commentaire : Constatant que la cohérence interne du discours rationnel ne permet pas de caractériser le discours scientifique, mais peut se trouver dans tous les mythes et les superstitions, Popper présente un critère permettant de distinguer la « science » de la « non-science » : falsificabilité des théories.]

Conjectures et Réfutations.

PROTAGORAS

(485-411 av. JC)

VERITE

« L’homme est la mesure de toutes choses. »

PYRRHON

(360 – 275 av. JC) [Fondateur du scepticisme]

VERITE

Pyrrhon. soutenait « qu’on ne peut connaître aucune vérité » et « qu’il faut suspendre son jugement ».

  • « Sa vie justifiait ses théories. Il n’évitait rien, ne se gardait de rien, supportait tout, au besoin d’être heurté par un char, de tomber dans un trou, d’être mordu par des chiens, d’une façon général ne se fiant en rien à ses sens. Toutefois, il était protégé par ses gens qui l’accompagnaient. »
  • Cependant, « une autre fois, il eut très peur, parce qu’un chien se jetait sur lui, et comme on lui en faisait grief, il répondit qu’il était bien difficile de dépouiller l’homme complètement, qu’il n’en fallait pas moins combattre autant qu’on le pouvait, d’abord par ses actes contre les choses, sinon par la raison. »

Diogène Laërce, Vie et doctrines des philosophes antiques, IX, « Pyrrhon », 62.

PYTHAGORE

(570– v. 495 av. JC)

AUTRUI

« Entre amis tout est commun »

« Un ami est un autre soi-même »

Cf. Porphyre, Vie de Pythagore, 33.

VERITE

« Après Dieu il faut honorer la vérité, qui seule peut rendre les hommes proches de Dieu ».

Enigmes :

Cf. Jérôme, Apologie contre Rufin, III, 39.

JUSTICE

  • « Ne saute pas par-dessus une balance »

Explication : ne transgresse pas la justice.

Porphyre, Vie de Pythagore, 41

DROIT

  • « Il ne faut en aucun cas mettre en pièce une couronne ».

Explication : il faut sauvegarder les lois des villes.

Ibid.

VERITE

  • « N’emprunte pas la route commune ».

Explication : ne suis pas les erreurs du grand nombre.

Ibid.

MORT

  • « Une fois que tu seras parti, ne reviens pas ».

Explication : après la mort, ne regrette pas cette vie.

Ibid.

BONHEUR

  • « Il ne faut pas se ronger le cœur ».

Explication : il faut bannir de son esprit la tristesse.

Ibid.

BONHEUR

  • « Ne tisonne pas le feu avec une épée ».

Explication : n’espère pas par des mots insultants un esprit irrité et gonflé de rage.

Ibid.

BONHEUR

  • « Il ne faut pas accueillir l’hirondelle dans sa maison ».

Explication : il ne faut pas avoir sous le même toit que soi des gens bavards et prolixes.

Ibid.

MORALE

  • « Il ne faut pas renforcer la charge de ceux qui sont chargés ; avec ceux qui déposent la leur, il ne faut pas partager ».

Explication : pour ceux qui progressent sur le chemin de la vertu, il faut accroitre les préceptes, mais il faut délaisser ceux qui s’abandonnent à l’oisiveté

Porphyre, Vie de Pythagore, 42.

François RABELAIS

(v. 1483-1553)

CONSCIENCE MORALE

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »

Pantagruel.

RICHARD de Saint-Victor

(1110-1173) [moine bénédictin; théologien médiéval]

« L’imagination est la servante de la raison »

imaginatio ancilla rationis.

Benjamin minor, PL , 195, 3-5.

Jean-Jacques ROUSSEAU

(1712-1778)

HISTOIRE

« il s’en faut bien que les faits décrits dans l’histoire soient la peinture exacte des mêmes faits tels qu’ils sont arrivés : ils changent de forme dans la tête de l’historien, ils se moulent sur ses intérêts, ils prennent la teinte de ses préjugés.

Émile ou de l’éducation.

HISTOIRE

« Un des grands vice de l’histoire est qu’elle peint beaucoup plus les hommes par leurs mauvais côtés que par les bons, comme elle n’est intéressante que par les révolutions, la catastrophes, tant qu’un peuple croit et prospère dans le calme d’un paisible gouvernement, elle n’en dit rien ; elle ne commence à en parler que quand, ne pouvant plus se suffire à lui-même, il prend part aux affaires de ses voisins ou les laisse prendre part aux siennes. »

CONSCIENCE MORALE

« Conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fais l’excellence de sa nature et la moralité de ses actions ; sans toi je ne sens rien en moi qui m’élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m’égarer en erreur à l’aide d’un entendement sans règle et d’une raison sans principe. »

Émile ou de l’éducation (1762), Profession de foi du vicaire savoyard.

BONHEUR

DESIR

IMAGINATION

« Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux. »

« L’homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son imagination, qui le rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. »

Julie ou la Nouvelle Héloïse, VI, lettre 8.

[Commentaire : attention ce n’est pas la pensée de Rousseau ; mais la pensée qu’il met dans la bouche d’un personnage de son roman épistolaire. Rousseau s’oppose à l’idée que le bonheur ne se trouve que dans l’imaginaire.]

CULTURE

« Tout homme qui ne voudrait que vivre, vivrait heureux. »

Emile, II (GF p 95)

TRAVAIL

« L’homme est naturellement paresseux ».

Essai sur les langues.

BONHEUR

« C’est pour parvenir au repos que chacun travaille. »

CULTURE

« chacun partant toujours du même point, les siècles s’écoulaient dans toute la grossièreté des premiers âges ; l’espèce était déjà vielle, et l’homme restait toujours enfant ».

Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité.

LOI

« La première loi de la nature est le soin de se conserver ».

Emile (GF, p. 250).

SOCIETE

« L’homme est naturellement pacifique et craintif, au moindre danger son premier mouvement est de fuir ; il ne s’aguerrit qu’à force d’habitude et d’expérience. l’honneur, l’intérêt, les préjugés, la vengeance, toutes les passions qui peuvent lui faire braver les périls et la mort, sont loin de lui dans l’état de nature. Ce n’est qu’après avoir fait société avec quelque homme qu’il se détermine à en attaquer un autre ; et ne devient soldat qu’après avoir été citoyen. »

Ecrit sur l’abbé de Saint-Pierre.

LIBERTE

« Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs. Il n’y a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout. »

Du contrat social, I, ch. 4 (1762).

LIBERTE

« Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non pas des maîtres ; il obéit aux lois, mais il n’obéit qu’aux lois et c’est par la force des lois qu’il n’obéit pas aux hommes.

Lettres écrites de la Montagnes, 8ème lettre.

DROIT

« Il n’y a point de liberté sans loi. »

Lettre écrite de la montagne, VIII.

SOCIETE

Contrat social : « une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant. »

Contrat social, I, 6.

LIBERTE

« l’impulsion du seul appétit est esclavage, et l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté ».

Du contrat social, I, ch. 8 (1762).

LIBERTE

SOCIETE

« Ce que l’homme perds par le contrat social, c’est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu’il peut atteindre ; ce qu’il gagne, c’est sa liberté civile et la propriété de tout ce qu’il possède. »

Contrat social.

DROIT

SOCIETE

Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : ceci est à moi, et trouva des gens assez simple pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. »

Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité.

« A les entendre, ne les prendrait-on pas pour une troupe de charlatans criant chacun de son côté sur une place publique »

Discours sur les sciences et les arts, II.

SOCIETE

Dans l’état de nature, l’individu est « un tout parfait et solitaire ».

Du Contrat Social, II, ch. VII.

LANGAGE

« la langue de convention n'appartient qu'à l'homme. »

Bertrand RUSSEL

(1872 - 1970)

VERITE

« Les mathématiques sont une étude où l’on ignore de quoi on parle et où l’on ne sait pas si ce que l’on dit est vrai. »

Mystique et logique.

Antoine de SAINT-EXUPERY

(1900 - 1944)

AUTRUI

« Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction. »

Terre des hommes.

« Il n’est de camarades que s’ils s’unissent dans la même cordée, vers le même sommet ».

Guillaumet : « Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait ».

Terre des hommes.

Jean-Paul SARTRE

(1905-1980)

EXISTENCE

« Qu’est-ce que signifie que l’existence précède l’essence ? Cela signifie que l’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit après […] Il n’y a pas de nature humaine, puisqu’il n’y a pas de Dieu pour la concevoir. »

L’existentialisme est un humanisme.

TEMPS et Existence

« Tout existant naît sans raison, se prolonge par faiblesse, meurt par rencontre »

La Nausée.

TEMPS et EXISTENCE

« Notre vie est une longue attente. »

Etre et Néant (p. 595).

AUTRUI

« L’enfer, c’est les autres. »

Huis-clos, scène 5.

AUTRUI

« Je suis comme autrui me voit. »

Etre et néant, 3e partie, I, 1.

LIBERTE

« Si, en effet, l’existence précède l’essence, on ne pourra jamais expliquer par référence à une nature donnée et figée ; autrement dit, il n’y a pas de déterminisme, l’homme est libre, l’homme est liberté.. »

L’existentialisme est un humanisme 

LIBERTE

« l’homme est angoisse ».

Exemples :

  • l’angoisse d’Abraham : celui qui me parle et me commande de sacrifier mon fils unique Isaac est-il réellement un messager de Dieu ?
  • l’angoisse du lieutenant devant commander la sortie d’une tranchée : s’agit-il du bon moment ?

L’existentialisme est un humanisme (1946)

LIBERTE

« L’homme est condamné à être libre.  Condamné, parce qu’il ne s’est pas crée lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu’une fois jeté dans le monde il est responsable de tout ce qu’il fait. »

L’existentialisme est un humanisme 

« Nous sommes condamnés à être libres ».

Exemples :

  • le garçon de café.

  • la lâcheté de Garcia est-elle dû à la qualité des actes qu’il a pu poser, ou au regard des autres.

Huis clos.

  • Le « coupe-papier » par opposition à tous les objets naturels.

L’exitentialisme est un humanisme.

SUJET

« L’homme n’est rien d’autre que son projet, il n’existe que dans la mesure où il se réalise, il n’est donc rien d’autre que l’ensemble de ses actes, rien d’autre que sa vie.. »

L’existentialisme est un humanisme  (1946).

TEMPS et EXISTENCE

« Moi seul en effet peut décider à chaque moment de la portée du passé […]. C’est que la seule force du passé lui vient du future : de quelques manière que je vise ou que j’apprécie mon passé, je ne puis le faire qu’à la lumière d’un pro-jet de moi sur le future. »

Être et Néant (p. 555-556).

ART

« l’imagination du spectateur n’a pas seulement une fonction régulatrice, mais constitutive ; elle ne joue pas, elle est appelé à reconnaître l’objet beau par delà les traces laissées par l’artiste. »

Qu’est-ce que la littérature ?, (p. 60-62).

« Pour qu’une conscience puisse imaginer il faut qu’elle échappe au monde par sa nature même, il faut qu’elle puisse tirer d’elle-même une position de recul par rapport au monde. En un mot, il faut qu’elle soit libre. »

L’imaginaire (p. 346-353).

SENEQUE

(4 av. JC – 65 ap. JC)

BONHEUR

« nous devons aux dieux immortels la grâce de vivre ; à la philosophie, la grâce de vivre bien »

Lettre à Lucilius, 90, § 1

CONSCIENCE

« Pour se connaître, il faut s’être éprouvé : on n’apprend qu’en faisant l’essai de quelles forces on dispose. »

De la providence, IV, 2, 3.

TEMPS

« Rien, Lucilius, ne nous appartient ; seul le temps est à nous. »

Lettre à Lucilius, I, § 3

TEMPS

« On n’est jamais assez vieux pour ne pouvoir honnêtement espérer encore un jour »

nemo tam senex est, ut improbe unum diem speret.

Lettre à Lucilius, 14, 6.

TEMPS et EXISTENCE

« Se cotidie mori »

(= nous mourrons chaque jour).

Lettre à Lucilius, 1.

TEMPS et EXISTENCE

Référence : la perception du temps qui passe est liée aux changements des choses : cf. Sénèque, Lettre à Lucilius, 12.

SIDOINE APOLLINAIRE

(430–486) [évêque de Clermont ; poète latin]

CULTURE

« turbam quamlibet magnam litteriae artis expertem, maximam solitudinem appello »

(j’appelle grande solitude une foule, aussi nombreuse soit-elle, qui est étrangère à la culture littéraire)

Lettre,

SIMPLICIUS

(480 -549) [philosophe néo-platonicien]

RAISON et REEL

« sôzein ta phainomena » (« sauver les phénomènes »).

[Commentaire : deux conceptions de la science :

  • le scientifique connaît les lois de la nature : il les découvre. Il connaît le réel tel qu’il est.
  • Le scientifique n’arrive pas à connaître les lois de la nature : il « invente » ou « construit » des « théories » permettant de rendre compte des observations. Il « sauve » les phénomènes, mais il ne les connaît pas.

C’est en ce dernier sens que consiste la science expérimentale : elle n’est vraie que dans la mesure où la théorie est conforme aux observations.]

Commentaire de la Physique d’Aristote.

ART

Le philosophe est un « sculpteur d’âme ».

[Commentaire : deux conceptions de la sculpture :

  • l’artisan introduit dans une matière une forme artificielle qu’il a conçu dans sa tête, et qu’il introduit par force dans une matière : la statue préexiste dans l’imagination du sculpteur.
  • l’artiste enlève ce qui empêche de voir la forme cachée à l’intérieur de la matière : la statue préexiste dans la matière.

C’est en ce dernier sens que consiste l’art et toute forme d’éducation pour les penseurs néoplatoniciens : « devient ce que tu es ! ».]

Commentaire au Manuel d’Epictète.

SOCRATE

(470 -399 av. JC )

VOLONTE

Nul ne fait le mal volontairement.

Exemple : refus de Socrate de fuir une condamnation injuste (cf. PLATON, Criton)..

SCIENCE

La seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien.

Platon, Apologie de Socrate.

SOPHOCLE

(495 - 406)

DROIT

Le droit civil doit être « greffé » sur les lois non écrites.

Antigone.

Exemple : Antigone face à Créon

SEXTUS EMPIRICUS

(160-210) [médecin et philosophe sceptique]

TEMPS

« Puisque ni le présent, ni le passé, ni le future n'existent, le temps non plus n'existent pas, car ce qui est formé de la combinaison de chose irréelles est irréel. »

Hypothyposes pyrrhonniennes, III, 146

Baruch SPINOZA

(1632-1677)

Spinoza distingue 4 « modes de connaissance » (comme l’avait déjà fait Platon dans l’« allégorie de la ligne ») :

  • connaissance acquise « par ouï-dire » :

ex. : « la connaissance du jour de ma naissance », « que j’ai tel parents ».

  • connaissance acquise « par expérience vague » :

ex. : « je sais par expérience vague que je mourrai », « que l’huile est pour la flamme un aliment propre à l’entretenir, et que l’eau est propre à l’éteindre », « que le chien est un animal aboyant ».

  • connaissance acquise par raison : « l’essence d’une chose se conclut d’une autre chose, mais non adéquatement ».

ex. : « quand je connais la nature de la vision et aussi cette propriété à elle appartenant, qu’un même objet vu à grande distance paraît plus petit que si nous le regardions de près, j’en conclu que le soleil est plus grand qu’il ne paraît ».

  • connaissance intellectuelle : « une chose est perçue par sa seule essence ou par la connaissance de sa cause prochaine ».

ex. : « nous savons que deux et trois font cinq », « deux lignes parallèles à une troisième sont parallèles entre elles ».

Traité de la réforme de l’entendement.

VERITE

« Le vrai est à lui-même sa marque et il est aussi celle du faux. »

Lettre 76 à Albert Burgh.

DESIR

Le bien est ce que toute chose désire.

LIBERTE

« les hommes se croient libres pour cette seule cause qu’ils sont conscient de leurs actions et ignorants des causes par où ils sont déterminés. »

Ethique, III, prop. II, scolie.

Exemple : la pierre qui tombe : elle se croit libre, car elle n’a pas conscience des déterminismes qui sont à l’origine de ses actes.

ETAT

« la paix ne consiste pas dans l’absence de guerre, mais dans l’union des âmes, c’est-à-dire dans la concorde. »

Traité théologico-politique.

« Le meilleur Etat […] est celui où les hommes vivent dans la concorde et où la législation nationale est protégée contre toute atteinte. »

« Les hommes se croient libre pour cette seule cause qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par où ils sont déterminés. »

Éthique, II, 2, scolie.

RELIGION

Dieu, c’est-à-dire la nature.

« Deus sive natura »

Ethique, IV, préface

SIMONIDE

(556 - 467) [poète lyrique grec]

ART

« La peinture est une poésie muette ; la poésie est une peinture parlante. »

[Expression reprise par Léonard de Vinci dans ses carnets : « la peinture est une poésie muette et la poésie une peinture aveugle ; l’une et l’autre tendent à l’imitation de la nature selon leurs moyens, et l’une et l’autre permettent d’exposer maintes attitudes morales, comme fit Apelle dans sa Calomnie. »

Mot rapporté par Plutarque

Léonard de Vinci, Carnets (C. U. 10 r.)

SUETONE

(70-130) [historien romain]

ART

« Ave, Caesar ! Morituri te salutant. »

(Salut, ô César ! Ceux qui vont mourir te saluent !)

Claude, XXI, 6.

LIBERTE

« Jusque-là, on peut encore revenir en arrière. Mais une fois passé ce pont, c’est par les armes qu’il faudra tout régler. Alors, bon, alea jacta est (les dés en sont jetés) ».

[Harangue de Jules César juste avant de traverser le Rubicon, c’est-à-dire la rivière qui faisait la frontière séparant la Cisalpine du territoire romain, le 11 janvier 49.]

César, XXXII, 3.

« veni, vidi, vici. »

(je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu)

César, XXXVII, 4, Plutarque, César, 50, 3.

« festina lente »

(hâte-toi lentement)

[formule que l’empereur Auguste répétait à ses généraux en grec : « speude bradeos ».]

Auguste, XXV, 4.

ART

« qualis artifex pereo ! »

(quel artiste va périr avec moi !)

[mot de Néron avant de mourir]

Suétone, Néron, XLIX, 1.

LIBERTE

« acta est fabula »

(la pièce est jouée)

[formule utilisée à la fin d’une pièce pour congédier les acteurs, et dernière parole avant de mourir d’Auguste.]

Suétone, Auguste, XCIX, 1.

TERENCE

(190–159 av. J.-C.) [auteur de comédies latines]

CONSCIENCE

« homo sum, humani nihil a me alienum puto  »

(je suis homme, et rien de ce qui est humain ne mest étranger)

Heautontimoroumenos, v. 77.

TERTULLIEN

(150 – 220) [théologien; père de l’Eglise]

SCIENCE

« Credo quia absurdum »

(je crois parce que c’est absurde)

De carne Christi, V, 4.

Ste THERESE d’Avila

(1515-1585) [religieuse espagnole; réformatrice de l'ordre du Carmel]

CONSCIENCE

« Ne faites jamais rien que vous ne puissiez faire devant tout le monde. »

Thérèse d’Avila, Avis, n°43.

RAISON

« La terre qui n’est que labourée portera des chardons et des épines, même si elle est fertile ; il en est de même pour l’entendement humain. »

Thérèse d’Avila, Avis, n°1.

Paul VALERY

(1871-1945) [écrivain français]

HISTOIRE

Paul Valéry fait remarquer que tout fait considéré comme « historique » est un fait choisi par l’historien, en fonction des conséquences que ces faits ont eu sur le cours de l’histoire. Il prend comme exemple, que au 17e s, il y eu deux événements :

  • signature d’un traité de paix entre l’Espagne et la France ;
  • découverte des propriétés du quiquina.

Or la découverte du quinquina a eu plus de répercussion sur le cours de l’histoire de l’humanité que le traité de paix ; en effet, grâce à la découverte en 1639 que l’écorce du quinquina pouvait donner la « quinine », et que cet élément permettait de lutter contre le paludisme, l’Europe a pu aller conquérir le monde au 17e s ; et 19e. s. Ainsi une découverte qui a pu passer inaperçue au 17e s, a été plus un « fait historique » qu’un traité de paix qui y fit beaucoup de bruit.

VIRGILE

(70 – 19 av. J.C.) [poète latin]

ECHANGES

« Auri sacra fames ! »

(exécrable fringale de l’or !)

Énéide, III, 57.

BONHEUR

« Fama malum qua non aliud velocius ullum »

(la rumeur est de tous les maux celui qui est le plus véloce)

Énéide, IV, 174.

(cité par Tertullien, Apologétique ; Jérôme, Lettre à Augustin ; …)

BONHEUR

« Audaces fortuna juvat »

(la fortune favorise les audacieux.)

Énéide, X, 284.

François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE

(1694-1778)

RELIGION

L’univers m’embarrasse et je ne puis songer

Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger.

Les cabales.

Max WEBER

(1864-1920)

L’État détient « le monopole de la violence légitime ».

Le savant et le politique (1919).

XENOPHON

(430 – 355 av J.-C.) [homme politique, historien et philosophe]

MORALE

Prodicos[6] montre Héraclès au carrefour entre deux voies, dont l'une menait à la justice, et l'autre au plaisir. C'est celui qui se pose chaque jour à l'homme qui va aborder l'action.

Mémorables, II, 1 (GF p. 320-322)

XENOPHANE

(v. 571 – 475 av JC) [philosophe pré-socratique]

RELIGION

anthropomorphisme

Peau noir et nez camus : ainsi les Ethiopiens

Représentent leurs dieux, cependant que les Thraces

Leur donne des yeux pers et des cheveux de feu.

Cependant si les bœufs, les chevaux et les lions

Avaient aussi des mains, et si avec ces mains

Ils savaient dessiner, et savaient modeler

Les œuvres, qu’avec art seuls les hommes façonnent,

Les chevaux forgeraient des dieux chevalins ;

Et les bœufs donneraient aux dieux forme bovine :

Chacun dessinerait pour son dieu l’apparence

Imitant la démarche et le corps de chacun. »

Cité par Clément d’Alexandrie, Stromates, V, 110.

Et repris par Popper, Tolérance et responsabilité intellectuelle.

RELIGION

« Les dieux sont accusés par Homère et Hésiode

De tout ce qui chez nous est honteux et blâmable :

On les voit s’adonner au vol, à l’adultère

Et se livrer entre eux au mensonge trompeur. »

Cité par Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, IX, 193

RAISON et REEL

« Ce n’est pas dès le commencement que les dieux

Ont tout dévoilé aux mortels ; mais en cherchant

Ceux-ci, avec le temps, découvrent le meilleur. »


[1] La « chrie » est un exercice scolaire que faisaient faire les rhéteurs anciens :

...

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