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M. MERLEAU-PONTY, L’œil et l’esprit, Folio Essais, pp 79-80

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Par   •  1 Décembre 2023  •  Commentaire de texte  •  2 741 Mots (11 Pages)  •  156 Vues

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L3 Philosophie

Explication de texte, philosophie de l’art

M. MERLEAU-PONTY, L’œil et l’esprit, Folio Essais, pp 79-80

Notre texte est tiré du chapitre IV de “l'œil et l’esprit” de Maurice Merleau-Ponty, il traite du mouvement et de ces déclinaisons particulières, et plus particulièrement de la perception qu’on peut en avoir lors de captures du réel. Un paradoxe est ainsi analysé, celui de l’incompatibilité de la restitution du mouvement lors d’une capture du réel. Ce sujet est primordial dans le domaine de l’art, c’est ici toutes les questions de restitution du réel qui sont en jeu, comment optimalement restituer la réalité ? Faut-il négliger les détails lors de la restitution afin d’approcher le réel ? Ou bien au contraire, est-il nécessaire de restituer le réel tel qu'observé à l’instant donné pour approcher une forme de restitution parfaite ? M. Merleau-Ponty, lui, admet qu’à la fois le temps et l’espace doivent être admis lors d’une restitution, c’est ainsi que la peinture accroche mieux le réel que la photographie, car cette dernière ne peut admettre le temps, tandis que la peinture, elle, (tel par exemple la peinture du derby à Epsom), peut (grâce à une certaine déformation du réel) admettre à la fois l’espace et le temps.

Ainsi, selon M. Merleau-Ponty, la peinture permet une meilleure restitution de ce réel comparé à la photographie, qui, elle, ne permet pas de par un manque de discordance interne (sensation provoquée volontairement lors de l’observation d’un instantanée, obligeant la personne qui regarde à se référer à sa propre expérience et donc admettre un mouvement dans l'instantanée observée), dégradant ainsi l'instantanée. En effet, la peinture, elle, permet (en modifiant le réel) d'admettre les deux grâce à un inconfort apporté à celui qui observe la peinture, le forçant par là à se référer à ses propres expériences. Dénaturer le réel est donc nécessaire à la reconstitution de l'instantanée pour admettre au mieux le mouvement?

Pour se faire, M. Merleau-Ponty a un développement en deux parties. Premièrement, de la ligne 1 à la ligne 8 (jusqu'à “changement de lieu”) Merleau-Ponty explique le processus qu’il faut qu’une image fixe perturbe celui qui la regarde pour rendre le mouvement. Dans un second temps, de la ligne 8 jusqu’à la fin, Merleau-Ponty démontre comment la peinture, mieux que la photographie, permet de rendre ce mouvement car elle donne à la fois le temps et l’espace, là où la photographie ne donne que l’un des deux, ou bien les deux de manière dégradés.

Merleau-Ponty commence par avancer l'idée que “Les seuls instantanés réussis d’un mouvement sont ceux qui approchent un arrangement paradoxal” (ligne 1). Il illustre ce paradoxe en prenant l'exemple d'un homme en marche photographié au moment où ses deux pieds touchent le sol : “quand par exemple l’homme marchant a été pris au moment où ses deux pieds touchaient le sol “ (ligne 2). Premièrement il est ici admis certains instantanés (instantanés est ici à entendre comme capture du réel que ce soit par la photographie, la peinture ou autre) sont réussis et donc d’autres (sous-entendu) sont ratés. Et de plus, il est à comprendre que même ceux qui sont réussis ne réalisent qu’une reproduction approximative (non parfaite) du mouvement réel. Deuxièmement, là où Merleau-Ponty veut en venir c’est que cette image semble contredire la logique du mouvement, car elle capture un instant qui, en théorie, devrait symboliser l'immobilité, mais qui incarne pourtant le potentiel du mouvement à venir.

La notion d'ubiquité temporelle du corps est également évoquée dans le développement : “car alors on a presque l’ubiquité temporelle du corps qui fait que l’homme enjambe l’espace.” (ligne 3), où le corps semble enjamber l'espace au moment où il est capturé. Cette idée suggère que la photographie peut transcender le temps en saisissant un instant qui incorpore l'essence même du mouvement. L'instantanéité photographique devient ainsi un moyen de saisir le temps de manière conceptuelle plutôt que purement physique, ce qui dégrade par la même occasion l’essence même du mouvement. Merleau-Ponty souligne que la photographie, en capturant cet instantané paradoxal, transcende le temps en capturant l'essence du mouvement. Il nous invite à réfléchir sur la nature profonde de l'instantanéité photographique, qui peut révéler la complexité du temps et de l'espace, ainsi, la photographie ne permet uniquement que d’admettre l’espace tout en négligeant parfaitement le temps (comme vu à l’instant). Ce à quoi nous pourrions rétorquer que certaines options de la photographies (comme le flou volontaire pour montrer le mouvement ou bien les jeux de lumières) pourraient éventuellement mettre à mal l’idée de M. Merleau-Ponty. Cependant l’essence de l’argument de M. Merleau-Ponty resterait tout de même en vigueur. Il est ainsi important de comprendre que la photographie est donc à double-tranchants, d’une part elle réponds à un certain besoin d’exactitude, et d’autre part elle néglige l’action dans le sens où l'action fait partie d’un tout, d’une suite de l'enchaînement nécessaire à entendre lorsqu'on regarde au détail un instant donnée de cette enchaînement. Un paradoxe est donc présent. Paradoxe qui sera donc le point de départ de l’argumentaire de Merleau-Ponty.

C’est alors ici que le tableau va se distinguer de la photographie par la résolution du paradoxe en admettant à la fois le temps et l’espace, comment fait-il ? grâce à la “discordance interne” précisée ici par Merleau-Ponty : “ Le tableau fait voir le mouvement par sa discordance interne” (ligne 4). Est ici

  • entendre par cette première partie de la phrase l'idée que le tableau est capable de représenter le mouvement. Cependant, il ne le fait pas de manière linéaire ou uniforme, mais plutôt en exposant une "discordance interne". Cette discordance suggère que les éléments du tableau, probablement les différentes parties du corps en mouvement, ne sont pas en accord absolu les uns avec les autres. En d'autres termes, chaque partie du corps est représentée dans une position qui entre en contradiction avec les autres. C’est ainsi, par un arrangement paradoxal qu’est fait sentir le mouvement sous-entendu du tableau. La personne qui regarde le tableau est ainsi perturbé par l’arrangement des parties. Pour l’exemple du tableau des chevaux de Géricault, il est ici question d’un arrangement non réaliste des parties des chevaux, arrangés de manière telle que la mouvement en est induit.

Ensuite Merleau-Ponty détaille pourquoi cette discordance interne existe. Les positions des membres du corps sont incompatibles les unes avec les autres selon “la logique du corps” : “la position de chaque membre, justement de par ce qu’elle a d’incompatible avec celle des autres selon la logique du corps, est autrement datée [...]” (ligne 5). En d'autres termes, la logique corporelle dicte que, lorsque nous bougeons, nos membres interagissent et se coordonnent harmonieusement. Cependant, dans le tableau, cette coordination est absente, créant ainsi une disharmonie visuelle et suggérant par la même occasion (de manière intuitive) le mouvement.

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