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Maurice Merleau-Ponty, " Notre Pensée Trame Dans Le Langage "

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Par   •  22 Mai 2013  •  1 532 Mots (7 Pages)  •  1 731 Vues

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On dit souvent qu’il nous manque des mots ou qu’on ne les trouve pas pour exprimer notre pensée. On admet ainsi que la pensée précède le langage et le rend possible. Le langage apparaît alors comme un instrument de communication ou au moins d’expression. Mais le langage peut être conçu tout au contraire comme nécessaire pour penser. Le langage est-il donc un moyen de communication ou un être à part entière ?

Tel est le problème que résout Merleau-Ponty dans cet extrait de Signes. L’auteur réfute la conception commune selon laquelle la pensée est indépendante du langage au profit de la thèse d’une pensée tout entière prise dans le langage.

Nous verrons d’abord comment il présente cette conception commune. Puis, comment il conçoit l’expression de la pensée dans l’élément du langage. Enfin, nous verrons comment Merleau-Ponty pense le langage comme analogue à un être.

 

Merleau-Ponty présente rapidement comment on analyse la pensée dans son rapport avec le langage. Cette analyse part de la recherche des mots. Cette expérience est interprétée comme impliquant que la pensée précède le langage. Mais curieusement, Merleau-Ponty parle d’un texte idéal pour désigner cette pensée. Et il conçoit le passage de ce texte comme une traduction qui désigne habituellement le passage d’une langue dans une autre. Or, si la pensée précède le langage, comment comprendre qu’elle soit de même nature qu’elle ? Merleau-Ponty ne se donne-t-il pas ainsi la tâche facile puisqu’il pourra ensuite montrer que le langage seul suffit pour penser ?

Penser, c’est articuler entre elles des idées. Si donc quelqu’un cherche ses mots, il faut que les idées soient articulées entre elles. Et c’est ce qui constitue l’idée de texte idéal. Comme un texte réel est un ensemble de mots articulées et qui a un sens, la pensée conçue comme indépendante du langage sera un texte mais idéal. Par idéal, il faut entendre l’idée au sens propre. C’est qu’en effet dans la conception que Merleau-Ponty expose, le mot sert à exprimer l’idée. Celle-ci existe donc à titre séparé du mot. Il est donc essentiellement les sons ou tout autre élément matériel qui transportent l’idée, la font être hors de la pensée du sujet et éventuellement réveillent en un autre la même idée.

Expression, c’est-à-dire manifestation hors de soi de ce qu’on pense ou communication, c’est-à-dire transmission à un autre de ce qu’on pense, le langage est précédé par un autre langage. C’est pourquoi Merleau-Ponty parle à juste titre de traduction. C’est que d’un côté la pensée doit s’articuler en idées et de l’autre le système des sons qui en permettent l’expression doit s’y mouler de sorte à l’articuler au mieux. Il faut bien que ce soit donc une traduction. Mais les sons doivent déjà être un langage au sens d’une langue qui traduit un autre langage au même sens. Car sinon, on irait des pures pensées aux sons signifiant quelque chose et il y aurait une seule langue et donc aucune traduction. Il n’y aurait qu’une mise en langue.

Or, si penser que la pure pensée est un langage sans sons ou autre support matériel, un tel redoublement n’est-il pas inutile ? N’est-il pas préférable, à l’instar de Merleau-Ponty, de refuser qu’il y ait une pensée sans langage ? Dès lors, comment penser qu’on puisse chercher ses mots ?

 

Merleau-Ponty récuse la thèse d’une pensée avant le langage non pas de façon générale, mais en parlant de « l’auteur ». C’est que l’auteur désigne l’inventeur d’un texte. Or, tout autre qu’un auteur peut chercher à traduire un texte déjà existant. Il n’y a que l’auteur pour énoncer un texte nouveau. Dès lors, on pensera habituellement que l’auteur pense d’abord et qu’il traduit avec des mots la pensée novatrice qui est la sienne. Comment donc concevoir qu’il pense avec et à travers des mots ?

C’est ce que Merleau-Ponty explique en indiquant que l’auteur va être satisfait de sa parole si et seulement si elle trouve un certain équilibre qui le satisfait et dont les conditions se trouvent dans la parole elle-même et non dans quelque modèle extérieur. Il est vrai qu’on comprend que telle soit la caractéristique de l’auteur, c’est-à-dire de celui qui invente. S’il devait suivre un modèle, il n’y aurait aucune invention. Il n’y aurait donc pas d’auteur à proprement parler, mais plutôt un imitateur comme on peut le voir dans la conception grecque de la poésie comme mimésis pour laquelle le poète représente quelque chose qui existe avant lui, soit une apparence (cf. Platon, La république, livres III et X) soit une réalité (Aristote, Poétique) soit même une réalité intelligible

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