Le règne de Clovis

Clovis

476 marque la fin de l'Empire d'occident. Depuis quelque temps déjà des tribus germaniques ont franchi les frontières et se sont installées sur le territoire romain : en Aquitaine on trouve les Wisigoths, et les Burgondes à l'est, dans ce qui deviendra plus tard la Bourgogne. Les Francs, qui n'ont pas encore réalisé leur unité, occupent les régions situées au sud du Rhin pour les saliens et à l'est pour les Rhénans. Dans un paysage politique aussi morcelé, la lutte pour le pouvoir va s'engager, et Clovis y joue un rôle majeur.

Issu de la dynastie des Mérovingiens, Clovis Ier est le fils de Childéric Ier, roi des Francs saliens, et né vers 466. Vers six ou sept ans, Childéric Ier prend en charge l'éducation de son fils, et même s'il ne lui est pas possible de combattre avant l'âge de quinze ans, Clovis reçoit une instruction basée sur la guerre : des activités sportives, l’équitation et la chasse. Il parle le francique, et devant succéder à son père à la tête d’une province romaine, il apprend vraisemblablement le latin. À la mort de son père, en 481 ou 482, Clovis hérite d'un royaume qui correspond à la Belgique seconde.

Le règne de Clovis, qui durera jusqu'à sa mort en 511, marque une étape essentielle dans l'histoire, à la confluence des apports chrétien, romain et germanique. Il étendra considérablement le territoire dont il a hérité, mais surtout réussira à unifier le royaume des Francs.

Le règne de Clovis est surtout connu par la description qu'en fit Grégoire de Tours, évêque gallo-romain dont l'Histoire des Francs, rédigée à partir de 575, soit bien après la fin du règne du souverain. Cependant la visée, essentiellement édifiante, s'accompagne d'un manque de précision et de cohérence historique. En effet, le règne de Clovis est l'un des moins bien documentés de la dynastie mérovingienne ; les sources le concernant reposent sur de rares documents qui lui sont contemporains — une dizaine de lettres allusives — connues par des copies tardives, pas toujours très fiables, et sur des auteurs qui écrivent près de trois générations après sa mort.

Nous aborderons donc le règne de Clovis avec pour ligne directrice la question suivante :

Comment Clovis, chef militaire païen, est-il devenu la figure de l'unité Franque, et du même coup celle du début de la conversion au christianisme ?

I/ Clovis et les origines païennes germaniques

II/ Le rôle indispensable et unificateur du Friedelehe

III/ Clovis et l'intégration au monde romano-chrétien

I/ Clovis et les origines païennes germaniques

a) des héritages perpétués

Rituel de l'élection du roi franc (droit du sang) + posé sur le parois (symbole guerrier et solaire)

Le « Mund » = capacité à protéger, supérieur pour le roi

Totémisme de Lévi-Strauss : Chlodowig, étant composé des racines hlod (« renommée », « illustre ») et wig (« bataille »), il semble prédestiné à être « illustre dans la bataille ».

Tradition de la succession royale franque = « système magique » (Le Jan) où tous les coups sont permis → élimination systématique (Stéphane Lebecp, Les origines franques) de tout ce qu'il restait de chefs francs = Clovis c'était imposé (vers 510) de la moyenne vallée du Rhin jusqu'aux Pyrénées comme le maître d'un unique regnum.

b) un chef de guerre victorieux

Rémi de (481): « voici que tu assumes l'administration de la Belgique seconde : il n'y a rien d'étonnant à ce que tu deviennes ce que tes parents ont toujours été... » = pas de contestation de l'autorité héritée de Childéric Ier

Assurer l'expansion de son domaine : Clovis élimine tous les chefs saliens et rhénans voisins et, afin de s'assurer que seuls ses fils hériteront de son royaume, certains de ses anciens compagnons et même certains membres de sa famille.

Dualité de pouvoir en Gaule du N. au moment de l'avènement de Clovis = au printemps 486, coup d'Etat militaire contre Syagrius (assurer le monopole du pouvoir en Gaule du N. et préparer la conquête de la Gaule du S.) → Clovis hérite de son père un système d'alliance avec Odoacre (maître de Rome depuis 476) // Syagrius refuse de reconnaître sa légitimité + alliance avec le roi wisigoth Euric (maître d'Aquitaine et de Provence) = alliance des Francs Saliens + Rhénans → défaite de Syagrius

Raids victorieux et prometteurs au S. de la Loire (terr. Wisigothique) = conquête de Bordeaux en 498 → essentiel des efforts concentrés vers la Germanie rhénane : expansion franque marquée par la stratégie de Clovis (condition de mobilisation des troupes + soucis de ménager ses arrières)

Guerre aux Alamans venus de haute Rhénanie menaçant les positions franque dans la région de Cologne : G. de Tours = bataille de Tolbiac vers 496, Clovis devient un « nouveau Constantin » (vœu de se convertir auchristianisme si Dieu lui donne la victoire)

Années décisives 506 – 507 : écrasement des Alamans et chute du royaume wisigothique de Toulouse = Alamans menaçant les Francs rhénans sur la rive g. du Rhin qui appellent Clovis → plusieurs campagnes : 507, Clovis se bat dans la plaine de Vouillé (Poitiers) = défaite des Wisigoths (roi tué, fils qui prend la fuite = champ libre pour conquérir et pacifier l'Aquitaine)

Échec de son règne = pas de contrôle sur les rivages de la Méditerranée

c) un roi « chef de famille »

Episode du vase de Soissons 1er mars 487 = roi vengeur germanique (faide) → vase que Rémi de Reims demande à avoir / un soldat d'y oppose et brise le vase / Clovis ne réagit pas = Clovis ordonne à son armée de se réunir au Champ-de-Mars pour, selon une pratique romaine, une inspection des troupes et examiner si les armes sont propres et en bon état. Inspectant ses soldats, il s'approche du guerrier qui, l'année précédente, avait frappé le vase destiné à Remi et, sous prétexte que ses armes sont mal entretenues, jette alors la hache du soldat à terre. Au moment où celui-ci se baisse pour la ramasser, Clovis abat sa propre

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