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Être jeune en France dans les années 1960

Dissertation : Être jeune en France dans les années 1960. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  3 Avril 2017  •  Dissertation  •  5 200 Mots (21 Pages)  •  1 947 Vues

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Être jeune en France dans les années 60 :

Comme le souligne Olivier Galland dans Les jeunes, « La jeunesse n'est pas de tous les temps, elle est une invention sociale, historiquement située, dont les conditions de définition évoluent avec la société elle-même ». En effet, il est compliqué de définir la jeunesse, tant il existe d’acceptions possibles en fonction de l’approche et des domaines d’étude. Néanmoins, il est le plus souvent commun d’associer la jeunesse à la période dite de l’adolescence, période de l’existence humaine située entre l’enfance et l’entrée dans le monde des adultes. Dans les années 60, cette frange de la population correspond aux baby-boomers, c'est-à-dire, aux enfants nés directement après la guerre ; globalement entre 1945 et 1954 – même si le baby-boom débute dès l’année 1943. Ces baby-boomers grandissent dans une France en pleine mutation. Les moins de 25 ans, qui représentent alors un tiers de la population vont progressivement apparaitre comme une nouvelle catégorie sociale, avec ses propres codes et ses aspirations. Ils vont accompagner mais également participer à la mutation du pays durant toute la période étudiée, à savoir de l’année 1959 avec la réforme Berthoin, aux événements de Mai 68 qui ont contribué à porter sur la place publique nombre de revendications impactant directement l’ensemble des membres de cette génération.

Les documents qui nous sont présentés sont particulièrement révélateurs des évolutions rencontrées alors par la jeunesse, et de l’impact que celles-ci vont avoir sur la société. Ainsi, E. Morin, sociologue et philosophe français évoque dans l’extrait présenté, la métamorphose de la jeunesse dans une commune du Finistère, Plodémet, laquelle est représentative d’un phénomène s’opérant à l’échelle nationale. Résultant d’une large enquête réalisée par une centaine de chercheurs entre 1961 à 1965, son ouvrage et en particulier ici l’extrait qui nous est présenté, développe les nouveaux aspects caractéristiques de l'identité jeune : les études et le travail, les lieux de rencontre tel que le café, la musique, la mode, les nouvelles technologies, les phénomènes de langage, la culture commune yéyé.

La photographie de Johnny Halliday prise par Jean-Claude Sauer et publiée dans Paris Match en 1961 est elle aussi représentative de cette nouvelle jeunesse et de sa culture. Jean-Claude Sauer est un photographe de Paris-Match qui photographie drames et icônes, à une époque où Johnny Hallyday est en train de devenir la nouvelle idole des jeunes. Ce dernier est assis sur son lit, l'air pensif et la chemise ouverte. On remarque également des vinyles d'Elvis Presley, idole anglo- saxonne et un tourne-disque, symbole de la jeunesse de l'époque.

Enfin, le document 3 est une photographie de Jean-Pierre Rey prise pendant la manifestation du 13 mai 1968. Jean-Pierre Rey est photographe et, comme beaucoup de ses confrères, présent durant les événements de Mai 68. Il est particulièrement connu pour la célèbre image de « la jeune fille au drapeau » devenue « La Marianne de Mai 68 » reproduite dans la presse nationale et internationale. Sur la photographie qui nous est proposée, la majorité des individus sont des garçons mais l'une des filles, sur les épaules d'un garçon et brandissant le drapeau vietnamien est sûrement la célèbre Marianne de Jean-Pierre Rey. La jeunesse apparente des personnes photographiées montre bien que nous sommes dans une manifestation qui a tout d'abord été estudiantine.

A la lecture de ces documents, nous pouvons nous demander dans quelle mesure les années 60 ont-elles favorisé l’expression d’une nouvelle force sociale?

I - Les jeunes : émergence d’une génération nouvelle

A/ Des avantages inouïs : les 4P

« Doublement privilégiée par l’Histoire, puisque s’éveillant à la vie, puis au monde dans un monde globalement en paix – au moins dans l’aire occidentale concernée – et en pleine prospérité, cette génération connue aussi une destinée socio-éco très favorable : qu’elle ait été diplômée de l’enseignement supérieur – statut encore très largement minoritaire au sein de cette classe d’âge – ou pas, elle arriva sur un marché du travail qui, certes, connaissait de fortes et réelles tensions sociales, mais aussi une situation de quasi plein emploi qui favorisa leur insertion dans le tissu éco ». En effet, les baby-boomers ont bénéficié d'avantages inouïs : une Europe pacifiée et unie qui a définitivement tourné le dos à la G, des institutions stables, un progrès scientifique et technique spectaculaire, une prospérité sans précédent, un système scolaire qui permet l'ascension sociale, un système de santé et de protection sociale efficace, une quasi absence de chômage – 1000 offres d’emplois étaient publiées dans France soir tous les jours ; des possibilités accrues d'accéder à l'intégralité du patrimoine culturel grâce au disque, au livre de poche et à la vidéo. Même dans cette petite commune de Plodemet, les jeunes ont progressivement accès, au cours des années 1960, à toute cette panoplie culturelle ; le transistor individuel, le petit tourne disque à transistor ou encore, les juke-boxes dans les bars, lesquels leur permettent d’écouter leurs musiques préférées. Ainsi, cette génération apparaît bien comme étant une génération singulière ; comme nous avons déjà pu le souligner, du fait du poids de sa démographie – les jeunes dans les années 60 représentent le 1/3 de la population ; mais également du fait de son histoire commune, dessinée par les « 4 P » de son adolescence ; la paix, la prospérité, le plein emploi ainsi que le progrès. Les baby-boomers vivent en somme dans un pays qui ne connait ni la G, ni la misère, ni l’oppression politique. Ils vivent dans une société marquée par la prospérité que symbolise l’expression de « 30 G » forgée par l’économiste J Fourastié. Les changements économiques sont en effet absolument énormes et déterminent une ligne de transformation qui se traduit très concrètement dans les aspects matériels et dont les jeunes Fr vont être les 1ers bénéficiaires. « Il ne s’agit plus de survivre mais bien de sur-vivre. Les années 1960 sont celles de la France du mieux être et du sur-vivre. Assurément, les embellies socio-éco profitent alors à toutes les générations, mais elles n’ont pas sur celles-ci la même intensité. Pour les parents et les grands parents de ces jeunes, l’existence s’est déjà, pour partie ou très largement, déroulée avant les années 60 et les uns comme les autres ont mené globalement une vie quotidienne bien plus difficile, dont leurs descendants n’auront connu, au pire, que l’effet de traîne, entre la Libération et les sixties conquérantes. Le destin des baby-boomers est tout autre : pour eux, la vie va commencer véritablement en ces années 60, au moment où l’un des succès de JH du milieu de la décennie s’intitule précisément, « Pour moi, la vie va commencer ».

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