Le royaume de France au seuil des Temps Modernes

I- La prise du pouvoir par Louis-Napoléon Bonaparte

a) Le coup d’Etat et la résistance républicaine

→ LNB n’a pas de visée « terroriste » : il compte, à l’image de son oncle, « refaire » le 18 Brumaire qui avait été bien accepté par l’opinion

→ Elu au suffrage universel, il espère apparaître au peuple comme incarnant la souveraineté nationale contre l’Assemblée

-nuit du 1er au 2 décembre 1851 : LNB fait occuper l’Assemblée nationale et arrêter arbitrairement 78 personnes :

• des députés : conservateurs comme Thiers

• des militants républicains qui pourraient constituer le cadre d’une résistance

-il couvre Paris de troupes : 25 000 hommes « occupent » les rues d’une ville placée en état de siège

-il fait afficher des proclamations qui annoncent 3 décisions illégales et inconstitutionnelles mais dont il espère qu’elles seront populaires :

• rétablissement du SU

• dissolution de l’Assemblée nationale

• préparation d’une nouvelle constitution où les bases (inspirées par la Constitution de l’an VIII) prévoient :

• Un chef d’Etat « responsable » nommé pour 10 ans
• Des ministres dépendant du seul pouvoir exécutif
• Un Corps législatif élu au SU
• Une seconde assemblée = « pouvoir pondérateur, gardien du pacte fondamental et des libertés publiques »
• Un Conseil d’Etat « préparant les lois et en soutenant la discussion devant le Corps législatif »

• Ces décisions devront être ratifiées par plébiscite

-le 2 au matin : les ouvriers qui lisent ces proclamations en se rendant à leur travail ne s’insurgent pas et une bonne partie des députés laisse faire et ne se manifeste plus

• Aucun enthousiasme ni dans le peuple ni dans la bourgeoisie

-environ 220 députés (dont bon nombre de conservateurs libéraux tels que Tocqueville, Odilon Barrot, Rémusat) qui ne parviennent pas à entrer au Palais-Bourbon se réunissent dans la mairie la plus proche et prononcent constitutionnellement la déchéance du président

→ LNB les fait arrêter sans difficulté = attentat contre la représentation nationale

• Rupture définitive entre LNB les libéraux et les intellectuels

-3 décembre 1851 :

• la bourgeoisie montre sa désapprobation

• dans les quartiers populaires, une partie des députés encore libre (par ex Victor Hugo) tentent d’organiser la résistance : des barricades se construisent, des affrontements avec les soldats se produisent

→ Environ 1500 combattants

→ Les non-combattants n’acclament pas le coup d’Etat

-4 décembre 1851 : l’agitation s’amplifie et l’armée a du mal à la contenir

• Il ne reste plus à LNB que la force brutale : attaque violente contre les combattants des barricades et terreur contre les non-combattants = « fusillade des Boulevards » contre des civils désarmés qui fait plusieurs centaines de morts

-au soir du 4 : Paris, terrorisé, ne bouge plus : à la différence de son oncle, LNB ne l’a emporté qu’en faisant couler le sang

-importants soulèvements républicains légalistes dans les provinces : car les riches disposent de leur fortune pour se protéger et le droit est la seule « fortune » des plus faibles → mais ces soulèvements ne parviennent pas à sauver la République :

• ils se produisent avec retard en raison des délais d’acheminement de l’information, après la victoire de la force des armes à Paris → ce qui nuit à leur succès

• dans les grandes villes (par ex Lyon ou Marseille) l’armée est puissante et en mesure de prévenir tout soulèvement

• ces soulèvements ne touchent qu’une partie de la France

• A partir du 9 et du 10 décembre, les militaires prennent partout le dessus

-ces soulèvements sont très importants car ils confirment la force du courant républicain dans une partie du peuple des campagnes (ces paysans votent pour les candidats républicains et risquent leur vie pour défendre la République) et permettent à LNB de sauver sa mise et sa tête, mais au prix d’un renversement d’alliance

• LNB est en mesure de se maintenir au pouvoir : la « grande peur sociale » induite par les soulèvements ruraux vaut à LNB l’appui massif de la bourgeoisie, de la fraction la plus conservatrice de la société française et celui de la hiérarchie catholique

b) L’installation du pouvoir personnel

-l’installation s’inscrit d’abord dans la répression :

• 26 000 personnes arrêtées

• LNB, qui veut une « justice » expéditive, crée des Commissions mixtes départementales qui bafouent les règles élémentaires du droit

→ Elles sont composées de 3 hommes : le préfet, un magistrat et le général qui commande les troupes

→ Elles statuent sans appel et sans entendre de défenseurs

• Elles cherchent à conforter la thèse du pouvoir qui voit dans les soulèvements républicains une tentative de subversion sociale

→ Elles condamnent donc les hommes dont le seul tort est d’avoir des idées de gauche

→ Elles envoient 240 personnes au bagne de Cayenne et en déportent 9500 en Algérie et 1500 sont expulsés (dont 66 députés)

• L’ampleur de la répression colore toute cette époque d’une atmosphère générale de terreur
• La presse n’est pas libre, l’opinion ne connaît pas les limites exactes de la répression qui apparaît de ce fait sans limites
• LNB gagne un capital d’autorité auprès des conservateurs mais engrange un capital de haine inextinguible après des républicains et de bien des libéraux et d’intellectuels

-LNB est en mesure de procéder au plébiscite annoncé le 2 décembre qui se déroule les 20 et 21 décembre (dans un pays où 32 départements sont en état de siège, les journaux d’opposition sont interdits et adversaires du pouvoir n'ont aucun moyen de faire campagne)

→ 7.5M de oui et 1.7M d’abstentions

-par ce plébiscite, LNB s’est fait accorder le droit de rester président de la République pendant 10 ans, de gouverner seul pendant 3 mois par décrets-lois et le droit de rédiger une nouvelle constitution

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