« Religion des temps modernes, née avec le capitalisme, il est tout sauf un jeu Le sport abrite une vision du monde ». Michel Caillat
Dissertation : « Religion des temps modernes, née avec le capitalisme, il est tout sauf un jeu Le sport abrite une vision du monde ». Michel Caillat. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar pakau07 • 15 Novembre 2012 • Dissertation • 870 Mots (4 Pages) • 1 566 Vues
« Religion des temps modernes, née avec le capitalisme, il est tout sauf un jeu Le sport abrite une vision du monde ».
par MICHEL CAILLAT
Plus que jamais le sport sature notre espace et notre temps. Or, malgré ses centaines de millions de licenciés sur la planète, ses milliards de téléspectateurs, son importance dans le commerce mondial, ses complicités politico-financières et son pouvoir hégémonique sur les corps, il est souvent présenté comme un jeu. Si l’on s’entendait une fois pour toutes sur la définition même du mot, si l’on arrêtait de confondre un match entre enfants tapant dans une boîte de conserve et une finale de Coupe du monde, ou un footing entre amis au bord de la Loire et la finale mondiale du 1500 mètres, la question du sport n’apparaîtrait plus si dérisoire et si innocente que ça. Car en lui s’investit une vision du monde. Le sport n’est ni un jeu, ni une simple activité physique.
Hommes politiques, intellectuels et militants glissent sur l’institution sportive et sur ses fonctions de peur de se désolidariser d’activités massives dites festives. Personne ne s’interroge réellement en termes d’utilité collective sur le budget des Mondiaux organisés à Paris (60 millions d’euros dont 50% environ à la charge des partenaires institutionnels), sur la transformation de la Cité Universitaire en camp retranché, sur la mise en place d’un réseau parallèle de la RATP et sur le déploiement d’un « dispositif de sécurité hors du commun ». Est-ce donc mépriser le peuple que de chercher à réfléchir et à désenchanter le monde du sport ? Si l’on tient pour acquis que l’intelligence devient paresseuse lorsqu’une société devient consensuelle, on comprend mieux pourquoi le sport ne fait pas l’objet de connaissances mais de croyances, d’adoration aveugle ou de rejet irréfléchi.
Dans le sillage des champions, les journalistes ont encore une fois authentifié les performances (et avec quelle démesure sur les chaînes publiques !) sans poser les questions de fond. Pourquoi le sport a-t-il pris une place aussi considérable ? Qu’est-ce qui fait courir les foules derrière des athlètes et des équipes ? Comment expliquer que tant de salariés s’identifient à des champions qui gagnent en trois mois ce qu’eux-mêmes ne gagneront pas durant toute leur vie ? Pourquoi les inégalités, les mensonges et la corruption violemment condamnées ailleurs sont-elles si facilement tolérées dans le milieu sportif ? Pourquoi ce « fait social total » reste-t-il un impensé ?
Dès son origine, le sport est un spectacle relayé par la presse qui, autour de lui, bricole une dramaturgie, manipule le suspense, emphatise le drame commun des humains. A cet égard, la folle histoire de Marie-José Pérec, depuis son départ précipité de Sydney jusqu’à son faux retour orchestré pour « faire mousser » l’événement parisien, est exemplaire. La popularité du sport a plusieurs raisons : d’abord, il fait naître des émotions et nul doute que la chute d’une star sur la dernière haie suivie suivie du réconfort de sa petite famille, mari et enfants rassemblés, fera pleurer dans les chaumières. Ensuite, il est un univers simple, binaire, immédiatement parlant : en athlétisme, chaque champion « vaut quelque chose » (des centimètres, des dixièmes de secondes)
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