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Commentaire Historique sur Louise Labé

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Par   •  28 Décembre 2022  •  Commentaire de texte  •  2 778 Mots (12 Pages)  •  349 Vues

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Le nom de Louise Labé nous évoque tout d’abord la poétesse de la Renaissance, mais nous pensons moins à sa position de défenseuse du sexe féminin du fait de la place qu’occupaient les femmes à cette époque. Pourtant nous lui devons un rôle essentiel dans le développement et surtout dans la diffusion de « l’écriture au féminin ». Louise Labé est née à Lyon vers 1524, où elle s’est essayée principalement à l’exercice du vers. Contrairement aux jeunes filles de son temps, Louise reçu une éducation exemplaire dans le domaine des lettres ainsi que des sciences. Suite à son mariage avec un riche marchand de corde elle a pu satisfaire pleinement son amour pour les lettres. En ce temps les livres étaient rares et onéreux, mais elle aurait possédé une bibliothèque importante composée des meilleurs ouvrages grecs, italiens, etc. A contrario ses écrits sont plus restreints et se limitent aux Débat de Folie et d'Amour, de trois Élégies ainsi que plusieurs sonnets. Elle s’inspire de nombreux d’humanistes tel qu’Erasme ou Pétrarque de la même manière que ses contemporains. En effet, elle prend part au côté de Maurice Scève à « l’école lyonnaise ». La ville devient à cette époque un centre culturel renommé du fait de ses salons influents, de l’imprimerie lyonnaise et du collège de La Trinité. C’est dans ce contexte que se développe « l’écriture au féminin » ce qui permet à de nombreuses femmes de lettres d’investir la scène littéraire comme Clémence de Bourges.

En s’adressant à Clémence de Bourges, la poétesse dresse un éloge de sa bienfaitrice. Cette épître dédicatoire est le témoignage d’une conscience aigüe des conventions liés au sexe. Louise Labé y appel à l’indulgence et à la bienveillance de la destinataire. Dans la première partie de l’épitre, la poétesse montre que la femme est l’égal de l’homme depuis que ces dernières ont aussi accès aux sciences. Dans la seconde partie, la réflexion s’axe davantage sur l’acte d’écriture en s’adressant à Clémence de Bourges qui fait figure de guide. En utilisant le pronom « je » et l’énonciation du féminin, Louise Labé s’adresse également à toutes les femmes auxquelles elle exhorte de se cultiver et de se tourner vers le savoir et l’écriture.

Envoyée le 24 juillet 1555, cette épître s’inscrit dans un contexte humaniste. L’Italie voit naître un courant qui promeut la tolérance, l’amour de l’humaniste et qui vise à redécouvrir les textes de l’antiquité avec de grand penseur tel que Marsile Ficin. Ces messages se propagent dans toute l’Europe et seront repris par des groupes tel que L'École de Lyon dont fait partie Louise Labé. Mais ce personnage cache bien des mystères. En 1573, Claude de Rubys associe le terme de courtisane à Louise Labé ce qui sera démenti par Guillaume Paradin ce qui jette le mystère sur son statut et même sa propre existence. Ainsi l’œuvre de Louise Labé ne serait peut-être que le travail de poètes proches de Maurice Scève selon plusieurs spécialistes, car il parait peu vraisemblable qu’une femme de ce temps témoigne d’une sensibilité littéraire si raffinée.

Dans cette épître de Louise Labé, l’écriture et le savoir sont utilisés pour traiter d'un problème plus profond, celle de « l’émancipation » de la femme. Nous nous interrogerons dans quelles mesures Louise Labé, à travers cette épître, rend elle compte des conditions de vie des femmes au 16e ainsi qu’un message que l’on peut considérer comme pré-féministe ?

Dans un premier temps, nous allons commenter la position de la femme dans la société patriarcale du 16e. Puis dans un second temps, nous étudierons la valeur proto-humaniste et engagé du message de l’auteure qui se destine à toutes les femmes.

Louise Labé débute L’Epître dédicatoire à Clémence de Bourge en mentionnant que désormais « les sévères lois des hommes n’empêchent plus les femmes de s’appliquer aux sciences et disciplines » (l.12). En effet, l’éducation des femmes est une thématique important de cet écrit. La poétesse exhorte les femmes à se tourner vers le savoir, ce qui leur est désormais permis. En outre, le regard porté sur l’éducation des femmes au XVIe commence à changer. La réflexion porte encore largement sur la place de la femme dans le foyer mais désormais la jeune fille doit apprendre à lire, écrire. Indirectement elle bénéficie de la mise en valeur de l’instruction. Ainsi, Louise Labé fait mention à la ligne 13 de science et de l’honneur qu’elle procure aux femmes à la ligne 7. La valeur des lettres est plus largement saluée dans cette épître, « par écrit » (l.5) Louise Labé montre à la ligne 15 « cet honneur que les lettres et sciences ont accoutumé » porter aux personnes qui les suivent. Les lettres permettent ainsi d’élever l’esprit de celles qui les étudies. Les jeunes filles aisées peuvent également recevoir une éducation dans d’autres domaines, tel que la musique que Claude Fleury, dans son Traité du choix et la méthode des études, qualifie comme de « simple pis-aller contre l’oisiveté ». L’ensemble de ces disciplines sont toutefois hautement surveillées et qualifiées par leur « rudesse » (l.11). De la même façon, l’instruction des jeunes filles s’accompagne d’un aspect religieux assez rude. A cette période, le couvent reste le lieu d’instruction majoritaire pour les jeunes filles. De plus l’éducation religieuse est déployée dans l’ensemble (sauf exception) des foyers. On relève dès lors dans ce texte un champ lexical relatif à la religion avec des termes comme « cieux » (l.9), vertu (l.13-14). Mais le plus parlant reste une des formulations de fin qu’emploie Louise pour s’adresser à son amie « dieu vous maintienne en santé » (l.49). Pour l’Eglise il est nécessaire de les éduquer en premier car c’est par le biais (lecture et catéchisme) que se déploiera la parole divine. Naisse ainsi des congrégations religieuses spécialisées afin d’éduquer convenablement ces jeunes filles.

Louise Labé est une femme privilégiée dès lors qu’elle ait accès aux sciences. En effet, elle admet qu’elle jouit d’une certaine « commodité » (l.1). Cette « honnête liberté » doit être saisit par les femmes qui en ont la chance comme l’indique le verbe « devoir », du fait que l’instruction féminine était comme on l’a vu peu développée au XVIe. Seule une éducation familiale bien conduite permettait de produire des filles à la culture comparable à celle dispensée aux garçons. Le savoir dispensé aux filles relevait plus de travaux d’aiguille que de notions académiques ce qui les handicapait lourdement sur le marché

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