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Une tentation fasciste en France dans les années 1930 ?

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Par   •  16 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  3 093 Mots (13 Pages)  •  623 Vues

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CHEIN Boris

Une tentation fasciste en France dans les années 1930 ?

« Oui il y a un fascisme en France, c’est le Francisme » (doc 1), cette affirmation de Marcel Bucard est contestable, et est contestée par nombre d’historiens.

En effet, l’existence d’un fascisme en France dans les années 1930 fait débat, on observe au moins trois grandes théories d’historiens sur le fascisme français : René Rémond et ses partisans, qui considèrent qu’il n’y a pas vraiment eu de fascisme en France car les mouvements véritablement fascistes sont de petits groupuscules avec peu d’influence. On a aussi Zeev Sternhell qui considère que le fascisme a existé en France par la rencontre d’éléments de gauche et d’extrême droite, il considère aussi que la France est le berceau de fascisme de par l’existence de «préfascismes» à la fin du 19e siècle. Et enfin, Robert Soucy, lui, considère que le fascisme a existé de manière importante en France au sein des droites, notamment grâce à l’idéologie maurassienne qui aurait permis sa diffusion.

On pourrait définir l’expression « tentation fasciste » comme l’existence d’une possibilité de renversement de la 3e république par un fascisme français durant l’entre-deux guerre, plus précisément durant les années 1930. Nous définirons le fascisme comme un système politique autoritaire qui associe populisme, nationalisme et totalitarisme au nom d’un idéal collectif suprême. Dans ce devoir, nous nous arrêterons à l’année 1939, nous exclurons ainsi l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne nazie de notre analyse. La France des années 1930 est, à l’instar des autres pays européens, mise en difficulté par un certain nombre de problèmes : le krach boursier de 1929 commence à toucher fortement la France dès 1931, les gouvernements se succèdent sans réussir à endiguer l’inflation, les scandales politico-financiers des gouvernants s’accumulent, … Ce contexte est propice à l’apparition de mouvements fortement contestataires, parmi lesquels on trouve des mouvements fascistes. Par ailleurs, il convient de rappeler qu’une partie non négligeable de la droite de l’époque se radicalise et passe à l’extrême droite, voire au fascisme, par le biais de l’anti-communisme.

Nous baserons notre analyse sur 3 documents. Le premier est une affiche du parti Franciste, un parti ouvertement fasciste créé par M. Bucard en 1933. Notre deuxième document est une photographie du défilé des croix-de-feu, qui est à l’origine un mouvement d’anciens combattants mais qui se transforme progressivement en organisation politique nationaliste, du colonel de La Rocque, le 14 juillet 1935. Enfin, notre dernier document est une affiche d’appel de la Solidarité Française, un mouvement politique contestataire créé par F. Coty, à la manifestation du 6 février 1934, manifestation qui deviendra une émeute au cours de laquelle la 3e république ne passe pas loin de passer l’arme à gauche.

L’entre deux-guerres est aussi la période des fascismes, Mussolini devient le chef du gouvernement italien en 1925, Hitler prend le pouvoir en 1933, et Franco devient le chef d’état espagnol en 1936. On peut dès lors se demander pourquoi la France n’a pas suivi le même schéma. Qu’est-ce qui, dans son histoire et dans sa structure, a protégé la France du fascisme durant les années 1930 ? Existe-t-il une force fasciste puissante en France à l’époque ? Quelles ont été les réponses des gouvernants aux revendications contestataires des mouvements d’extrême droite ?

Nous synthétiserons ces questionnement par la question suivante : Dans quelle mesure la nébuleuse de l’extrême droite française des années 1930 ne parvient-elle pas à se structurer autour du fascisme comme projet commun ?

I – L’extrême-droite française des années 1930

A) Les ligues

Dans la France de l’entre-deux guerres, l’extrême droite se structure autour des ligues qui vont défendre des idées nationalistes et sont hostiles à la république parlementaire.

Parmi ces ligues on trouve de véritables mouvements fascistes, le premier étant le « faisceau », une ligue créée en 1925 qui implosera en 1928 suite à de graves débats internes et dans laquelle était fortement impliqué François Coty. Ce dernier, étant un riche industriel, va ensuite financer les Croix-de-Feu (que l’on peut voir en train de défiler pour le 14 juillet sur le document 2). Les Croix-de-Feu sont créés en 1927 et regroupent à la base les anciens combattants décorés de la guerre de 14-18, avant de devenir une véritable force politique. Le colonel de La Rocque en devient président général en 1931, et met en place de nombreux changements au sein de l’organisation : le langage extrémiste est désormais banni, laissant place à une idée de « réconciliation nationale », les Croix-de-Feu venant ainsi s’opposer aux ligues, d’extrême-droite comme d’extrême-gauche, par ailleurs, il se lance aussi dans une politique de recrutement des masses par la création de nombreuses organisations sympathisantes et d’un véritable réseau d’associations.

Quant à François Coty, insatisfait par le régime parlementaire décrédibilisé par un certain nombre de scandales (« Ton parlement est pourri. Tes politiciens sont compromis. Ton pays livré à la boue des scandales » doc 3 ligne 4/5), une mauvaise gestion de la crise de 1929, ainsi que par une forte instabilité gouvernementale (on observe 6 gouvernements de mai 1932 à février 1934), il décide de créer son propre mouvement en 1933: la Solidarité Française. Ce mouvement d’extrême-droite se radicalise après la mort de son géniteur en 1934 et emprunte une imagerie et une rhétorique fascisante. Par ailleurs, si l’on peut qualifier la Solidarité Française post-Coty de « fascisante », « le Francisme » de Marcel Bucard est, lui, ouvertement fasciste («Oui, il y a un fascisme en France, c’est le Francisme» doc 1). Ce mouvement fondé en 1933 a pour but la conquête du pouvoir afin « d’arrêter la course à l’abîme », et vante une relative fraternité avec les autres fascismes européens, développant ainsi l’idée d’une internationale fasciste.

B) La contestation comme point de convergence

Si toutes ces ligues ne s’entendent pas forcément sur le projet politique qu’elles défendent, elles arrivent néanmoins à relativement s’unir dans la contestation. On retrouve un certain nombre d’éléments communs dans leurs rhétoriques.

En effet, on peut par exemple remarquer, comme évoqué plus haut, une critique commune des scandales entachant la classe politique de la France des années 1930. Par ailleurs, la France étant fortement touchée par le krach boursier (de 1929) dès 1931, on observe aussi nombre de critiques sur la gestion de cette crise économique par les gouvernants (« Paysan, la ruine te menace » doc 3 ligne 5). Ces critiques sont communes à l’extrême-droite et à l’extrême-gauche. Un autre point de convergence entre les ligues d’extrême-droite est le nationalisme, qui se caractérise par une réaffirmation de l’identité française (« Mais un fascisme à la française, […], avec des méthodes et des moyens de chez nous » doc 1 1er paragraphe) ainsi que par le refus de l’étranger (« Ouvriers, intellectuels, votre situation est assaillie par les étrangers » doc 3 ligne 5/6).

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