La loi de séparation des églises et de l'état
Dissertation : La loi de séparation des églises et de l'état. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar noemiep • 12 Décembre 2018 • Dissertation • 2 182 Mots (9 Pages) • 1 074 Vues
« Je veux l’État laïque, exclusivement laïque..., je veux ce que voulaient nos pères, l’Église chez elle et l’État chez lui ». Par ces mots, Victor Hugo décrit, lors de son discours dans la discussion du projet de loi sur l’enseignement le 15 janvier 1850, l’avènement d’un conflit qui divisera la société française jusqu’à la fin du XXème siècles et voire plus.
L’alliance de l’Église avec l’État remonte à l’Ancien Régime VIème-XVIIIème siècles, avec le baptême de Clovis (an 500) qui décida de joindre l’Église conciliaire qui se tient aux décisions du concile de Nicée. Par la suite, Charlemagne comme Henri IV ou Louis-Philippe, firent perdurer la tradition qui lie le chef de l’État français à la religion chrétienne : la papauté.
Cependant, la loi de Séparation des Églises et de l’État apparait dans une France encore divisée face à l’affaire Dreyfus qui a bouleversé l’équilibre politique et voit ainsi émerger une majorité Républicaine au pouvoir. Mais cette volonté de diminuer, voire même de supprimer l’influence des Églises sur l’État ne date pas de 1905, mais bien avant sous Napoléon.
Il apparait alors nécessaire de se demander comment l’idée d’une séparation nette des Églises et de l’État est-elle apparue et comment a-t-elle été mise en place dans une société toujours plus divisée ? Si cette intention de diminuer le pouvoir du Saint-Siège apparait bien avant la loi de 1905, l’instauration définitive de la séparation des Églises et de l’État n’est créée que sous la IIIème République et engendre des divisions.
I- L’émergence d’une volonté de couper les liens entre le Saint-Siège et l’État français
A- Le premier concordat 1801 de Napoléon 1er
Dès son arrivée au pouvoir après un coup d’état en 1799, Napoléon devient premier consul et rétablit l’ordre et la paix en France qui sort de la Révolution. Il considère la religion comme un pilier pour l’État permettant une stabilité, mais soutient une pluralité religieuse. Le pape Pie VI rompt les liens avec l’État français après la Révolution après la suppression des privilèges du clergé. Et par la suite, Napoléon entreprend des négociations de réconciliations. C’est en 1801 qu’est mis en place le 1er Concordat français : le Concordat de Napoléon. Ce Concordat créé des relations officielles entre l’État et la papauté. Cet accord lui permet de nommer les évêques tout en prenant en charge leur rémunération ; les églises datant d’avant 1789 sont propriétés de l’État et entretenues par l’État. Napoléon reconnait que la religion majoritaire en France est la religion catholique mais laisse sous-entendre le droit à la pluralité religieuse et le confirme : « Le gouvernement de la République française reconnait que la religion catholique, apostolique et romaine est la religion de la grande majorité des français ». Ce que dès 1815 jusqu’à 1824 Louis XVIII va modifier en maintenant le Concordat de 1801 avec « … la religion de l’État ». Cependant, Louis Philippe rétablit les mots employés par Napoléon en 1830. Le concordat de Napoléon reste en vigueur jusqu’en 1905 où les députés et sénateurs s’entendent sur un nouveau concordat qui bouleversera la société française et la papauté.
Le concordat de 1801 est le premier pas du gouvernement français vers une séparation des Églises et de l’État. Cependant dès les années 1848 sous un paysage français tendu et un changement de majorité politique, l’État envisage de modifier les accords du concordat et ainsi va émerger la loi de 1905.
B- Des troubles sociétaux et une majorité politique nouvelle conduisent le gouvernement à rompre ses liens avec les Églises
Dès les années du printemps des peuples (1848-1849), l’Église joue un rôle important avec une forte imprégnation de la religion. La révolution de 1848 en France n’est pas une révolution anticléricale, on parle du Christ des barricades. L’Église elle-même accueille favorablement l’évènement. Cependant, en 1870, lors de la défaite de Sedan, le chancelier Bismarck organise des élections car celui-ci souhaite négocier avec un gouvernement élu. À la suite de ces élections, une majorité de monarchistes apparait et Adolphe Thiers est élu président. Mais les drames de la Commune et de la semaine sanglante approfondissent l’opposition entre les socialistes et l’Église, créant un climat tendu entre l’État et la papauté. Par ailleurs, l’Église et l’État rencontrent quelques conflits, des tensions financières, en effet, le budget accordé au culte par l’État fait débat au sein de la société. Les républicains anticléricaux en sont les leaders de ce débat et prônent une nouvelle modification du concordat. C’est en 1876, lors de nouvelles élections que la balance politique s’inverse. En effet, le sénat n’obtient la majorité conservatrice qu’à 151/149 sièges et du coté de l’Assemblée Nationale, les Républicains deviennent majoritaires (363/200). Le nouveau président Mac Mahon décide de dissoudre la chambre des députés mais c’est un échec puisant. En effet, par la suite les républicains remportent les municipales, puis les sénatoriales. Ce revers de la majorité politique à pour conséquence la démission de Mac Mahon qui va ainsi être remplacé par Jules Grévy, un républicain qui signe l’entrée définitive du parti républicain anticlérical au sein du gouvernement.
L’émergence de cette majorité républicaine qui séduit la population française va permettre de démarrer le processus de séparation de 1905.
C- Le début des réformes menant à terme la conception de la loi de 1905
Depuis l’élection des républicains au pouvoir en 1876, les processus de détachements de l’État envers l’Église s’accélèrent. En effet dès 1876, de nouvelles mesures restrictives apparaissent, les républicains demandent une réduction des crédits publics pour le culte. Le budget du culte est alors diminué de 7 millions de francs et la rémunération de l’archevêque de Paris est divisé par deux. Cependant au sein même du parti républicain des débats perdurent, comme Jules Ferry qui n’est pas favorable à la diminution du budget de l’État sur l’Église car les citoyens se sentiraient obligés de faire plus de dons pour leurs prêtres. Pourtant, l’idée d’un État neutre en termes de religion (face aux différentes guerres
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