Dissertation sur les moyens de contrôle des travailleurs de l'Ancien régime au Second Empire
Dissertation : Dissertation sur les moyens de contrôle des travailleurs de l'Ancien régime au Second Empire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Coralie Daumas • 28 Février 2022 • Dissertation • 2 013 Mots (9 Pages) • 429 Vues
La pauvreté et les conditions de travail ainsi que de vie étant durs, les travailleurs sont souvent tentés par la débauche et l’alcoolisme est assez important dans le milieu ouvrier.
Les travailleurs étant naturellement considérés comme turbulents, il est intéressant de se demander de quelle façon ils sont contrôlés à partir de l’Ancien Régime et ce jusqu’au Second Empire.
Sous l’Ancien Régime, l’instrument de contrôle privilégié des travailleurs est les corporations (I) qui seront supprimées par la pensée révolutionnaire. Suite à la première révolution industrielle, de nombreuses grosses usines vont voir le jour et la façon de travailler sous la IIème République ne peut plus fonctionner avec elles. Les grands patrons ont alors mis en place, sous l’égide de Napoléon Ier, deux nouveaux types de contrôle des travailleurs (II).
I) Les corporations : instrument de contrôle privilégié des travailleurs sous l’Ancien Régime
Depuis la Rome antique, les travailleurs ont souhaité se réunir en communautés afin de s’entraider et de poser certaines règles inhérentes à leurs métiers. Au Moyen-Age, les hanses et les ghildes côtoient des associations artisanales urbaines. Les travailleurs vont aussi créer des confréries et autres associations pour se rejoindre. Les communautés de métiers font leur apparition sous l’Ancien Régime et ouvriront plus tard la voie à ce que nous avons appelé des corporations. Celles-ci ont été critiquées (A) et supprimées (B) car elles exerçaient un contrôle trop important sur la masse ouvrière.
A] Les critiques physiocratiques des corporations
A cette époque, les corporations possèdent le monopole sur les corps de métiers qu’elles représentent. A travers ce pouvoir, elles décident des outils ainsi que des matériaux utilisés, et fixent les prix. Cela représente des avantages pour les consommateurs qui ne voient pas de fluctuation de ceux-ci, et il n’y a pas de lutte des classes. Mais plusieurs problèmes se posent et sont soulevés par les physiocrates menés par Quesnay. Tout d’abord, cela empêche toute innovation et tout progrès technique alors que la révolution industrielle commence un peu partout en Europe. De plus, il n’y a plus de concurrence puisque tous les produits sont les mêmes et les prix ne changent pas. Ensuite, ces penseurs estiment qu’il y a trop de népotisme. En effet, le recrutement ne se fait plus sur les compétences des apprentis mais sur leur richesse et leur statut. Les maîtres n’acceptent plus que des fils de maîtres, les prix pour accéder à l’apprentissage ou la maîtrise augmentent et des règles sont mises en place afin d’empêcher le maximum de personnes d’accéder à ce titre. Par exemple, il est impossible en tant qu’apprenti ou ouvrier de se marier avec la fille d’un maître ou encore le nouveau maître ne peut rester trop longtemps dans la même ville. Enfin, les corporations pratiquent ce qu’elles vont appeler le « choix de boutique » et empêcher les ouvriers d’aller travailler chez des maîtres ne souhaitant pas faire partie de celles-ci.
Toutes ces critiques, suivies par la pensée révolutionnaire, ont fini par entraîner la suppression de ces corporations définitivement.
B] La suppression obligatoire de ces corporations selon la pensée révolutionnaire
Dans un premier temps, Turgot, le contrôleur financier de la France, inspiré par les idées physiocratiques adopte en février 1774 un édit afin de supprimer les corporations qu’il estime attentatoire à la liberté de commerce et de l’industrie. Suite à la publication de ce texte, le Parlement de Paris adresse des remontrances au roi Louis XVI car il pense que les corporations agissent comme une sorte de police du travail étant donné que les travailleurs sont vus comme naturellement turbulents. Le roi, n’ayant que faire de ces critiques, force l’adoption de cet édit par un lit de justice le 12 mars 1774. Mais le Parlement de Paris et les corporatistes ne s’arrêtent pas là et continuent d’adresser des remontrances au dirigeant qui cédera et sera obligé de renvoyer Turgot. Par un édit d’août 1774, il va remettre en place la plupart des corporations bien que leur nombre ait diminué du fait que certaines, voisines, se soient réunies (par exemple les rôtisseurs et les cuisiniers).
Dans un deuxième temps, la pensée révolutionnaire clame qu’il ne doit pas y avoir de corps intermédiaires entre l’État et les citoyens donc qu’il faut supprimer toute association de travailleurs. En effet, les corporations sont contraires à la Constitution comme le rappelle Isaac Le Chapelier dans son discours à l’Assemblée nationale en 1791 : « je viens au nom de votre comité de Constitution vous déférer une contravention aux principes constitutionnels qui suppriment les corporations ». Dans cette optique, le décret d’Allarde adopté en 1791 reprend mot pour mot le premier article de l’édit de Turgot et supprime les corporations et autres associations telles que les confréries. Ces dernières avaient un but religieux et d’entraide, ce qui met les travailleurs à mal, mais les révolutionnaires estiment que c’est à l’État de mettre en place cette aide. Ce premier texte n’avait pas prévu de police du travail et les associations sont tout de même possible si elles demandent l’accord de leurs municipalités comme le dit Le Chapelier dans son discours en précisant qu’elles ont eu tord. Ainsi est adoptée sa loi le 14 juin 1791 rappelant tout d’abord ce principe de suppression des corporations. Elle met en place ce que nous allons appeler le délit de coalition des ouvriers qui s’apparente à un délit d’association et qui sera supprimé en 1806. Pour les révolutionnaires, les conventions sont libres et se font d’individu à individu sans besoin de l’intervention d’un tiers pour réglementer les salaires ou les conditions de travail.
Les corporations ayant fermées leurs portes, il est devenu difficile de contrôler les travailleurs et les procédés utilisés. C’est pour cette raison que lors du premier Empire, de nouveaux types de contrôles vont voir le jour.
II) La mise en place de deux nouveaux types de contrôles des ouvriers à partir du premier Empire
Après la Révolution Française et avec l’avènement de la première révolution industrielle, nous pouvons distinguer trois catégories d’ouvriers qui travaillent dans les usines : les paysans-ouvriers qui représentent la majorité des travailleurs mais qui ne travaillent dans les entreprises que pour un temps déterminé (entre les travaux agricoles) afin de compléter leurs revenus, les ouvriers qualifiés qui sont en fait d’anciens maîtres possédant leurs propres ateliers mais qui ont dû fermer boutique car les industries sont de trop grandes concurrentes, et les ouvriers non-qualifiés qui sont souvent des vagabonds profitant de la nouvelle liberté du travail que connaît la France à cette époque pour changer quand bon leur semble de travail. C’est ce que dit Noiret selon les propos rapportés par Jean Le Goff dans son ouvrage Du silence à la parole. Une histoire du droit du travail des années 1830 à nos jours : « Les ouvriers restent chez leur maître que jusqu’à la première occasion de le quitter ; ils considèrent même comme un mérite de n’y pas rester longtemps ». Dans cette optique sont mis en place deux nouveaux contrôles des travailleurs pour permettre d’éviter la désertion trop facile des usines et mettre en place une certaine discipline : le livret ouvrier (A) et le règlement d’atelier (B).
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