Lutter contre l’ordre colonial en Afrique sous domination française et en France métropolitaine, 1885 – 1962

« C'est nous les Africains, qui revenons de loin

Venant de nos pays pour sauver la Patrie

Nous avons tout quitté, parents, gourbis, foyers

Et nous gardons au cœur une invincible ardeur

Car nous voulons porter haut et fier

Le beau drapeau de notre France entière ».

Cet extrait est issu du chant militaire des Africains composé en 1943 par Félix Boyer qui était un capitaine de l’armée française. Ce chant est rapidement devenu un chant officiel, très chanté par les soldats de l’armée d’Afrique et devient un réel symbole pendant la 2nde Guerre mondiale. Pour en revenir à l’extrait, celui-ci ne nous montre pas un atmosphère de négativité mais plutôt une harmonie entre les soldats et dirigeants français et africains. Pourtant, même si les populations des deux territoires ont réussi à cohabiter durant la 2nde Guerre mondiale, des affrontements ont bien eu lieu entre l’Afrique et la France de 1885 à 1962.

La conquête des territoires d’Afrique par les Français a débuté par des échecs. En 1763 et en 1815, les Français ont connu des défaites contre l’Angleterre qui a entrainé la perte de leurs colonies américaines. Mais ensuite, les Français ont enchainé des conquêtes victorieuses. En 1841, c’est la prise de Mayotte. Entre 1843 et 1844, les Français s’implantent en Guinée et au Gabon. La conquête de la Cochinchine a lieu entre 1858 et 1867. En 1863, un protectorat est imposé sur le Cambodge. Toutes ces conquêtes précèdent une période d’expansion coloniale des puissances européennes. Cette période a lieu entre les années 1880 et les années 1910 et se nomme le « High Imperialism ». Au cours de cette période de nombreux changements ont eu lieu. Ils commencent le 28 juin 1881 avec la promulgation du Code de l’Indigénat qui réduit encore plus les droits des populations colonisées avec des peines potentiellement alourdies, des impôts supplémentaires et un statut d’infériorité affirmé. La même année, la Tunisie est mise sous protectorat et deux ans plus tard en 1883, l’administration du Gabon se détache de celle de la Guinée. Cela témoigne des changements qui s’opèrent dans les territoires sous domination française. Notre devoir commence avec la Conférence de Berlin qui a lieu du 15 novembre 1884 au 26 février 1885. Lors de cette Conférence, de nombreux pays européens se sont réunis afin de se partager les territoires d’Afrique. Également, cette conférence permet de créer des règles pour la colonisation des territoires. Cette étude se termine en 1962 avec la fin de la guerre en Algérie et l’indépendance de ce pays.

Il s’agit maintenant de définir les termes du sujet. Dans « ordre colonial » nous entendons le processus qui permet d’encadrer les populations des territoires dominés. Alors que le terme « ordre » fait référence à l’atmosphère qui règne dans les relations entre les différents acteurs. Les relations sont parfois virulentes, parfois pacifiques, tout dépend du contexte. Dans tous les cas, ces différentes relations nécessitent la mise en place d’instruments de maintien de l’ordre où les répressions entre en compte. Les répressions font entièrement partie de la vie des populations colonisées africaines ce qui entraine du désordre dans les sociétés coloniales. Puis, le terme « lutter » fait référence à toutes les personnes, qu’elles soient Françaises ou Africaines, qui sont en défaveur de l’ordre colonial. Dans le terme « lutter » nous comprenons que tous les moyens que ces personnes utilisent et les comportements qu’elles affichent pour y parvenir sont importants pour traiter cette partie du sujet. Nous remarquerons une évolution de ces luttes au fil des conquêtes. Enfin les termes « en Afrique sous domination française et en France métropolitaine » désigne les espaces où se déroulent les conquêtes et où se développent les luttes contre cette domination européenne sur les pays d’Afrique. De plus, les différents acteurs doivent également être cités pour expliquer ces termes. Ainsi, le sujet invite à se questionner sur la manière dont les populations colonisées et celles de la métropole dénoncent l’ordre colonial mis en place par les élites métropolitaines. Pour cela, nous diviserons notre devoir avec un plan chronologique afin de comprendre au mieux les différentes luttes contre l’ordre colonial en Afrique sous domination française et en France métropolitaine. Dans un premier temps, nous étudierons la conquête coloniale de l’Afrique entre 1885 et 1914. Dans un deuxième temps, nous travaillerons sur les contestations à la colonisation entre 1914 et 1945. Pour finir, nous nous intéresserons à la décolonisation progressive entre 1945 et 1962.

Tout d’abord, nous étudierons la conquête coloniale de l’Afrique entre 1885 et 1914, période au cours de laquelle l’Afrique a été colonisée. La période qui a eu lieu entre 1885 et 1914 est nommée le « premier âge colonial » au cours de laquelle des territoires et des populations africaines, jusqu’alors indépendants, se sont retrouvés sous la domination d’européens. Il s’agit de comprendre l’intensité de l’impérialisme européen entre 1885 et 1914 sur le continent Africain. Pour cela, nous nous intéresserons premièrement aux causes de l’expansion coloniale. Les européens étaient attirés par les produits exotiques mais également par la possibilité de constituer de nouveaux marchés. Déjà pendant cette période, il y a eu de nombreux affrontements, qui ont eu comme enjeu le prestige national, entre des pays d’Europe comme en 1898 avec la France et la Grande-Bretagne à Fachoda.

Ces conquêtes ont amené à des luttes contre la colonisation de l’Afrique par les Français. Nous pouvons prendre l’exemple de la conquête de Madagascar. En 1882, la première crise entre Français et Malgache est née à cause de la mise sous protectorat de Madagascar par la France. Un an plus tard, entre 1883 et 1885, la première expédition militaire française est lancée et se conclue par la reconnaissance d’un Etat-Malgache alors que les Français ne s’occupent plus que des relations extérieures du territoire. Dix ans après, entre 1894 et 1895, une deuxième expédition a lieu à Madagascar qui amène à l’annexion de Madagascar en 1896. Cette annexion réfute le discours du 30 octobre 1894 de la reine Ranavalona III « Autrefois, ils voulaient le tiers de notre pays et, comme nous refusions, il y a eu la guerre. Maintenant, ils veulent tout Madagascar ; c’est tout l’île qu’ils cherchent à régir et à gouverner. J’ai

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