Comment les puissances étatiques usent-elles du soft power pour s’affirmer dans la mondialisation contemporaine ?
Dissertation : Comment les puissances étatiques usent-elles du soft power pour s’affirmer dans la mondialisation contemporaine ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar anouk.muchiut • 23 Janvier 2023 • Dissertation • 1 826 Mots (8 Pages) • 532 Vues
Le politologue Raymond Aron, définit la puissance comme : « la capacité d’une unité politique d’imposer sa volonté aux autres unités ». La puissance est donc, au sein des relations internationales, la capacité d’un Etat à imposer ses décisions aux autres acteurs politiques afin de servir ses intérêts. C’est un concept évolutif : jusqu’en 1990, la puissance repose essentiellement sur des facteurs traditionnels tels que la diplomatie, la force militaire, la culture et l’économie ; aujourd’hui on distingue le soft power, du hard power. En 1990, le théoricien américain Joseph Nye élabore le concept de soft power, défini comme la puissance par l’influence, notamment culturelle et diplomatique ; le distinguant ainsi du hard power qui se rapporte à la seule puissance économique, diplomatique et militaire. Ces deux concepts se développent durant la mondialisation contemporaine. La mondialisation contemporaine désigne un processus d'intensification, de fluidification des mouvements et échanges sur toute la planète qui s’accroit depuis les années 1970 grâce aux systèmes contemporains de communication, notamment digitaux. Plus tard, la notion de smart power naitra, qui combine le hard power et le soft power.
Comment les puissances étatiques usent-elles du soft power pour s’affirmer dans la mondialisation contemporaine ?
Après avoir observé que la diffusion de la langue et de la culture sont des instruments de puissance, nous aborderons le nouveau biais de puissance que sont les géants du numérique.
La culture est un atout essentiel du soft power, c’est une forme indirecte de puissance pour les Etats ; elle est en majeure partie véhiculée par la langue. La diffusion de la langue par les Etats leur permet de s’affirmer dans la mondialisation contemporaine et d’influencer les relations internationales sur les plans culturels et économiques. La diffusion de la langue et de la culture permet de faciliter les échanges, de manière à renforcer la puissance économique. C’est le cas de l’anglais, défini comme la langue mainstream (massivement populaire). L’anglais est la langue internationale. Au cours du XXe siècle, elle s’est érigée puis imposée comme la langue des échanges internationaux. Si la langue anglaise a pu se diffuser aussi massivement dans le monde, c’est notamment grâce à l’essor de la culture anglo-américaine au XXe siècle : cinéma (Hollywood, Wald Disney), célébrités (Marilyn Monroe), films (Rocky) ; qui continue à s’étendre encore au XXIe siècle avec l’apparition des plateformes de streaming américaines (Netflix, Disney+, Amazon Prime dans le monde et Paramount+, HBO Max, Hulu, disponibles aux Etats-Unis) qui proposent une multitude de séries. Cette domination par la langue anglaise est aussi due à la simplicité de sa structure grammaticale, facilement accessible à une grande partie du monde européen et à la puissance internationale du Royaume-Uni (ancienne puissance coloniale majeure) mais également des Etats-Unis (qui ont su récupérer la place internationale qu’occupait le Royaume-Uni). A l’heure actuelle, la majorité des échanges commerciaux internationaux se réalisent dans la langue anglaise, ainsi, la maitrise de cette langue engage un avantage concurrentiel considérable. Les Etats utilisent donc le soft power en diffusant leur langue pour être avantagés économiquement. De plus, l’anglais supplante les autres langues dans le monde des affaires, ainsi, on observe une adoption de normes socio-culturelles américaines liées au monde du commerce : forme des présentations en power-point, les applaudissements à la fin de chaque intervention ou encore les anglicismes ou l’utilisation d’expression anglo-américaines tels que « e-mails » ; « business » ; « meeting » ; etc. L’adoption de ces normes américaines renforcent la domination de l’anglais sur les autres langues et ainsi, la puissance des pays anglophones.
La colonisation a permis à beaucoup de puissances européennes d’étendre leur influence via la langue et le développement de leur culture. La francophonie est un des ressorts du soft power de la France, ainsi la diffusion de la langue française grâce à la création de l’OIF (Organisation internationale de la francophonie) dans les années 1970 permet à la France de maintenir son rang de puissance. Subséquemment, on compte aujourd’hui plus de 300 millions de francophones dans le monde et 88 pays membres de l’OIF, facilitant alors les échanges administratifs, culturels, universitaires ou encore économiques entre la France et le reste du monde. Cette organisation permet alors à la France de maintenir des connexions avec de nombreuses puissances à travers le monde. Cependant elle peut être critiquée car elle permet à la France de garder une emprise sur ses anciennes puissances coloniales.
Avec l’importance grandissante du soft power, certains pays mettent en place de nouvelles stratégies pour asseoir leur puissance dans le concert international, notamment avec le développement des instituts culturels. En effet, la puissance culturelle maintenue par ces instituts permet d’imposer davantage la puissance institutionnelle. C’est pourquoi, en 2004, la République populaire de Chine met en place les instituts Confucius, des établissements culturels à but non lucratifs. Ces instituts sont implantés en Chine mais aussi dans plusieurs villes du monde. L’objectif de cette entreprise est de véhiculer la langue, la culture, l’histoire et la philosophie chinoise au-delà des frontières de la Chine. Le gouvernement chinois cherche à augmenter son pouvoir d’attraction par la langue et la culture afin que les populations du monde puissent porter la politique et l’idéologie chinoise sur la scène internationale. Ces instituts se sont rapidement développés à travers le monde depuis le milieu des années 2000. Ainsi, selon le recensement de 2017 du Hanban, (Bureau national pour l'enseignement du chinois langue étrangère), on dénombrait 516 instituts Confucius et 1076 classes Confucius dans des écoles primaires et secondaires, répartis dans 142 pays. Même si la Chine a lancé tardivement cet outil du soft power par rapport à la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne ou l’Espagne, le nombre d’élèves est déjà très importants.
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