Riches et pauvres à la fin du Moyen Age
Dissertation : Riches et pauvres à la fin du Moyen Age. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar R1206 • 15 Mai 2017 • Dissertation • 2 673 Mots (11 Pages) • 1 787 Vues
« Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume des cieux .. » (Mathieu. 19-24)
Cette citation extraite de l'évangile de saint Mathieu permet ici d'illustrer un aspect important du lien social entre riches et pauvres du Moyen Age. En effet, il apparaît dès lors qu'en ce qui concerne le domaine spirituel, riches et pauvres ne suivent pas de voie identique. L'indigent voit sa misère sur terre récompensée par la justice divine, et à l'inverse le riche, de part le confort que lui procure sa vie terrestre, gagne moins bien facilement le ciel. Il se doit alors de pratiquer la charité envers les plus démunis afin de racheter ses péchés et compenser sa dette envers Dieu. Cet aspect spirituel est fondamental pour comprendre les liens sociaux entre ces deux catégories.
En ce qui concerne les pauvres, du latin pauper/pauperes, ils peuvent se répertorier sous plusieurs catégories mais aussi par différents degrés de pauvreté. En effet il n'existe pas un seul type de pauvreté, mais bien plusieurs, allant de la pauvreté volontaire comme c'est le cas des moines des ordres mendiants, à la pauvreté paysanne et citadine, ou encore dans son extrême, à la mendicité et à la marginalité. Tout sens confondu, la notion de pauvreté renvoie dès lors à un statut de faiblesse, physique et/ou matérielle et surtout à l'incapacité de se défaire de sa condition de misère.
Cependant le statut de pauvreté était considéré au même titre que tout autre fléau, c'est-à-dire comme une part du plan divin, ayant pour but ultime celui du salut des hommes. M.Mollat parle de «séquelle de la faute originelle », qui servirait au bien commun, consistant à la fois comme épreuve gratifiante aux yeux divins pour les victimes de la pauvreté mais aussi comme une occasion de rachat des péchés par la charité pour les plus fortunés.
La notion de pauvreté à l'époque du Moyen Age renvoie alors à une signification tant matérielle qu'idéologique voire spirituelle.
Les riches, quant à eux sont principalement caractérisés par l'appartenance aux classes aristocratiques, mais aussi à l’Église et plus particulièrement au sein du clergé séculier. Cependant il ne faut pas conclure à l'inexistence de pauvreté dans ces milieux, comme peuvent en témoigner les mentions de « pauvres clercs » ou même de «pauvres chevaliers » dans certains documents de l'époque.
Mais au cours du Moyen Age, on assiste aussi à une évolution du schéma social, qui ne se compose plus exactement par une société binaire opposant le potens au pauper ( puissant/pauvre ) mais par l'introduction d'une nouvelle classe sociale, principalement à partir du XIIIe siècle, avec l’apparition des classes bourgeoises au sein des villes. C'est alors un nouveau schéma social qui se forme avec trois catégories ; les majores, les mediocres et les minores.
Cependant la période de la fin du Moyen Age, soit les XIV et XVème siècles se caractérisent par un nouveau contexte, tant économique, politique que social. En effet ces deux siècles sont marqués en France par la Guerre de Cent Ans, ainsi que par l'affirmation de l’État monarchique mais aussi par la grande peste de 1348 et des épidémies qui jouèrent un rôle des plus important entraînant une crise démographique sur tout le royaume. En combinant ces tout éléments certains historiens parlent dès lors de crise de la fin du Moyen Age.
Il serait donc intéressant ici de s'interroger sur l'impact de la crise de la fin du Moyen Age sur les riches et les pauvres de l'époque, ainsi qu'à l'influence de ce contexte sur les représentations et les rapports sociaux entre ces derniers.
Afin de compléter notre étude, nous nous appuierons sur quatre documents dont deux documents iconographiques soit une carte des principaux hôpitaux de Paris à la fin du Moyen Age et d'une enluminure représentant Jeanne de Navarre et son ange gardien. Puis d'un tableau comparatif représentant la physionomie sociale au sein de Paris et enfin d'un extrait d'une sottie, nommée La farce des trois coquins.
Tout d'abord nous nous interrogerons sur l'existence d'une société inégalement touchée par la crise puis nous aborderons le cas d'une évolution dans les rapports sociaux et les représentations entre riches et pauvres de l'époque et enfin nous parlerons de ces deux catégories sociales face à la spiritualité.
I- Une société inégalement atteinte par la crise ?
a) L'impact de la guerre
La guerre de Cent Ans mais aussi les guerres civiles n’épargnent aucune catégorie sociale. On peut tout d'abord assister à un accroissement de la pauvreté en ville. En effet la guerre ainsi que les violences et pillages dus aux compagnies de routiers puis aux écorcheurs, engendrent un contexte d'insécurité constant dans les campagnes. Cela entraîne dès lors un important exode rural. Les villes, qui, par leurs murailles assurent une meilleure protection voient dès lors leur taux de pauvreté augmenter ( doc 1 ). De plus le poids de l’Impôt se fait ressentir principalement pour les citadins pauvres qui ne produisant pas leur nourriture doivent dés lors s’acquitter en plus des fouages, des impôts indirects sur les marchandises sans oublier l’impôt extraordinaire pour la guerre. Chez les pauvres l'impact de la guerre se manifeste alors principalement par l'insécurité et le poids de l’impôt.
Les riches ont notamment été affecté dans leur nombres ; du aux morts au combat, mais aussi et principalement au sein de la petite noblesse, par le coût de la guerre. En effet les équipements, hommes et moyens de défenses coûtent chère et ce poids financier pèse sur les riches les moins aisés.
La guerre touche ainsi les deux catégories sociales, avec ses effets propres à chaque groupe, mais dans chaque cas il s'agit bien de conséquences néfastes. Qu'en est-il donc de l'impact du second aspect de la crise, la peste de 1348 ?
b) L'impact de la peste de 1348
La peste, et notamment son mode de transmission, sont fortement liées à la proximité des hommes entre eux. Ainsi il est normal qu'elle n'affecte pas avec la même intensité les deux groupes sociaux. En effet, les plus aisés bénéficient premièrement de l'aspect sanitaire, avec des domiciles plus solides qui tiennent les rats à l'écart. Leur statut leur permet aussi un certain isolement du reste de la population, mais aussi les moyens de prendre la fuite notamment si ils habitent en ville. A l'inverse les plus pauvres mais surtout les citadins sont dès lors plus exposés et vulnérables à la maladie, d'une part par leurs conditions physiques et d'une autre par leur proximité les uns avec les autres.
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