Isidore de Séville, Historia Gothorum

Cet extrait de livre écrit par Isidore de Séville nous rapporte le périple du peuple Goth, traversant l’Europe, bataillant pour s’installer dans les terres d’Europe de l’Ouest et jusqu’à s’installer dans la péninsule ibérique dans l’Espagne actuel.

Ce texte est donc tiré du livre Historia Gothorum, un ouvrage historique probablement écrit entre 619 et 624. Ce texte est rédigé en latin et se présente sous forme chronologique. Il retrace brièvement l’histoire des Goths par les migrations et invasions jusqu’à leur arrivée en péninsule ibérique en 414, puis en passant par le roi Wisigoth Sisebut qui régna de 612 à 621. Nous sommes donc en présence d’un texte panégyrique qui fait l’éloge du peuple Wisigoth de part leurs conquêtes et leurs nombreuses victoires sur d’autres peuples.

Son auteur, Isidore de Séville, né à Carthagène entre 560 et 567 et mort le 4 avril 636, est un grand intellectuel et écrivain qui a marqué le Moyen Âge. Issu d’une famille noble hispano-romaine dont de nombreux membres étaient évêques de Séville tel que son frère. A la mort de ce dernier, Isidore fut nommé évêque de Séville car il est proche des souverains wisigoths catholiques et exerça cette fonction jusqu’à sa mort pendant 35ans. Cet homme illustre a également rédigé d’autres grandes œuvres comme une Chronique, l’Histoire des Vandales, l’Histoire des Suèves ou encore Etymologiae. L’importance de ses œuvres en fait l’écrivain latin le plus souvent recopié et lu durant le Moyen Âge, certains historiens actuels parlent même de « Renaissance isidorienne ». Son œuvre est colossale voir même encyclopédique, ses travaux se basent majoritairement sur des textes religieux sur lesquels il fait ses recherches pour ses œuvres. Il a également fait de la théologie, de la liturgie et travail sur l’étymologie de son époque.

Dans cet extrait de son livre, Isidore fait fait le rapprochement entre les Goths et d’autres peuples indo-européen tel que les Scythes. Isidore relate ensuite de leur arrivée en Europe après avoir été chassé par les Huns. Après une longue éloge des Goths sur leurs manière de faire la guerre et à énumérer des grandes victoires sur d’autres peuples, Isidore raconte l’arrivé de son peuple en Espagne et comment il assure un contrôle qui semble être total sur la péninsule ibérique.

Cet ouvrage a été rédigé dans un contexte où la population du royaume Wisigoth, composé initialement de plusieurs peuples dont les deux peuples principaux sont les Wisigoths et les hispano-romains. Cependant en 589 le catholicisme devient la religion officielle du royaume et la population se mélange par des mariages mixtes. De plus, la loi devient la même pour tous dans l’ensemble du royaume, ce qui n’était pas le cas auparavant. Cet œuvre d’Isidore aurait donc pour but de faire naître une conscience nationale commune et de redonner un sens au terme Goth.

Comment Isidore de Séville à travers ce texte tente de légitimer l’autorité des wisigoths dans la péninsule ibérique et comment Isidore mystifie l’histoire des Goths ?

Dans un premier temps nous verrons une histoire du peuple Goth sublimé par Isidore, puis nous verrons dans une seconde partie une installation idéalisé des Goths dans la péninsule ibérique et pour terminer nous verrons la glorification des Goths par Isidore de Séville.

En premier lieu, Isidore nous présente d’abord l’origine du peuple Goth. D’après lui, ils sont issu de l’un des fils de Japhet, qui est un personnage biblique et l’un des trois fils de Noé, un homme juste et descendant d’Adam. Il s’agit de montrer que les goths sont un peuple issu de personnages mythique et illustre, ce qui en fait un peuple à la fois bienveillant et supérieur. Japhet est aussi le « père des européens », il a hérité de l’Europe et de ce fait cela apporte une justification à la conquêtes des terres de l’Ouest de l’Europe par les Goths. Japhet eu de nombreux fils dont Magog qui d’après l’auteur est le père des goths. Magog est un roi de peuple géant et son utilisation dans l’oeuvre peut s’expliquer par le fait que Magog était l’ennemi d’Israël. En effet au moment où Isidore écrit cet ouvrage, le royaume Wisigoth persécute les juifs, surtout le roi Sisebut qui ordonne leur conversion au catholicisme. Le peuple de Magog est aussi désigné comme un peuple barbare dans la prophétie d’Ezéchiel et assimilé aux peuple Scythes. Isidore tente de faire le rapprochement des goths au peuple Scythes par une étude étymologique bancale. Les Scythes sont un peuple d’Eurasie qui à leur apogée en VIIe siècle avant notre ère ont eu une grande influence sur la culture européenne et linguistique, en plus d’être un peuple puissant et redouté de tous.

De plus, Isidore justifie l’installation en Gaule des goths après avoir été chassé par les Huns. D’après ses écrits, on perçoit les Goths comme un peuple juste qui d’après la ligne 6 habite des régions reculés et qui s’est installé pacifiquement en Gaule après une « soumission » aux romains. Or, on sait qu’avant l’arrivée des Huns vers 370, les goths ont menés des invasions et des razzia en Grèce et dans les royaumes voisins durant la seconde moitié du IIIe siècle. La suite du premier paragraphe d’Isidore relate bien l’histoire des goths. En 370 les wisigoths souhaite entrer dans l’Empire romain, dirigé par Valens pour fuir les Huns. L’Empereur accepte mais lève une armée pour endiguer la migration. Il est vaincu et tué à Andrinople en 378 et les goths s’installent en Thrace. Sous l’Empereur Théodose, les wisigoths signent un feodus en 382 mais à la mort de ce dernier, les Wisigoth dirigé par le roi Alaric envahissent la Grèce et ravagent l’Italie en saccageant Rome en 410 puis traversent les Pyrénnées pour s’installer en Aquitaine en Narbonnaise afin de prendre Toulouse comme capitale d’un royaume Wisigoth qui à la fin du Ve siècle s’étendra de la Loire à la péninsule ibérique.

Après leur rentrée en Gaule, les goths vont s’installer en Aquitaine en Narbonnaise afin de prendre Toulouse comme capitale d’un royaume Wisigoth appelé « royaume de Toulouse » qui à la fin du Ve siècle s’étendra de la Loire à la péninsule ibérique.

II) Les Wisigoths à la conquête de l’Espagne :

En second lieu, Isidore nous présente une vision idéalisé de l’installation des goths

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