Quels Sont Les Enjeux De La Production Et Du Commerce Du pétrole Dans Le Monde ?

Quels sont les enjeux de la production et du commerce du pétrole dans le monde ?

Introduction

Le monde pétrolier est confronté à trois crises : une crise du marché du pétrole, une crise géopolitique des mondes du pétrole et une crise de l'ère du pétrole. Finira-t-elle un jour ? Dans quel sens évoluent la consommation et la technologie ? Quelles sont les causes de l'évolution des prix ? Pourquoi se retrouve-t-on aujourd'hui avec un prix supérieur à 100 dollars le baril ? Autant de questions qui traduisent l'importance des enjeux actuels de la production et du commerce du pétrole dans le monde.

I. L'enjeu du prix du pétrole

L'envolée des cours du pétrole (triplement des cours mondiaux en trois ans, depuis 2005) après des années de prix bas a réactivé l'enjeu du prix du pétrole.

A. Les facteurs de fixation des cours

Considérons tout d'abord les facteurs à court terme qui sont de plus en plus développés avec un marché pétrolier plus ou moins autonome. La vague de froid qui a touché une partie du monde durant l'hiver 2004-2005, le développement de certains secteurs économiques comme l'aéronautique et l'évolution générale du marché ont conduit à une consommation pétrolière beaucoup plus importante. Les cycles de production se retrouvent ainsi régulièrement confrontés à des goulots d'étranglement, à un manque de pétrole sous telle ou telle forme (brut, raffiné, mazout, etc.).

Ensuite, à moyen terme, la demande internationale augmente. En 2004, la croissance mondiale, notamment au sein des pays émergents présentant un profil industriel à forte consommation énergétique, a été plus forte que prévue, ce qui a entraîné une hausse de la demande en pétrole. La demande chinoise a ainsi explosé au-delà de toutes les prévisions. Dans ce contexte, l'offre n'a pas suivi dans les mêmes proportions. Ainsi, une composante essentielle de la fixation des prix est l'effet de concurrence entre les consommateurs.

Enfin, à long terme, se pose la question du volume de la production. La production de l'OPEP n'a guère progressé, contrairement à ce qu'avait annoncé cette dernière. La situation n'est pas meilleure en Russie, au Nigeria ou au Venezuela, pays pétroliers producteurs confrontés à des problèmes internes tels qu'ils bloquent toute évolution de la production. Il est alors impossible de jouer sur le stock pour faire face à la demande croissante. À vrai dire, les pays producteurs n'ont guère d'intérêt à une croissance de la production qui ferait baisser les cours. C'est sur ce facteur volume que jouent les opérateurs à terme, souvent dénoncés comme spéculateurs. Toutefois, plus qu'une question de volume de production, la spéculation sur les prix du pétrole repose sur la disparition des stocks. Au début des années 2000, l'Arabie saoudite possédait en permanence 3 millions de barils en stock. Aujourd'hui, il n'en reste plus rien. Les États-Unis eux-mêmes ont considérablement réduit leurs réserves stratégiques.

B. Les mécanismes de crise

Depuis trois années, le monde connaît une nouvelle forme de crise dans la géopolitique pétrolière. En effet, on reste encore sur l'image des chocs pétroliers au cours desquels l'OPEP maîtrisait tout. La crise était alors contracyclique : les prix élevés du pétrole étaient limitateurs de croissance. La crise actuelle est procyclique : les prix du pétrole montent avec la croissance forte des pays consommateurs. Les situations sont ainsi très différentes mais la clé est d'abord géopolitique.

Cependant, l'impact de la crise sur les économies des pays industriels est relativement limité car ces pays se trouvent désormais dans une économie de services. Ils demeurent toutefois dans une forte dépendance vis-à-vis des pays producteurs de pétrole. Si certains disparaissaient, les implications industrielles, militaires et politiques seraient difficilement contrôlables. Or l'Europe n'a pas de stratégie à long terme en matière pétrolière, car les effets d'une crise y sont plus limités que dans les pays émergents (consommation européenne moins forte) et qu'aux États-Unis (nombreuses politiques d'économies d'énergie en Europe). De plus, les facteurs monétaires (euro fort par rapport au dollar) atténuent l'impact financier de la hausse du prix du baril.

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