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Pouvoir et pratiques religieuses féminines dans le monde romain

Dissertation : Pouvoir et pratiques religieuses féminines dans le monde romain. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Mai 2020  •  Dissertation  •  863 Mots (4 Pages)  •  868 Vues

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Pouvoirs et pratiques religieuses féminines dans le monde romain de 218 av à 235 ap

Dans le récit de son enfance, Elias Canetti souligne l’indifférence de sa mère à l’égard des prières de la synagogue, indifférence due au fait qu’en tant que femme, elle était toujours écartée de la scène rituelle. Cette réaction fréquemment décrite par les écrivains juifs pourrait sortir « de la bouche d’une matrone romaine ». En tant que femme, elles étaient sinon exclues du culte, du moins reléguée à une place marginale, comme l’exprime John Scheid dans son article « D’indispensables étrangères : le rôle des femmes à Rome en religion ». A première vue, les femmes semblent n’avoir joué dans la société romaine qu’un rôle limité. Leur statut juridique faisant d’elles des éternelles mineures, et en tant que telle, ne pouvaient participer aux affaires publiques. Leur domaine était la domus, non le forum. Mais la réalité est en fait tout autre, et bien que discrète dans les sources, les femmes tinrent une place importante dans la vie politique et religieuse des Romains.

La religion romaine est à considérer comme un système construit sur l’obligation rituelle et contractuelle et non sur une théologie qui fonde un dogme à partir de paroles considérées comme révélées. C’est ainsi une architecture construite sur les mêmes principes juridiques et valeurs éthiques que l’édifice politique. Dans le domaine religieux, comme dans le domaine politique, les femmes semblent avoir été invisibilisé. Dans le culte privé, c’est le pater familias qui s’acquitte des devoirs religieux. Dans le culte public, les sacerdoces sont presque tous exercés par des hommes. Les seules prêtresses du monde romain sont les Vestales. Vénérables et vénérées, elles sont néanmoins fort peu nombreuses, notamment du fait de l’exercice de leur charge pendant trente ans, qui rend difficile l’honneur d’être prêtresse de Vesta. Quant à la Regina Sacrorum et à la Flaminica Dialis, c’est en tant qu’épouses de prêtres qu’elles sont une fonction religieuse. L’ensemble des femmes ne participaient qu’exceptionnellement aux manifestations religieuses de la cité : c’est seulement dans les temps de crise que les sources littéraires nous indiquent qu’on les voit remplir les temples de leurs supplications. On pourrait ainsi avoir l’impression que leur rôle n’est que marginal. Pourtant, dans de nombreuses circonstances, les rôles féminins sont indispensables aussi indispensables que l’est Junon aux cotés de Jupiter. Fonder le rôle féminin sur la complémentarité, une notion qui supporte aussi bien les cas de maitrise de la situation, que ceux de subordination, apparaît comme l’interprétation la plus satisfaisante. C’est sans doute sur la base et le modèle de la place attribuée aux femmes qu’ont été conçues la place et la fonction de Junon.

Dans le cadre d’un monde romain en extension depuis le début de la seconde guerre punique en 218 av notre et jusqu’à la fin de la dynastie des Sévères, il est intéressant de s’interroger sur les pouvoirs et pratiques féminines religieuses. L’annexion à l’Empire de nouvelles provinces et l’extension de la citoyenneté romaine à l’Italie depuis les guerres sociales posent la question du rôle des femmes dans ces constantes reconfigurations politiques. Il s’agira donc ici d’étudier l’évolution -ou non- de ce couple marginalité/complémentarité que les femmes occupent dans la religion romaine a première vue entre les mains d’acteurs masculins. Autrement dit, dans un paysage documentaire postulant l’omniprésence des hommes, nous nous demanderons si la place des femmes dans les pratiques religieuses est réellement marginale, ou plutôt essentielle à la réalisation des rites cultuels relevant ainsi de pouvoirs hiérarchisés et genrés de la société romaine.

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