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Les pratiques du pouvoir en Ouzbékistan : une combinaison de l’héritage soviétique et de l’habitus

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Par   •  28 Avril 2013  •  Cours  •  5 388 Mots (22 Pages)  •  864 Vues

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Annexe 1 :

Les pratiques du pouvoir en Ouzbékistan : une combinaison de l’héritage soviétique et de l’habitus

La conception du pouvoir en Ouzbékistan, et plus largement en Asie centrale, est le fruit de l’importation de l’Etat, par les Russes puis les Soviétiques, superposé aux structures de la vie politique et sociale locale. Une analyse désormais classique consiste à interpréter les systèmes locaux comme le résultat de l’assimilation des principes importés (sous l’empire russe puis l’URSS). Ces apports extérieurs ne remplacent pas les structures antérieures, elles s’y intègrent et les transforment.

Les cadres des partis communistes locaux, en Asie centrale comme dans toute l’URSS, étaient autochtones. La vie politique de l’Asie centrale a montré que ces élites, fidèles à l’idéologie soviétique et à Moscou, ne se sont pas coupés de leurs origines et ne sont pas exclues des systèmes locaux. Leur position devait bien permettre de réaffirmer leur attachement au groupe d’origine (« groupe de solidarité primordiale ») et même le faire profiter de leur pouvoir. Leur vie sociale est donc double : de culture soviétique de part leur intégration à l’appareil d’Etat, ouzbèke parce qu’ils sont pleinement inscrit dans les systèmes d’identité et de loyauté locaux. Ils y sont d’autant plus légitimes qu’ils y sont vus comme des protecteurs. Les identités collectives sont donc restées très fortes comme le montre le multilinguisme (russe + langues locales). Aujourd’hui encore, les identités primordiales (territoire, alliances familiales) demeurent les principales sources de légitimité politique.

Héritage historique

Cette culture à base communautaire (familiale) soumise à des chefs autoritaires serait héritée des cités-oasis où, pour survivre, il fallait travailler ensemble, sous une direction ferme. Cependant le pouvoir de ces chefs était équilibré par leur dépendance vis-à-vis d’autres réseaux qui maîtrisaient le commerce. Le système Karimov peut-être analysé dans les mêmes termes d’interdépendance avec les régions : le président dépend de ses gouverneurs régionaux pour assurer son pouvoir. Or seuls des hommes issus de ces régions sont légitimes pour les diriger. Il lui faut donc négocier avec eux. Cette interdépendance doit toutefois être relativisée : le président ouzbek trouve sans difficulté des postulants gouverneurs qui lui seront fidèles. Cependant il ne peut placer n’importe lequel de ses hommes dans les régions, il doit tenir compte de la nature forcément autochtone de la légitimité politique.

Enfin, le culte de l’aîné reste très prégnant en Asie centrale, il impose le respect de celui qui a plus de pouvoir. Le président s’est imposé comme le patriarche de la nation. Dans le contexte de l’effondrement de l’URSS et l’accès à l’indépendance du pays, sa rhétorique a consisté à alerter les citoyens des dangers d’une telle période et de les en protéger. Tous les risques n’étaient cependant pas fictifs (heurts inter-ethniques, sécurité alimentaire). Pour la majorité de la population ouzbèke, le président a su conduire le pays à l’indépendance. Dans les années qui ont suivi cependant, et plus encore après 2001, la brutalité de sa politique a donné une impression d’injustice et suscité l’impatience : la conjoncture nationale, loin de s’améliorer, connaît une dégradation importante (Petric, 2005).

Annexe 2:

Le Tadjikistan et les pratiques informelles du pouvoir

Factionnalisme et néo-patrimonialisme sont au cœur du système politique tadjik.

La faction politique est formée d’un réseau d’individus apparentés – sur la base de liens réels ou mythiques – et reliés par des relations de clientélisme. Les règles n’y sont pas codifiées. Le réseau est tout entier orienté vers la défense d’intérêts politiques et socio-économiques particularistes. Il possède une base territoriale et l’ethnie n’entre ici pas en jeu. Il est le produit de la recomposition des groupes de solidarité dans les contraintes posées par le système soviétique. Sous le coup de la collectivisation, l’ açabiyyâ s’est adaptée et est devenue la base des réseaux politiques visant à accéder aux ressources économiques et au pouvoir, à travers le kolkhoze. Ainsi, des réseaux à base locale sont apparus et avec eux une solidarité et une identité politiques régionales.

Ces factions s’articulent sur la règle du localisme : compter sur les individus de sa région d’origine pour faire carrière et pour les aider en retour dès que la position a été atteinte. Cela suppose copinage, népotisme et clientélisme.

Ces deux dynamiques ont créé les conditions d’apparition des pratiques néo-patrimoniales : il s’agit de l’appropriation privée de l’espace politique et des ressources des divers espaces sociaux dans une logique de prédation (Badie, 1992). Ce mécanisme est facilité dans les sociétés fragmentées où le pouvoir politique peut transformer et déplacer les frontières des sphères publiques et privées sans avoir à affronter la résistance de la société.

Pourtant toutes les pratiques politiques ne relèvent pas de ces 2 modes - factionnalisme et patrimonialisme . On observe de nouvelles formes de vassalités instaurées par le président avec les principales autorités des provinces qui n’appartiennent pas au patrimonialisme. De plus, il existe des relations de confiance et de respect avec des individus hors réseaux (politiciens et technocrates compétents ; conseillers), hors factionnalisme. C’est donc la loyauté au président qui prime et rend possible des alliances hors réseau. Ainsi la personnalisation du pouvoir rend impossible l’autonomisation des institutions et empêche également l’intégration de la société par la participation. Les individus favorisent les logiques communautaires sur la logique d’association et restent fidèles aux identités locales plus qu’à l’identité nationale d’Etat.

Enfin une des conséquences au niveau local du néo-patrimonialisme est que, l’Etat n’y étant ni représenté ni efficace, les acteurs infra nationaux – chefs de guerre, chefs de mafia, notables – assurent la fonction de protection et d’agent de développement pour la communauté qu’ils sont censés représenter.

En effet, l’Etat n’est plus représenté aux échelons inférieurs à celui du district, c’est-à-dire l’échelon de la communauté, celui de la jamoat

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