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Polybe, Histoires, VI,12-14

Commentaire de texte : Polybe, Histoires, VI,12-14. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  30 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  4 212 Mots (17 Pages)  •  560 Vues

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Sujet du commentaire de texte :  Polybe, Histoires, VI,12-14

[6,12] XII. — Les consuls, quand ils ne sont pas à la tête des armées, résident à Rome et ont la haute main sur toutes les affaires publiques. Tous les autres magistrats, à l'exception des tribuns, sont placés sous leurs ordres. C'est eux qui introduisent les ambassadeurs dans le Sénat, qui provoquent les délibérations dans les cas urgents et qui promulguent les sénatus-consultes. Ils ont également à s'occuper de toutes les affaires qui doivent être réglées par le peuple, à convoquer l'assemblée, à proposer les décrets, à appliquer les décisions de la majorité. En ce qui concerne la préparation de la guerre et la conduite des opérations, leur pouvoir est presque absolu. C'est à eux de fixer le contingent que doivent fournir les alliés, de nommer les tribuns militaires, de faire les levées, de choisir les hommes propres au service ; de plus, en campagne, ils ont le droit de punir qui bon leur semble. Ils sont libres d'engager sur les fonds de l'État les dépenses qu'ils veulent ; un questeur les accompagne, mais il n'a d'autre rôle que d'exécuter immédiatement tous leurs ordres. On affirmerait, à ne considérer que cet aspect de la constitution, qu'elle est purement monarchique et royale ; et si dans les points que je viens 2 d'exposer ou dans ceux que je vais traiter quelque changement survenait maintenant ou plus tard, cela n'infirmerait en rien ce que j'avance en ce moment.

[6,13] XIII. — Le Sénat a pour première fonction l'administration du trésor public, car toutes les recettes et toutes les dépenses sont également de son ressort ; les questeurs n'ont pas le droit d'en faire sortir la moindre somme sans un décret du Sénat, à moins que ce ne soit pour les consuls ; les frais qui sont de beaucoup les plus considérables de tous, ceux que les censeurs font tous les cinq ans pour la construction et la restauration des monuments publics, c'est encore du Sénat qu'ils dépendent, c'est lui qui donne aux censeurs l'autorisation de les engager. Tous les crimes commis en Italie qui comportent une enquête publique, par exemple les trahisons, les conjurations, les emprisonnements, les assassinats, c'est encore le Sénat qui s'en occupe. En outre, si un particulier ou une ville d'Italie a un différend à régler, mérite un châtiment, a besoin de secours ou de protection, c'est toujours au Sénat d'y pourvoir. Même en dehors de l'Italie, s'il faut envoyer une ambassade pour mettre fin à une contestation, pour transmettre une exhortation ou un ordre, pour contracter une alliance ou pour déclarer la guerre, c'est lui que ce soin regarde. De même, quand des ambassades viennent à Rome, c'est le Sénat qui examine comment il convient de les recevoir et de leur répondre. Le peuple n'a voix au chapitre dans aucune de ces questions. Il semble donc, quand on voit Rome en l'absence des consuls, que la constitution en soit purement aristocratique. C'est d'ailleurs l'opinion d'un grand nombre de Grecs et de rois, parce que c'est presque toujours au Sénat qu'ils ont affaire.

[6,14] XIV. — On se demandera après cela quelle peut être la part laissée au peuple dans le gouvernement, puisque le Sénat possède toutes les prérogatives que je viens d'énumérer, dont la principale est la haute main sur les recettes et les dépenses, et que les consuls disposent d'une autorité absolue en ce qui concerne les préparatifs de la guerre et la conduite des opérations. Une part a pourtant été laissée au peuple, et cette part est même des plus importantes, puisque c'est lui seul, dans l'État, qui peut décerner des honneurs ou infliger un châtiment ; or ces sanctions sont la condition nécessaire à l'existence des royautés, des républiques, en un mot de toute la société humaine. Si l'on ignore ce moyen de marquer une distinction entre les hommes ou si, le connaissant, on ne sait pas en faire usage, il est impossible que l'on mène à bonne fin aucune entreprise ; et comment n'en serait-il pas ainsi, si l'on ne témoigne pas plus de considération pour les bons que pour les méchants ? Le peuple a aussi sa juridiction : c'est lui qui juge les crimes passibles d'une amende considérable, surtout quand l'accusé a occupé une haute situation. Il n'y a que lui qui puisse prononcer une condamnation à mort. En cette matière, 3 il existe à Rome une coutume très remarquable et très louable : dans toute affaire capitale, on laisse au prévenu, pendant que le procès se juge, la faculté de quitter Rome aux yeux de tous, tant qu'une seule des tribus intéressées n'a pas encore déposé son suffrage ; il se condamne alors lui-même à un exil volontaire et trouve un refuge assuré à Naples, à Préneste, à Tibur ou dans quelque autre ville alliée. D'autre part, c'est le peuple qui confère les charges à ceux qui les méritent, ce qui est la plus belle récompense qu'on puisse, dans un état, décerner à la probité. Il est maître d'adopter ou de rejeter les lois et, prérogative de toute première importance, il délibère sur la guerre et sur la paix. Pour les alliances, les trêves, les traités, c'est lui qui les sanctionne, qui les ratifie ou les repousse ; si bien qu'on serait fondé à affirmer que c'est le peuple qui a la plus grande part au gouvernement et que Rome a un régime démocratique.

« Qui serait en effet assez borné ou assez indifférent pour ne pas s'intéresser à la solution de ce problème : par quels moyens et quel mode de gouvernement les Romains ont-ils pu — événement sans précédent — se rendre maîtres en moins de cinquante-trois ans de presque tout le monde habité ? » dès les premières lignes de son ouvrage « Histoire » Polybe justifiait de l’importance de comprendre le système de la gouvernance de Rome.

L’interrogation de l’auteur se comprends d’autant mieux qu’il a vu de ses propres yeux l’efficacité du modèle romain. En effet, originaire de la cité grecque de Megalèpolis, Polybe (200- 126 avant Jésus Christ) avait fait partie des 1000 otages envoyés à Rome par la confédération Achéenne suite à la victoire de Rome sur Persée le Roi de Macédoine. Fils de bonne famille, il avait été formé pour exercer des responsabilité politiques. Il est donc probable qu’il ait étudié les théories des régimes politiques d’Aristote ou d’Hérodote qui voyait trois types de régimes politiques pures : la démocratie, l’aristocratie, la monarchie et ses trois formes corrompues : la ploutocratie, l’oligarchie et l’autocratie. Au cours des dix-sept ans dans la cité, Polybe se lia avec la nobilitas romaine, notamment avec la famille Scipion, ce qui lui permis de mieux comprendre les institutions républicaines. Il eut également l’occasion de voyager en Gaule et en Espagne pour découvrir les provinces de la cité romaine. Par ce texte littéraire, Polybe cherche à présenter au mieux les institutions romaines pour comprendre les succès de la cité.

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