Lycurgue, fondateur de Sparte
Synthèse : Lycurgue, fondateur de Sparte. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nefonzf • 14 Février 2022 • Synthèse • 1 872 Mots (8 Pages) • 816 Vues
PREPARATION DE L’EXPOSE : LYCURGUE, FONDATEUR DE SPARTE
Introduction :
« Sur Lycurgue, le législateur, on ne peut absolument rien dire qui ne soit sujet à controverse : » indique Plutarque dans son tome des Vies parallèles consacré à Lycurgue. Le spartiate semble entouré d’un épais mystère quant à son existence réelle, ou son œuvre. Il est cependant généralement placé du Xème au VIIème siècle selon les sources, et est omniprésent dans l’imaginaire de la cité de Sparte. Les auteurs antiques, et philosophes lui attribuent la paternité des institutions de la cité-Etat, par le biais de son œuvre législative. Sparte en elle-même préexiste à Lycurgue, mais ses réformes sont si importantes qu’elles semblent être une refondation. La cité-état est proprement fondée vers le Xème siècle dans le Sud du Péloponnèse, à la suite du retour des Héraclides venus reprendre leur dû dans l’imaginaire mythologique grec. C’est l’archéologie qui nous permet tout d’abord d’avancer cette date, ce qui m’amène à la question des sources. Celles-ci sont avant tout indirectes, peu nombreuses et étalées dans le temps pour traiter de Lycurgue et son œuvre. Si les poèmes de Tyrtée citent Lycurgue, ils n’apportent pas de grandes précisions ; celles-ci provenant de l’œuvre d’Hérodote (Vème), mais aussi de Xénophon (Vème-IVème), Thucydide (IVème) ou encore Plutarque (Ier). Les sources exploitables et utiles sont donc séparées de siècles entiers du personnage en question. Elles sont parfois imprécises, se contredisent ou sont partiales. Mais toutes soulignent le rôle fondateur du personnage de Lycurgue dans la cité lacédémonienne. En quoi Lycurgue est-il un personnage fondateur pour Sparte ?
I. Lycurgue, un personnage entre mythe et réalité
A. Sa vie rapportée par les historiens et mythes antiques
1. Un flou historique
La période historique durant laquelle le législateur spartiate vécut fait débat. Si Xénophon situe la vie de Lycurgue à la période du retour des Héraclides, Hérodote le place au X/IXème siècle, Aristote au VIIIème. Il est de plus décrit comme un fréquenteur assidu de l’oracle de Delphes dont le rôle ne s’affirme que durant le dernier tiers du VIIème siècle. On ne peut donc le placer précisément dans le temps, ce qui alimente les critiques quant à la réalité du personnage.
2. Sa biographie
Lycurgue serait d’origine aristocratique. Certains le considèrent comme le fils du roi de Sparte. Il est en tout cas selon Plutarque le tuteur du roi de Sparte de son temps. Son origine lui permet de voyager pour compléter sa formation. Il se serait d’abord rendu en Crête où il aurait eu l’idée de sa réforme puis en Ionie où il aurait étudié les mœurs locales, enfin en Egypte selon Hérodote. Appelé par ses concitoyens à revenir, il compose une Rethra (que l’on traduira par convention publique) qui pose les fondements des institutions lacédémoniennes. L’épisode notable suivant de sa vie l’altercation avec un aristocrate qui le rend borgne. Il est relaté que Lycurgue se distinguait par sa hauteur de vue et sa rigueur morale de même que son respect intégral des lois. Il meurt enfin en se suicidant afin d’assurer la pérennité de ses lois après s’être assuré que ses concitoyens les respecteraient par un serment.
B. Une histoire symbolique, et donc politique
L’histoire de Lycurgue est hautement symbolique. Il s’agit de faire tout d’abord une critique interne : son voyage autour de la Méditerranée et particulièrement en Crête le place en héritier du légendaire roi Minos, législateur inspiré par Zeus qui occupe une place prédominante dans le panthéon grec comme juge des Enfers. Il est aussi consacré comme un proche des dieux : sa cécité partielle le consacre comme choisi d’Appolon, avec qui il entretient une relation privilégiée notamment par sa prêtresse à Delphes. Sa Rethra lui sera par ailleurs adressée dans ce qui est aujourd’hui considéré comme un pastiche du style delphique. Enfin, Lycurgue aurait même pu faire l’objet d’une divinisation : la prêtresse de Delphes le proclamera « dieu plutôt qu’homme », et il est relaté que les Spartiates lui voueront un culte par des temples et des sanctuaires. Il incarne enfin l’idéal moral spartiate précédemment évoqué. Il pourrait donc être une invention postérieure, un modèle passé à suivre.
Ce bref examen instille le doute : le flou historique qui l’entoure de même que son caractère stéréotypé permette de formuler l’hypothèse que le personnage de Lycurgue répond à un besoin historique : accoler un nom à une étape importante de la cité, ce qui permettrait de retracer son évolution. Mais aussi à un besoin politique : légitimer les institutions alors en place par un mythe fondateur idéalisant le passé.
C. Des éléments vraisemblables
On ne peut cependant négliger les éléments historiquement plausibles de la vie de Lycurgue, d’autant plus que la tradition et le mythe décrivent dans une certaine mesure une réalité souvent lointaine. Le poète Tyrtée relate des difficultés liées au partage des terres après les guerres de Messénie, où moururent un certain nombre de Lacédémoniens. Cette pomme de discorde ainsi que l’instabilité après le conflit créent le besoin d’une vaste réforme politique et sociale. Les réformes attribuées à Lycurgue correspondent à un besoin pour la cité-état. Ensuite, le retour précipité de Lycurgue correspond à l’appel au législateur, pratique fréquente en période de crise. Il aurait ainsi permis à sa cité de passer de la Kakonomia, mauvaise législation/répartition, à l’eunomia, son contraire. Il semble donc y avoir un fondement historique au nuage de fumée qu’est Lycurgue.
II. Son œuvre
A. La Grande Rethra
Il convient tout d’abord de cadrer cette réforme : on la situera ici aux débuts du VIIème siècle par les poèmes du Lacédémonien Tyrtée. Elle est une réorganisation profonde des institutions spartiates. Elle aurait par la suite été amendée par les rois Polydore et Théopompe selon Plutarque, qui cite le poète Tyrtée.
La Grande Rethra consiste tout d’abord en une réorganisation sociale. Lycurgue aurait organisé le peuple en trois tribus réparties en obai, des unités territoriales analogues aux trois villages constitutifs de Sparte. Cette nouvelle division de la population aurait pu répondre à des besoins militaires. S’ensuit une division des terres en lots rigoureusement égaux, (9000), nombre correspondant théoriquement au nombre de citoyens d’origine.
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