Constitution des athéniens - Pseudo-Xénophon
Commentaire de texte : Constitution des athéniens - Pseudo-Xénophon. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Romain Poignant • 14 Avril 2017 • Commentaire de texte • 2 175 Mots (9 Pages) • 2 579 Vues
POIGNANT L2 Histoire
ROMAIN u21401545
Au cours de la seconde moitié du Ve siècle avant notre ère, la cité d’Athènes exerce sur le monde grec une domination à la fois militaire, politique et commerciale. En effet, après les batailles de Platées et Mycale en –479, qui permirent aux Grecs de l’alliance (symmachia) hellénique de repousser les forces perses et ainsi de mettre fin à la seconde guerre médique. Néanmoins, dans un souci de préserver la liberté des Grecs contre la volonté tyrannique du Grand Roi Perse, en -478 sur l’île de Délos une nouvelle symmachia est conclue entre plusieurs cités ionienne, principalement égéenne. Cette alliance reconnaît la cité d’Athènes comme l’hêgemôn, c’est-à-dire d’exercer le commandement, l’hégémonie, de ce qui sera appelé plus tard par les historiens : « la Ligue de Délos ». Depuis ce poste la cité Athènes, pendant une période d’environ cinquante ans (pentékontaétie), dominera le monde grec. Dans ce commentaire nous utiliseront comme document un texte tiré du pamphlet : Constitution des athéniens. Ce texte a probablement été publié anonymement et fut attribué, par erreur, à Xénophon un auteur de la fin de l’époque classique dont la vie est sujette à de nombreuses controverses parmi les historiens suite à des problèmes de sources tardives. Il serait né aux alentours de -428 à Athènes et appartiendrait à la classe censitaire supérieur des hippeis (les cavaliers) et donc issu d’une famille aisée. L’appartenance à cette classe et la nature de ses différents écrits nous montre ses tendances aristocratique et oligarchique et c’est pour cela que le texte lui fut attribué mais le style de l’écrit ne correspond pas à sa rhétorique habituelle ni à la charis (grâce) de sa plume. De plus, il y a également un problème de datation car le texte aurait été écrit entre -429 et -424 et donc à cette période Xénophon n’était qu’un enfant. Les historiens s’accordent en général pour dire que le texte fut écrit par un oligarque athéniens surement exilé et déchu de ses droits civiques d’où l’hostilité latente envers la démocratie décrite dans ce pamphlet. L’auteur est donc surnommé Pseudo-Xénophon ou encore le « Vieil Oligarque ». Notre extrait, s’attarde à montrer plusieurs usages athéniens de politique intérieur et extérieur relatives à l’hégémonie qu’exerce la cité dans la ligue de Délos et dans montrer les avantages et les inconvénients à la fois pour les alliés comme pour les athéniens. L’auteur veut aussi exposer l’avantage, pour les classes les plus pauvres, du régime démocratique.
Nous nous demanderons donc par quels moyens, d’après l’auteur, la cité d’Athènes tire-t-elle des avantages et des bénéfices de ses cités alliés ? Pour cela nous parlerons dans un premier temps des différentes ingérences politiques et judiciaires exercées par Athènes. Puis dans un second temps nous examinerons comment grâce à la ligue de Délos, Athènes devient une thalassocratie.
Pour commencer, nous parlerons de l’exercice de la démocratie à Athènes et de ceux qui la pratique, les citoyens. Le Pseudo-Xénophon, dans le texte, fait une distinction entre deux types de citoyens. A la ligne 2, il évoque : « les honnêtes gens » qui désigne les élites de la cité (aristoi) et qui sont pour lui plus enclin à diriger que les « hommes de rien » (ligne 7) qui sont au bas de l’échelle des classes censitaire. Depuis l’ostracisme de Cimon en -461, c’est Périclès son principal opposant qui permet une véritable démocratisation des fonctions publiques, bien qu’il fasse parti tout comme Cimon de la classe aristocratique. Cette démocratisation entraine quelques réticences des classes les plus aisés qui se retrouvent déchu des hautes fonctions publiques pour être relégués à la même position civique qu’un hoplite, un rameur ou un simple commerçant. Pour ce qui est des cités alliées, tout au long de la pentékontaéti le pouvoir hégémonique d’Athènes se transforme peu à peu en archê, une extension de l’autorité qui se montre plus impérialiste. Le « vieil oligarque » évoque quelques exemples de cet impérialisme et on peut lire, aux lignes 14-15 : « Il semble que la démocratie athénienne soit aussi mal inspirée, quand elle oblige les alliés à passer la mer pour venir à Athènes faire juger leurs procès […] ». En effet, on peut souligner ici une ingérence politique et judiciaire de contraindre les alliés à renoncer ou du moins à restreindre leur autonomia en passant par l’Héliée au lieu de faire appel synedrion (le conseil de la ligue). Toutefois, les tribunaux athéniens n’interviennent pas dans tous les procès. Les athéniens se réservaient les procès concernant les affaires importante : celles de la ligue ; celles qui impliquaient un athénien ou quand le verdict impliquait l’exil, la suspension de droits civiques ou la peine de mort. Ces interventions judiciaire montre effectivement l’intérêt athéniens pour la gestion du mode d’organisation, politeia, des alliés et d’après Pseudo-Xénophon il s’agirait pour le dêmos (ici le peuple mais au sens de l’auteur qui n’inclus pas les aristocrate) d’un moyen pour condamner les aristoi et d’autre part de favoriser la « souveraineté populaire » (ligne 4) : « c’est pour cela qu’ils privent les honnêtes gens de leurs droits civiques, confisquent leurs biens, les exilent, les mettent à mort, tandis qu’ils élèvent des hommes de rien. » (Lignes 5 à 7) ; « […] il gouverne les cités confédérées, et dans ses tribunaux il soutient ceux du parti démocratique et perd ceux du parti adverse. » (Lignes 18-19). A travers cet exemple on peut déjà remarquer que les cités de la ligue passent du statut de cité allié à cité sujette. La centralisation du pouvoir judiciaire à Athènes pourrait dater des années -446, lors des révoltes en Eubée après quoi suite à la répression athénienne plusieurs cités, notamment celle de Chalcis, durent prêter serment de fidélité à la Ligue. De plus, le dêmos tire, de cette centralisation judiciaire, des avantages pécuniaires : « […] il reçoit son salaire de la caisse ou sont consignés les frais de justice […] » (ligne 17). L’auteur fait surement référence aux indemnités versées aux citoyens pour leur participation aux instances judiciaires, le misthos, mit en place vers -450.
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