La société française D'ancien Régime : une société d'ordres selon Charles Loyseau ( 1610)
Commentaire de texte : La société française D'ancien Régime : une société d'ordres selon Charles Loyseau ( 1610). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Henry2lequen • 18 Février 2019 • Commentaire de texte • 1 614 Mots (7 Pages) • 1 939 Vues
S’intéresser au XVIe siècle en France passe indubitablement par une étude de la structure sociale et le texte donné en est un bon exemple. Il s’agit en effet d’une description de la société d’ordres selon Charles Loyseau. Le document date de 1610, réalisé par le juriste Charles Loyseau, né à Paris en 1566. Après avoir fait des études de droit, l’auteur fait sa carrière au sein de la magistrature que ce soit en province ou dans sa ville natale. C’est vraisemblablement à Châteauroux où il réside après 1601 qu’il réalise et met en forme son Livre des ordres et simples dignitéz publié à Paris. Par conséquent, c’est en professionnel de la justice que Charles Loyseau s’exprime pour justifier dans la préface de son ouvrage les hiérarchies sociales qui régissent le royaume. La date du document est de 1610 : le règne d’Henri IV prend fin après que ce dernier ait reconstitué l’autorité royale après les guerres de religion qui désorganisèrent l’Etat. Le roi peut s’appuyer sur des juristes qui participent pleinement à cette opération de restructuration politique et sociale. C’est l’ordre du royaume qui doit rendre à la France son unité. Ainsi, quels sont quels sont les arguments avancés par Loyseau pour justifier les distinctions sociales et par quoi se manifestent-elles ? Pour répondre à cette problématique, trois axes d’investigation peuvent être envisageables. L’ordre, de manière générale, est perçu comme ferment d’unité et condition de l’existence. Néanmoins, c’est une société d’ordre composée d’ordres eux aussi subdivisés en différentes catégories.
L’ordre social est d’abord un ferment d’unité car c’est la condition première de l’existence. L’ordre social est l’expression d’une volonté de Dieu pour que le monde puisse d’abord fonctionner, c'est-à-dire exister. Loyseau écrit dès le début du document « qu’il faut qu’il y ait de l’Ordre en toutes choses » (l.1). Pour lui, l’ordre est nécessaire « aux hommes, qui sont ordonnez de Dieu, pour commander aux autres créatures animées de ce bas monde » (l.5 et 6) et « qu’ils ne peuvent subsister dans ordre » (l. 7 et 8). Comme il l’écrit dans la première partie du premier paragraphe, l’ordre divin est hiérarchique. Il structure les mondes humain, animal, végétal, minéral. Il considère, par raisonnement analogique, que l’ordre terrestre est régenté sur le modèle céleste. Les lois sociales, naturelles, morales et politiques sont dépendantes et solidaires entre elles car rattachées à l’ordre supérieur du monde selon la volonté du Créateur. Loyseau ne fait ici que reprendre les théories de saint Thomas d’Aquin du XIIIe siècle que ce dernier a luimême emprunté d’Aristote pour les christianiser. En effet, la notion d’ordre durant l’Antiquité est à mettre en relation avec la hiérarchie militaire qui ne peut exister sans ordre. C’est justement ce que Loyseau expose quand il écrit ligne 20 et suivantes « Comment pourroit un général d’armée estre obéy en un moment par tous les soldats d’icelle, si elle n’estoit pas divisée par régiments, les régiments par compagnies, les compagnies par escouades ». Cette organisation militaire est ensuite comparée à l’Etat. L’ordre social représente également l’unité autour de la personne du roi. Après avoir noté que « les souverains Seigneurs [les rois] commandent à tous ceux de leur Estat, addressent leur commandement aux grands, les grands au médiocres, les médiocres aux petits » (l. 11 & 12), Loyseau rappelle que « par le moyen de ces divisions et subdivisions multipliées, il se fait de
plusieurs ordres un ordre général, et de plusieurs Estats un Estat bien réglé, auquel il y a une bonne harmonie et consonance […] de sorte qu’en fin un nombre innombrable aboutit à son unité » (l. 16 à 19). En effet, l’auteur défend l’idée d’une société et d’un royaume ordonnés autour de la personne du roi. L’idée est renforcée par une conception pyramidale, organiciste du corps social (l’image d’un corps vivant) qui attribue à chacun de ses membres une fonction spécifique à l’intérieur d’une stricte hiérarchie. C’est le souverain qui en serait naturellement le chef. C’est l’unité autour de la personne royale qui est la forme substantielle du corps social. Sans ordre, il ne peut y avoir d’unité. Par enchaînement logique, se révolter contre l’ordre établi, c’est s’élever contre le roi mais également contre l’ordre divin sur terre, ruiner la paix et la beauté de l’harmonie. La rébellion est donc un acte répréhensible qui conduit au désordre. C’est la raison pour laquelle « il faut par nécessité que les uns commandent et que les autres obéissent » (l. 9 & 10)
Dans cette logique, la société selon Loyseau est une société d’ordre composée d’ordres. Il définit d’abord les deux
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