LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Les six livres de la République Jean Bodin

Commentaire de texte : Les six livres de la République Jean Bodin. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  2 296 Mots (10 Pages)  •  3 680 Vues

Page 1 sur 10

Jean Bodin, les six livres de la République, 1576, Extraits du livre Ier, chap. VIII :

« La souveraineté est la puissance absolue et perpétuelle d'une République…. C’est-à-dire la plus grande puissance de commander. » La souveraineté est un attribut de la couronne. Peu importe les évolutions conjoncturelles de la société, les crises, les circonstances… Le Prince en est l’unique possesseur. La souveraineté est définie dès le XIIIème siècle comme l’autorité suprême, le pouvoir l’emportant sur les autres. Elle était notamment invoquée pour faire face à ceux qui tentaient de contester l'autorité du monarque. Bien plus qu’un concept neutre, elle a permis de donner vie à l’Etat moderne.

Jean Bodin est un jurisconsulte, philosophe et théoricien politique français du XVIème siècle. Dans ce document extrait de l’ouvrage de doctrine « Les six livres de la République » publié en 1576, Jean Bodin conceptualise la notion de souveraineté et l’introduit à la définition de l’Etat moderne afin notamment de légitimer le pouvoir royal. S’il n’est pas le premier à définir cette notion contrairement à ce qu’il affirme (on peut notamment nommer Phillipe de Beaumanoir), il va néanmoins la moderniser.

Dans son ouvrage il entend également réagir contre le fait que la personne royale soit au cœur de polémiques entre protestants et catholiques.

Henri III a hérité en 1574 d'un royaume divisé où son autorité n'est que partiellement reconnue. Son règne est marqué par de sérieux problèmes religieux, politiques et économiques. Quatre guerres de Religion se déroulent sous son règne. Henri III doit faire face à des partis politiques et religieux soutenus par des puissances étrangères qui contestent son autorité, sa légitimité et le bien-fondé de sa fonction.

Les guerres de religions secouant le royaume entre 1562 et 1598 engendrent notamment des doctrines qui visent à subordonner le pouvoir royal. Les « monarchomaques » (adversaires du pouvoir d’un seul) terme inventé vers 1600, s’engagent dans la contestation du pouvoir royal suite aux massacres de la Saint-Barthélemy le 24 août 1572. Les monarchomaques protestants mettaient en avant l’ancienne pratique de l’élection du roi de France et l’idée d’un contrat liant le souverain à son peuple. Pour les monarchomaques catholiques, le prince, considéré comme hérétique, devenait une personne privée et donc exerçait l’autorité sans aucune légitimité. Il devenait de ce fait un tyran.

Face à cette montée contestataire, il devient primordial pour le roi et ceux qui le soutiennent de réaffirmer sa position.

Comment la définition de la notion de souveraineté permet d’affirmer pleinement la supériorité et le rôle législatif du Prince tout en fixant certaines limites ?  

Jean Bodin est souvent considéré comme le créateur du concept d’absolutisme par sa définition de la souveraineté (I). Cette présentation d’une souveraineté à la fois perpétuelle et absolue a en effet permis de légitimer définitivement l’autorité du roi et son rôle à jouer dans l’édiction des normes de la société (II). Le tout en fixant certaines conditions et limites.

  1. La définition de la souveraineté du roi de France sur son royaume : la naissance de l’absolutisme

Pour Jean Bodin, la souveraineté réside dans la puissance supérieure qui impose à tous le respect de règles et de comportements et garantit ainsi le bien commun. En nous livrant sa définition de la souveraineté, Jean Bodin va présenter deux éléments caractéristiques de cette notion. La souveraineté est ainsi perpétuelle (A) et absolue (B).  

  1. La souveraineté, une puissance perpétuelle propre au Prince

Jean Bodin affirme que la souveraineté est perpétuelle. Il rappelle également à de nombreuses reprises que le premier objectif de la couronne est d’assurer le bien commun, le commun profit. Selon lui seul celui dont les pouvoirs ne sont pas limités dans le temps peut être un véritable souverain propre à agir pour le bien de tous. Un souverain perpétuel n’est en effet plus réellement possédé par l’ambition, la soif du pouvoir, l’égoïsme… et peut ainsi pleinement se consacrer à son rôle premier. Ainsi les dictateurs romains dont la souveraineté et les pouvoirs étaient limités dans le temps représentaient souvent un danger pour la République ces derniers n’hésitant pas à s’attribuer de vastes pouvoirs.  

« Ils ne se peuvent appeler Princes souverains, vu qu'ils ne sont que dépositaires, et gardes de cette puissance, jusqu'à ce qu'il plaise au peuple ou au Prince la révoquer. » Mais si le roi est le seul détenteur de la souveraineté, il peut néanmoins nommer, pour un temps seulement, certains de ses sujets pour le représenter.  « C'est pourquoi la loi dit que le gouverneur de pays, ou Lieutenant du Prince, après son temps expiré, rend la puissance ». Il s’agit d’une simple délégation temporaire des pouvoirs sur ordre du Prince afin de faciliter l’organisation du royaume. En vérité comme le démontre Jean Bodin seule la fonction royale est dotée de la pleine souveraineté. La souveraineté est de ce fait indivisible. Cette idée est d’ailleurs conceptualisée par la théorie des deux corps du roi.

« Et par ainsi, quand le Prince donne puissance absolue au Régent, ou bien au Sénat en sa présence, ou en son absence, de gouverner en son nom, [bien] que la qualité de régent soit employée aux édits, et lettres de commandement, c'est toujours le Roi qui parle, et qui commande. » Jean Bodin prend ici l’exemple général des Régents du royaume de France. Ces derniers étaient trop souvent à tort considérés comme des rois en attendant le roi. Or selon l’auteur il n’en est rien. Le Régent a bien un pouvoir d’administration pour garantir la continuité de l’Etat mais il se trouve dans la dépendance du roi.

Si le Régent gouverne ce n’est pas grâce à un heureux concours de circonstances mais par la seule volonté du Prince. Celle-ci étant absolue.  

  1. Une puissance absolue garantissant l’indépendance du Prince

« Or il faut que ceux-là qui sont souverains ne soient aucunement sujets aux commandements d'autrui ». Il est ici clairement énoncé le caractère supérieur du roi. L’origine divine de son pouvoir, la reconnaissance de son pouvoir par la papauté ainsi que la finalité de sa fonction ont ajouté à son statut la légitimité qui lui manquait. Le roi de France autrefois seigneur parmi les seigneurs est devenu la figure de l’autorité du royaume. Sa souveraineté est absolue car elle n’est limitée ni par une puissance interne ni par une puissance externe. Les seigneurs du royaume, les autres souverains européens ou même le pape ne doivent avoir aucune influence sur lui. Le roi voit alors sa souveraineté garantie par cette indépendance reconnue.

...

Télécharger au format  txt (14.3 Kb)   pdf (64.8 Kb)   docx (12.9 Kb)  
Voir 9 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com