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Les catholiques et la République

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Par   •  29 Septembre 2018  •  Dissertation  •  3 675 Mots (15 Pages)  •  778 Vues

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Les catholiques & la République en France (1870-1914)

C'est ce que j'enseigne autour de moi. Et ce que je souhaite voir enseigner en France par tout notre clergé et, en parlant ainsi, je suis certain de n'être désavoué par aucune voix autorisée”. C’est en ces termes que Léon XIII fait exprimer, par le cardinal Lavigerie à Alger, sa volonté de “rallier” les catholiques au gouvernement français. Cette déclaration marque un certain tournant dans les relations entre l'Église catholique et ses fidèles, et la force politique républicaine grandissante dans le pays.

En 1870, la religion catholique est solidement ancrée dans la population et l'Église influence la vie quotidienne. On compte un nombre considérable d’ecclésiastiques en France, les crucifix sont omniprésents dans les institutions publiques et les souvenirs de la monarchie et du sacre du Roi sont encore vivaces. Le terme “catholiques” fait ici référence aux fidèles de l'Église romaine ; membres du Clergé, institutions catholiques et croyants.

Cependant, à partir de 1870, les catholiques doivent faire face à la proclamation d’un nouveau régime, la IIIème République, dans laquelle la souveraineté appartient au peuple qui exerce le pouvoir politique directement ou par l'intermédiaire de représentants élus. A partir de cette date, l'Église va lentement se rapprocher du déclin et va voir son influence malmenée, tant dans la sphère civile que dans le champ politique, par les républicains. De la Commune de Paris qui décrète le 3 avril 1871 que « l’Église est séparée de l’État », à la veille de la Première Guerre mondiale où se forme “l’Union Sacrée”, les gouvernements républicains sécularisent progressivement les institutions, excluant les religieux de la majorité des formes d’influence dans la société civile.

On en vient alors à se demander dans quelle mesure l'Église catholique, traditionnellement très influente dans la vie des Français, s’est elle fait supplanter par l’Etat républicain dans son rôle d’institution de référence ?

        Dans un premier temps, il s’agira d’étudier le regain de l’anticléricalisme, puis nous nous attarderons sur le processus de laïcisation enclenché en 1879. Enfin, nous nous pencherons sur l’arrivée au pouvoir du gouvernement Waldeck-Rousseau en 1899, qui marque définitivement la perte de pouvoir de l'Église.

  1. Un regain de l’anticléricalisme provoqué par l’implantation progressive des républicains sur la scène politique (1870-1879)

Le 4 septembre 1870, la IIIème République est proclamée à Paris & un gouvernement provisoire est mis en place. Malgré la victoire de la République, son instauration a long terme semble peu évidente en raison des monarchistes au pouvoir. Les républicains vont alors s’efforcer, petit à petit, de conquérir leur électorat entre 1870 et 1879 au grand dam des catholiques dont l’influence était à son apogée depuis la Révolution Française.

  1. A ses débuts, la République met en place la politique de l’ordre moral qui avantage l'Église

Après la proclamation de la République et l’installation d’un gouvernement provisoire au sortir du Second Empire, les premières élections législatives de février 1871 entraînent la victoire d’un Assemblé nationale à majorité monarchiste.

Thiers, également monarchiste, devient président de la République le 31 août 1871. Au regard de ces deux paramètres, on aurait pu croire à un échec de la République et un retour rapide à la monarchie. Or, il n’en est rien. Thiers, bien que conservateur, ne semble pas totalement hostile à l’établissement d’une République, du moins pour un temps. En effet, il lui semble que la monarchie n’a pas été capable d’apporter la stabilité attendue pour la nation. Ce rapprochement envers les idées républicaines lui coûtera sa fonction présidentielle => Thiers est renversé le 24 mai à 360 voix contre 347 et Mac-Machon le remplace au pouvoir.

L’arrivée au pouvoir de Mac-Mahon et du gouvernement De Broglie ( De Breuille !) se révèle être un soutien puissant pour les catholiques qui s’affirment dans une vague conservatrice.

En effet, le Pape Pie IX donne un caractère conservateur prononcé à l'Église, notamment avec les publications de l’Encyclique Quanta Cura et du Syllabus de 1864 qui condamnent “le monde moderne” et les “erreurs du temps” correspondant pour lui à l’extension des idées des Lumières, de liberté et de démocratie.

Mac-Mahon, en tant que monarchiste, décide d’apporter son soutien à l'Église qui sera un appui important pour la politique de “l’ordre moral” du gouvernement De Broglie. Une politique conservatrice, cléricale et ayant pour objectif l’établissement d’une Restauration monarchiste est suivie. Mac-Mahon annonce, “avec l’aide de Dieu, le dévouement de l’armée qui sera toujours l’armée de la loi et l’appui des honnêtes gens, nous continuerions ensemble l’oeuvre de la libération du territoire et du rétablissement de l’ordre moral”.

Par ordre moral, le gouvernement entend une politique permettant de conserver l’ordre préexistant, c’est à dire la domination politique et sociale des classes dirigeantes traditionnelles tout en suivant un principe moral, c’est à dire donner à l'Église une place centrale dans la vie de la nation.

=> Pour les autorités religieuses, l’ordre moral est donc un gage de leur maintien au pouvoir. La loi de juillet 1875 sur l’enseignement supérieur permettant la création de facultés catholiques est un exemple du pouvoir que l'Église va conserver.

Cependant, la Restauration se révèle rapidement être un échec et les républicains qui s’opposent fermement à une Église trop présente dans la société française gagnent de plus en plus de soutien au sein de la population, laissant les catholiques en mauvaise posture.

  1. La victoire des républicains anticléricaux portés par Gambetta se présente comme un obstacle majeur à la conservation du pouvoir par l'Église et comme le point de départ d’une opposition entre les catholiques et les républicains.

Entre 1876 et 1877, les français assistent à une véritable poussée républicaine.

Cette montée en puissance commence avec les campagnes électorales pour les élections législatives. Les républicains présentent l'Église comme une menace pour l’Etat de façon à éloigner le plus d’électeurs possible du vote monarchiste. Les républicains accusent le clergé de faire pression sur la société et de menacer la nation en sacrifiant les intérêts des français au profit des intérêts du Saint-Siège. En février 1876, Gambetta prononce un discours à Lilles dans lequel il dénonce la loi constitutionnelle du 12 juillet 1875 autorisant l’enseignement supérieur par le clergé. Il annonce : “j’entends que l’Église reste l’Église, qu’elle ne descende jamais sur la place publique, qu’elle n’entre jamais dans le Parlement”. Face à ces nombreuses attaques, les catholiques perdent de leur influence, même dans les campagnes françaises où ils ne sont plus considérés comme les meilleurs candidats pour remplir le rôle de député. Ainsi, les résultats des élections de 1876 sont sans appel : 360 voix en faveur des républicains contre 160 pour les conservateurs.

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