La IVème République, une République "imaginée"
Dissertation : La IVème République, une République "imaginée". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jusquirel • 8 Février 2016 • Dissertation • 4 925 Mots (20 Pages) • 848 Vues
La République imaginée
intro
Comment la République, régime créé de toutes pièces, s'est-il ancré en France et dans l'esprit des français entre 1870 et 1914 ?
I/ La République imaginée, naissance tumultueuse et construction d'un régime au gré des menaces
A/ L'installation du régime républicain dans un contexte difficile
B/ Le régime adopté et ses institutions
C/ Les menaces et les crises qui ont forgé la République
II/ Faire des français des républicains, ancrer la République dans un imaginaire collectif (fort)
A/ Les vecteurs de la République, donner aux français les valeurs républicaines.
B/ La défense de l'idéal républicain et ses causes, le rôle de l'image et de la représentation dans l'imaginaire collectif
C/ Des français de plus en plus actifs et passionnés
Ccl
« La République est le gouvernement qui nous divise le moins ».
C'est ainsi que s'exprima Adolphe Thiers, futur président de la 3ème République, le 13 février 1850 devant l'Assemblée nationale. Et pourtant, la naissance de la République après la chute du Second Empire, en 1870, n'a pas été de soit pour tout le monde et les divisions furent au contraire assez flagrantes. La République, c'est alors une forme de gouvernement, imaginée par des hommes politiques, dotée d'une Constitution, où des représentants élus par le peuple sont responsables devant la nation. Il s'agit alors en 1870 de faire adopter cette nouvelle forme de gouvernement après de longues années d'Empire. La République imaginée, telle que Vincent Duclert la nomme dans son ouvrage du même nom, c'est alors l'histoire de la construction de ce gouvernement contre les courants monarchistes et les diverses crises qui vont la traverser. Mais imaginer la République, c'est aussi constituer tout un imaginaire collectif pour les français, pour les unir autour du régime, c'est leur faire adopter les valeurs et les principes de cette forme de gvt pour faire d'eux de bons républicains. L'histoire de la 3ème République jusqu'à la veille de la 1ère guerre mondiale en 1914, guerre dans laquelle les français sont prêts à se jeter corps et âme au nom de la patrie, repose donc sur un enjeu, « diviser le moins » selon Thiers, autrement dit unir.
Comment la République, régime créé de toutes pièces, s'est-il ancré en France et dans l'esprit des français entre 1870 et 1914 ?
Nous verrons dans un premier temps la naissance tumultueuse et la construction de la 3ème République en France au gré des menaces et des crises qui la traversent (I), puis comment ce régime s'est ancré dans l'imaginaire collectif pour faire des français de « bons républicains » (II).
(Je tiens à préciser qu'il ne s'agit pas ici de faire une synthèse de l'ouvrage du même titre de Vincent Duclert, mais d'essayer de voir ce que peut être la « république imaginée » par une réflexion plus personnelle.)
I/ La République imaginée, naissance tumultueuse et construction d'un régime au gré des menaces
A/ L'installation du régime républicain dans un contexte difficile
Après la défaite de Sedan le 3/09/187, qui marque la fin du Second Empire, la République n’est pas immédiatement proclamée, Gambetta arguant qu'il ne fallait pas qu'on la juge « responsable des maux qui venaient de fondre sur le pays », c'est à dire la défaite écrasante, entre autre. Ce sera dans un premier temps un gouvernement de défense nationale qui dirige le pays, formé de 11 membres députés de Paris. En choisissant des députés acclamés par le peuple, on espère ainsi éviter un gouvernement révolutionnaire. La proclamation du 4 septembre 1870 aux habitants de Paris déclare « la République proclamée » dont « le gvt est avant tout un gvt de défense nationale ».
Mais Paris est assiégée par la Prusse, l'hiver rude, la situation économique, sociale et militaire désastreuse. Gambetta quitte la ville en ballon pour organiser la résistance à l'envahisseur autour du nouveau gouvernement. Léon Gambetta est le leader charismatique de la République et joue un rôle essentiel dans l'enracinement des valeurs républicaines. Il devient le « commis-voyageur de la République » avec des discours un peu partout en France. Il parcourt le pays pour coordonner sur un plan national les organisations locales et rallier les français. Il tente de lever une armée pour la République, mais rien n'y fait, la Prusse avance.
Le 8/02, des élections générales sont organisées, selon la tradition de la 2ème République. Mais les républicains, divisés entre les partisans de la guerre, càd Gambetta et les radicaux, et ceux de la paix, Thiers et les conservateurs, ne parviennent pas à unir.
Adolphe Thiers, représente ce nouveau gouvernement sans pour autant en poser la forme, et signe les préliminaires de paix avec la Prusse le 26 février, aux conditions écrasante pour la France (l'annexion de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine). Le Pacte de Bordeaux retarde un peu plus la décision quant à la forme définitive du régime.
Mais à Paris, on supporte mal la défaite. La Commune éclate, avec à sa tête un Comité révolutionnaire qui se déclare républicain. Je ne reviendrai pas sur le déroulement de la Commune déjà présenté dans un précédent exposé. Toujours est-il qu'on y observe une division du peuple français sur la question du gouvernement. Les communards veulent imaginer une autre forme de gvt avec leur propre idéal républicain, qui ne se cantonne pas qu'à Paris, contre le gouvernement de Versailles, le gouvernement officiel de Thiers, plus conservateur. La victoire sur la Commune est l'occasion pour le pouvoir en place de s'affirmer. En effet selon V. Duclert, « les Républicains ont surtout combattu la Commune par raison, afin de donner une chance au régime du 4 septembre de résister puis de s'imposer au pouvoir monarchiste, catholique, antirépublicains qi dominait alors le pays ».
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